Textes philosophiques

Rousseau       le désir produit l'évasion dans l'imagination


     Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux. En effet, l'homme avide et borné, fait pour tout vouloir et peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu'il désire, qui le soumet à son imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et pour lui rendre cette imaginaire propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l'objet même ; rien n'embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu'on voit ; l'imagination ne pare plus rien de ce qu'on possède, l'illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d'être habité, et tel est le néant des choses humaines, qu'hors l'Etre existant par lui-même, il n'y a rien de beau que ce qui n'est pas.

Indications de lecture :

     Il y aurait erreur à croire que le désir produit le bonheur, il produit la projection dans un fantasme agréable, une projection mentale dans le rêve. Ce qui est un plaisir par compensation. Noter que nous sommes tellement habituer à nous projeter dans le futur qu'effectivement nous verrons dans le présent un manque sans cela. Les autres textes de Rousseau sont très clairs à ce sujet. Voir la leçon sur Les désirs de l'ego. cf. Désir et Passion sans Motif.

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