Textes philosophiquesAndré Gorz la catégorie du suffisant" La catégorie du suffisant n'est pas une catégorie économique: c'est une catégorie culturelle et existentielle. Dire que ce qui suffit, suffit, c'est impliquer que rien ne servirait d'avoir plus, que ce plus ne serait pas mieux. "Enought is as good as a feast", dit un dicton anglais: ce qui suffisant est ce qu'il y a de mieux. La catégorie du suffisant, en tant que catégorie culturelle, était centrale dans la société traditionnelle. Le monde était régi par un ordre immuable, chacun occupait la place qui lui était assignée par la naissance, avait ce qui lui revenait et s'en contentait. Le désir d'avoir plus était par lui-même une atteinte à l'ordre du monde : il était lourd de convoitise, d'orgueil, autant de péché contre l'ordre naturel et contre Dieu. L'usure était diabolique par son esprit: en tant que pratique, elle avait son utilité et était tolérée, mais ce qui était intolérable, c'était l'usurier, ce Midas pour qui la richesse, c'était l'argent et qui n'en n'avait jamais assez, quelle que fût sa fortune, pour la simple raison que si on commence par mesurer la richesse en numéraire, assez n'existe pas. Quelle que soit la somme, elle pourrait toujours être plus grande. La compatibilité connaît les catégorie du "plus" ou du "moins", elle ne connaît pas celle du "suffisant" . Métamorphoses du Travail, p.181. Folio, 1988. Indications de lecture:Voir leçon La sphère de la finance.
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