Textes philosophiques

 André Gorz    le travail et l'oeuvre au Moyen-âge


     "L'idée contemporaine du travail n'apparaît en fait qu'avec le capitalisme manufacturier. Jusque là, c'est-à-dire jusqu'au XVIIIè siècle, le terme de "travail" (labour, Arbeit, lavaro) désignait la peine des serfs et des journaliers qui produisaient soit des biens de consommation, soit des services nécessaires à la vie et exigeant d'être renouvelés, jour après jour, sans jamais laisser d'acquis. Les artisans, en revanche, fabriquaient des objets durables, accumulables, que leurs acquéreurs léguaient le plus souvent à leur postérité, ne "travaillaient" pas, ils "œuvraient" et dans leur "œuvre" ils pouvaient utiliser le "travail" d'hommes de peine appelés à accomplir les tâches grossières, peu qualifiées. Seuls les journaliers et les manoeuvres étaient payés pour leur "travail", les artisans se faisaient payer leur "œuvre" selon le barème fixé par ces syndicats professionnels qu'étaient les corporations et les guildes. Celles-ci proscrivaient sévèrement toute innovation et toute forme de concurrence. Les techniques et les machines nouvelles devraient être approuvées, en France, au XVIIè siècle, par un conseil des anciens, réunissant quatre marchands et quatre tisserands, puis autorisées par les juges. Les salaires des journaliers et des apprentis étaient fixés par la corporation et soustraits à toute possibilité de marchandage.

     La "production matérielle" n'étaient donc pas, dans son ensemble, régie par la rationalité économique".

Métamorphoses du Travail, p.34. Folio, 1988.

Indications de lecture:

Voir la leçon Le sens du travail. Il faudrait lire la suite du texte, elle est très intéressante, mais nous ne pouvons tout reprendre ici.

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