Textes philosophiquesAndré Gorz contradictions de la rationalisation du travail" L'organisation du travail la plus rationnelle du point de vue économique... devait rendre le coût et la productivité du travail rigoureusement prévisibles et programmables. A cette fin, elle avait décomposé le travail en "gestes" répertoriés et chronométrés au centième de seconde près. La rationalité du travail devait de la sorte reposer sur une base organisationnelle autonome et ne plus dépendre en rien des dispositions subjectives de la main-d'oeuvre. L'usine devait fonctionner d'autant mieux que son fonctionnement n'avait plus besoin de l'esprit de coopération des ouvriers. L'hétérogénéité de la conduite de ceux-ci devait être obtenue "scientifiquement" par ces contraintes totalement anonymes en apparence qu'étaient les exigences impérieuses de la machinerie. Or ce type d'hétérorégulation programmée devenait progressivement d'autant moins supportable que la régulation incitative qui était censée la compléter faisait appel à des désirs en contradiction avec les exigences du travail. Ces régulateurs incitatifs, nous l'avons vu, étaient les consommations compensatoires que la société consommationniste faisait miroiter à ses travailleurs. Cette société mettait, en somme, en avant, des valeurs diamétralement opposées, et cela dans un contexte de croissance économique ostentatoire. La vie de travail devenait la négation de la vie hors travail et inversement. Le but que la société consommationniste donnait au travail, c'était de ne plus travailler. Les motivations qui devaient assurer l'intégration fonctionnelle des travailleurs motivaient le refus de cette intégration: le refus du travail". Métamorphoses du Travail, p.102-103. Folio, 1988. Indications de lecture:Voir leçon le sens du travail. Réflexions sur le Travail. ch. I.
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