Textes philosophiques

Hans Jonas   faire le bien pour lui-même


    " Pas plus que la distinction du désir et du devoir, notre sentiment ne se laisse arracher la certitude que faire le bien pour lui-même profite pourtant d'une façon ou d'une autre à celui qui le fait, et cela indépendamment du succès de l'acte. Qu'il participe au bien accompli ou non, qu'il en ait seulement l'expérience ou non, et même s'il le voit échouer, son être moral a gagné du fait de répondre à l'appel de l'obligation en s'y pliant. Pourtant, cela ne doit pas avoir été le bien qu'il voulait. Le mystère ou le paradoxe de la morale est que le soi doit être oublié au profit de la cause, afin de laisser advenir un soi d'ordre supérieur (qui est en effet également un bien en soi). Sans doute a-t-on le droit de dire "je veux pouvoir me regarder en face" (ou affronter le jugement de Dieu) mais précisément cela ne me sera possible que si c'est la "cause" et non moi-même qui m'importait : cette dernière chose ne saurait devenir la cause même de l'objet de l'acte en sera seulement l'occasion. L'homme bon n'est pas celui qui s'est rendu bon, mais celui qui a fait le bien pour lui-même. Or le bien est la "cause" dans le monde et même la "cause" du monde. La moralité ne peut jamais se prendre elle-même pour fin".

Le Principe Responsabilité, Champ Flammarion, 1990, p. 167-168.

Indications de lecture:

Cf.  le cours sur Les fondements du devoir. Voir Kant pour la notion de succès dans l'action et celle de bonté de caractère. Cf. Sur le bien fait pour le bien lui-même, voir aussi Spinoza, le sage et l'ignorant.

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