Louis Lavelle

Textes philosophiques

Louis Lavelle le désir crée l'avenir et cherche une participation au tout de l'être

"Non seulement le propre du désir, c'est de s'élancer vers l'avenir, mais encore on peut dire que c'est lui qui crée l'avenir; il n'ya d'avenir que pour un être qui désire; c'est-à-dire percevant ce qui lui manque, aspire à le posséder. L'avenir, c est précisément la distance qui sépare le manque de cette possession. Or l'être, en tant qu'on est un être fini et particulier, mais qui n'est point pourtant un objet ni une chose, ne peut être qu'une activité imparfaite et inachevée, et qui tend à dépasser les limitations où elle reste enfermée. C'est pour cela qu'on peut la définir par le désir et même soutenir que le moi n'est rien de plus que désir... On peut très bien dire que le désir est le père de l'attente et que l'attente n'est n'est qu'une expression, dont la vie s'est retirée... Le désir comme l'attente peut être déterminé ou indéterminée, mais même dans ce dernier cas, il évoque l'idée de quelque objet inconnu destiné à lui répondre. On ne s'étonnera donc pas que le désir ait un caractère de continuité et d'infinité comme le temps lui-même, bien qu'il lui paraisse se diviser en désirs partiels. Il peut être réduit à a tendance à persévérer dans l'être, mais il ne tend à y persévérer que parce que l'être semble toujours lui échapper, ce qui est le caractère de toute expérience temporelle. De plus, il s'agit pour tout être de persévérer mais dans son être propre, qui a la finitude pour essence, que dans cette participation et cette adhésion au tout de l'être qui ne cesse de le soutenir et le dépasser, de telle sorte qu'il ne peut persévérer dans l'être que s'il s'accroît lui-même indéfiniment".

Du Temps et de l'Eternité, p 282 sq.

Indications de lecture:

Voir la leçon Les dimensions temporelles.