Textes philosophiquesSpinoza inutilité des récits religieux pour connaître la loi divine"Ayant égard maintenant à la nature de la loi divine, nous verrons: 1° qu'elle est universelle, c'est-à-dire commune à tous les hommes, car nous l'avons déduite de la nature humaine prise dans son universalité; 2° qu'elle n'existe pas qu'on ait foi dans des récits historiques, quel qu'en soit le contenu. Puisqu'en en effet cette Loi divine naturelle se connaît par la seule considération de la nature humaine, il est est certain que nous pouvons la concevoir également bien en Adam et en un autre homme quelconque... Et la foi dans les récits historiques, alors même qu'elle envelopperait une certitude, ne peut nous donner la connaissance de Dieu, ni, conséquemment, l'amour de Dieu. L'amour de Dieu naît de sa connaissance et la connaissance de Dieu doit se puiser dans des notions communes, certaines et connues par elles-mêmes. Il s'en faut donc de beaucoup que la foi dans les récits historiques soit une conditions sans laquelle nous ne puissions parvenir au souverain Bien. Toutefois, si la foi dans les récits historiques ne peut nous donner la connaissance de l'amour de Dieu, nous ne nions pas que la lecture n'en soit très utiles en ce qui concerne la vie civile... 3° que cette loi divine naturelle n'exige pas de cérémonie rituelle, c'est-à-dire d'action qui en elle-même sont indifférentes et ne sont appelées bonnes qu'une vertu d'une institution, ou, si l'on préfère, n'exige pas d'action dont la justification surpasse l'humaine compréhension. La lumière naturelle en effet n'exige rien que n'atteigne cette lumière même... 4° que la plus haute récompense de la loi divine consiste à connaître cette loi même, c'est-à-dire Dieu, et à l'aimer en être vraiment libres, d'une âme pure et constante ". Traité Théologico-politique , chapitre V, G.F. p.90-91.Indications de lecture :cf. Pouvoir religieux et pouvoir politique, part B. Une spiritualité sans appui sur une religion.
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