Textes philosophiques
Shri Aurobindo
infra-moralité, moralité, supra-moralité
« L'éthique
est une phase de l'évolution... Cet élan est d'abond non-thique, puis
infra-éthique chez 'animal, puis anti-éthique même chez l'animal
intelligent, car il nous permet d'approuver le mal fait à autrui alors que
nous le désapprouvons quand il nous est fait à
nons- même. A cet égard, l’homme maintenant encore n’est qu’à demi-éthique.
Et de même que tout ce qui est au- dessous de nous est infra-cthique, de
même il peut y avoir au-dessus de nous quelque chose à quoi nous arriverons
finalement, qui est supra-éthique, qui n’a nul besoin d’éthique. L’élan et
l’attitude éthiques, d’une importance si capitale pour l'humanité., sont un
moyen par quoi celle-ci s’efforce de se dégager de l’harmonie eL de
l'universalité inférieures basées sur l’inconscience
et fragmentées par la Vie en discords
individuels, pour aller vers une harmonie et une universalité supérieures
basées sur une consciente unité avec toutes les existences. Quand nous
arriverons à ce but, ce moyen ne sera plus nécessaire, ni même possible,
puisque les qualités et les oppositions dont il dépend se dissoudront
naturellement et disparaîtront dans la réconciliation finale.
Si donc la
considération éthique s’applique seulement à un passage temporaire — quoique
de toute importance — d’une universalité à une autre, on ne peut l’appliquer
à la solution totale du problème de l’univers, on peut seulement l’admettre
comme l’un des éléments de cette solution. Agir autrement, c’est, courir le
risque de falsifier tous les faits de l’univers, tout le sens de l’évolution
avant nous et au-delà de nous, pour les faire s’accorder avec une conception
temporaire des choses et une notion de leur utilité qui n’est encore qu’à
demi dégagée. Le monde comporte trois couches — l’infra-éthiciue, l’éthique
et la supra-éthique. Il nous faut trouver ce qui est commun à toutes : c est
ainsi seulement que nous pourrons résoudre le problème.
Ce qui est commun à
toutes, c’est, nous l’avons vu, c'est la satisfaction de la force consciente
d’existence se manifestant en des formes et cherchant en celte manifestation
sa félicité. C’est de cette satisfaction ou félicité ; existence
qu’évidemment elle a commencé ; car c’est qui lui est normal, ce à quoi elle
s’accroche, qu’elle a pris pour base ; mais elle cherche de nouvelles formes
de soi".
La Vie divine,
I, Albin-Michel, p.
137.
Indications de
lecture:
cf.
Philosophie de la
Morale, ch. I et IV.
A,
B,
C,
D,
E,
F,
G,
H, I,
J,
K,
L,
M,
N, O,
P, Q,
R,
S,
T, U,
V,
W, X, Y,
Z.
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