Textes philosophiques

Shri Aurobindo     La vie universelle sous trois formes, le physique, le vital, le mental


     «Cette Vie a revêtu successivement trois apparences. La première est matérielle — une conscience submergée est cachée en sa propre action superficielle, et celle-ci l’exprime en ses formes de force qui la représentent, car dans l’acte la conscience disparait à nos yeux et se perd dans la forme. La deuxième est vitale - une conscience émergente est à moitié apparente comme puissance de la vie et processus de la croissance, de l’activité et du déclin de la forme, elle est à demi libérée de son emprisonnement originel, elle s’est mise à vibrer en puissance, en tant que désir vital, satisfaction ou répulsion vitales ; mais elle ne s’est d'abord aucunement, et ensuite de façon seulement imparfaite, mise à vibrer en lumière en tant que connaissance de sa propre existence et de son milieu. La troisième est mentale — en tant que sens mental, perception et idée en réaction, une conscience émergée reflète le fait de vie tandis que, en tant qu'idée nouvelle, elle essaie de devenir fait de vie, modifie l’existence intérieure de l’être et s’efforce de modifier de même son existence extérieure. Là, dans le mental, la conscience est libérée de son emprisonnement dans l’acte et la forme de sa propre force, mais elle n’est pas encore maitresse de l’acte et de la forme parce quelle a émergé comme conscience individuelle et ne connait par conséquent qu’un mouvement fragmentaire de l’ensemble de ses propres activités. C’est là tout le nœud, toute la difficulté de la vie humaine. L’homme est cet être mental, cette conscience mentale agissant comme force mentale, conscient en un sens de la force et de la vie universelles dont il fait partie, mais incapable, parce qu’il n’a pas conscience de l’universalité de cette force et de cette vie, ni même de la totalité de son être propre, de se comporter à l’égard soit de la vie en général, soit de sa propre vie, en un mouvement de maîtrise réellement efficace et victorieux. Il cherche à connaitre la Matière afin de se rendre maitre du milieu matériel, à connaître la Vie, afin de se rendre maître de l’existence vitale, à connaitre le Mental afin de se rendre maître du grand mouvement obscur de mentalité où il n’est pas seulement, comme l’animal, un pinceau de lumière de sa conscience de soi, mais aussi, et de plus en plus, une flamme de connaissance croissante. Ainsi il cherche à se connaître afin d’être maître de soi, à connaitre le monde afin d’être maitre du monde. Tel est l’élan de l’Existence qui est en lui, la nécessité de la Conscience qui fait son être".

La Vie divine, I, Albin-Michel, p. 274-275.

Indications de lecture:

Cette distinction des plans de l'existence est constante chez Aurobindo, elle permet d'écarter la métaphysique dualiste matière/esprit comme chez Descartes. Wilber emploie l'expression "la grande échelle de l'Etre". Il y a encore des niveaux au-dessus du mental. Il s'agit donc d'un évolutionnisme spirituel. Une philosophie intégrale qui ne nie aucun apport, mais resitue chaque pensée à sa place. La pensée de Bergson et celle de Teilhard de Chardin vont dans la même direction sans la puissance intégrative, disons qu'Aurobindo a été jusqu'au bout et donné une métaphysique achevée de l'évolution de la conscience dans la matière. Son successeur actuel est Ken Wilber.

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