Textes philosophiques

Shri Aurobindo     le temps subjectif et objectif, l'éternité


     «. L'observation du temps dépend non seulement des mesues employées, mais de la conscience et de la position de l’observateur ; en outre, chaque état de onscience a un rapport de Temps différent ; le Temps dans la conscience et l’espace du Mental, n’a pas le même sens ni la même mesure de mouvements que dans l'Espace physique ; il avance rapidement ou lentement selon l’état de la conscience. Chaque état de conscience a son propre Temps, et cependant il peut y voir entre eux des rapports de Temps. Quand nous passons par-derrière la surface physique, nous trouvons différentes formules du Temps, différents mouvements e Temps coexistants dans la même conscience. Cela est évident dans le Temps de rêve où une longue suite d'événements peut se dérouler en une période corresondant à une seconde ou à quelques secondes de temps physique. Il y a donc un certain rapport entre différentes formules de Temps, mais il n’y a entre elles aucune correspondance vérifiable de mesure qui se puisse affirmer. Il semblerait alors que le Temps n’ait aucune réalité objective, mais dépende des conditions, quelles qu’elles soient, qu’a pu établir l’action de la conscience en ses rapports avec l’état statique et le mouvement d'être ; le Temps semblerait être purement subjectif. Mais, en fait, l’Espace aussi apparaîtrait comme subjectif, de par le rapport mutuel entre Espace-Mental Espace-Matière ; en d’autres termes, l’un et l’autre sont l’extension spirituelle originelle, mais traduite le mental en sa pureté en un champ mental subjectif et par le mental sensoriel en un champ objectif perception sensorielle. Subjectivité et objectivité sont que deux aspects d’une seule conscience, et le fait cardinal est que tout temps ou Espace donné, ou tout Temps-Espace considéré comme un tout, est un état d’être en lequel il y a un mouvement de la conscience et de la force de l’être, mouvement qui crée ou manifeste les faits et les événements ; c’est le rapport entre la Conscience qui voit les événements et la force leur donne forme, rapport inhérent à cet état d’être, qui détermine le sens du Temps et crée notre prise de science du mouvement temporel, du rapport temporel  de la mesure temporelle. En sa vérité fondamentale, la formule originelle du Temps par-derrière toutes ses variations n’est autre que l’éternité de l’Éternel, tout comme la vérité fondamentale de l’Espace, le sens originel de sa réalité, est l’infinité de l'Infini.
     L’Être peut se trouver dans trois états différents de sa conscience en ce qui concerne sa propre éternité. Le premier est celui où il y a la condition immobile du Moi en son existence essentielle, absorbé en soi ou conscient de soi, mais dans l’un et l’autre cas sans développement de la conscience en mouvements ou en événements ; C’est ce que nous distinguons comme son éternité hors du temps. Le deuxième est sa conscience totale des rapports successifs de toutes les choses appartenant à une manifestation à venir ou à une manifestation effectivement en cours, conscience dans laquelle ce que nous appelons passé, présent et avenir figurent ensemble comme sur une carte ou un dessin établi, ou encore comme la vue d’ensemble dans laquelle un artiste, un peintre, un architecte, pourrait embrasser tout le détail de son œuvre, prévue ou passée en revue dans son mental ou disposée selon un plan d'exécution ; c’est la condition stable ou l'intégralité simultanée du Temps. Cette façon de considérer le Temps ne fait nullement partie de notre prise de conscience normale des événements tels qu’ils surviennent, bien que notre vision du passé, parce qu’il est déjà connu et susceptible d’être embrassé dans son ensemble, puisse revêtir quelque chose de ce caractère ; mais nous savons que cette conscience existe parce que, dans un état exceptionnel, il est possible d’y pénétrer et de voir les choses du point de vue de cette simultanéité de la vision temporelle. La troisième condition est celle d'un mouvement progressif de la Conscience-Force et de sa manifestation successive de ce qu’elle a vu dans la vision statique de l'Éternel ; c'est le mouvement du Temps. Mais c’est dans une seule et même Éternité que ce triple état existe et que le mouvement a lieu ; il n’y a pas réellement deux éternités, l'une éternité d’état, l’autre éternité de mouvement, mais il y a différents états ou positions que prend la Conscience par rapport à l'unique éternité".

La Vie divine, II, Albin-Michel, p. 96-97.

Indications de lecture:

Rapprocher de Bergson. Cf.  Les Leçons du Temps, ch. II. Une entité qui ne serait pas comme l'être humain, incarnée pourrait donc voyager dans le temps. Cf. les travaux de Patrice Guillemant. La référence aux Dalogues avec l'ange, de Gita Mallaz. Idem voir Jane Roberts. A première vue, une vision évolutive telle que celle de S. Aurobindo devrait tabler sur le Devenir. Aurobindo a  lu Nietzsche, Darwin et Bergson. Cependant, la pensée d'Aurobindo est une pensée intégrale et c'est donc aussi une pensée de l'Etre du côté de Platon et de Plotin.

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