Textes philosophiques


Axel Kahn        le progrès évolutif selon le néo-darwinisme


   "(Charles Darwin) ... Selon cette vision du monde vivant, la diversité des êtres provient d’un phénomène évolutif marqué par la sélection d’individus et d’espèces engagés dans une étemelle lutte pour la vie. Les facteurs de l’environnement, eux-mêmes variés et changeants, opèrent au sein de populations dont les membres sont biologiquement divers. Ceux d'entre eux dotés des propriétés biologiques les plus favorables à la reproduction, et par conséquent à la dissémination de leurs gènes, ont une descendance nombreuse à laquelle ils transmettent leurs caractères constituant des atouts. Les autres individus finissent par disparaître.
     Au début du XIXe siècle, Jean-Baptiste de Lamarck avait proposé que la diversité biologique des êtres vivants soit directement liée à leur adaptation progressive et continue aux conditions ambiantes. En revanche, pour Darwin, la nature n'adapte pas, elle élimine ce qui ne convient pas et ne conserve que ce qui est avantageux, ou éventuellement neutre. Plus tard, avec les travaux de Gregor Mendel, et surtout avec ceux des généticiens du XXe siècle, on reconnaîtra les mécanismes génétiques de la diversification biologique. Cela aboutit à la naissance de la théorie synthétique de l'Évolution, ou néo-darwinisme, qui constitue le paradigme universel de la biologie moderne.
     L'avènement de la théorie de l'Evolution et de la génétique n’est pas simplement une révolution scientifique considérable. Il s'agit aussi d'un deuxième ébranlement des conceptions humanistes traditionnelles. En effet, le progrès évolutif n'a plus grand-chose à voir avec cette somme harmonieuse de tous les groupes de progrès, garante d'une amélioration de la vertu et du bonheur, dont Condorcet chantait les beautés. L'homme n’est pas ici moteur, mais bien plutôt substrat, au même titre que le reste du monde vivant. C’est Darwin lui-même qui décrit le progrès évolutionniste : « Le résultat direct de cette guerre de la nature, qui se traduit par la famine et la mort, est donc le fait le plus admirable que nous puissions concevoir, à savoir : la production des animaux supérieurs. N'y a-t-il pas une véritable grandeur dans cette manière d’envisager la vie ? (...) Tandis que notre planète obéissant à la loi fixée de la gravitation continue à tourner dans son orbite, une quantité infinie de belles et admirables formes, sorties d’un commencement si simple, n’ont pas cessé de se développer et se développent encore \ » L’amélioration attendue du processus ne dépend pas ici de la raison humaine et du progrès des savoirs et des techniques, mais de l’élimination de tous les inaptes, des plus faibles dans cette redoutable lutte pour la vie. Les survivants étant les vainqueurs, il s’ensuit de fait, selon les tenants d’une morale évolutionniste, un progrès".

Raisonnable et humain? Nil, p. 133 sq.

Indications de lecture :

     Sur cette question voir Connaissance de la Totalité.

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