Textes philosophiques

Abraham Maslow     hiérarchie des besoins et métabesoins


     "’La hiérarchie des besoins et des métabesoins m’a été précieuse à d’autres égards. Je me la représente comme une sorte de buffet garni, dans lequel on pioche en fonction de ses goûts et de son appétit. C’est-à-dire que, dans tout jugement sur les motivations du comportement d’une personne, le caractère du juge doit aussi être pris en compte. Il sélectionne les motivations auxquelles il attribue le comportement, par exemple en fonction de son optimisme ou de son pessimisme généralisé. Je trouve qu’aujourd’hui on tend plus souvent à faire le second choix, si fréquemment d’ailleurs qu’il m’a paru judicieux de désigner ce phénomène par l’expression « tirer les motivations vers le bas ». Pour résumer, il s’agit de la tendance à privilégier, à des fins d’explication, les besoins inférieurs par rapport aux besoins moyens, et les besoins moyens par rapport aux besoins supérieurs. On préfère une motivation purement matérialiste à une motivation sociale ou une métamotivation, ou à un mélange des trois. C’est une sorte de suspicion voisine de la paranoïa, une forme de dévaluation de la nature humaine, que j’observe souvent mais qui, à ma connaissance, n’a pas été suffisamment d’écrite. Je pense que toute théorie de la motivation qui se veut complète doit inclure cette variable supplémentaire.

       Et j’imagine sans peine que, l’historien des idées n’aurait aucune difficulté à trouver de nombreux exemples, dans les différentes cultures et à divers époques, d’une tendance générale à tirer les motivations humaines soit vers le bas, soit vers le haut. Au moment où j’écris ces lignes, dans notre culture, la tendance est d’aller clairement et largement vers le bas. On surexploite lourdement et outrageusement les besoins inférieurs aux fins d’explication et on sous-utilise les besoins supérieurs et les métabesoins. Selon moi, cette tendance repose nettement plus sur un préjugé que sur un fait empirique. Il me semble que les besoins supérieurs et que les métabesoins sont plus déterminants que mes sujets eux-mêmes le suspectent, et certainement, beaucoup plus, et de loin, que les intellectuels contemporains osent l’admettre. A l’évidence, il s’agit là d’une question empirique et scientifique, qui est, à ce titre, beaucoup trop importante pour être confiée à des cénacles et des cliques. »

Devenir le meilleur de soi-même – 1ère édition 1954 – 2ème édition 1970, préface.

Indications de lecture:

Voir la leçon La psychologie de la santé.

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