Platon

Textes philosophiques

Platon ascétisme et rejet du corps

Tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n'atteindrons jamais complètement ce que nous désirons et nous disons que l'objet de nos désirs, c'est la vérité. Car le corps nous cause mille difficultés par la nécessité où nous sommes de le nourrir; qu'avec cela des maladies surviennent, nous voilà entravés dans notre chasse au réel. Il nous remplit d'amours, de désirs, de craintes, de chimères de toute sorte, d'innombrables sottises, si bien que, comme on dit, il nous ôte vraiment et réellement toute possibilité de penser. Guerres, dissensions, batailles, c'est le corps seul et ses appétits qui en sont cause; car on ne fait la guerre que pour amasser des richesses et nous sommes forcés d'en amasser à cause du corps, dont le service nous tient en esclavage. La conséquence de tout cela, c'est que nous n'avons pas de loisir à consacrer à la philosophie. Mais le pire de tout, c'est que, même s'il nous laisse quelque loisir et que nous nous mettions à examiner quelque chose, il intervient sans cesse dans nos recherches, y jette le trouble et la confusion et nous paralyse au point qu'il nous rend incapables de discerner la vérité.

Indications de lecture:

Ce genre de thèse se retrouve chez Plotin et illustre l'ascétisme que l'on rencontre souvent dans les religions. C'est ce que prête chez Platon le flanc aux critiques formulées par Nietzsche qui s'en prend au christianisme et voit chez Platon les même idées de rejet du corps. L'idée que le corps est un tombeau pour l'âme. Voir la leçon L'esprit, l'âme et le corps. Bien sûr dans notre contexte on est choqué par ce rejet. Pour mieux comprendre, il faut situer ces idées en relation aux thèses du Phédon sur la réincarnation, l'âme descendant dans un corps et s'y trouvant prisonnière. En vérité, Platon n'est pas si ascétique que cela. Il faut voir ce qu'il dit de la vie mixte dans le Phèdre. Malebranche plus tard dira des choses semblables sur le trouble que cause le corps et la confusion qu'il introduit dans l'esprit.

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