|
Textes philosophiquesRousseau à quoi bon chercher l'enfer dans une autre vie?"Ne me demandez pas non plus si les tourments des méchants seront éternels ; je l’ignore encore, et n’ai point la vaine curiosité d’éclaircir des questions inutiles. Que m’importe ce que deviendront les méchants ? Je prends peu d’intérêt à leur sort. Toutefois j’ai peine à croire qu’ils soient condamnés à des tourments sans fin. Si la suprême justice se venge, elle se venge dès cette vie. Vous et vos erreurs, ô nations ! êtes ses ministres. Elle emploie les maux que vous vous faites à punir les crimes qui les ont attirés. C’est dans vos cœurs insatiables, rongés d’envie, d’avarice et d’ambition, qu’au sein de vos fausses prospérités les passions vengeresses punissent vos forfaits. Qu’est-il besoin d’aller chercher l’enfer dans l’autre vie ? il est dès celle-ci dans le cœur des méchants. Où finissent nos besoins périssables, où cessent nos désirs insensés doivent cesser aussi nos passions et nos crimes. De quelle perversité de purs esprits seraient-ils susceptibles ? N’ayant besoin de rien, pourquoi seraient-ils méchants ? Si, destitués de nos sens grossiers, tout leur bonheur est dans la contemplation des êtres, ils ne sauraient vouloir que le bien ; et quiconque cesse d’être méchant peut-il être à jamais misérable ?" Emile , G.F. p. 369-370. Indications de lecture :Voir la leçon conscience morale et conscience psychologique.
|