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Jean Staune  la réouverture du monde clos


    "On peut dire avec Henri Stapp que "tout ce que nous savons de la nature s'accorde avec l'idée que son processus fondamental s'établit hors du temps et de l'espace, mais engendre des événements qui peuvent être situés dans le temps et dans l'espace[1] [2] [3] [4] [5] » ou avec Banesh Hoffmann qu'« il n’existe tout simplement aucun moyen satisfaisant de décrire les processus atomiques fondamentaux de la nature en termes d'espace, de temps et de causalité: ».
     C’est là un résultat d’une importance extraordinaire. Le monde d’avant la modernité était un monde ouvert sur un (ou plusieurs) autre(s) niveau(x) de réalité. Le grand Kepler lui- même, n’ayant pas à sa disposition les lois de Newton pour expliquer la rotation des planètes, faisait appel à la « poussée des anges » : les planètes tournaient parce que des anges (une cause extérieure à notre monde) les poussaient. La modernité avait déconstruit toutes ces approches préscientifiques et s'était empressée de refermer notre monde sur lui-même.
     Et voilà que nous assistons à une « réouverture » du monde, non par la mystique ou la philosophie, mais par la science elle- même. Certes, ici ni démons ni anges ! Toutefois, la science elle-même nous indique qu’il paraît y avoir un niveau de réalité situé hors de notre monde et qui, loin d’être une pure abstraction, peut, dans certains cas. exercer une sorte d'influence causale sur notre monde. On comprend pourquoi Niels Bohr parle de la « nécessité de renoncer définitivement à l'idéal classique de causalité' et de modifier de fond en comble notre attitude à l’égard de la réalité physique-4 ». Banesh Hoffmann nous donne un exemple de l’étendue de cette modification : « Les paradoxes quantiques, c’est nous qui les avons fabriqués, car nous avons essayé de suivre le mouvement de particules individuelles à travers l'espace et le temps alors que ces particules n’ont pas d'existence dans l’espace et le temps. Ce sont l’espace et le temps qui existent en fonction d'elles. Une particule individuelle ne se trouve pas simultanément en deux endroits, elle n'est nulle part'. »

Notre existence a-t-elle un sens?  p.92-93.

Indications de lecture :

 Cf. Connaissance de la Totalité.
[1]  Henry Stapp, «Are super luminal connexions necessary? », Nuovo cimenta 40 B, 1977, p. 191.
[2]   Banesh Hoffmann, L’étrange histoire des quanta, op cit., p. 176.
[3] Non seulement à cause de l’indéterininismc que nous constatons à notre niveau, ajouterais-je, mais également à cause de l'existence d’une forme de causalité radicalement différente de la classique.
[4]  Niels Bohr, Physique atomique et connaissance humaine, Gallimard. 1991. p. 237.
[5]   Banesh Hoffmann, I''étrange histoire des quanta,
op. at., p. 192.

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