Textes philosophiquesKen Wilber les erreurs catégorielles"L'épitomé de la vérité sensorielle est le fait empirique; l'épitomé de la vérité mentale est l'intuition philosophique et psychologique ; et l'épitomé de la vérité contemplative est la sagesse spirituelle. Nous avons vu qu'avant l'ère moderne les hommes et les femmes n'avaient pas suffisamment différencié les yeux de chair, de raison et de contemplation, et qu'ils avaient donc eu tendance à les confondre. La religion essayait d'être scientifique, la philosophie tentait d'être religieuse, et la science s'efforçait d'être philosophique - et toutes faisaient en conséquence fausse route. Elles se rendaient coupables d'erreurs catégorielles. Ainsi, Galilée et Kepler rendirent-ils un grand service à la religion et à la philosophie en délimitant la vraie nature de la vérité empirico-scientifique. Ils dissipèrent en réalité la confusion existant entre l'oeil de chair et les yeux de raison et de contemplation. La science, en faisant son devoir fidèlement et honnêtement, permettait à la philosophie et à la religion de ne plus devoir viser à être de pseudosciences. Le moine Cosmas n'aurait plus dû perdre son temps à essayer de déterminer la forme de la terre ; la science de la géologie était désormais en mesure de se pencher sur de telles questions et Cosmas aurait pu se consacrer tout entier à la contemplation. En nous montrant de façon précise ce qu'est la vérité dans le domaine de l'oeil de chair, la science nous permettra en définitive - par soustraction - de redécouvrir les champs de l'oeil de raison et de celui de contemplation. Ce que Galilée et Kepler firent pour l'oeil de chair, vis-à-vis de la religion, Kant le fit pour l'oeil de raison. C'est-à-dire qu'il aida à dépouiller la religion de sa rationalisation non-essentielle, tout comme Galilée et Kepler contribuèrent à la libérer de ses scories « scientifiques » non-essentielles. Cette démarche devait avoir des répercussions extraordinaires, quoique dans une large mesure incomprises. Avant Kant, les philosophes s'efforçaient non seulement de déduire des faits scientifiques - ce qui relève de l'utopie, ainsi que nous l'avons vu - mais encore de déduire des vérités contemporaines et spirituelle, ce qui est tout aussi impossible mais deux fois plus dangereux".Les trois yeux de la connaissance, p. 58-59.Indications de lecture:voir la leçon Les trois yeux de la connaissance. pour la théorie des quadrants, voir Introduction aux sciences humaines, et Théorie et expérience. Voir article de Jacques Ferber.
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