Textes philosophiquesJean Ziegler quand nos blue-jeans viennent du BengladeshLe Bangladesh est l'un des principaux pays d'Asie du Sud et du Sud-Est où les sociétés multinationales du textile occidentales font fabriquer, surtout par des femmes - dans des zones dites de « libre-production » -, leurs blue-jeans, chemises de sport, costumes, etc. Les coûts de production sont imbattables. Les usines de sous-traitance appartiennent la plupart du temps à des Sud-Coréens ou à des Taïwanais. Les zones de libre-production occupent presque toute la banlieue sud de Dacca, où rivalisent d'immenses bâtisses de béton de sept à dix étages. Aucun règlement d'hygiène, aucune loi salariale n'y sont appliqués. Les syndicats y sont interdits. L'embauche et le licenciement se font au gré des fluctuations des commandes venues de New York, de Londres, de Hong-Kong ou de Paris. Jalil avait été employée comme couturière par l'entreprise Spectrum Sweater, à Savar, près de Dacca. Plus de 5 000 personnes, dont 90 % de femmes, y coupaient, cousaient, emballaient des t-shirts, des pantalons de sport, des jeans pour le compte des grandes enseignes américaines, européennes et australiennes. Le salaire mensuel légal en milieu urbain est de 930 takas. Spectrum Sweater payait ses ouvriers et ouvrières 700 takas par mois, soit 12 euros. La Clean-Close Cainpaign, ou campagne lancée en faveur du travail textile effectué dans des conditions convenables, à l'initiative d'une coalition d'ONG suisses, a fait ce calcul : un blue-jean de Spectrum Sweater est vendu à Genève pour 66 francs suisses, soit environ 57 euros. De cette somme, la couturière reçoit environ 25 centimes d'euros'". Destruction massive, Paris, Seuil, 2011, p.228-229. Indications de lecture:cf. Voir la leçon Un monde en crise.
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