Textes philosophiquesAlain la liberté est toujours en situation« Demander, par exemple, si l’homme peut commencer d’agir, n’est-ce pas se mettre hors de la situation humaine ? Car l’homme ne cesse jamais d’agir ; il ne passe point de la pensée à l’action, mais plutôt son action se déroule sans interruption aucune, car il est toujours quelque part ; et, se tenir ici et non là cela change tout. Sa pensée cependant suit ses actions, tantôt devant, tantôt derrière, plus ou moins rapprochée, adhérente, attentive, en sorte que l’action est tantôt machinale le, tantôt imitée, tantôt réglée d’après la perception claire, comme on voit pour le pilote, qui tient toujours la barre, mais qui considère tantôt le profit, tantôt l’étoile, tantôt la risée. Agir c’est continuer, c’est réparer, c’est imprimer une flexion à cette ligne sinueuse d’action que nous laissons dans le monde. Ainsi nos moyens dépendent d’actions, et nos motifs aussi. Aucun Pauvre ne délibère pas sur l’emprunt japonais. Le chirurgien délibère en agissant. Ses explorations sont déjà des actions, et toute ses études de même. César passe le Rubicon toute sa vie. Et il est vrai qu’une action en entraîne une autre ; mais cet enchaînement qui tient le fou est ce qui force au sage. Hercule retrouve le célèbre carrefours à chaque moment. Mais ses actions passées sont de puissants motifs contre le doute, la peur ou la fatigue. Le libre vouloir, et efficace, ne doit donc pas être pris comme une force qui intervient, ni être représentée par les moyens de l’analyse mécanicienne. Au reste peut-on être libre en théorie ? Lire hors e l’action ? Libre quand on se demande si on est libre ? Tus es exemples ici sont des exemples de professeur. Une actions simplement possible n’est jamais libre, parce que n’est pas une action.
Indications de lecture :Voir la leçon sur Conscience et situation d'expérience.
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