Textes philosophiquesJudith Butler les étude de genre ne disent pas que les normes sont fausses
J'ai beaucoup lu la presse française pour essayer de
comprendre. Ce qui m'a d'abord frappée, c'est, sur le plan du langage, cette
façon de s'afficher « contre » la théorie du genre, comme s'il s'agissait
d'un match de football, pour Manchester ou contre le Barça ! Les gens ont
peur que le genre soit synonyme d'une absence de règles et qu'il fasse
exploser tous leurs repères. Le genre met en question le sens du mariage,
les rôles de l'homme, de la femme, l'inévitabilité de l'hétérosexualité ; il
semble donc introduire l'idée que tout devient possible et constitue pour
certains une menace de chaos. En fait, loin de détruire ou d'abolir,
les gender studies élargissent la perspective : elles ne disent pas que les
normes n'existent pas ou qu'elles sont fausses, mais, au contraire, qu'elles
ne cessent de se transformer au cours de l'histoire. Elles n'opèrent pas de
la même façon, tout le temps et partout, et ne sont donc pas figées dans un
schéma unique. Entretien avec Juliette Cerf dans Télérama. Indications de lecture:Cf. Sur la théorie du genre.
|