Textes philosophiquesGeorges Corm les missionnaires en Chine«Les jésuites explorateurs et aventuriers sont, en effet, bien tentés de laisser leur doctrine prendre une colorations chinoise forte, puisque les Chinois acceptent de voir dans le Christ un autre Confucius qui a pu illuminer d'autres parties du monde et que l'on peut donc honorer. Les bouddhistes indiens, chinois ou japonais y verront aussi un autre Bouddha né à l'autre extrémité du monde Durant un siècle, on peut penser chez les élites lettrées des deux continents que tout est possible. Les jésuites - représentants du monothéisme européens pour qui la conversion à la reconnaissance de la divinité du Christ et de la sainte Trinité est le mode exclusif de salut - sont sur le point de réussir. ... de leur côté, lettrés confucéens, bouddhistes ou shintoïste estiment que l'horizon de leurs sagesses ancestrales, qui assure la stabilité cosmique du monde et le respect de ses délicats équilibres, permet d'intégrer au profit de la paix et de la prospérité, le Christ "européen"... Le malentendu est évidemment de taille. La papauté mettra fin à la mission jésuite en Chine, craignant une dissolution de la foi dans le "paganisme" chinois, cependant que les autorités chinoises, craignant que les jésuites ne détournent leurs adeptes des traditions religieuses et sociales qui assurent l'ordre et la stabilité de l'empire, surveillent et restreignent de plus en plus l'activité des missionnaires. Au Japon, où le nombre de conversions au christianisme a été beaucoup plus important qu'en Chine, c'est l'activité maritime et l'expansion de type commercial et colonial des Poetugais et des Hollandais qui inquiètent. Les autorités japonaises décident que, pour mieux faire face à cette menace qui monde, incarnée par la triade du missionnaire, du commerçant et du militaire, il est plus sûr de liquider physiquement les convertis ou de les forcer à revenir à la religion de leurs ancêtres. Le christianisme est ainsi condamné à disparaître". L'Europe et le mythe de l'Occident. p. 111-112. Indications de lecture:Cf. la leçon sur l'Occident.
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