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Textes philosophiquesV. Jankélévitch La mort, enjeu de l'aventure
"... C'est la mort, en fin de compte, qui est le sérieux de tout aléa, le tragique en tout sérieux, qui e, et l'enjeu implicite de toute aventure. Une aventure, quelle qu'elle soit, même une petite aventure pour rire, n'est aventure que dans la mesure où elle renferme une dose de mort possible, dose souvent infinitésimale, dose homéopathique si l'on veut et généralement à peine perceptible... C'est tout de même cette petite et parfois lointaine possibilité qui donne son sel à l'aventure et la rend aventureuse. Plus généralement: la douleur, le malheur, la maladie, le danger sont à cet égard logés à la même enseigne. Un danger n'est dangereux que dans la mesure où il est un danger de mort...La mort est le dangereux en tout danger, le mal en toute maladie: la maladie fût-elle un bobo, la plus bénigne des migraines, le lus insignifiant des furoncles, la maladie n'est une maladie que parce que l'homme peut théoriquement en mourir... Un danger duquel la possibilité même de la mort serait d'avance exclue, ce danger est une comédie, et non point un danger sérieux; une aventure dans laquelle on serait assuré par avance de réchapper n'est pas une aventure du tout "'.
L'aventure, l'ennui le sérieux, Champ, p. 22-23.
Indications de lecture :
(1903-1985). Cf. Leçon sur l'aventure.
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