Serge Carfantan

Textes philosophiques

Serge Carfantan la conscience ordinaire est piégée dans l'apparence

" L’homme qui vit dans la conscience commune ne se pose pas de question, il a tendance à tout simplement prendre l’apparence pour la réalité. Il a peu de discernement et, en guise d’interprétation de ce qu’il voit, il se contente du jugement d’autrui. Le on juge pour lui. Nous avons vu avec Platon à quel point l’opinion ne juge que sur les apparences. L’opinion est chose que l’on peut entretenir dans l’ignorance et manipuler. Il faut que la trahison perce de façon flagrante pour que l’homme, qui jusque-là se contentait du sens commun, sorte de sa léthargie, conteste, critique, s’éveille et exige la vérité. Dans l’attitude naturelle, nous ne voyons que ce que nous voulons bien voir. C’est-à-dire que notre perception est télécommandée par nos pensées. Nos désirs, nos préoccupations, le harcèlement des choses à dire, des choses à faire, des rendez-vous urgents, le train-train des habitudes, la répétition des mêmes actions chaque jour s’accommodent d’une simple reconnaissance. Le mot re-connaissance, veut dire re-trouver ce que nous cherchons, en anticipant par avance ce à quoi nous devons nous nous en retenir. La perception habituelle porte les œillères de nos attentes et l’anticipation de notre mémoire. Le mental s’appuie sur le passé. Notre principal souci, c’est de confirmer la cohérence de notre représentation actuelle, en tissant par la pensée les fragments du monde que nous percevons. A vrai dire, si, comme être humain placé dans l’état de veille, nous vivons dans le même monde de la vigilance, si nous sommes censés être éveillés, en fait nous n’observons pas vraiment.

Cinq Leçons sur la Perception ch. IV, p. 76-77.

Indications de lecture:

Deux chapitres dans le livre sur cette question.Le PDF de la leçon est diponible.

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