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Textes philosophiquesSerge Carfantan la portée de la logique fondée sur la dualitéLe monde dans lequel nous vivons est dans une très large mesure, structuré dans la dualité. Mâle/femelle, nuit/jour, pôle +/ pôle – d’un aimant, force centrifuge/force centripète, symétrie droite/gauche du corps, orientation haut/bas d’une plante etc. les exemples ne manquent pas dans la Nature. Sur le plan psychologique, le sens commun est très dualiste, il est très facile de partager impressions, sentiments, jugements dans la dualité : plaisir/douleur, amour/haine, attirance/répulsion, vertu/vice, véracité/mensonge, courage/lâcheté, grandeur/ bassesse, humilité/orgueil, douceur/dureté, fidélité/infidélité etc. Il existe aussi des systèmes de philosophie très dualistes, comme celui de Descartes, dans la dualité corps/esprit. Le mental humain semble ne se mouvoir que dans un langage duel, parce que la grande majorité des concepts humains sont duels. Et quoi de plus duel que le couple vrai/faux ? Mais cela veut-il dire que nous sommes pour autant contraints à ne formuler de jugements que sur un mode binaire ? ... Dans la logique à deux valeurs, vrai et faux, de deux propositions contradictoires, l’une est nécessairement vraies, tandis que l’autre est fausse, il n’y a pas d’intermédiaire possible. Le postulat implicite est celui que l’on appelle le tiers exclus. Il est clair que son champ d’application est extrêmement large, tellement large que nous avons tendance à en faire une règle rigide et implacable qui devrait régner en tout et pour tout. Nous avons tout à fait raison sur le plan moral, sur le plan du droit et de la politique, nous le voyons bien sur l’exemple du procès donné en introduction. L’accusé ne peut pas dire un jour qu’il était chez lui le soir du meurtre et le lendemain dire qu’il était au casino. On ne peut pas monter et descendre l’escalier à la fois, c’est l’un ou l’autre. Ou bien l’employé a rendu les 10€ de monnaie ou il ne les a pas rendus, auquel cas il y a tromperie et vol. Ou bien la police a tiré à balles réelles sur la foule ou bien elle ne l’a pas fait. Il faudra donc établir la preuve que l’une ou l’autre de ces assertions est vraie. Sur le plan empirique, sur le plan factuel, indéniablement cela fonctionne très bien. Mais si nous y regardons de plus près nous verrons que les choses sont loin d’être aussi simples et carrées. Aristote lui-même explique que la règle selon laquelle de deux propositions qui s’excluent l’une est nécessairement vraie a au moins une exception : les actes qui dépendent du libre-arbitre humain introduisent des futurs contingents. Etudes sur la Démonstration ch. VII, p. 126 et 129. Indications de lecture:Le chapitre s'intitule : la logique quadrivalente. La démonstration qui suit est trop longue pour être citée ici. Le PDF de la leçon est diponible. A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z.
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