Cette leçon ne peut être lu que dans le prolongement de
Recherches sur la conscience et le
cerveau sans laquelle elle pourra paraître obscure. Il est vivement
recommandé de lire David Bohm La Plénitude de l'univers.
Concernant la documentation scientifique sur le modèle holographique
consulter la documentation disponible sur Internet.
Jean Marc
Viallet Conscience et
hologramme
L’hologramme est connu pour être un dispositif qui permet de visualiser une
image en 3D à partir d’une pellicule en 2 dimensions éclairée par un laser.
Sur la pellicule sont présentes des franges d’interférences obtenues en
photographiant un objet éclairé par le même rayon laser. C’est l’application
phare de ce principe qui est en fait un objet mathématique aux propriétés
particulières : la partie comprend le tout. En effet, si on casse en
morceaux la plaque de l’hologramme, on se retrouve sur chaque partie la
totalité de l’image initiale, toutefois un peu
moins nette. Une autre
propriété est que l’on rajoute une dimension à l’image en passant de 2D à
3D.
On peut faire l’analogie avec les cellules du
corps humain : chaque cellule contient la totalité de l’information
génétique dans son ADN et seule une partie est activée. Pour certaines
plantes, on peut reformer la totalité à partir d’une partie : c’est le
bouturage. Pour l’animal, c’est le clonage.
On peut également faire l’analogie avec
internet : chaque internaute peut accéder à la totalité de l’information
présente sur la toile (bien que l’information ne soit pas sur son disque
dur).Mieux : il peut poster sur un blog des informations qui peuvent êtres
vues par l’ensemble de la communauté. Si on observe au microscope la plaque
holographique, on voit des franges d’interférences qui prennent sens et
forment une image uniquement si elles sont éclairées par le laser. De même
si on observe de près l’information sur internet, on voit une suite de 0 et
de 1 qui sera mise en forme compréhensible par le navigateur internet.
Si l’on considère mon analogie informatique pour
expliquer les Nde, la conscience serait une masse d’information dans les
hautes couches de l’ordinateur cosmique : elle serait peut-être de type
holographique, c'est-à-dire ayant accès à la totalité de l’information
présente dans l’univers. Si il y a une conscience de type holographique sur
internet, on peut dire qu’il s’agit d’une conscience de l’ordre du langage
ou de la pensée : il n’est en effet pas possible à l’heure actuelle de
reconnaître sur internet une image ou un son, mais seulement une chaîne de
caractère à l’aide d’un moteur de recherche. Il existe une autre application
de l’hologramme liée à la reconnaissance des formes : si on prend un
hologramme d’une certaine image, en plaçant la même image devant cet
hologramme, on obtient un point lumineux indiquant qu’il s’agit du même
objet : c’est l’auto corrélation. On voit que le moteur de recherche joue le
même rôle pour la reconnaissance des chaînes de caractères sur internet.
Martin
Delplanque
Cette
interprétation holographique - holomouvement - de l'univers et de là, de la
pensée humaine, n'est-elle pas compatible avec une analyse gnostique ou
gnosticiste, l'aspect "déplié" de l'univers et de la conscience limitée (
matérialité issue d'un hologramme ),oeuvre, en apparence chaotique et
désordonnée ( illusion démiurgique ) nous empêchant d'accéder à l'implié, à
l'être unique à l'information initiale et à la conscience collective ? En
percevant l'explication holographique de l'univers, ne devrions-nous pas
nous efforcer de la faire disparaître ( au sens destructif, ) afin de
pouvoir accéder (de nouveau ) à la "vraie" connaissance, à l'état originel ?
La gravitation, énergie qui tend à réunifier les choses, à les remettre dans
leur ordre originel, n'est-elle pas combattue par l'énergie noire, ce flux
uniformément répandu dans l'univers et qui tend à accélérer son expansion,
nous éloignant davantage de la recherche de la vérité ? L'implié et le
déplié sont-ils compatibles dans ce sens et pourquoi sommes-nous "condamnés"
à l'état d'observateurs d'un monde tronqué et illusoire ? Une contraction de
l'univers ( pour autant qu'elle soit possible ) n'est-elle pas l'évènement
vers lequel nous devrions nous tourner, plutôt que de rester en
contemplation devant cette illusion holographique ?
En bref, cet univers, tel que le percevons
et le vivons, cette pensée séparée, est-elle vraiment merveilleuse et de là,
relève-t-elle du Bien ? N'est-elle pas le Mal incarné, en opposition à l'implié
? Alors, Bouddha ou la bombe ? Et pourquoi pas les deux ? Le Bouddhisme est,
sans conteste, une des approches parmi les plus intéressantes pour percevoir
l’univers comme un tout, ainsi qu’unifier la pensée, mais elle est, qu’on le
veuille ou non, une émanation ( certes, éclairée ) de notre conscience
partagée, au même titre que la bombe est issue de nos connaissances
scientifiques partagées….. ni le Bouddha ni la bombe ne nous permettent
d’accéder à l’être suprême ou la spiritualité totale, car, et même au-delà
de toute considération théologique, Dieu, « le fabricant », l'apprenti-sorcier,
la machine, l’ordinateur quantique, ou le super hologramme qui nous a créés
ne nous a pas donné, jusqu’à présent, les moyens de mettre fin à son œuvre,
que ce soit par la compassion et l’amour universel ou par la destruction de
ce « faux » univers….. Ceux qui voient dans la création une œuvre
merveilleuse, accomplie et ordonnée ne sont-ils pas des naïfs ou des dupes,
tout compte fait, attachés, quoiqu’ils en disent, à la matérialité de
l’univers, même s’ils en conçoivent la dualité et la complexité ? Avoir
conscience de cette dualité - Bien/Mal, implié/déplié, la comprendre et la
concevoir, tout en la rejetant et en ne l’acceptant pas en tant
qu’accomplissement, mais bien en tant que détournement de l’être et de
l’esprit, n’est-ce pas là la voie qui pourrait nous conduire au salut pour
autant qu'il existe et que nous puissions y accéder ). Les singularités qui
ont donné naissance à notre univers, ainsi qu’aux trous noirs, perçues comme
des dysfonctionnements de la gravitation ou de l'ordre établi ne
peuvent-elles également être interprétées comme de « monumentales erreurs »
ou dérapages qui ont pour conséquence de nous égarer et de nous éloigner de
l’état originel de l’univers et de la véritable spiritualité ? Prendre
conscience collectivement de notre état de "jouets involontaires" de ce jeu
holographique et nous rebeller, à notre tour contre cet état de désordre et
de rébellion qui l'a engendré, se rebeller contre le rebelle, mettre fin à
son règne, essayer de redevenir ce que nous étions ou ce que nous sommes
vraiment, ce tout unique et unifié...... est-ce que cette vision gnostisante
tient la route ? Le principe anthropique est intéressant et attirant, mais à
quel dessein et dans quel but, légitime ou illégitime, tous ces ajustements
fins et complexes se sont-ils produits et devons-nous donc rester confinés
dans ce rôle de contemplatif ? La transcendance seule peut-elle nous sortir
de cet état d'observateurs passifs ?
R. Cela fait beaucoup de questions à la fois
qui chacune nécessiterait un traitement à part. L'emploi que vous faites du
terme "gnostique" est flou. Je ne sais pas si vous entendez par là les
gnostiques historiques de l'antiquité, ou bien l'idée de gnose, telle qu'on la
trouve dans l'oeuvre de Shri Aurobindo. Donc je ne peux pas répondre.
Martin
Delplanque
Je pensais davantage au gnosticisme qui s'est développé à partir
du Ier siècle, aussi bien parmi les premiers chrétiens que dans d'autres
groupes.
R.
Pour le reste dans la leçon, si nous suivons les correspondances avec d'autres
leçons, nous avons un tableau remarquablement renouvelé de ce que appelons
l'illusion cosmique, mâya.
Martin
Delplanque
Je ne manquerai
pas de m'y intéresser.
R. Difficile d'aller plus loin avec les moyens de la
physique, mais les suggestions de Bohm sont passionnantes dans cette direction.
La phénoménalité du monde relatif est très bien éclairée dans cette
perspective. La conséquence effectivement, c'est qu'il est nécessaire de
transcender le monde relatif pour trouver la Réalité, ou l'absolu. C'est le
sens de la pratique spirituelle.
Martin
Delplanque
Je suis d'accord
là-dessus, mais vous conviendrez que plusieurs approches sont possibles. D'un
point de vue physique pure, l'approche d'Erik Verlinde est également très
attractive.
R. Mais pourquoi apposer au monde relatif une
étiquette en bien ou en mal? Pensée duelle qui n'a pas sa place. Ce qui est ne
peut qu'être qu'accepté tel qu'il est. Ce qui inclut la compréhension que le
monde relatif est dans sa totalité illusion phénoménale, on peut dire aussi
projection holographique, c'est plus précis et plus approfondi. Mais cela ne
change rien sur le plan métaphysique.
Martin
Delplanque
Q. Cette dualité - un
monde imparfait, corrompu, matériel ( ou projeté ? ), oeuvre d'une "faux dieu"
usurpateur qui a "détourné" l'oeuvre de l'être parfait, absolu et unique, et
qui maintient notre univers dans cet état, c'est là, du moins en partie, la
vision de l'univers adoptée par certains groupes gnostique de l'antiquité.
Pourquoi devrions nous accepter le monde matériel, ou projeté, tel qu'il est ?
Pourquoi devrions nous accepter, ou nous "soumettre", à cette projection
holographique ? La refuser et la combattre, tenter de retrouver l'être unique
( celui d'avant - ou qui existe toujours derrière la projection, derrière
l'horizon des événements ), la spiritualité absolue, n'est-ce pas cela aussi,
la transcendance ?........ mais l'être unique est-il finalement à notre
portée, nous qui ne sommes, apparemment que de "simples observateurs" de cette
projection holographique, apparemment victimes de cette "censure cosmique" qui
nous empêche de voir ou de comprendre les véritables origines de l'univers,
que ce soit d'un point de vue physique ou spirituel, d'ailleurs ? La
transcendance doit peut-être en passer par là; retourner à l'état originel de
l'univers; celui d'avant la projection ou celui qui existe toujours en surface
ou derrière celle-ci ( "l'information suprême" ); tenter de détruire cet état
de projection ou la renier ( ce qui ne signifie pas qu'il ne faut pas tenter
d'en percer les mystère, via une loi physique générale - but de la science
)...
R. Si la conscience de l'humanité a créé le
monde tel qu'il est, elle peut tout aussi bien le recréer dans une forme plus
élevée. Le monde restera une manifestation, une projection, mais sublimée.
Divinisée.
Je ne connais pas suffisamment la position de
Verlinde pour en discuter, mais d'après le peu que j'ai lu, j'ai le sentiment
très net qu'il travaille sur une intuition très pertinente.
Martin
Delplanque
Mâya : création ou tromperie,
"bien" ou "mal" ? Là est la question, d'où l'interprétation gnosticiste en
tant que réflexion conjointe.
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Avec la participation de
Jean Marc
Viallet, Martin
Delplanque.
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