« Le cerveau produit de la conscience, comme le foie produit de la bile » : Techniquement parlant, cette thèse s’appelle l’épiphénoménisme, mais l’idée est banale, elle est même la manière la plus commune de préciser la nature de la pensée. Notons à cet égard que la plupart du temps, ce point de vue est affirmé en plus de manière très dogmatique. C’est l’effet du matérialisme ambiant.
Dans le même ordre : "la mémoire est le stockage des informations sensorielles, affectives et intellectuelles dans des petites cases qui sont les cellules du cerveau. Le cerveau est une armoire avec des tiroirs de rangement". En termes techniques, c’est la théorie des traces cérébrales. Idem : encore un point de vue qui est enseigné comme « la » vérité dès le primaire. Avec l’apparition de l’informatique, le modèle de l’ordinateur permet d’illustrer l’argument : L’esprit serait une sorte de software qui a été produit par le hardware du cerveau-machine. L’enseignement scientifique confirme cette opinion et en assure le dogmatisme.
Il y a pourtant belle lurette que ces théories ont été réfutées. Mais la contestation et le doute n’ont pas atteint l’enseignement qui continue de se modeler sur un paradigme obsolète. Des faits nouveaux et des découvertes récentes nous obligent à remettre en cause à la fois phénoménisme et théorie des traces. Si on suit le paradigme mécaniste, l’arrêt des fonctions cérébrales devrait supprimer toute possibilité d’expérience consciente. Or l’étude des NDE montre très clairement qu’un sujet dont le cerveau est arrêté peut malgré tout avoir des expériences conscientes. Ce qui est incompréhensible d’un point de vue épiphénoméniste. D’autre part, même les biologistes, comme Lashley, qui ont cru dans la théorie des traces l’ont finalement abandonné, car l’expérimentation sur l’animal démentait catégoriquement la pertinence de ce modèle. Visiblement la mémoire a un fonctionnement holographique qui remet en cause l’idée même de mécanisme. En fait, la découverte du fonctionnement holographique de la mémoire met un coup d’arrêt définitif à la théorie des traces cérébrale issue de Descartes.
La relation entre l’activité mentale et la conduction d’un influx électrique que l’on peut suivre avec l’IRM montre que la pensée, est certes, dans une mesure importante, liée au fonctionnement du cerveau. Cependant, l'observation reste très superficielle. Elle n’apporte de satisfaction que parce qu’elle confirme une manière de raisonner simpliste. Or le problème, c’est que la réalité elle n’est pas si simple, elle se révèle bien plus complexe. Dans ces conditions, comment comprendre la relation entre la conscience et le cerveau ? Cette leçon se propose de faire un état des lieux d’avancées significatives dans le domaine de la compréhension de la relation entre la conscience et le cerveau.
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Partons directement des faits. Nous verrons ensuite progressivement ce qu’il convient d’en tirer. Melvin Morse rapporte ceci : « Le biologiste Paul Piestch de l’University of Indiana a démontré que si le cerveau d'une salamandre lui était retiré, l'animal restait vivant, mais dans un état de stupeur. Lorsque son cerveau était réimplanté, son activité redevenait normale. La manière doit il était remise n'avait aucune importance... On pouvait en inverser les hémisphères, le placer à l'envers ou ne remettre que des petits bouts, les mélanger, les découper, les retourner, etc. Le batracien se comportait normalement tant qu'une partie de son cerveau était présente, peu importait la configuration» ! (doc)
1) Comment voulez-vous concilier pareille observation avec l’hypothèse d’une correspondance causale entre l’activité d’un organe, le cerveau-machine et son sous-produit, les facultés conscientes d’un être vivant ? Si je coupe en morceaux la mémoire vive de mon ordinateur et que je la remet en place de façon approximative dans le boîtier, la machine ne risque pas de fonctionner ! Pour l’ordinateur lui-même, la couche de software est déjà indépendante du hardware. Ce n’est pas le hardware qui a produit le système d’exploitation. Il a été pensé par des programmeurs intelligents et implanté ensuite dans la machine. Très visiblement, dans un cas comme dans l’autre, le paradigme mécaniste ne colle pas.
Suivons le récit de Michael Talbot dans L’Univers est un Hologramme. Dans les années 1920 l’hypothèse d’une localisation des souvenirs dans le cerveau faisait l’unanimité. L’idée était que chaque souvenir devait laisser quelque part une trace matérielle dans les cellules cérébrales. Le neurologue Wilder Penfield avait même trouvé un nom pour cette trace : « engramme ». (texte) Toutefois, personne n’était capable d’en préciser exactement la nature. S’agissait-il de neurones ? D’un type particulier de molécule ? Penfield avait réussi à établir une série d’expériences sur des épileptiques. Il avait montré qu’en stimulant électriquement les lobes temporaux on pouvait faire ressortir des souvenirs et même à faire revivre dans le détail des épisodes de la vie passée du sujet. Une femme se crut dans sa cuisine, avec son fils qui jouait dans le jardin. Un enfant entendit sa mère au téléphone et Penfield réussit à obtenir toute la conversation. Il était évident qu’il ne pouvait s’agir de rêves, mais bien du déclanchement artificiel d’une sorte d’enregistrement d’une séquence de vécus conscients, le patient revivant une sorte de flash back. Penfield en conclut que nous disposions d’une mémoire immense et il pensa que le cerveau devait enregistrer la totalité de l’expérience passée.
------------------------------Karl Pribram, dont nous avons déjà parlé, n’avait au début aucune raison de mettre en doute la théorie des engrammes de Penfield. En 1946, il fut amené à travailler avec Karl Lashley, au laboratoire de biologie des primates de l’Orange Park, en Floride. Depuis trente ans Lashley cherchait désespérément les mécanismes élusifs de la mémoire. Or Pribram « constata que non seulement Lashley n’était toujours pas arrivé à produire la moindre preuve de l’existence des engrammes, mais que ses recherches semblaient bien au contraire saper une à une les découvertes de Penfield ». Le travail de Lashley consistait à entraîner des rats à exécuter un certain nombre de tâches, comme par exemple courir dans un labyrinthe. Ensuite, il prélevait au bistouri sur le cerveau des cobayes des portions de matière grise, supprimant par là le secteur où était sensé être inscrit le processus mémoriel qui leur permettait de triompher des difficultés du labyrinthe. La surprise fut que quelque soit la portion du cerveau qu’il retranchait, les souvenirs subsistaient. Le rat avait certes ses capacités motrices atteintes, il trébuchait, mais, pour une raison inconnue, la mémoire était intacte.
« Pribram n’en croyait pas ses yeux. Si chaque souvenir avait sa place dans le cerveau comme un livre sur les rayons d’une bibliothèque, pourquoi les ponctions de Lashley restaient-elles sans effet ?» Il y a deux possibilités a) soit les souvenirs sont en dehors du cerveau, (texte) b) ou autre explication : « que ces souvenirs fussent dénués de localisation spécifique et distribués dans l’ensemble du cerveau.
Pribram se vit proposer un poste à Yale en 1948. Il se débattait avec l’hypothèse d’une distribution globale de la mémoire quand il tomba dans les années 60 sur un article du Scientific American sur les premiers hologrammes. Et ce fut un choc. Il venait de trouver le modèle théorique permettant ...
2) On sait qu’un hologramme est obtenu par la division de rayons de lumière cohérence laser en deux faisceaux, le premier rebondit sur l’objet à reproduire, le second est acheminé par un jeu de miroir et entre en collision avec les ondes lumineuses diffractées du premier. Il en résulte un système de franges d’interférences qui va ensuite s’enregistre sur une plaque photosensible. Ce qui est intéressant, c’est qu’à l’œil nu, contrairement à une plaque argentique ordinaire, on ne voit aucune ressemblance avec l’objet holographié. Et pourtant, si un rayon laser vient frapper le film, l’image en relief apparaît. Il existe un codage mathématique de l’image dont nous possédons la clé.
Seconde caractéristiques remarquable : si l’on casse en deux la plaque sur laquelle est enregistré l’objet, chaque moitié, éclairée sous le laser rendra, non pas la moitié de l’image, mais sa totalité. Si on recommence la fragmentation, l’objet continue d’apparaître en entier, mais de manière de plus en plus floue.
Une fois appliquée au cerveau, l’analogie (R) est fascinante. De même que chaque secteur de la plaque holographique est capable d’enregistrer les informations requises pour reconstituer une image entière, il est possible que le cerveau opère de la même manière en abritant dans chacune de ses parties de quoi reconstituer un souvenir dans sa totalité. Lashley avait remarqué que les centres optiques offraient une incroyable résistance à l’éradication chirurgicale. Or même amputé à 90 % de son cortex visuel, un rat continue de pouvoir exécuter des tâches exigeant un très haut niveau de compétence optique. Pribram montra qu’il était possible de sectionner 98% des nerfs optiques d’un chat sans sérieusement diminuer son aptitude à des tâches visuelles complexes !
3) Bref, imaginons comment un spectateur serait encore capable d’apprécier un film projeté sur un écran dont les 9/10 ème auraient disparu ! Les anciens théoriciens de l’optique, dans la lignée de Descartes, croyaient à une correspondance point par point entre l’image vue par l’œil et la manière dont elle s’inscrit dans le cerveau. Les expériences de Pribram montrèrent qu’il n’en était rien. La résistance à la chirurgie prouvait que chaque image perçue se distribue dans le cerveau. De manière très étrange, la partie contient le tout. A vrai dire, le principe n’est pas nouveau, il est dit dans les plus anciennes traditions que l’univers est contenu dans chacune de ses parties ; cependant, c’était la première fois que cette proposition se trouvait justifiée dans la structure même du fonctionnement cérébral. Le cerveau traite l’information par le biais d’un hologramme interne. Le processus holographique est une interface entre l’activité mentale la structure matérielle du cerveau. Cela
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© Philosophie et spiritualité, 2007, Serge Carfantan,
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