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Textes philosophiquesDavid Hume l'être et le devoir être"Dans tous les systèmes de morale que j'ai rencontrés jusqu'ici, j'ai toujours remarqué que l'auteur suit pendant un certain temps le mode de raisonnement ordinaire pour établir l'existence de Dieu ou faire quelque observation concernant les affaires humaines, sur quoi, au lieu des auxiliaires ordinaires de propositions « est » et « n'est pas », je suis surpris de ne trouver tout à coup que des propositions construites avec « doit » ou « ne doit pas ». Le changement est imperceptible, mais de la plus haute conséquence. Puisque ce «doit » ou « ne doit pas » exprime une relation ou une affirmation nouvelle, il serait nécessaire qu'on attire l'attention sur lui et qu'on l'explique, tout en donnant une raison à ce qui semble tout à fait inconcevable, à savoir comment cette nouvelle relation peut être déduite d'autres, entièrement différentes. Mais comme les auteurs ne prennent habituellement pas cette précaution, je me permettrai de la recommander aux lecteurs, et je suis convaincu que cette petite attention renversera tous les systèmes courants de moralité et nous fera voir que la distinction du vice et de la vertu n'est pas fondée sur les seules relations entre objets et qu'elle n'est pas perçue par la raison". Traité de la Nature humaine . Indications de lecture:Cf. Leçon sur le jugement moral. Texte célèbre. L'idée c'est que raisonner ainsi de « est » à « doit être», c'est se rendre coupable de ce que G. E. Moore appelle le « sophisme naturaliste ». Une objection que l'on peut adresser à celui qui entend fonder l'ontologie sur la morale. C'est ce qui affaiblit notamment l'argumentation de Leibniz cf. Dieu, la raison et l'existence. Krishnamurti répète que partir du "devoir être" pour essayer de comprendre "ce qui est" est la manière la plus illusoire de considérer la vie.
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