Dans le cadre de l’interprétation finaliste de la Nature, pour Aristote, rien de ce qui existe indépendamment de la puissance de l’homme ne peut être aléatoire. « La Nature ne fait rien en vain». Si une chose existe, ce n’est certainement pas par le seul effet du hasard. Chaque chose est à sa place et existe conformément à sa nature. La nature d’une chose définit sa finalité et trace son devenir. Ainsi, quand nous repérons dans la nature un ordre, nous devons en prendre toute la mesure ontologique. Nous le faisons, avec nos moyens humains, en disant qu’il doit y avoir une raison pour laquelle les choses sont ce qu’elles sont et ne sont pas autrement. Si ce n’était pas la puissance de la Nature qui était à l’œuvre dans l’univers, mais une sorte de divinité capricieuse, il y aurait de l’arbitraire, et à la limite n’importe quoi pourrait se produire n’importe comment. Mais le désordre n’est pas ce qui domine dans la Nature.
Le hasard existe certes, mais il y a une telle puissance d’organisation dans la Nature qu’il n’est pas raisonnable de penser que l’arbitraire puisse avoir une place centrale. L’absurdité que nous trouvons dans la Nature, il vaut mieux la référer à notre ignorance plutôt que d’y voir un principe immanent. L’Univers est si intelligemment ordonné qu’une connaissance complète des principes, des causes et des forces à l’œuvre dans la Nature nous délivrerait de la prétention téméraire consistant à affirmer l’existence d’une totale contingence. Mais pouvons-nous avoir une idée juste du plan d’ensemble de l’univers ? N’est-ce pas une question qui nous reconduit directement à la théologie ?
Quel Dieu devons-nous supposer pour rendre raison de toute existence? La question du sens de l’existence peut-elle recevoir une réponse théologique ?
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Le propre de la raison, explique Leibniz, c’est de chercher à rendre compte de tout ce qui existe, de rendre raison de l’existence. Il serait irrationnel d’affirmer que quelque chose soit sans raison. « Il y a deux grands principes de nos raisonnements ; l’un est le principe de contradiction… l’autre est celui de la raison suffisante : c’est que jamais rien n’arrive sans qu’il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c’est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon ». On peut donc dire qu’il y a deux principes parallèles, un principe interne propre au discours qui veut qu’il ne soit pas contradictoire, ce qui annihilerait son sens ; et un principe externe, que tout dans la Nature ait sa raison d’être, sans quoi subsisterait dans l’existence de l’incompréhensible. Il en va de la puissance de la raison que de les accepter et d’en tirer les conséquences qui s’imposent. La raison serait tout à fait impuissante si la nature était le lieu d’expression des fantasmes d’un dieu halluciné. Nous ne pouvons pas admettre une gratuité absolue de l’existence, sans détruire aussitôt toute tentative rationnelle de comprendre ce qui est. Nous devons postuler au contraire qu’en principe nihil est sine ratione, rien n’existe sans raison. (texte)
---------------1) Nous avons déjà discuté du problème posé par le principe de contradiction et de la limitation posé par le principe du tiers exclus. Ce que nous devons examiner maintenant, c’est la valeur du principe de raison et de l’usage que nous pouvons en faire dans la théologie. Le mot « théologie » veut dire « logique de Dieu ». Il existe une théologie révélée, celle qui tire ses principes d’un texte sacré : la Bible, le Coran, Le Nouveau Testament etc. Dans le contexte des religions sémitiques, seule la foi est sensée y donner accès et la foi relève d’une décision individuelle qui relève plus du cœur que de la raison. Il existe aussi une forme de théologie rationnelle, qui elle est sensée ne s’appuyer que sur la lumière naturelle de l’intelligence et non sur l’adhésion à un credo.
S’agissant de la « logique de Dieu », il semble a priori correct de s’appuyer sur la raison et même de recourir au principe de raison. Nous y gagnons une indépendance à l’égard des credo et la possibilité de communiquer sur la question de la nature de Dieu avec tout homme doué de raison.
Cependant, comment
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© Philosophie et spiritualité, 2007,
Serge Carfantan,
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