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Textes philosophiquesMaurice Merleau-Ponty apparence et réalité"On a souvent dit que par définition la conscience n'admet par la séparation de l'apparence et de la réalité, et on l'entendant en ce sens que , dans la connaissance de nous-même, l'apparence serait réalité: si je pense voir ou sentir, je vis ou sens à n'en pas douter, quoi qu'il en soit de l'objet extérieur. Ici la réalité apparaît tout entière, être réel et apparaître ne font qu'un, il n'y a pas d'autre réalité que l'apparition. Si cela est vrai, il est exclus que l'illusion et la perception aient même apparence, que mes illusions soient des perceptions sans objet ou mes perceptions des hallucinations vraies. La vérité de la perception et la fausseté de l'illusion doivent être marquées en elles par quelque caractère intrinsèque, car autrement le témoignage des autres sens, de l'expérience ultérieure, ou d'autrui, qui resterait le seul critère possible, devenant à son tour incertain, nous n'aurions jamais conscience d'une perception et d'une illusion comme telles. Si tout l'être de ma perception et tout l'être de mon illusion est dans leur manière d'apparaître, il faut que la vérité qui définit l'une et la fausseté qui définit l'autre m'apparaissent aussi. Il y aura donc entre elles une différence de structure. La perception vraie sera tout simplement une vraie perception. L'illusion n'en sera pas une, la certitude devra s'étendre de la vision ou de la sensation comme pensées à la perception comme constitutive d'un objet. La transparence de la conscience entraîne l'immanence et l'absolue certitude de l'objet. Cependant, c'est bien le propre de l'illusion de ne pas se donner comme illusion, et il faut ici que je puisse, sinon percevoir un objet irréel, du moins perdre de vue son irréalité; il faut qu'il y ait au moins inconscience de l'imperception, que l'illusion ne soit pas ce qu'elle paraît être et que pour une fois la réalité d'un acte de conscience soit au-delà de son apparence. Allons-nous dans le sujet couper l'apparence de la réalité? Mais la rupture une fois faite est irréparable ". Phénoménologie de la Perception, p. 340-341. Indications de lecture:La transparence de la conscience, : thèse de Sartre dans L'Etre et le Néant, voir le cours sur Pensée, conscience et inconscient, L'apparence et la réalité. Un texte d'Aurobindo.
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