Textes philosophiques

Satprem     la pensée et les contructions mentales


     "En somme, il s’agit de changer de “ programme Et si l’avenir se situe quelque part au niveau de la cellule, il faut d’abord sortir du programme mental avant d’espérer pouvoir sortir du programme cellulaire. L’encombrement formidable du programme animal avec ses pulsions et réactions innombrables devant tour ce qui bouge, sent, vibre, cet appel et cet éveil constants sous la ruée de la vie, fait place à l’encombrement encore plus formidable de la ruée mentale qui, elle, ne semble plus répondre à rien, sauf à elle-même, comme un incessant écho qui passe de l’un à l’autre et se répercute et rebondit et tourne en rond universellement. Il n'y a pas de vous-même dans cette affaire-là, disait Mère: ça vient de partout et ça va partout. Et parce que nous attrapons au vol un certain nombre de vibrations que nous empilons et coagulons en petites briques de pensée bien propre, plus ou moins, parce que nous les combinons et recombinons à notre manière particulière pour en faire un édifice ou un autre, nous disons c’est “ notre ” pensée, c’est “ notre ” maison. Mais c’est la maison avec les briques de tout le monde. Ce n’est pas plus à nous que le vent du sud ou l’odeur de jasmin qui passe. C’est simplement, comme dit Mère, une notation au passage. L’animal ne fait pas autre chose quand il hume le vent, seulement il se branche sur un milieu différent. Et finalement tous les organismes, du haut en bas de l’échelle évolutive, qu’ils soient dotés d’une simple membrane osmotique ou d'un cerveau, font la même chose: ils pompent dans le milieu, ils reçoivent ce qui est là—ce sont des organes récepteurs. Nous ne créons pas plus de la pensée que l’abeille ne crée du miel—il y a miel et miel, c’est tout. Tout dépend simplement de notre qualité de réception et du milieu sur lequel nous nous branchons. Toute l’histoire évolutive, c’est simplement l’amélioration ou l’élargissement d’une qualité réceptrice. Le vrai mental en nous, disait Sri Aurobindo, est le mental universel; le mental individuel est simplement une projection à la surface... une sorte de tableau d'annonce ou de commutateur des communications à la surface. Et si nous en restons à nos pinces, membranes ou pariétaux de surface, nous cultivons le téléphone, pourrions-nous dire, au lieu de cultiver ce qui est au bout du téléphone. La singularité de l’homme n’est pas dans scs créations ou ses sécrétions de “ miel ” plus ou moins agréable, mais dans sa capacité de découvrir de nouvelles couches de réception. Son antenne n’est pas immuablement fixée dans une seule direction, fût-ce une direction mentale. Croire autrement, c’est prendre le moyen pour la fin, l’instrument pour le but—la “ culture ” pour la fin de l’homme".

Mère, tome I, le matérialisme divin,  Robert Lafont, 1976, p. 216-217.

Indications de lecture:

Voir les textes de S. Aurobindo. Notons bien que ce texte date de 1976 et non de la période actuelle, ce qui rend sa lecture fait plutôt étrange. Tout à fait fascinante. Incroyable "nous cultivons le téléphone" au lieu de cultirver celui qui tient le téléphone ! Voir de Satprem Shri Aurobindo et l'aventure de la conscience. Voir Leçons sur la conscience, ch XI. Nous avons exposé la manière dont Aurobindo présente la pensée dans Ce que Raison veut dire,  ch. VII.

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