Textes philosophiquesBernard Manin la reconnaissance du meilleur est culturellement conditionnée"Mesurée à l'aune de normes rationnelles et universelles, la perception, culturellement conditionnée, de ce qui caractérise les meilleurs peut parfaitement se révéler erronée et inadéquate. Mais là n'est pas la question. On ne prétend pas ici que l'élection tend à faire désigner les « véritables » aristoi. Les représentants élus doivent seulement être perçus comme supérieurs, c'est-à-dire présenter un attribut (ou un ensemble d'attributs) qui d'une part est jugé favorablement dans un contexte culturel donné, et que d'autre part les autres citoyens ne possèdent pas ou pas au même degré. Deux conséquences s'ensuivent. D'abord, la procédure élective ne garantit pas que la véritable excellence politique soit choisie (encore une fois, si « véritable » signifie ce qui est conforme à des normes rationnelles et universelles). Les élections opèrent sur la base d'une perception culturellement relative de ce qui caractérise un bon dirigeant. Si les citoyens croient que les talents oratoires, par exemple, sont un bon critère de l'excellence politique, ils feront leur choix politique sur la base de cette croyance. Rien ne garantit, évidemment, que le talent oratoire soit un bon indice du talent politique". Principes du Gouvernement représentatif, p. 187. Indications de lecture:Cf. Leçon De la démocratie directe. Voir aussi : Sur le gouvernement représentatif.
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