"Si la plupart des habitants de nos pays industriels peuvent se nourrir, se vêtir et se loger - quoiqu'un nombre toujours plus important et IMPOSANT d'entre eux, tout près de nous, parfois au pied de l'immeuble où nous habitons, n'ait plus tout à fait accès à ces bienfaits de la civilisation-, dans leur immense majorité, ces gens voient leurs conditions de vie se dégrader au point qu'ils se dégradent eux-mêmes, physiquement et moralement, bouffis par une mauvaise alimentation, abrutis par des productions culturelles toujours plus avilissantes, à un point que l'on a du mal à imaginer quand, n'étant pas soi-même atteint par ce devenir qui englobe cependant des catégories toujours plus vastes, on se tient prudemment à l'écart de ces réalités, au risque de s'y rendre aveugle et d'être capable d'en nier sans vergogne l'existence même... Au risque, également, de ne pas se rendre compte que l'on a peut être déjà commencé de se laisser absorber à son tour par ce processus d'avilissement généralisé, devenant lentement mais sûrement de plus en plus incapable de voir ce qui, comme nouvelle époque de non-savoir y sourd..."

De la misère symbolique, Champ Essais, p. 126-127.

Voir les leçon sur la société de consommation, la déconstruction du monde, la subversion du langage.

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