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Textes philosophiquesV. Jankélévitch la prise de conscience"La conscience n'est autre chose que l'esprit. L'acte par lequel l'esprit se dédouble et s'éloigne à la fois de lui-même et des choses est un acte si important qu'il a fini par donner son nom à la vie psychique toute entière; ou plutôt "la prise de conscience" ne désigne pas un acte distinct, mais une fonction où l'âme totale figure à quelque degré ce qui est propre à l'attitude philosophique. Dans sa mobilité infinie, la conscience peut se prendre elle-même pour objet : entre le spectateur et le spectacle, un va-et-vient s'établit alors, une transfusion réciproque de substance : la conscience-de-soi, en s'aiguisant, recrée et transforme son objet, à savoir un phénomène de l'esprit; mais l'esprit à son tour déteint sur la conscience, puisqu'en somme, c'est l'esprit qui prend conscience. Il y a en nous comme un principe d'agitation et d'universelle inquiétude qui permet à notre esprit de ne jamais coïncider avec soi, de se réfléchir sur lui-même indéfiniment : de toute chose nous pouvons faire notre objet et il n'est pas d'objet auquel notre pensée ne puisse devenir transcendante. La conscience veut n'être dupe de rien, pas même de soi. C'est une infatigable ironie... La conscience se divise extrêmement, se fait toute ténue, aiguë et abstraite, afin de n'être pas surprise par le donné. Elle est clairvoyance et liberté". La Mauvaise Conscience
Indications de lecture
(1903-1985). Notez l'omniprésence de la dualité sujet/objet. C'est la caractéristique par excellence de la vigilance. Voir la leçon L'existence consciente. Relier à la question de l'introspection. cf. Écriture du moi, écriture du soi et Conscience et connaissance de soi.
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