Textes philosophiques

Hannah Arendt  les apparences du seulement pensable


      Nous pouvons nous rendre compte de l'être en quittant le "monde des apparences du seulement pensable" et en nous avançant par la pensée jusqu'à la limite de la réalité qui ne peut plus être saisie comme quelque chose de seulement pensable ou de seulement possible. Cette avancée par la pensée aux limites du pensable est ce que Jaspers désigne par l'activité... de transcender... Ce qui est décisif... c'est que l'homme, comme "maître de ses pensées", est davantage que ces mouvement pensants... La pensée a chez Jaspers pour fonction de conduire l'homme vers certaines expériences, des expériences dans lesquelles la pensée elle-même (mais nullement l'homme pensant) échoue. Dans l'échec de la pensée (et non de l'homme) l'homme qui, étant réel et libre, est plus que la pensée, connaît ce que Jaspers appelle le "chiffre de la transcendance"... La tâche de la philosophie est de libérer l'homme "du monde des apparences du pensable" et de lui permettre de retrouver le chemin vers le chez-soi de la réalité. Jamais la pensée philosophique ne peut annuler le fait que la réalité ne peut se dissoudre dans le pensable; elle doit plutôt exhausser... cet impensable". Ceci est d'autant plus indispensable que la réalité de celui qui pense... précède sa pensée". 

 Qu'est-ce que la philosophie de l'existence?, Rivage poche, pp 67-69.

Indications de lecture :

cf. Leçon sur la pensée et la vie, L'intelligence et les limites de la pensée. Arendt commente ici l'existentialisme de Karl Jaspers dont elle a été élève.

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