Dossier

Le néo-existentialisme

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La transcendance de l’ego est-elle fondée ?
Mais d’abord c’est quoi avoir conscience de quelque chose ?
En tout état de cause « avoir conscience de quelque chose » ne signifie nullement contenir en son dedans un objet, mais plutôt poser, pour la conscience, son action vers et jusqu’à quelque chose, c’est donc pour la conscience être en interaction avec une chose autre qu’elle, et qui dit interaction dit action dans les deux sens, d’autant que toute chose est animée non seulement de mouvement mais aussi d’émanation de soi vers son dehors (cf. le troisième ouvrage de Jubil Boissy)
La conscience qui découvre la contingence procède par poser son action existentielle non pas d’un coup sur toute l’Existence qu’est le Monde mais plutôt par la poser successivement sur chaque portion d’horizon de chaque direction d’horizon, comme l’œil et son regard qui n’y échappent non plus.
Après avoir fait le tour de toutes les directions la conscience constate du coup qu’elle est une présence en action au sein d’une Présence en animation pêle-mêle qui la contient et la dépasse en immensité sans qu’elle puisse aucunement lui échapper.
Si donc la conscience sait découvrir ainsi le Monde contingent comment vient-elle à se découvrir soi-même comme contingente ?
Avoir conscience d’elle-même signifierait-il contenir soi-même en soi-même ou contenir toute son image en soi-même comme l’homme saisit toute son image à l’aide d’un miroir ou d’une photographie ?
Or l’on vient de voir qu’avoir conscience de quelque chose signifie poser son action vers et jusqu’à cette chose.
En tout état de cause la conscience n’est aucunement double ni n’a de miroir encore moins d’appareil photographique au point de pouvoir isoler toute son image qui retracerait toute sa forme, sa constitution, ses couleurs et son aspect.
Dès lors la conscience ne se découvre qu’en se sentant là présente mais toujours présente pour se sentir immédiatement tendre vers quelque chose d’autre qu’elle, d’autant que les autres choses qu’elle ne peuvent éviter de la solliciter incessamment du fait de leurs émanations existentielles (cf. troisième ouvrage de Jubil Boissy).
C’est un peu comme si vous demandez à l’œil de ne point voir un objet à l’état d’éveil ; cela est tout simplement impossible car que l’œil ouvre sa paupière et il a alors en face de lui des panoplies d’objets dont les reflets lui arrivent de partout que lui l’œil le veut ou non ; ou bien alors l’œil ferme sa paupière et voilà que ce voile de paupière lui jette de plein fouet comme reflet son aspect noir interne.
Il en est de même pour un miroir ; dites lui de ne point recevoir de reflet et il vous répondra que c’est absolument impossible, même si vous le couvrez d’un manteau noir, ce miroir possédera cet aspect noir du manteau comme reflet-objet.
L’œil et le miroir sont chacun une présence évidemment indissociable de leurs agirs respectifs et inévitables.
Il en est de même de la conscience.
Vous conviendrez que l’œil comme le miroir n’attendent aucunement d’autre sens que celui de leurs agirs respectifs c’est-à-dire l’affirmation de leurs comportements respectifs selon chacun sa forme, sa constitution, son étendue, son aspect tous physiques.
Il en est absolument ainsi de la réalité existentielle de la conscience.
Dès lors avoir conscience de quelque chose, cela ne signifie nullement que cette conscience a une sosie au devant d’elle pour flirter avec les objets , et elle, se réservant en arrière ; cela fait tout simplement cas de la conscience en action existentielle c’est-à-dire la conscience condamnée à toujours poser son action de comportement vers et jusqu’aux objets de ce Monde-ci.
Ou bien n’allez non plus croire que la conscience se détache toujours d’une sorte d’âme à elle qu’elle laisserait alors en arrière sur place pour pouvoir la contempler ! Non il n’en est rien de tout ça.
Pour preuve, à qui croit pouvoir contempler sa conscience demandez lui de vous la décrire en sa forme, sa constitution, son aspect, sa couleur, et il lui sera impossible d’en dire un mot qui vaille si ce n’est le genre d’expressions « mensongères » telles que « la conscience est hors du temps et l’espace, hors du langage, elle est silence, lumière, elle est béatitude et nirvana, elle est sombre ou grise ou pure ou blanche » bref que des expressions qui désignent d’autres choses autres que la consciences stricte en soi, cette conscience en tant que présence nue de tout ce qui n’est pas cette stricte présence.
La transcendance de l’ego est donc un mythe et n’est donc pas fondée. Elle relèverait d’une erreur d’interprétation d’écoulant d’une erreur d’analyse non éclairée.
Par ailleurs le comportement existentiel de la conscience-présence ne s’affirme pas par le phénomène de choix, ce comportement est tout simplement tout l’agir qui peut découler naturellement de cette présence de conscience selon sa forme, sa constitution, son étendue, son aspect tous physiques. Et cet agir s’affirme toujours en deçà et par delà le phénomène de choix tout en l’englobant et en le dépassant.
Car le phénomène de choix a des maîtres qui l’ont inventé ou rendu possible pour participer activement à l’œuvre de retardement, de mutilation, de sélection et d’aliénation de l’agir existentiel ou comportement existentiel de la conscience-présence avec l’organisme charnel.
Ces maîtres pour qui le choix œuvre s’appellent la raison, la morale le bon sens, le savoir ou sagesse…
Le phénomène de choix est à leur profit et à celui de l’anthropocentrisme de décadence en marge de la réalité existentielle.

La finitude et le néant :
Heidegger, pour avoir sans doute repris le questionnement « pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » et pour avoir essayé de visionner ce que n’est pas l’être n’a certainement alors fini que par voir le néant comme second à la contingence du Monde.
Pourtant cette contingence nous découvre ce Monde sans possibilité aucune de voir ou d’imaginer son par delà puisque tout simplement il n’en a pas.
Quant à la finitude, ne faisons-nous pas toujours sa douce expérience à chaque fois que l’on se retire pour sommeiller ? Et là ne « fusionnons-nous » pas avec l’intimité de ce Monde-ci et non avec le néant ni avec l’au-delà ?
Mais la finitude des formes matérielles, n’est-ce pas elle qui à sa manière nous reflète la possibilité du dépassement et devenir pêle-mêle et aveugles qui à leur tour et à leur manière nous reflètent l’animation pêle-mêle du Monde ?

Sommes-nous là pour rien ?

L’Existence, le Monde est contingence ; c’est vrai. Toute existence est contingente ; c’est vrai. Cependant dire et vouloir admettre que l’homme est jeté au monde pour rien, pour y être en manque permanent de sens, cela serait non seulement faire preuve d’une certaine ignorance, d’une certaine méprise mais aussi ce serait commettre un certain ignoble blasphème à l’Existence. En effet dire et admettre que l’homme en tant que existant est là au monde pour rien, qu’il y est en manque permanent de sens, c’est vouloir dire autrement que l’homme serait une Valeur supérieure au dessus du Monde, que de prime abord ce monde serait indigne de l’homme, qu’il ne mérite pas de recevoir en son sein quelque chose comme l’homme, que celui-ci ne mérite pas ce monde-ci, que l’homme est plus pur et d’autre nature que le monde ; et qu’alors il appartient à l’homme de le recréer, de le retransformer pour que seulement ce monde puisse devenir digne de lui et être à sa hauteur à lui l’homme. Sartre n’aurait-il pas dit qu’il appartient à l’homme de donner du sens à l’existence ? Qui ou quoi d’autre est au monde pour rien ou en manque permanent de sens à part l’humain ? N’est-ce pas seulement l’humain ? En tout état de cause voilà vraisemblablement un certain « ignoble » secret qui ressortirait des dires de Sartre selon lesquels l’homme est jeté au monde pour rien, en manque permanent de sens. Si donc tel est le cas alors le fondement de la pensée sartrienne ne vaudrait pas plus que le rationalisme et la métaphysique pour avoir apparu ainsi comme subversif et hypocrite contre l’Existence. Qu’est-ce que l’humain pour que ce Monde-ci puisse daigner s’arrêter un instant pour le lui consacrer ? Que l’humain soit ou qu’il ne soit pas qu’est-ce que cela pourrait déranger au Monde le temps d’un instant ou plus ? Pourquoi cette haine et méchanceté envers « celle » qui nous a pourtant engendrés ? Si l’autre a tué Dieu moi je trouve l’alibi de vouloir tuer l’homme ! Lui serait peut-être innocent, mais l’homme pas !

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Le Néo-existentialisme traduisant une attitude particulièrement critique et démonstrative vient comme un discours on ne peut plus radical et fidèle à la réalité existentielle pour se voir découler d'une investigation philosophique aux antipodes de la nature pensante et anthropocentriste.

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