On doit dans les années 60 à Clare Graves, puis
à ses successeurs Don Beck et Cowan l’élaboration d’une théorie du développement
mental de l’humanité appelée spirale dynamique.
Elle reprend des idées de la
pyramide de Maslow, ainsi que celles de la théorie des
stades du développement moral chez l’enfant de Laurence Kholberg. Elle sert
aujourd’hui de modèle en psychologie. Ken Wilber la reprend à son compte en y
ajoutant son propre commentaire. L’objet de cette leçon va être d’en faire une
exposition dans le prolongement des recherches menées jusqu’ici à travers les
leçons. Nous ne chercherons pas simplement à présenter les idées. Il existe sur
le Net d’excellent sites qui font se travail, notre propos sera plus synthétique
et critique.
Le fil
conducteur est simple et n’a rien d’original : Cela fait longtemps que les
anthropologues et les psychologues cherchent un parallélisme entre le
développement psychologique de l’enfant (Kholberg est
un disciple de Piaget) et le développement mental de l’humanité (la psychologie
humaniste de Maslow). Ce qui fait problème c’est la volonté de hiérarchisation,
quand on pense aux dérives de la philosophie de l’Histoire,
ses résultats sont pour le moins inquiétants. Auguste Comte avait soutenu l’idée
qu’il y avait des peuples « dans l’enfance de l’humanité » et des peuples
(européens) d’une « humanité adulte ».
Selon Comte
l’humanité passerait par le stade théologique,
celui de la croyance dans des dieux (la Grèce d’Homère), puis le
stade métaphysique (
la Grèce des philosophes, Platon, Aristote etc.) pour enfin parvenir au
stade positif » de la
science objective. La Modernité. Analyse très vague qui mène à un jugement moral
dépréciatif sur la culture des peuples dit « primitifs » et à un jugement de
supériorité des peuples dit « développés » parce qu’ils disposent de la
techno-science. D’où un ethnocentrisme borné qui
exprime une méprise complète sur les cultures non-occidentales, de leur
richesse, de leur originalité et de la profondeur de leur compréhension de la
vie.
La question
qui se pose est donc :
est
possible d’élaborer une typologie du développement mental de l’humanité qui ait
une valeur de connaissance ?
Est-ce possible sans projeter des jugements à
caractère idéologique en s’en tenant rigoureusement à des différences
caractéristiques ?
Après tout, il y a des similitudes dans ce
projet avec une tentative désuète comme celui la
caractérologie de
Gaston Berger, qui classe les individus selon leurs tendances, sans que cela
implique une volonté de chercher inférieurs ou supérieurs ( comme les
alphas,
betas et
gammas d’Huxley dans
Le meilleur des mondes).
Il faudrait donc s’en tenir à un point de vue purement
descriptif, mais qui s’appuierait sur une connaissance approfondie de la
conscience. Le plan suivi respecte les huit niveaux de Graves.
*
*
*
Graves
associe à chaque stade une couleur qui fait office de
classe pour toutes
les discussions ultérieures. Le premier niveau mental de l’humanité est celui
qui est à peine dégagé de l’animalité et dont le mode de pensée est centré sur
l’instinct de survie.
Nourriture, eau, chaleur, sexe et sécurité.
Dans le développement de
l’humain, c’est le stade du nouveau-né dépendant dans ses
besoins de sa mère.
Un individu, ou une organisation sociale de type Même Beige met au cœur de ses
motivations le souci de préservation dans un monde jugé comme dangereux. Ils
seront survivalistes
pour employer un terme très à la mode aujourd’hui.
Il n’y a plus actuellement sur Terre de société
basée sur les valeurs Beiges. Il faudrait remonter 100.000 ans en arrière pour
en trouver avec les hordes de chasseurs. Clare estime cependant que la mentalité
Beige n’a pas disparue et recoupe encore 0,1% de l’humanité actuelle. Nous
reconnaissons ici le premier stade de la pyramide de Maslow.
Quand les
conditions de vie
deviennent très difficiles il est tout à fait naturel que la pensée gravite vers
le mode primal. C’est naturellement le cas du nourrisson, ou encore
de la personne âgée qui devient sénile, la maladie d’Alzheimer, comme cela l’est
aussi sous la pression extrême de la faim,
quand les conditions de vie sont dégradées au point que l’individu ne peut plus
avoir de pensée dans son esprit que de sa seule survie. Tant qu’il n’y aura pas
de satisfaction des besoins élémentaires, le beige ne peut envisager un niveau
de conscience supérieur au sien. En un sens, c’est ce type d’argumentation
voilée qui fait la force idéologique d’une doctrine comme celle du marxisme :
comment envisager une vie spirituelle digne de ce nom, tant que les besoins
primaires ne sont pas comblés ? Et puis, n’est-ce pas politiquement la manière
la plus violente de soumettre un peuple que de le maintenir à ce stade de simple
survie ?
La
pensée primale, comme les autres niveaux, possède son
imaginaire propre et
ses valeurs.
On la retrouve dans l’image de Tarzan, dans les films à tendance fortement
survivalistes comme Into the wild,
dans toutes les productions jouant sur la force de
l’individu combattant des monstres pour exister. C’est la quintessence de la
doctrine des darwinistes, struggle for life,
« la lutte pour la vie » qui ne voit la Nature que comme un milieu dangereux où
l’homme devra se battre contre des créatures géantes, l’homme des cavernes face
au mammouth, avec des armes fabriquées de ses propres mains et l’usage du feu.
D’où les valeurs de la force, du courage, de l’ingéniosité dans les moyens de
survie.
Incontestablement, il existe des individus qui sont focalisés sur ce mode de
pensée primal, parce qu’ils se représentent
eux-mêmes de la même manière. Ils se
définissent uniquement comme un corps pourvu de besoins, dominé par des pulsions
qu’il faut satisfaire. En d’autres termes,
leur
image du moi est primale, elle
est identifiée au corps soumis à la pressions des instincts. Les marginaux qui
arpentent les grandes villes avec leurs chiens pensent « primal ». Les
survivalistes qui attendent fiévreusement le collapse de la civilisation et font
des stages pour apprendre l’usage des armes et des techniques de survie pensent
« primal ». Les agences de voyage proposent même des séjours tous frais compris
pour expérimenter la régression primale !
L’incitation à nourrir l’image
du moi avec un contenu primal est omniprésente dans nos médias. La télé réalité
adore ! Elle adore montrer la débrouille de la survie sur une île perdue autant
que la régression sexuelle qui tire la conscience vers le primal. Motif du
consommateur pour se réjouir car le frigo est bien rempli. Motif d’existence
dans le sexe. L’attachement vital est une grande force qui peut être mobilisée
et cela fait des siècles bien avant Freud que les traditions spirituelles
rappellent que la pulsion sexuelle est une grande puissance de domination. L’une
comme l’autre, peuvent être utilisé par les puissants.
Le
second niveau mental de l’humanité est le stade l’immersion dans la
pensée animiste. Par
l’adhésion culturelle à une pensée magique. Elle se traduit par un mode
d’existence tribal proche de la Nature, mais sur un
mode qui met l’accent sur le monde immanent des esprits partout présents. D’où
l’importance de toutes sortes de rituels pour apaiser les mauvais esprits et
convoquer les ancêtres. Sorts bienfaisants, sortilèges et malédictions. La
pensée animiste affirme de très solides liens du sang, l’esprit dominant du
clan,
ce qui implique des relations sous forme d’allégeance, un respect du chef de
clan, des règles strictes et des tabous aussi, une grande puissance des symboles
et l’usage d’objets magiques.
Les
théoriciens de la spirale dynamique estiment que les Violets animistes
représentent 10% de la population de l’humanité, mais ne disposent que de 1% du
pouvoir en ce monde. Il faut se tourner vers l’anthropologie pour entrer dans
l’univers mental de la pensée animiste. Lévi-Strauss pour appréhender la
« pensée sauvage ». Pierre Clastres pour la forme de chefferie et la distinction
nette du pouvoir politique d’Etat tel que nous
le connaissons en Occident et l’autorité traditionnelle.
Sur le
plan psychologique du développement de l’enfant, ce niveau correspond au stade
de 1 à 3 ans, de la pensée magique : la petite souris et du père Noël. Si tant
est que nous traversons tous normalement comme humain les stades de
développement, il y a bien un moment « magique » animiste chez l’enfant et il
existe toute une culture autour de la pensée magique. C’est encore le cas en
Occident, sauf qu’elle fait l’objet d’une récupération commerciale qui en tire
de larges profits. Les
contes, les légendes, le merveilleux et ses figures alimentent la filmographie
et le dessin animé et nous parlent de notre imaginaire collectif au stade le
plus grégaire.
L’individu qui pense sur un mode « animiste » a donc un imaginaire bien fourni.
Dans les sociétés traditionnelles ses valeurs tournent autour de la devise :
« contente les esprits, respecte les anciens et suit la tradition ». Un bon
exemple au cinéma : Les dieux sont tombés sur
la tête, avec les bushmen. Dans ce cas, on
remarquera que l’image du moi
est fortement socialisé, nous ne sommes donc pas du tout en régime
individualiste, comme
dans le monde postmoderne
où l’individu est coupé de la tradition. L’individu de la pensée animiste est
complètement immergé dans la tradition, il se définit à travers la tradition,
dans la place qui lui est dévolue dans le clan et il n’aurait pas idée de s’en
dissocier. L’image du moi est nourrie pas la tradition. Si la tradition est en
péril, il y a donc un grave problème d’identité. Les sociétés traditionnelles en
dehors de l’Occident sont en voie de disparition accélérée. On notera que
partout la conversion au mode de vie occidental s’est produit, sans que cela
n’entame le sens de l’identité des Violets qui se penseront encore eux-mêmes
dans une structure de clan traditionnel dans laquelle ils trouvent leurs
repères. On notera aussi que dans le monde politique actuel, la pensée tribale
est encore très présente, y compris dans des régiments qui présentent une façade
de démocratie. Derrière la façade, comme en Afghanistan, il y a la prédominance
de la structure tribale qui est bien plus réelle. D’où un conflit latent qui
tient à la manière dont l’individu se représente lui-même.
Notons que le regard qu’un individu violet
porte sur un beige est un peu celui que l’on porte sur l’animal. Il percevra les
autres Violets comme l’un d’entre eux. Par contre il sera, comme on va le voir,
impressionné par le pouvoir des Rouges. Il ne faut pas sous-estimer la mentalité
magique tribale. Elle ressurgit par exemple chez les jeunes des banlieues où les
bandes se reconstituent un modèle de clan, avec son langage et exhibitionnisme
magique dans des symboles.
Vikings
et tous les conquérants barbares.
Les théoriciens de la spirale
dynamique estiment que les Rouges représentent 20% de la population mondiale et
disposent de 5% du pouvoir. Les groupements Rouges sont nécessairement dirigés
par des personnalités autoritaires, voire des despotes ou des dictateurs, car
les Rouges n’apprécient rien moins que les rapports de force. Ils vénèrent
l’action directe, implacable et sans pitié. Ils détestent la valeur accordée au
sentiment, ils privilégient l’usage de la peur et ils rejettent l’amour. Leur
forme extrême aujourd’hui se montrent dans les mafias, les gangs, la hiérarchie
de domination dans les prisons. Mais la terreur pouvant prendre une forme
politique, le Rouge peut très bien devenir système politique ; quand il le
devient, il prend une allure féodale, façon game of throne. Une
excellente illustration de ce que représente la mentalité Rouge. Son imaginaire
et peuplé d’esprits magico-mythiques, de dragons, de forces bonnes et mauvaises
à prendre en compte. Le Rouge a besoin d’une arène pour combattre.
Sur le plan psychologique du
développement de l’enfant, ce stade apparaît entre 4 et 6 ans,
avec la structuration forte du sens de
l’ego. C’est l’âge ou l’enfant dit « non », « non », « non », où ce qui
est à moi, n’est pas à toi. L’ego en posture d’attaque. C’est dans sa nature. Au
collège les éducateurs le savent, il faut gérer des rapports entre des élèves
qui sont au stade « rouge ». D’où entre eux un discours où il est toujours
question de « plus fort que ». La volonté de puissance de l’ego, le côté
rebelle, y compris dans le comportement des filles. Dans l’image du moi
Rouge, il y a une affirmation musclée et un désir de reconnaissance puissant.
D’où à notre époque, la vénération « Rouge » pour le sport, l’esprit de
compétition où triomphe un « héros ». Comme les méchants Rouges dans
James Bond. Les mercenaires, Attila le chef des Uns, les rocks stars déjantées
typiquement Rouges, le roman Sa majesté les mouches.
Comme profil psychologique, le
rouge ne trouve de satisfaction que quand il sent qu’il domine et qu’il est
respecté. Il est extrêmement sensible à la honte et cherche les gratifications
de l’argent, du luxe, du sexe, y compris les stupéfiants. Il est clair que les
rouges ne peuvent voir les Bruns et les Violets que comme des esclaves, donc de
simples moyens, car ils ont un sens éminent de leur propre supériorité et ils
peuvent l’exercer contre les Bruns et Violets. C’est le schéma typique de la
guerre des conquistadors contre les peuples amérindiens au Brésil.
autorité
incontestée. Attention, cela ne veut pas dire que dans le stade précédents la
croyance n’est pas présente, car elle l’est sous une forme différente, mais au
stade bleu, elle montre un visage très
moralisant. La traduction concrète de cette mentalité se manifeste dans
le culte du patriotisme et la dévotion au pouvoir suprême de la divinité, mais
attention, selon des règles strictes consignées dans l’Écriture. D’où le fait
remarquable que partout dans le monde,
tous les intégristes se ressemblent. Pour eux, il n’y a qu’un seul ordre
légitime qui soit vertueux, la transgression des interdits a des répercussions
graves
et mêmes éternelles. Inversement,
l’obéissance garantit aux fidèles des récompenses (dans l’au-delà)
Les théoriciens de la spirale
dynamique estiment que les Bleus constituent environ 30% de la population
mondiale et détiennent 30% du pouvoir mondial. Un système dominant Bleu peut
très bien fonctionner dans une théocratie où l’organisation sera donc très
pyramidale. Très hiérarchisée. Les fondamentalistes musulmans/chiites sont tout
indiqués comme exemple, mais c’est aussi la position dans le monde de l’Église
catholique, comme celle des puritains américains Protestant, ou encore c’est
déjà dans l’esprit des Scouts. La lutte des antispéciste est Bleue. La liste est
largement ouverte.
Sur le plan psychologique du
développement de l’enfant, ce stade apparaît entre 7 et 10 ans au moment où,
après le « non », « non », l’enfant va se construire un système de valeurs très
absolutiste qui peut différer de celui de ses parents, mais dont le jugement est
impératif. Il rejoindra alors par idéal un groupe dans lequel il se sent en
sécurité et dans lequel il mettra sa foi nouvelle. D’où les groupes sectaires
Bleus.
Dans ses relations avec les niveaux
précédents, le Bleu percevra les Bruns comme des rejetons de l’animalité, les
Violets comme des “nobles sauvages” qui doivent d’être convertis. Par contre,
les Rouges seront clairement identifiés comme des mauvais. Les autres Bleus
seront « justes », mais attention… à condition qu’ils aient la même “Vérité” à
titre de croyance. Un bleu de ne peut pas vraiment admettre une foi différente
de la sienne… surtout s’il est monothéiste !
les
rouages. Et en profiter au maximum. Il est logiquement très scientistes,
professant que les lois de la Nature peuvent être maîtrisée, donner lieu à des
techniques et servir nos intérêts personnels. Ce genre d’individu sera
technophile à fond. Le geek
intellectuellement est toujours un Orange. Il sera fortement orienté vers
l’accomplissement personnel, la réussite, l’acquisition des biens
matériels. Il
va croire sans détours que « les lois scientifiques régissent la politique,
l’économie et les événements humains. Le monde et un échiquier sur lequel les
gagnants remportent la prééminence et avantages matériels sur les perdants ».
L’individu Orange croit naïvement
et follement dans le progrès ; et à toute objection en sens contraire, il
retourne l’argument disant : « la technologie nous sauvera » !
A n’importe quelle question, il n’a qu’une réponse : la technologie ! Le Orange
a du mal à comprendre la question existentielle du sens. Il ne voit pas vraiment
de problème dans l’alliance des marchés, la manipulation des ressources
terrestres, pourvu qu’ils concernent ses propres intérêts. Logiquement, le
Orange conçoit l’État sur le modèle de l’entreprise.
Les théoriciens de la spirale
dynamique estiment que les Oranges forment 30% de la population mondiale et
détiennent 50% du pouvoir. Il est donc très clair que leurs motivations sont
très largement économiques ; ce sont des gens attirés par les bonus, les
avantages sociaux, l’argent, les Oranges sont facilement corruptibles, car ils
raisonnent en calculant leur avantage personnel. Ils sont même contents de le
faire de manière rationnelle. Les Oranges s’attribuent le monopole de la
rationalité. En dessous d’eux, ils ne voient que du primitif et au-dessus d’eux,
il n’y que des rêveurs et de l’utopie. Ils ont l’esprit « pratique ».
Sur le plan psychologique du
développement de l’enfant, ce stade apparaît entre 10 et 15 ans, au moment où
l’ado recevant de l’argent de poche, entre dans le concept de gestion de ses
choix, avec la comparaison aux autres. C’est le germe premier de la mentalité
mercantile.
Dans cette catégorie, on rangera sans
difficulté le siècle des Lumières, avec l’exemple fameux de Voltaire et le
Diderot de l’Encyclopédie. Sans difficulté on peut y ajouter la référence à Wall
Street, la classe moyenne émergente qui reluque et envie la classe des
ultra-riches, l’industrie de l’informatique, celle de la cosmétique, de la mode,
mais aussi, tout simplement, le matérialisme ordinaire sous toutes ses formes,
l’hyperindividualisme.
Dans ses relations avec les
niveaux précédents, l’Orange se veut très clean et High Tech, il ne peut que
mépriser de haut le Brun très sale et pas assez sophistiqué comme lui et tolérer
avec une bonne dose de condescendance le Violet, il sera indifférent au Bleu en
se proclamant facilement agnostique ou athée par indifférence. Pour lui, les
Bleus sont coincés et arriérés ! Le Orange ne jure que par le
progrès,
sa divinité d’élection. Il ajuste sa morale sur la rentabilité. Par
contre, pour lui, les Rouges sont dangereux. Les autres Oranges sont, ou bien
des sources d’inspiration quand ils sont des Winners, ou des compétiteurs à
imiter, ou enfin des loosers. Le sens de l’ego est fortement prédominant de
toute manière avec une ampleur narcissique très élevée.
vision
tend vers le relativisme et l’acceptation intégrale de la diversité, ce
qui est très différent de la morale des bleus qui est beaucoup plus rigide et
refuse toute forme de relativisme. Le vert comprend
que l’esprit humain doit être libéré de la cupidité, de la pensée dogmatique
facteur de division. Il met l’emphase sur le dialogue et le sens des relations.
Il se distingue par le fait qu’il
manifeste un très haut degré d’empathie pour la Terre et ses habitants, la
symbolique de Gaia. Cf. Le travail de James Lovelock. Le Vert manifeste
une grande créativité dans les innovations qui concerne l’agriculture
biologique. Voir sur cette questions les idées de Vandana Shiva, le travail de
Pierre Rabhi.
Les théoriciens
de la spirale dynamique estiment que les verts forment environ 10% de la
population et sont en constante augmentation, ils grignotent sur les oranges.
Ils détiennent 15 % du pouvoir global. Dans la nouvelle vague de l’entreprise,
le dirigeant Vert devient un médiateur, la hiérarchie est bannie, pour une
gestion horizontale. Mais la transition est difficile, la contrepartie fait que
l’entreprise peut aussi s’enliser dans les discussions sans fin et être
inefficace. Le risque est alors que l’individu deviennent inefficient et par
dépit souhaite redevenir Orange.
Sur le plan psychologique du
développement de l’enfant, ce stade apparaît entre 15 et 20 ans, le jeune adulte
va accorder une importance particulière aux causes qu’il défend, à l’engagement
associatif pour un monde meilleur. Ce sont des valeurs propres au Vert. On
notera dans la foulée que le Vert a le vent en poupe car il porte les
organisations caritatives, des organismes comme Greenpeace, Médecins
sans frontières, les partis et les organisations écologiques. S’y rattache
l’écologie profonde d’Arne Naess, l’approche thérapeutique en psychologie de
Carl Rogers, les mouvements pro diversité, et soutiens des droits de l’homme. En
bref, on peut dire que le courant Vert s’est emparé aujourd’hui du
politiquement correct, non pas tant sur la forme que sur le fond dans
l’opinion.
Le rapport que le Vert
entretient avec les autres stades est assez original. Il a une grande
familiarité avec les Violets qu’il a tendance à voir comme des communautés
mythiques à préserver du fait de leur proximité avec la Terre. En fait il
idéalise et fantasme facilement les Violets. Pour lui, les Rouges sont des
personnes qu’il faut éduquer et sauver. Les Bleus seront perçus comme beaucoup
trop autoritaires, souvent injustes. Les Oranges sont perçus comme manquant de
respect, comme étant avares et excessivement égocentriques. Les autres Verts
sont perçus comme éclairés et bienfaisants. Ce qui compte le plus dans l’indice
de satisfaction des Verts, c’est le sens de l’équité, du partage et le respect
d’autrui.
Le septième niveau mental de l’humanité est celui dans lequel le mode de
pensée prédominant est intégratif. En gros, ce serait
des personnes qui ont intégré de manière active la pensée complexe.
Penser de manière systémique, c’est percevoir la réalité comme un tout dans
lequel interagissent des éléments de sorte qu’aucun d’entre eux ne peut être
vraiment compris en dehors du tout. L’esprit de système est dominant, ici il
correspond à une vision synthétique, les individus de type Jaune pensent dans
l’interconnexion, à la fois pour ce qui est de la vie personnelle, mais aussi et
surtout de la vie sociale et professionnelle. Leur
motivation
devient « changer le système » par
une contribution originale capable d’apporter une nouvelle dynamique. Apporter
un changement qui favorise l’autonomie, la liberté, l’efficacité dans le sens du
bien commun. Le jaune met tout son enthousiasme à concevoir un projet,
développer une idée révolutionnaire capable de changer le système dans
son ensemble. La recherche d’un « système toujours plus efficace », optimal est
au cœur de ses préoccupations. Les Jaunes excellent dans le conseil auprès des
Les théoriciens de la spirale dynamique
tiennent en très haute estime les Jaunes, puisqu’ils sont fortement apparentés à
leur propre vision du monde. Ils en font partie. Selon eux, les Jaunes
constitueraient 1% de la population mondiale et disposeraient de 5% de pouvoir.
Ils ont tendance à travailler de manière indépendante à la périphérie
d’organisations dans laquelle ils peuvent stimuler les échanges et prodiguer des
conseils.
En termes de développement
psychologique, le Jaune correspondrait à une période après 20 ans, l’âge mur,
celui d’un adulte capable de prendre conscience des choix et de leurs
implications, des lignes d’influence.
Dans leurs rapports avec les
autres couleurs, les Jaunes ont le génie de trouver chacun à sa place dans le
système global, donc intéressant et même irremplaçable à sa manière. Le Jaune
saura s’adapter parce qu’il n’exclut rien, dans son fonctionnement mental, il
resitue. Il a une certaine attirance naturelle qui le porte du côté du Vert et
on comprend que le passage du Vert, vers le Jaune est assez spontané.
Intellectuel. Du fait de l’intérêt
fondamental du jaune pour la connaissance, il est assez solitaire et parfois
frustré de ne pas être compris, il rejoint donc facilement, disons les
Verts tendance Jaune. Il pense que le monde a besoin d’une bonne gouvernance
faite d’une hiérarchie imbriquée de complexité croissante. Avec Edgar Morin,
nous ajouterions dans la pensée Jaune, Joël de Rosnay, Hubert Reeves ou encore
l’astronaute Patrick Baudry.
pour
désigner ces individus qui quittent le Jaune, embrassent les vues du Vert et
sont sensibles au point de vue des Jaunes, mais ne trouvent une pleine
réalisation que dans l’incarnation d’une spiritualité vivante dans ce qu’ils
font. Il est important pour eux que la quête de la connaissance des Jaunes
débarque sur la sagesse Turquoise et la sagesse, c’est toujours la
non-séparation métaphysique, la conscience de l’unité. En même temps, du fait de
son caractère englobant, le niveau Turquoise est tout à fait conscient qu’il
n’existe pas qu’une seule vision des choses et qu’il est important de faire
usage de l’intelligence collective. Le Turquoise est le niveau le plus
sensible à l’idée d’évolution, de mutation de la conscience comme clé de tout
changement réel. Il
connaît la profondeur de l’ancrage dans le moment présent et la richesse de
l’expérience vécue. C’est là une petite différence avec les
jaunes qui sont bien plus dans l’intellect. Le Turquoise n’implique par l’idée
d’organisation spécifique. Les figures de Gandhi, de Krishnamurti, d’Amma, le
travail de Ken Wilber est ce qui s’en rapproche le plus.
Les théoriciens de
la spirale dynamique estiment que les turquoises ne forment pas plus de 0,1% de
la population, en symétrie en le voit avec les bruns, mais ils disposeraient de
1% du pouvoir.
Dans le registre du
développement psychologique de l’enfant à l’adulte, la qualité Turquoise est
sans âge spécifique. Elle semble une évolution mature du Jaune à travers une
prise de conscience approfondie de la connexion intime universelle de la
conscience dans la réalité. Notons que dans la classification proposée par
Laurence Kholberg, le niveau le plus élevé de moralité était considéré comme
atteint par de très rare personnes, dont le Bouddha et le Christ. Même remarque
ici, les turquoises forment un stade assez rarement atteint, mais très
significatif.
Les études
statistiques n’ont pas été menées sur les Turquoises dans le domaine des
relations. Une raison simple : Il n’y a pas assez de Turquoises pour obtenir des
résultats corrects. Toutefois, l’empathie et la compassion étant des qualités
naturelles des turquoises laisse penser qu’ils sont les plus à même de
comprendre les autres couleurs. Les Turquoises cependant sont inquiets de la
situation actuelle du monde dont il voit la possibilité d’effondrement en raison
de la volonté de puissance de l’ego et l’usage de technologies toxiques à court
terme. Le Turquoise mettra toujours l’accent sur le développement de
la conscience comme un préalable à tout changement d’envergure.
C’est ce qui le distingue de la pensée intellectuelle Jaune. Ses efforts iront
en direction de la paix, de l’éradication de la pauvreté, de la faim et de
l’oppression. Les Turquoises accordent une importance fondamentale à la liberté
intérieure et à l’Amour au sens le plus élevé. Selon Wilber, le niveau Turquoise
serait la pointe de l’évolution collective, ce que Teilhard de Chardin appelait
la noosphère. Quelques commentateurs disent du Turquoise qu’il est
« Spirit-centrique », centré sur l’Esprit, et comme l’Esprit porte toutes
choses, il est sensible à chacun des règnes de l’existence.
Il y a indéniablement une pertinence
de la spirale dynamique, ne serait-ce que dans la classification presque
zoologique des formes-pensées humaines fondamentales. Incontestablement,
certaines personnes sont très typiques
voire exemplaires de l’un ou l’autre
des « Mêmes ». Nous n’aurons pas de difficultés pour ranger quelques
célébrités en vue, autant que nos relations personnelles, dans ces catégories.
Nous avons cité le personnage de Tarzan pour le même Beige, nous pourrions y
ajouter quelques figures du cinéma survivaliste, genre la guerre du feu,
ou le film de Truffaut L’enfant sauvage, mais pas beaucoup de personnes
réelles. Il reste encore quelques rares tribus éloignées de l’Occident qui
correspondent au même Violet. L’œuvre de Carlos Castaneda est exemplaire dans
l’étude du chamanisme des indiens Yaquis du Mexique. Pour le même Rouge, les
Vikings, les Celtes sont tout indiqués. Le même Bleu est bien illustré
aujourd’hui par les représentants de l’Islam intégriste, mais on peut aussi
penser aux communautés religieuses puritaines ou à la religiosité à l’américaine
et ses missionnaires. Les Mormons ou les Témoins de Jéhovah. Le Christianisme a
engendré beaucoup de sectes Bleues. Le même Orange est tout à fait commun
aujourd’hui, illustré de façon radicale par exemple dans Mon Oncle
d’Amérique, d’Alain Rainais, ou dans la filmographie autour de la crise des
subprimes. Capitalism a love story¸de M. Moore montre très bien ce
système de pensée dans des exemples effrayants. Sordides. Pour ce qui est du
Vert, Aldo Leopold, ou plus près de nous, Nicolas Hulot, Greta Thunberg sont
très bien dans le rôle. Les nouveaux économistes anticapitalistes penchent dans
la catégorie du même Jaune en compagnie d’Edgar Morin. Pour le même Turquoise,
avec Krishnamurti, la figure de Gandhi, d’Amma, celle de Shri Aurobindo sont
exemplaires.
Bref, l’évolution de la
conscience n’est pas toute tracée. Elle dépend de notre libre arbitre et de nos
choix. Par contre, nous retrouverons dans la théorie de la spirale dynamique les
difficultés rencontrées dans celle du développement moral selon Kholberg.
Le « Même » représente pour la
plupart des êtres humain un centre de gravité mental qu’il est difficile de
quitter pour une vision placée à un niveau de conscience supérieur.
Kholberg notait par exemple que les personnes ayant une représentation morale
très juridique, avait de grandes difficultés à comprendre le point de vue de
l’amour universel de Jésus ou la compassion de Bouddha. Il y a un saut à
franchir. Ken Wilber ajoute et insiste sur l’idée que dans ce qu’il nomme le
premier palier, qui recoupe les six premiers niveaux, il existe une forte
mécompréhension mutuelle des uns par les autres. Et plus le niveau est distant
et moins il est compréhensible partant du bas vers le haut. D’après ce que nous
avons pu examiner ailleurs, cette situation s’explique par
l’adhésion sous-jacente à des
croyances inconscientes
qui sont partagée dans un même stade, mais ne le sont plus dans un autre
même. Il faudrait dire avec plus de précision les
croyances centrales qui sont dans
le panier de l’ego et qu’il partage en commun avec ceux qui s’identifient comme
lui aux mêmes valeurs. Par contre, c’est important de le noter, la conscience du
second palier (7 et 8) surplombe les stades précédents et sait remettre chaque
niveau à sa place et peut les comprendre sans conflit.
Quelques mots d’illustration
conflictuelle : Les mêmes Violets passent par des rituels et des initiations.
C’est tout à fait incompréhensible et étrange pour les Oranges. Les Violets
voient les Rouges comme des leaders, les Oranges comme des sauveurs, les Verts
comme des êtres bienfaisants. Mais ce n’est pas du tout la perception qu’ont les
Oranges de ces différents mêmes. Nous l’avons vu, les Rouges non seulement
voient dans les Violets des esclaves, mais ils voient aussi les Bleus comme des
autorités qui les jugent et sont des ennemis. Mais au pouvoir, ils en ont
besoin. Les Rouges vont envier la richesse et le luxe, façon Miami, des Oranges
et chercher à s’approprier leurs possessions. Pour eux, les Verts sont des
faibles, bons à assujettir. Par contre, les Jaunes et les Turquoises seront
totalement ignorés, en dehors de leur compréhension. Les Bleus voient les
Oranges comme arrogants, égoïstes et avares. Pour eux les Rouges sont les
démons. Les Verts sont gentiment perçus comme étant des faibles d’esprit sans
grande importance. Pour les Bleus, les Jaunes et les Turquoises existent, mais
ce sont des rêveurs enfermés dans leur petit monde. Les Oranges sont très imbus
d’eux-mêmes. Pour eux, les Verts, étant sans intérêt personnel fort et sans
ambition, sont des individus quelconques. Pour les Oranges, les Jaunes et
Turquoises sont vaguement perçus, mais ils rendent les choses bien trop
compliquées pour leur esprit calculateur et pragmatique. Nous l’avons vu, ils
ont un esprit gestionnaire et technocrates et pas la moindre fibre
philosophique. Pour les Verts, comme nous l’avons vu, les Bleus sont trop
rigides, bornés et autoritaires à l’opposé de la fluidité, de l’égalitarisme et
du relativisme qui leur est familier. Pour les Verts, les Oranges ne pensent que
dans le court terme, dans l’exploitation des ressources, ils sont peu fiables,
méprisants à l’égard de l’humain et le plus souvent engagés dans une guerre
contre la Nature. Toutefois, les Verts estiment qu’il existe une technologie
douce, ils ne peuvent donc se situer en attaque frontale face aux Oranges. Ils
trouveront que les Jaunes sont bien trop intellectuels pour eux. Par contre les
Turquoises feraient de bons amis, car l’écologie est une passerelle vers la
spiritualité.
La pensée du premier palier est confrontée à des contradictions entre
chacun de ses systèmes de pensée, contradictions qui tiennent à l’adhésion forte
à des croyances très opposées. Chaque système est cohérent avec
lui-même, il a ses ennemis, ses références, son imaginaire, ses valeurs et ses
idoles, mais il ne peut s’accorder avec les autres. Il suffit pour le démontrer
de demander quelles sont les croyances centrales des Bruns, des Violets, des
Rouges, des Jaunes, des Oranges, des Verts. Et on pourra très vite se rendre
compte qu’elles sont inconciliables. Ils n’adhèrent pas aux mêmes systèmes de
valeurs, donc aux mêmes modèles. Ils ne peuvent pas avoir les mêmes visées et
seront donc prompts à tourner en dérision le modèle d’un autre. En conséquence :
Dans le premier palier, une évolution d’un
niveau vers un autre n’est possible que dans la remise en cause des croyances
centrales du même dont on sort pour adhérer aux croyances centrales qui
structurent du même vers lequel on se dirige.
C’est exactement ce qui se passe d’un niveau à l’autre et c’est aussi
vrai autant sur le plan psychologique du développement de l’enfant que sur le
plan sociologique. Pensons à la figure de l’enfant sauvage qui veut se
socialiser (de Brun vers Violet) ou bien retourner à son état (Brun), façon Le
Livre de la jungle de Kipling. Songeons à l’admiration suscitée par les
Caravelles et les armes des Conquistadors sur les Indigènes. Ils étaient en face
de Rouges que leurs sorciers divinisaient dans des légendes. Les dieux devaient
arriver de la mer. Pensons aux conversions imposées à la religion catholique
Bleue pour être reconnu et côtoyer ces dieux puissants, les Rouges (qui feront
des exclaves dans les mines). Le
saut de la foi exigé pour la conversion des païens pour en faire des croyants
convertis à l’ordre Bleu. Autre situation possible. Le prêtre défroqué ne
doit-il renier sa foi Bleue pour entrer dans le monde des affaires et devenir un
requin du capitalisme Orange ? Le Vert dépité, déçu dans ses idéaux, ne va-t-il
pas ravaler sa vision verte pour entrer dans l’arène de la pensée Orange et se
battre pour faire carrière dans une multinationale ? Le cynique est toujours un
idéaliste déçu et amer. Ou bien le Vert dépassera-t-il le romantisme Vert, pour
se laisser tenter par l’esprit de système des Jaunes ? Ou encore, tout
simplement, l’ado qui choisit une voie Verte, diamétralement opposée au profil
de ses parents Oranges ne fait-il pas une opération mentale du même genre ?
Renier le conformisme qui l’a éduqué pour entrer dans des choix fondés sur des
croyances différentes ? La cheville ouvrière dans tout cela est dans la pensée,
uniquement mentale, parce que l’homme
devient sa propre pensée. Qu’il en ait bien conscience ou pas.
Un pas qui reste limité. Une raison
essentielle est que
le concept de « Même »
demeure dans la perspective de la troisième personne, et dans la
théorie des quadrants de Wilber, (texte) c’est le quadrant inférieur gauche. Il manque
les trois autres points de vue sur le même objet.
Le concept de Même ne tient pas
compte de la perspective réelle de la conscience qui est la première personne,
le Je. Personne ne pense à ma place, personne n’adhère à un système de
pensée si ce n’est moi. Je dispose toujours de la capacité à examiner mes
croyances et à les rejeter quand je prends conscience qu’elles ne servent pas du
tout l’idée que je me fais de ce que je suis en relation avec le monde. Le
risque contenu dans l’utilisation des Mêmes est qu’en présentant la conscience
de cette manière, on en vienne à une forme de réductionnisme typique du
matérialisme. Les mêmes sont « simplement des unités de l’esprit et de la
culture telles qu’elles sont perçues par flatland ».
Dans la vision d’un monde plat, alors que
la conscience implique une dimensionnalité
beaucoup plus riche et bien plus complexe qu’une classification dans des
figures typiques. La Conscience se manifeste dans des dimensions
multiples de l’Être. C’est plutôt d’elle qu’il faut partir pour tenter de
comprendre le monde tel qu’il est que de partir d’une classification extérieure,
sociologique et psychologique. La théorie des mêmes se prête d’emblée à un usage
réducteur, semblable à l’usage que l’on peut faire d’une caractérologie basique
qui ne reflète qu’une classification très superficielle. Elle risque, comme la
caractérologie en son temps, de n’avoir de succès que comme un effet de mode,
pour disparaître au rayon des curiosités psychologiques sans fondement solide. A
cet égard, il faut rendre justice à la théorie des quadrants de Wilber qui est
nettement plus intégrative et philosophiquement bien plus solide.
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Nous avons été d’emblée réticent à nous lancer dans l’exposition de la théorie de la spirale dynamique. La seule raison qui nous ait motivé à poursuivre était que Ken Wilber la prenait en compte. Elle a quelques points forts qui sont identiques à ceux que l’on peut relever dans les essais de mise en place du sentiment moral chez l’enfant chez Kholberg. L’idée la plus séduisante concerne la succession d’étapes et la progression de la conscience de Soi dans le processus temporel. Sous-jacente à la tentative de l’être humain de s’identifier à tel ou tel même, il y a la quête permanente de soi. Et l’auto-définition procurée par l’ego à travers l’assise de quelques croyances devient la réponse à portée de main. L’idée des mêmes explique relativement bien comment un individu peut fonctionner à l’intérieur d’une représentation mentale sociologique, mais n’explique pas la poussée de la conscience individuelle vers la conscience de Soi. L’être humain se cherche et croit toujours se trouver dans une forme, mais toutes les formes sont passagères et aucune n’exprime pleinement le je suis.
Il est assez commode de ranger les gens dans des catégories. Or, le faire c’est ne les voir que dans leurs conditionnements, et ne pas les voir en tant que conscience capable de se créer elle-même. Ce qu’ils sont vraiment. Une personne n’évolue que lorsqu’elle transcende ses conditionnements. En passant seulement d’un même à un autre, elle ne fait que changer de costume. Ce n’est pas le principal. Ce qui compte c’est le développement de la conscience. Ce qui importe c’est la prise de conscience de soi, élargie, étendue. Et là, nous ne sommes plus du tout dans une perspective en troisième personne.*
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© Philosophie et spiritualité, 2019, Serge Carfantan,
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