Nous vivons à travers une continuelle projection dans nos désirs. Nous avons conscience de nos désirs, mais seulement dans le sens où nous sommes jetés à la poursuite de leur satisfaction. Nous sentons en nous cette traction du désir, cette inquiétude qu’il provoque ; nous vivons dans cette instabilité que le désir provoque, ballottés par nos désirs et c'est encore ce tiraillement du désir que nous trouvons dans l'agitation de nos pensées. Nous souffrons de nos frustrations et voudrions toujours être là où nos désirs seraient satisfaits, toujours mécontents de ce que le présent nous offre.
Mais être jeté dans nos désirs nous a-t-il jamais appris ce que nous désirons exactement ? Par exemple, l’adolescent qui veut absolument une moto sait-il exactement pourquoi il la veut ? Est-ce vraiment sûr que c’est la moto qu’il désire et pas le gain d’une certaine fierté, d’une assurance devant ses copains, d’un sentiment de force et même de virilité ? Si c’est le cas, cela veut dire qu’il désire en fait une chose pour une autre sans savoir exactement dans quelle direction va exactement le désir.
La difficulté est donc tout d'abord de savoir quel est l'objet réel du désir. Avons-nous donc conscience de l’objet de nos désirs ? Que cherchons-nous à travers nos désirs ?
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Trivialement, nous pourrions nous entendre répondre "quoi? On désire ce dont on a besoin ... et c’est tout !" Dire que le besoin est l’objet du désir est en effet une réponse commode, mais est-elle pertinente ? (texte)
1) Le mot besoin implique l’état d’un être vivant à l’égard de ce qui est nécessaire à sa conservation. L’animal a des besoins, comme l’homme peut aussi en avoir. Le besoin de sommeil, le besoin de manger, le besoin de boire, le besoin de respirer sont des besoins au sens strict. Un besoin se signale par des sensations spécifiques : soit dans l’ordre ici de la fatigue, la faim, la soif, l’étouffement. Il réapparaît de manière cyclique ou périodique, suivant l’horloge biologique de l’organisme. L’apparition d’un besoin appelle une réaction appropriée devant laquelle l’animal ne se dérobe pas. A l’inverse, l’homme, quand bien même il recevrait les signes avant-coureurs du besoin, est tout à fait capable de les outrepasser (texte) ou de les négliger. Nous n’écoutons pas nos besoins et nous les connaissons mal. L’animal ne s’en écarte pas. Le chien qui se sent malade se met à jeûner de lui-même, tandis que l’être humain peut faire le contraire de ce que son instinct lui dicterait, s’il pouvait l’écouter. L’homme dispose d’une liberté de choix, d’un libre-arbitre, il n’est pas complètement esclave des besoins, il peut les contrôler, les refuser ou les accepter. Le besoin caractérise la conscience vitale, il est par définition organique ou biologique. (texte) Or, parce que nous sommes essentiellement une conscience mentale, nous nous posons aisément face à face avec la conscience vitale. Il n’en reste pas moins pourtant que nous sommes bien des êtres incarnés et nous ne pouvons pas indéfiniment faire fi des exigences du corps. La privation de sommeil conduit à la mort au bout de quelques jours. Le corps ne pouvant éliminer les toxines dans le sommeil finit par s’empoisonner lui-même. La privation de l’état de rêve conduit semble-t-il, l‘homme à la folie, dans une sorte d’intoxication mentale. La privation de veille rend l’homme apathique. Nous devons assurer la satisfaction du besoin de nourriture et d’eau, sous peine d’encourir des troubles, puis la mort. Ce qui est en cause dans la satisfaction du besoin, c’est l’intégrité du vivant, l’intégrité de la vie biologique. Toute mise en cause à l’égard des besoins de l’individu, se traduit par une série de sensations douloureuses. Les sensations que le corps envoie sont des signes de ce que son intégrité est mise à mal et qu’il faut remédier à cette situation pour la retrouver. Quand un ...
Cette relation à l’intégrité du corps nous montre que le besoin est inséparable de la tendance naturelle à la conservation de soi qui régit tout être vivant. Le vivant veut toujours se conserver et s’accroître, et elle le fait en entretenant constamment ses propres structures. Or ce maintien de la structure du vivant suppose un échange constant avec le milieu, une régulation du corps, ce qui se traduit par de multiples besoins.
Nous pourrions alors appeler par extension besoins matériels l’ensemble des satisfactions nécessaires à la conservation de l’être humain, ce qui engloberait les différents besoins. En d'autres termes, ce sont les "conditions de vie" .A ce titre, il est indéniable que l’homme a besoin de : se vêtir, de bénéficier d’un abri, d’être secouru dans la maladie, de recevoir une éducation correcte, des soins et d'une culture etc. Bref, il y a des besoins qui semblent nécessaires pour vivre (texte) et sans lesquels on ne voit pas comment une vie proprement humaine pourrait s’établir. Le médecin a compétence pour apprécier la mesure des besoins biologiques. Il revient à l’économie politique de veiller à la répartition et à la satisfaction des besoins en société, car une société est structurée sur l’échange et c’est l’échange qui permet la satisfaction des besoins de tous.
-sme et les commentaires qu’elle va susciter, dans la convivialité qui est présente dans le cérémonial du repas. La nourriture raffinée joue le rôle de médiateur, pour le faire-valoir de chacun. Le désir implique la relation intersubjective du moi avec l’autre moi. En un mot : il y a dans le désir le plus simple une dimension qui est celle du désir de reconnaissance propre à l’ego. (texte) Ce que l’ego cherche, c’est à se faire valoir devant un autre ego Le désir suppose une demande à l’égard de l’autre capable de nourrir le sentiment du moi. A travers ses désirs ce que le moi désire vraiment, davantage que l’objet qu’il recherche, c’est une reconnaissance de sa propre valeur. Le moi doute tellement de sa propre valeur qu’il veut se voir confirmé dans sa valeur par autrui :
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Questions:
1. Comment comprendre que l'on puisse désirer sans vraiment savoir ce que l'on cherche?
2. En quoi la société de consommation transforme-t-elle nos désirs et nos besoins?
3. D'un point de vue juridique, comment pourrait-on définir les besoins matériels de l'homme?
4. Ne peut-on dire que le désir naît spontanément, mais qu'il est ensuite perpétué et maintenu par la pensée?
5. D'où nous vient ce sentiment d'être incomplet qui nous pousse à désirer encore et encore?
6. Qu'est-ce que le désir mimétique?
7. Qu'est-ce que la dimension sacrée du désir?
© Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan.
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