Nous avons vécu depuis le XVIIIème siècle sur une confiance assez naïve dans le progrès que pouvaient nous apporter les sciences. Pour la première fois, l’idée d’un progrès de l’humanité ne s’appuyait plus sur des croyances religieuses, comme celle de l’avènement proche de la Cité de Dieu, pour Saint Augustin mais sur une foi dans l’homme, dans sa raison et dans le pouvoir de la technique de changer radicalement la vie humaine. Le sens de l’Histoire était celui du progrès scientifique et technique.
Nous avons aujourd’hui beaucoup perdu de cet enthousiasme. A l’entrée du troisième millénaire on a même vu reparaître les angoisses et les inquiétudes de la fin des temps. Une littérature abondante fleurit sur ce sujet, proposant souvent des visions apocalyptiques. Nous ne pouvons plus croire aussi simplement que nos ancêtres dans les bienfaits de la technique, car nous avons vu qu’elle est aussi un facteur prodigieux de destruction. Il ne manque pas, par ailleurs, d’intellectuels pour tabler sur un déclin de la culture et d’une chute de l’humanité dans la barbarie.
Où allons nous donc d’un pas si rapide ? L’humanité va-t-elle à sa perte ou suit-elle une lancée qui doit la mener enfin à sa véritable destination ? L’Histoire a-t-elle un sens ? Ou bien est elle un chaos informe qui se met en forme au gré des fantaisies élaborées pas l’action humaine ?
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1) Tout d’abord, précisons une distinction. L‘expression de sens de l’Histoire peut s’interpréter de deux manières :
a) Elle peut impliquer que le cours de l’aventure humaine a bel et bien une signification et n’est donc pas absurde (sens pris au niveau de son acception linguistique).
b) Mais sens peut aussi vouloir dire que non seulement l’Histoire est pourvue d’une signification, mais qu’elle a aussi une orientation. Le sens de l’Histoire correspondrait alors à une flèche qui suit une direction. Cette direction, nous pouvons la rattacher à un concept porteur tel que celui de progrès ou celui d’évolution. Il est facile d’emprunter à la biologie le concept d’évolution pour l’appliquer au devenir de l’Humanité.
Ce n’est pas la même chose de dire qu’il y a du sens de l’Histoire, et de prétendre qu’elle est orientée vers un but qu’elle doit réaliser. La première position est très modeste, la seconde est plus audacieuse. Nous pouvons appeler philosophie de l’Histoire toute reconstruction philosophique qui tend à se prononcer sur l’orientation du devenir humain. (texte)
Toute philosophie de l’Histoire se doit de montrer quel peut-être le moteur de l’Histoire : c'est-à-dire ce qui donne à l’Histoire son dynamisme et la fait avancer dans une direction.
Il appartient aussi à une philosophie de l’Histoire de se prononcer sur ce que doit être le but de l’Histoire, le terme qu’elle vise, qu’elle doit atteindre progressivement.
2) Commençons par considérer ce que l’on peut appeler l’idéalisme historique. On entend par là une doctrine qui met l’accent, dans son interprétation de l’Histoire, sur la force des Idées,
(texte) l’empire qu’exerce l’esprit dans l’orientation de l’Histoire. Nous en avons un exemple typique chez
Hegel, dans La Raison dans l’Histoire.
Ce qui fait problème, pour qui veut soutenir que l’Histoire a un sens, c’est la présence de la violence dans l’Histoire. Nous serions en effet tout près à accepter que l’Histoire progresse, si elle n’était pas perpétuellement secouée par des accès de violence, de révoltes, des actes de barbaries, si ce que construit l’homme n’était pas si souvent mis par terre dans l’Histoire. Pour ne pas se voiler la face et ne retenir que ce qui est gratifiant dans l’aventure humaine, nous devons partir du réalisme ; reconnaître ce chaos apparent que présente l’Histoire sans le dissimuler. Les plus grandes civilisations sont nées et ont disparues, balayées par le cours du temps. Le chantier de l’Histoire est fait de constructions et de destructions alternées. Le changement, première catégorie de l’Histoire, provoque notre inquiétude :
« Il est déprimant de savoir que tant de splendeur, tant de belle vitalité a dû périr et que nous marchons sur des ruines. Le plus noble et le plus beau nous fut arraché par l’histoire : les passions humaines l’ont ruiné. Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure ». Si les plus grandes civilisations ont pu apparaître et ensuite être effacées, c’est que toute culture est toujours menacée de disparition, la nôtre autant que celles qui l’ont précédé. Comment surmonter cette vision? Il faut que la violence porte en elle un dynamisme du changement. Hegel l'entend ainsi :
---------------« Cependant à cette catégorie du changement se rattache aussitôt un autre aspect : de la mort renaît une vie nouvelle », ce que Hegel interprète en disant que « l’esprit réapparaît rajeuni mais aussi plus fort et plus clair ». Il faudrait voir dans l'Histoire un processus continu et unique, la métamorphose d'une seule substance. Est-ce à dire que nous devions surmonter le spectacle de la violence de l’Histoire pour discerner en elle un processus continu ? Nous ne pouvons pas seulement en rester à une proclamation gratuite en disant : « tout cela n’est qu’un chaos brutal et n’a pas de sens ». Cela justifie certes le repli individualiste sur soi-même et le dédain à l’égard du sens de l’aventure humaine, mais cette fuite du problème n’apporte aucune satisfaction. Le philosophe veut savoir au moins pourquoi, dans quel but, le bonheur des individus, des
États, des peuples a été si souvent sacrifié. En droit, l’histoire doit être compréhensible. Il serait arbitraire de déclarer qu’elle ne l’est pas sans le justifier.
L’Histoire est faite par les actions des hommes. Les actions des hommes naissent de leurs désirs, les désirs font qu’ils trouvent un intérêt à ce qu’ils entreprennent. Pour que je fasse de quelque chose une œuvre, il faut bien que j’y sois intéressé. Le rassemblement du désir dans un unique intérêt poursuivi sans relâche fait la passion. Ceux qui ont changé quelque chose sur cette terre ont dû mobiliser toute leur passion pour y parvenir. La passion met en œuvre toute l’énergie d’un homme et la projette vers un but qu’il veut accomplir, elle devient sa volonté. Les héros de l’Histoire, d’Alexandre à César, de César à Napoléon, étaient des passionnés.
« Nous disons donc que rien ne s’est fait sans être soutenu par l’intérêt de ceux qui y ont collaboré. Cet intérêt, nous l’appelons passion lorsque, refoulant tous les autres intérêts ou buts, l’individualité tout entière se projette sur un objectif avec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins. En ce sens, nous devons dire que rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion ». Pourtant, nous pourrions tout aussi bien dire que ce qui
est perpétuellement détruit au cours de l’Histoire, ce sont aussi les passions humaines. D’un côté les passions suivent leur logique égocentrique individuelle, mais en même temps, elles édifient aussi la
société humaine. Pour se protéger de l’excès des passions humaines, toute société se dote d’un droit qui sert de rempart aux passions. Dans l’État, chacun sait que sa
liberté est limitée par la liberté d’autrui. Nous avons des règles sociales et des
devoirs sociaux qui sont là pour faire en sorte que l’intérêt de tous puisse prédominer sur l’intérêt de chacun. Le droit, en tant qu’il est reconnu par tous, ne relève pas de l’intérêt privé, mais de l’intérêt de tous. Il est l’œuvre de la raison et non un produit des passions. La
loi, dans son principe, reflète la volonté universelle de la société. La loi est l’expression de la
volonté du peuple. De là l’éternel conflit entre la raison, garante du droit et les passions, au service des ambitions individuelles. Si chacun suivait spontanément la
raison, l’ordre et la paix pourraient s’imposer, mais comme les hommes sont des êtres de
passion tout autant que des êtres de raison, il demeure un conflit entre l’égoïsme des passions et les buts universels de la
raison. Ce conflit, de gré ou de force doit bien être dépassé, de sorte que la société humaine est bien de ce fait obligée de progresser pour surmonter ses propres divisions. D’autre part, il serait excessif de considérer toute passion sous le seul angle de l’intérêt personnel. Le propre du grand homme, n’est-ce pas justement de pouvoir porter en lui une passion qui le dépasse et dont la générosité s’étend à tous ? Il peut avoir une passion de la liberté, une passion pour l’amour de l’humanité souffrante. Toutes les passions ne sont pas opposées aux buts universels de la
raison. N’est-ce pas exactement la valeur de l’Idéal que de pouvoir rassembler dans une passion élevée les aspirations les plus hautes de l’humanité ?
Considérons par exemple le tournant de l’histoire que constitue la Révolution française. En 1789, la situation est critique, le sentiment d’injustice est grand. On manque de pain, les impôts sont trop lourds, le pouvoir de la noblesse est sur le déclin. Règne dans l'esprit du peuple une exigence universelle de justice contre la tyrannie d’un pouvoir dont la corruption est devenue patente. Les philosophes des Lumières ont préparé le terrain, en posant un idéal d’égalité, de fraternité et de justice. Les idées du Contrat social de Rousseau et le modèle de la
démocratie ont gagné du terrain. Il ne manque plus qu’une étincelle pour que le feu d’une révolution se propage. Des hommes audacieux, comme Danton, Robespierre, Mirabeau, vont s’élever, pour porter cette passion de justice qui est latente dans la conscience du peuple, pour porter des Idéaux nouveaux. Ils n’en sont pas les auteurs, ils en sont les porte-parole. Il est toujours possible de dire que Saint-Just, Danton, Mirabeau et Robespierre avaient, en tant qu’individus, des buts égoïstes. Mais en réalité, ils ont été des instruments dont se sert la conscience d'un peuple pour parvenir à ses fins : plus de justice, plus d’égalité, la suppression d’un système de corruption. D’où pouvaient-ils tirer leur autorité, leur inspiration et leur force, si ce n’est de la conscience du peuple ? Le peuple les reconnaît, parce qu’ils savent exprimer ce que le peuple veut entendre, ce que l’esprit du peuple désire. Même si l’individu qui dispose du pouvoir poursuit un dessein personnel, il est aussi sans le savoir au service d’un but qui le dépasse. Hegel nomme
ruse de la raison dans l’Histoire ce processus qui fait que le Héros de l’Histoire croit tenir entre ses mains les rênes du temps, alors qu’en réalité il est lui-même au service d’un volonté plus élevée que la sienne, qui est la volonté d’un peuple. Cette volonté n’est autre que la raison universelle, sous la forme de l’esprit d’un peuple. C’est par l’intermédiaire d’hommes passionnés que la Raison réalise ses buts,
(texte) mais l’aveuglement de l’actuel, l’ivresse de l’action dissimulent les processus à l'œuvre dans l'Histoire. Le héros de l’histoire croit dominer le Temps. Il ne voit pas qu’il est lui-même dominé. La ruse de la raison implique en particulier que chacun des héros de l'Histoire sera sacrifié, quand il aura cessé d’être le porteur des aspirations de l’esprit d’un peuple à une époque donnée. La plupart des acteurs de la révolution seront guillotinés sous la Terreur. Mais ce sacrifice n’aura pas été vain. Par eux l'esprit d'un peuple, ou la
"raison", aura réussi à atteindre ses fins. L’universel ne peut s’accomplir que par la médiation d’individus historiques. Les héros de l’Histoire ont été dupés, mais l’Esprit a poursuivi sa
marche en avant. Ils ont pendant un temps reçu intérieurement la révélation de ce qui étaient nécessaire aux possibilités de leur temps. Ils ont porté le flambeau de l’Esprit, mais sitôt leur
ouvre achevée, ils ont été congédiés par l’Histoire. Napoléon finit sa vie, misérable à Sainte Hélène après avoir joué son rôle sur la scène de l’Histoire. Comme Danton, Robespierre ou Mirabeau, il a été balayé par l’Histoire et pourtant grâce à lui, l’Histoire s’est faite. Grâce aux héros de l'Histoire, un peuple franchit les étapes de sa marche progressive dans la Manifestation de ses aspirations spirituelles les plus intérieures.
Dans une perspective idéaliste, l’Histoire est la Manifestation des
aspirations de l’esprit et ces aspirations de l’Esprit ne sont rien d’autre que
les Idées-forces qui font agir les hommes et les rendent capables de soulever des montagnes et de déclencher des révolutions.
(texte)
L’humanité n’avance donc pas au hasard. Elle progresse dans et vers la Manifestation de l’Esprit. Mais elle passe aussi par la dure école de la violence. Hegel n’hésite pas à dire que la raison gouverne le monde, qu’elle a de tous temps gouverné l’Histoire et qu’elle continuera de le faire dans le futur. Il faut donc dessiller notre regard devant l’actualité. Derrière la bousculade des événements, nous devons apprendre à discerner l’esprit des événements et ne pas prendre l’apparence chaotique de l’Histoire pour sa réalité. (texte) Quelque chose s’est fait jour lors de la révolution française, une conquête spirituelle a été gagnée qui a abouti à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Une percée de l’Esprit s’est produite à ce moment là. De même, ceux qui étaient à Berlin la nuit de l’effondrement du mur, avaient bien conscience de vivre un moment historique qui dépassait de loin les seuls intérêts particuliers des allemands. Le mur avait une signification symbolique immense. Il était la marque de la dualité de deux systèmes idéologiques et de leur affrontement, capitalisme et communisme. L’effondrement du mur de Berlin, c’est la fin de l’affrontement idéologique des systèmes qui avaient eu une prétention totalitaire. C’est l’effondrement de la foi dans une idéologie, dans la croyance qu’un « système » puisse vraiment changer l’homme.
--------------- Allons jusqu’aux ultimes perspectives de Hegel : nous pouvons nous représenter l’histoire de chaque peuple à travers le modèle chrétien de l’histoire. C’est comme si chaque peuple devait subir sa montée au Calvaire et être supplicié, pour trouver une Rédemption, un Salut. La
violence de l’Histoire est nécessaire, car elle est sacrée, elle est le Sacrifice de l’humain à Dieu. L’Humanité dans son ensemble est Dieu prenant conscience lentement de lui-même, à travers des épreuves successives, à travers son Calvaire dans le monde. Le terme de l’Histoire sera la réalisation de l’Esprit Absolu, dans un monde à l’image de l’esprit, Une Cité de Dieu, selon les chrétiens, la réalisation de l’État selon Hegel. Dans la vision de Hegel, les deux sont inséparables.
3) Mais si cette interprétation idéaliste de l’Histoire (texte) possède une certaine force de conviction, elle soulève aussi beaucoup de difficultés :
a) C’est d’abord la nécessité de la violence. Faut-il toujours en passer par la destruction pour que l’esprit fasse son chemin ? Faut-il que toujours apparaissent entre les hommes et ceux qui les gouvernent une relation de force et de passions, une relation maître/esclave qui soit le schéma de l’évolution ? Si c’est vrai, tout devient justifié dans l’Histoire. (texte) Si César ou Napoléon sont des héros de l’Histoire ils ne le sont pas plus que Mussolini, Hitler ou Staline. Chacun d’eux a bien dû porter le flambeau de l’esprit de son peuple à son époque. Si en plus la violence est nécessaire, parce que sacrée, nous ne pouvons qu’être moralement scandalisés de cette justification de tous les crimes et les atrocités de l’Histoire. b) Comment comprendre l’assimilation de l’Humanité à Dieu ? Un dieu qui a besoin de s’incarner, qui est inconscient au début et davantage conscient à la fin peut-il être Dieu ? c) Sommes-nous vraiment capables de déchiffrer les chemins de l’Esprit ? Pouvons nous rendre des oracles sur l'Histoire? Cela voudrait dire que l’homme peut lire les voies de la Providence universelle. Mais n’est-ce pas une présomption au regard de la complexité inouïe de l’histoire et de la faiblesse de notre pensée ? d) Comment comprendre l’idée d’un "but ultime" de l’Histoire ? Qui dit ultime dit sommet le plus élevé. Mais un sommet, une fois atteint, doit être redescendu. Pour que l’ultime ait un sens définitif, il faudrait que l’humanité parvienne à un achèvement, un Age de l’illumination de l’esprit et que le temps s’arrête ! Mais comment le temps va-t-il s’arrêter ? Par une apocalypse ? Le but ultime de l’Histoire deviendrait une dissolution universelle ! Qui peut vraiment souhaiter l’atteindre à ce compte ? Dans ce monde de Devenir, le temps ne peut pas s’arrêter. (texte) Quel sens peut avoir le terme ultime dans ce cas ? Cette question suppose résolue le problème du caractère linéaire ou circulaire du Temps.
1) Ce qui semble laissé de côté dans l’interprétation idéaliste, (texte) c’est le mouvement du cours des choses en tant qu’il semble échapper à l’homme et pourtant l’entraîner dans l’Histoire, sans qu’il soit pour cela nécessaire d’y voir l’intervention d’un esprit surhumain. Dans un monde tel que le nôtre où le matériel a plus d’importance que le spirituel, nous avons plus facilement tendance à écouter la voix de ceux qui expliquent le cours de l’Histoire à partir d’une évolution des conditions de la vie humaine. Or ces conditions de la vie humaine qui ont été bouleversées depuis la plus haute antiquité, ce sont des conditions économiques. (texte) Dans une perspective matérialiste, l’Histoire est le produit des changements économiques réels des conditions de la vie humaine. Notre époque postmoderne aime les raisonnements fondés sur l’économie : on a pu dire même qu’aujourd’hui l’économique a remplacé le politique. Empruntons ce chemin pour voir s’il y a, dans la logique économique, quelques éléments permettant de nourrir une philosophie de l’Histoire.
2) S’il y a un sens de l’Histoire, disions-nous, il doit rendre compte de l’apparence chaotique de l’Histoire de telle manière que l’on puisse dégager un moteur de l’Histoire, et une vision du but que celle-ci est en voie d’atteindre et il faut aussi de prime abord être capable de surmonter une objection de taille qui est celle de la violence. Le spectacle de la violence peut en effet nous conduire à une réfutation du sens de l’Histoire.
Peut on, à partir de la considérations purement matérielles du destin de l’humanité, édifier une philosophie de l’Histoire ? L’exemple de la révolution française suggère un tel regard. La révolution est apparue dans une situation de crise économique où éclatait la contradiction entre la pression des besoins humains et l’incapacité d’un système économique à les satisfaire. Une société humaine est structurée sur des besoins. Ce sont les besoins qui attachent les hommes entre eux. L’homme est dépendant de la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires. Il ne peut avoir d’intérêt très élevé quand il est menacé dans son existence quotidienne, quand il ne trouve même pas de quoi se nourrir ou n’a pas de logis décent. Le système qui règle la répartition des besoins et cherche normalement à promouvoir la prospérité est appelé économie. On peut regarder l’action du Devenir humain à travers les transformations dans lesquelles se trouve emportée l’économie et du même coup il est tout à fait concevable de considérer les rapports économiques comme le moteur de l’Histoire. Nous savons bien que le rythme des changements actuels dans notre société est essentiellement imposé par les innovations techniques. La technique a révolutionné de part en part le rapport entre l'homme et la nature et le statut du travail. L’apparition de la machine à vapeur, de la machine outil, de l’ordinateur ont instauré de profonds changements dans la structure économique. La productivité a augmenté dans des proportions considérables, mettant la richesse à la portée de tous, ou du moins, elle a libéré la consommation. Le système des échanges a mondialisé les rapports entre les États, rapports qui étaient autrefois surtout régis par la politique. Ce sont ces transformations économiques que l’on peut observer partout à l’œuvre sur la planète et qui ont modifié le cours de l’Histoire humaine. Par la force des choses, nous sommes poussés dans un changement qui ne connaît pas d’arrêt, poussés sous l'action de la base matérielle de notre existence humaine.
Prendre ce parti, c'est concéder l'argument essentiel du
matérialisme historique, tel qu'on le trouve exprimé par
K. Marx et Engels. Ne faut-il pas alors de ce point de vue considérer que les violences dans l’Histoire sont essentiellement sociales ? Et si elles sont sociales, n’est-ce pas parce qu’elles sont enracinées dans des structures économiques ? Derrière les éclats de
révolte, la violence sociale, on peut retrouver des enjeux économiques, le combat contre l’injustice de ceux qui s’estiment exploités, comme on peut aussi trouver le délaissement où se trouvent une jeunesse abandonnée au chômage. Comme l’expliquait Engels, la violence sociale repose sur une base qui primitivement est économique.
Depuis les grecs nous avons connu toutes sortes de sociétés capables de gérer les rapports humains avec des systèmes économiques différents. Les grands tournants de l’Histoire peuvent se penser en terme de changements économiques profonds. Il peuvent se dérouler dans deux sens : ou bien les violences sociales viennent renverser un ordre qui maintenait trop d’être humains dans une situation d’oppression et de misère et c’est la violence révolutionnaire, ou bien les violences restaurent l’ordre de ceux qui possèdent contre ceux qui n’ont rien : c’est la violence réactionnaire. A cet égard, les systèmes idéologiques et religieux ne sont que des arguments de surface, dont se servent les peuples pour réclamer un changement de leurs conditions de vie. L’enjeu fondamental est économique, (texte) il tient à la répartition de la richesse produite, à l’accroissement de la prospérité confusément cherché derrière les violences civiles. L’évolution de l’Histoire serait alors fondamentalement économique.
---------------Si le moteur de l’Histoire est bien l’économie, cela implique que ce qui oriente l’évolution
ce sont les forces matérielles, et avec elles les besoins humains qu’elles mettent en jeu. Il n’est pas nécessaire, comme dans une vision religieuse, d’aller chercher une Providence pour conduire le cours de l’Histoire, ni d’aller quérir un Esprit conduisant le monde. L’Histoire se fait à travers des conflits humains, le conflit entre ceux qui possèdent les richesses et les moyens de production et ceux qui n’ont à donner que leur force de travail. Le processus de l’histoire est la lutte des classes sociales. Dans le capitalisme, cette lutte prend la forme de la lutte entre le prolétariat et le capital. Dans la Grèce ancienne, c’était la disparité entre la noblesse aristocratique et les esclaves qu’elle faisait travailler. Au Moyen Age, c’est la lutte entre les serfs misérables et les seigneurs qui possédait la terre. Le tournant des révolutions se produit dans le renversement d’une classe par une
autre classe. Ainsi la révolution française a vu la chute de la noblesse et son renversement par la bourgeoisie, ce qui a constitué la naissance du capitalisme moderne. Dans la vision marxiste, ce qui importe donc c’est l’infrastructure économique d’une société et non sa culture. La culture, avec ses différentes formes telles que le droit, la justice, l’art, la religion, la morale, la philosophie, forme ce que l’on nomme la
superstructure. C’est un édifice qui est posé sur une base qui résulte de rapports économiques entre les hommes. En Grèce, cette base était une économie fondée sur l’esclavage, au Moyen Age, une économie fondée sur l’exploitation des serfs. Dans le monde contemporain, une économie fondée sur l'exploitation du capitalisme. Dans le système idéologie qui est le nôtre, c'est sur les valeurs idéologiques bourgeoises qu'est édifié l’exploitation du prolétariat par le capital. La superstructure est, selon Marx, une justification de l’infrastructure. L’idéal d’une société n’est que le matériel transposé dans la représentation humaine :
« Pour Hegel, le processus de la pensée, qu’il transforme même sous le nom d’Idée en un sujet agissant, est le démiurge de la réalité qui ne constitue plus que son apparence extérieure. Pour moi inversement, l’idéal n’est rien d’autre que
du matériel traduit et transposé dans la tête humaine ». Si les grecs avaient une morale aristocratique, une religion aristocratique, une philosophie et un droit pour les hommes libres, c’est parce qu’ils vivaient dans un système fondé sur la distinction entre ceux qui travaillaient, les esclaves, et les hommes libres. Au Moyen Age, la hiérarchie religieuse du pape au curé, en passant par l’évêque, n’est que le décalque de la hiérarchie sociale qui va du roi au serf en passant par les seigneurs. La religion est là pour justifier un état de fait, demander obéissance et promettre un rachat dans l’au-delà, où les disparités sociales seront effacées.
Marx prétend remettre les choses en place en définissant l’homme comme un être naturel fait de besoins, d’où ne dérive qu’ensuite une dimension spirituelle. L’homme n’a de mobiles premiers que la satisfaction de ses besoins matériels. Un homme, c’est un être vivant qui a besoin de manger, de se vêtir, de dormir etc. Ce sont les besoins qui attachent l’homme en société. (texte) Il faut partir de là et c’est donc que la structure de la société résulte de son organisation économique qui est organisation et des besoins et répartition des échanges. C’est aussi ce qui explique que rien ne soit statique dans une société. Les besoins exercent une pression, les inventions techniques modifient les productions économiques. En conséquence, l’Histoire se fait malgré l’homme, au rythme des changements économiques et à travers les évolutions du système économique. Aussi est-il normal dans ce cas de penser que si on pouvait changer le système on pourrait alors tout changer. (texte) Changer l’économie capitaliste, c’est du même coup renverser la morale bourgeoise, le droit, la philosophie, l’art et même la science bourgeoise ! Le passage à une économie de type communiste ferait naître de nouvelles valeurs, un art communiste, un droit, une justice, une philosophie communistes. Puisque l’Histoire est Histoire de la lutte des classes, favoriser son évolution, c’est conduire la lutte des classes de telle manière que l’on modifie radicalement le système économique actuel. Cela veut dire S’engager aux côtés du prolétariat ouvrier, de ceux qui sont exploités par le système, pour rendre au Prolétariat le mérite de son travail au lieu de lui voler, comme le fait le Capital. De ce point de vue, ce qui importe, ce n’est pas d’interpréter le monde et l’Histoire, c’est de changer le monde et l’Histoire. Comme le peuple se laisse séduire par les sirènes de l’humanitarisme, il faut secouer son inertie et provoquer par des actes violents une nécessaire révolution. (texte) La violence est l’accoucheuse de toutes les vieilles sociétés dit Marx. L’esclave ne peut pas renverser le maître sans violence. D’où la justification, sous le terme d’action révolutionnaire (action directe !), du terrorisme, manière de mener la lutte des classes par des moyens armés, quand elle ne parvient pas à aboutir par des moyens démocratiques. Toutes les superstructures issues du système capitalistes sont condamnées à disparaître devant la propagation du communisme universel, car c’est le sens de l’Histoire qui le veut, puisque ce sont les forces économiques qui mènent le monde.
A terme, le mouvement de l’Histoire conduit vers l’instauration d’une société sans classe, construite sur des rapports économiques égalitaires. Le mouvement de l’Histoire qui s’était fait à travers la lutte des classes s’abolira dans une société sans classe où les contradictions et les antagonismes auront disparus. Ce sera, estime Marx, la fin de la préhistoire et le début de l’Histoire véritable. Mais avant cela, tant que le capitalisme reste présent dans le monde, les peuples qui s’engageront dans ce chemin devront instaurer une période transitoire de dictature du prolétariat pour empêcher tout retour en arrière, pour empêcher un sursaut réactionnaire de la part du Capital. L’abolition de la propriété privée doit mettre fin à la société bourgeoise et modifier de fond en comble l’infrastructure économique.
3) Reconnaissons que la doctrine du matérialisme historique possède un force de conviction qu’elle tire de la simplicité de son système d’explication. On évite ici d’admettre un principe aussi abstrait que celui d’un Esprit du monde conduisant l’Histoire. Mais la doctrine marxiste n’est pas sans écueils :
a) Le marxisme soutient que les forces économiques mènent le monde, mais qu’est-ce qu’une force économique sans l’idéologie qui la conduit ? Ce qui a fait la force du
matérialisme historique, n’est-ce pas sa puissance idéologique capable d’embraser des peuples et de les conduire à des
révolutions ? La force du marxisme est d’avoir su récupérer à son compte le sentiment d’injustice sociale et d’avoir promis une société meilleure aux hommes qui
croyaient en lui. C’est la perspective d’une société juste, la perspective d’une société égalitaire qui a fait naître l'espoir. Hegel avait bien raison,
ce sont les Idées qui mènent le monde ! Normalement, la pertinence du
matérialisme aurait dû être démontrée par la supériorité de son
système économique et non de son
idéologie. C’est le contraire qui a été montré. b) Comment dès lors admettre que le
processus historique est nécessaire suivant des « lois économiques » sensées être aussi inéluctables que celles de la physique ?
Il est dans la liberté des hommes de conduire l’Histoire là où elle doit aller. L’économie n’imprime pas un
destin fatal au cours de l’Histoire humaine. c) On a beaucoup attendu l’avènement de la société sans classe et cessé de le prévoir comme une nécessité. Ne faut-il pas reconnaître que la cité communiste universelle est plus un
idéal qu’une conclusion nécessaire de l’évolution des choses ? S’il faut croire en cet espoir, croire dans l’avènement de la société
communiste, cette croyance diffère-t-elle fondamentalement de la croyance du chrétien dans la réalisation du royaume de Dieu ? Pour une
doctrine qui prétend évacuer l'esprit religieux, c’est un curieux retour des choses !
(texte) d) Pouvons-nous sérieusement accepter l’idée selon laquelle la culture est un sous-produit d’une infra-structure économique ? Cela a-t-il un sens de prétendre que la morale découle
de l’économie ? Au contraire, c’est d’un point de vue moral que l’on juge l’économie. De même
l’art, même s’il est noué à un moment historique, vaut essentiellement pour sa dimension intemporelle. La
philosophie, de même, est de tous les temps. Il n’est pas une seule dimension de la culture que l’on ne puisse dire dépasser le cadre des contingences économiques, de sorte qu’en réalité, c’est bien plutôt la dimension spirituelle de l’homme qui détermine le sens de l’économie que l’inverse.
Ne soyons pas dupes des combats entre des doctrines. Ce qui compte, c’est ce que nous sommes capables de lire dans les choses-mêmes. Or le mouvement de l’Histoire est à la fois une lente pression, une transformation de la matière, comme une ascension toute lente et progressive de l’esprit.
1) De toute manière, nous n’avons pas besoin de lire les desseins de la Providence pour donner un sens à l’Histoire. Il nous suffit de considérer que le progrès de l’humanité est un Idéal qui mérite d’être poursuivi. Tout ce que nous devons faire en ce monde doit contribuer au progrès général de l’humanité. C’est ce qui mesure la grandeur des œuvres de l’homme. Qu’est-ce qu’un grand homme si ce n’est celui qui par sa vie et son œuvre a contribué à l’amélioration de la condition humaine ? Qu'est-ce qui mesure ce que nous avons pu faire de meilleur sur cette terre? Même si nous ne pouvons pas cerner l’accomplissement de l’humanité dans l’achèvement d’une seule vie humaine, nous pouvons du moins espérer que l’espèce humaine dans son ensemble suit un développement progressif de ses dispositions naturelles (texte). Il est vrai que les hommes ne se conduisent pas individuellement en citoyens raisonnables de l’univers, ils sont trop souvent assoiffés de destruction, prêts à toutes sortes de folies pour parvenir à leurs fins. Mais le cours des choses ne finit-il pas aussi par rattraper leurs excès ? N’y a-t-il pas un mouvement de balancier de l’Histoire qui ramène périodiquement l’homme vers une vision plus juste, après une longue errance ? Tout ce que fait l’homme lui revient. La Nature renvoie l’homme à ses excès et l’oblige de force à trouver la sagesse qu’il n’est pas capable de discerner directement. La Nature a veillé au développement des espèces vivantes sur notre planète. Ne veille-t-elle pas aussi à l’évolution de l’humanité ? Formulé ainsi, le problème se ramène à « tenter de voir s’il n’est pas possible de découvrir un dessein de la Nature dans le cours insensés des choses humaines ».
Kant, dans L'Idée d'une Histoire universelle du point de vue cosmopolitique, explique que la finalité naturelle, appliquée à l’espèce humaine prend un sens particulier. Toutes les dispositions naturelles d’une espèce doivent se développer dans le temps. C’est ce qui a déjà lieu dans la Nature pour d’autres espèces que celle de l’homme. L’homme est un cas particulier, parce qu’avec lui la Nature a pris le risque de confier ce développement à sa création, au lieu de le conduire elle-même. L’homme dispose d’un libre-arbitre qui le rend capable du meilleur comme du pire. Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est qu’il lui faut cultiver son corps et sa raison pour en faire un usage effectif et complet. L’instinct lui n’a pas à être cultivé. La Nature en formant l’homme ne l’a pas enfermé dans les limites étroites de l’instinct. Elle l’a rendu apte à la liberté, elle l’a rendu capable d’agir en fonction de fins qu’il se propose lui-même. Autant dire que l’Histoire est pour l’homme la longue éducation de l’espèce, le long chemin qu’elle doit parcourir pour se rapprocher de sa véritable destination. Le but de l’Histoire, c’est le développement intégral de l’Humanité dans l’homme. Si les hommes sont capables d’insociabilité, c’est qu’ils restent libres de s’écarter de leur tâche en tant qu’êtres humains. Mais cet écart est justement ce qui stimule le progrès des sociétés qui voient par là le problème qu’elles doivent surmonter dans des institutions et une éducation adéquates. Dans l’Histoire l’homme prépare et mûrit sa liberté, dans l’Histoire le genre humain se prépare à une condition adulte.
---------------Il ne faut donc pas accuser la Nature d’avoir assigné à l’homme un destin tragique. Les hommes sont seuls responsables de leur violence. Le mal
n’est jamais nécessaire pour le progrès de l’homme, mais quand il arrive, la
disposition des choses est telle, qu’il finit par être récupéré pour le bien. Le
système de la Nature est suffisamment bien arrangé pour que l’homme doive à chaque fois de revenir vers le bien. La
Nature n’a pas voulu le mal, seul l’homme l’a voulu. Mais elle sait l’utiliser pour le bien. Elle imprime au cours de l’Histoire ce mouvement de balancier qui oblige à revenir à l’équilibre.
En ce sens nous pouvons admettre que l’Histoire progresse, mais sans que cela enlève à l’homme aucune responsabilité,
le mouvement de l’Histoire ne retire pas à l’homme sa liberté. S’il y a une providence dans la Nature, elle n’est pas une contrainte, mais une sagesse. Ce n’est pas la contrainte cruelle de la Raison qui réclame des sacrifices, ni la contrainte d’une lutte des classes due aux conditions économiques. Le progrès
qu’elle dessine est seulement indéfini, celui de l’avènement progressif dans l’humanité d’une conscience plus éclairée. En termes kantiens, la philosophie de l’Histoire relève de la raison pratique et non de la raison théorique. Il ne s’agit pas de rendre des oracles sur l’Histoire, mais surtout de contribuer de toutes nos forces à son progrès.
(texte)
2) La mesure du progrès dans l’Histoire ne tient pas simplement au progrès technique, ni au progrès scientifique. Il n’est pas contradictoire qu’un peuple barbare se dote de moyens techniques très avancés. (texte). Le progrès économique, s’il n’est pas accompagné d’un progrès moral, d’un progrès de la culture, n’est qu’une caricature du progrès. Cela implique au fond que le vrai progrès dans l’Histoire est un progrès de la conscience. Une véritable évolution spirituelle pourrait fort bien se dessiner en prolongement de l’évolution biologique qui a eu lieu sur la Terre. C’est cette thèse que l’on trouve développée par Sri Aurobindo dans Le Cycle humain
. Si l’évolution a mûri en l’homme sa nature vitale, elle peut aussi accomplir « le changement qui nous fera passer d’un ordre de vie mental et vital à un ordre spirituel ». La puissance de la Vie qui a conduit l’évolution l’a mené, par une complexification croissante, à un stade où elle a pris conscience d’elle-même. Il n’est pas interdit de penser que la prochaine étape de l’évolution, après le stade du développement mental, sera un stade de développement spirituel.* *
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Quand l’Humanité est capable de faire sauter 25 fois la planète à tout moment, on peut se demander si ’hypothèse du sens de l’Histoire n’est pas une simple vue de l’esprit et incliner au pessimisme ! Où sera le but de l’Histoire si demain l’humanité s’est détruite elle-même? Quel sens donner à une aventure qui peut finir dans une destruction complète ou dans un retour à la barbarie la plus ignoble ?
Cependant, le constat des faits ne suffit pas, il n’élimine pas la nécessité de travailler au progrès de l’histoire. L’Histoire peut avoir un sens, même si nous laissons de côté les attentes les plus impatientes. Le futur est inconnu, mais il s’élabore dans le présent et le présent est le seul élément sur lequel nous pouvons agir. Si nous voulons que demain soit meilleur qu’aujourd’hui, nous devons prendre soin à la graine que nous semons aujourd’hui. Nous devons laisser aux générations à venir un monde meilleur que celui que nous quitterons.
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Questions:
1. Pourrait-on écrire une philosophie de l'Histoire à rebours du progrès en partant de la notion de déclin?
2. Quelle conception du temps demeure implicite dans les philosophie de l'Histoire issue de la modernité?
3. Comment comprendre l'assimilation entre raison, esprit d'un peuple et esprit de l'humanité?
4. Si l'histoire s'est accomplie avec Hegel, que pourrait vouloir dire la déclaration selon laquelle nous sommes entrés dans des temps post-historiques?
5. Qu'est ce que le matérialisme et l'idéalisme partagent en commun dans leur conception de l'Histoire?
6. Que gagne-t-on à de parler de but de l'histoire que comme progrès moral indéfini?
7. En quoi l'Histoire est-elle une lente éducation à la liberté?
© Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan.
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