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La transformation de la conscience

 
Anne-Marie B.

     D'abord je croyais que c'était ma conscience qui me transformait. Ensuite je l'ai connue comme efficace de nuit comme de jour. En février 2003, lors des marches pour la paix, j'ai vu un reportage qu'Arte a réalisé à New York. Rien ne m'a particulièrement choqué, mais la nuit qui a suivi, j'ai été réveillée car j'ai su que je devais protéger le "Marine" qui avait osé dire son désaccord avec la guerre.(Immédiatement après son intervention le journaliste interviewait l'avocat des objecteurs de conscience! Or personne ne peut parler comme il l'avait fait sans être en conflit entre ce qu'on attend de lui et sa conscience).
     Encore hier, j'ai fait quelque chose qui me choque moi-même, mais je l'ai fait. je n'arrête pas de faire des choses qui me choquent, mais je sais que je dois les faire sinon c'est ma conscience qui ne me laisse pas tranquille.
Donc, je croyais que la conscience était la singularité de la personne. Ce n'est pas une conscience de soi mais une conscience de l'autre, d'autrui, de n'importe qui. Et à la lecture des dialogues je comprends que j'étais hors sujet lorsque je parlais de "conscience", mais c'est mon vocabulaire.
     Je l'appellerai dorénavant "liberté" car celle-ci consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (dans le respect des lois). Il m'est donc loisible d'utiliser une "propriété institutionnelle" comme outil de libération d'autrui.
    A vous lire, vous parlez beaucoup de mental et de pensées. J'ai cru comprendre que les pensées viennent au cerveau et les réflexions viennent au coeur. Autrement dit je ne pense pas mais je réfléchis, et je réfléchis grâce à ma conscience. Car pour moi, il n'y a qu'une bonne femme en situation: j'entends, je perçois le monde (c'est mon corps), il me choque (je ne sais pas où se situe l'émotionnel, disons au cerveau) je réfléchis (avec mon coeur)... et je propose des solutions (en général fort choquantes).  La conscience c'est la conscience de l'autre et réfléchir implique le coeur.

Serge C.

      Merci de faire entre dans le forum l'engagement. Il n'a pas assez été évoqué jusqu'ici.   Vous prenez spontanément le mot conscience dans le sens de conscience morale, alors que sur le forum ce qui a été décrit relève avant tout de la conscience psychologique. D'où ce décalage que vous percevez à la lecture.

       Maintenant, bien sûr que chacun de nous, en tant qu'individu, est en situation. Je ne sais pas si vous en avez une conscience très claire de ce que cela implique. Vous l'interprétez seulement dans un sens, un homme, une femme, qui est là, coincé dans un conflit et vous qui devez faire quelque chose pour lui, sinon, vous vous reprocherez de n'avoir rien fait. C'est là que vous voyez une "conscience". Donc, il faut agir d'urgence et mener les luttes qui permettent de libérer ceux qui sont victime, notamment en utilisant tous les leviers politiques et juridiques des institutions. Votre interprétation de la conscience est très sartrienne, pour évoquer une référence philosophique. C'est à dire que vous tenez la conscience au fond pour rien et vous ne voyez que l'importance de la liberté d'action et l'engagement. Autrui. Ce qui frappe dans votre vision, c'est que la conscience, c'est toujours la conscience de l'autre. Pas la conscience de soi. C'est l'autre et sa situation. L'autre et son jugement. L'autre et son pouvoir. Les autres et la nécessité de la collaboration. Les autres et les situations d'oppression. Les autres et la nécessité de lutter de front contre l'oppression.

     Il y a pourtant nécessité de regarder cette conscience qui est sous-jacente aux autres, votre conscience. Ce que je fais n'est rien d'autre que l'extension de ce que je suis. Et si je suis dans la confusion, je ne ferais, même dans des actes altruistes, que répandre de la confusion. N'avez vous pas aussi remarqué que cette insistance sur les autres, le militantisme à tout crin, peut aussi être une façon de légitimer une fuite de soi-même, de s'oublier, d'oublier sa misère intérieure ? On fuit d'autant plus vers les autres que l'on ne se supporte pas soi.

       Il y a dans la réponse immédiate une énergie précieuse, une force de l'impulsion immédiate qui a une très haute valeur. C'est lorsque nous sentons cette Nécessité intérieure que nous avons une action juste et authentique. Ce n'est pas très rationnel il est vrai. Cela s'exprime comme un appel du coeur, "je dois le faire" et c'est irrépressible. quand il y a cela, l'amour aussi peut être présent. Mais c'est tout à fait différent de la motivation d'une sorte de mauvaise conscience consistant à penser que, si je ne le fais pas, je serai mal et au fond, pour éviter des remords, il faut que je fasse quelque chose. Dans ce second cas, c'est le mental qui trafique. Ce n'est pas le mouvement spontané de l'action immédiate.

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