Désirer c’est se projeter et imaginer, mais pas seulement, sinon ce ne serait pas vraiment un désir mais seulement un fantasme. Un vrai désir, sensible et d’enthousiaste, trouve son chemin dans le réel et reste ouvert à ce qui est ; on peut même dire que dès qu’il est formulé, il ne cesse de rencontrer les matériaux nécessaires à sa réalisation. Quand nous portons un vrai désir, il y a l’Énergie et nous avons même parfois le sentiment que l’univers conspire à travers nous pour solliciter sa réalisation. Inversement, le faux désir semble dès le début lui inviter les contrariétés parce qu’il est lesté par le manque et pétri de contradictions.
Nous
n’allons pas nous asseoir et attendre que se présente à nous une suggestion à
suivre qui puisse faire office de volonté, sous prétexte que la spontanéité est
plus simple que l’effort. Nous serions dans une situation qui dénote l’absence
de volonté, un peu comme dans le film L’éveil où le patient reste
d’ordinaire complètement amorphe et apathique, mais étrangement, réagit avec
promptitude au mouvement d’une balle de caoutchouc en l’attrapant d’un geste
vif, le mouvement de la balle lui servant de volonté. En pareil cas, le
sujet capte un mouvement extérieur et le suit, ce qui lui donne en quelque sorte
une volonté par défaut ; une
volonté par défaut, ce qui veut dire une volonté qui n’est pas la sienne
mais provient de ce qui l’entoure, de ce qu’il voit, des autres, une simple
suggestion : une volonté faible,
une volonté qui n’a pas la force de la Volonté de
l’être psychique issue de l’intériorité.
Mais la situation est banale. Après la spontanéité de l’enfance, la ferveur naturelle de l’adolescence, vient le plus souvent le temps de la résignation et le pli de la volonté par défaut du conformisme ambiant. Se pourrait-il que nous ayons en cours de route perdus de vue la Force de nos vrais désirs pour ne suivre que les désirs acceptables de notre milieu ? Cela ne nous donne pas plus d’énergie et ne rend pas les choses plus faciles, bien au contraire. Nous avons perdu en cours de route le support de la nature et l’énergie de la volonté.
Que faut-il en conclure ? L’être humain doit émettre des désirs, c’est sa contribution créative à la manifestation de cet univers ; un désir une fois lancé suit son cours porté par les puissances de l’univers. Ce qui soulève une question : En quel sens la pensée qui préside au désir participe-t-elle de la puissance de la Nature ?
Tout désir commence dans la pensée, se développe dans la parole et se traduit en actions. La pensée, la parole et l’action sont des degrés de manifestation. On remarquera que la pensée à l’origine du désir n’a même pas besoin d’être consciente pour être efficace. Ce qui est en jeu, c’est l’énergie que met en œuvre le désir et la pensée est une forme d’énergie. La question est de savoir s’il faut tracer une séparation entre la dimension subjective où se meut le désir et le monde objectif, où il peut se réaliser, ou bien s’il existe une continuité non-duelle entre le plan non-physique de la pensée et le plan physique où elle s’exprime.
1) La première mise au point que nous devons poser avec force est la distinction des états de conscience. A lire les textes exaltés des tenants de la pensée positive on a parfois l’impression qu’il suffit de penser très fort à un désir pour que magiquement l’univers nous l’apporte servi sur un plateau. A quoi on répondrait que rêver ses désirs ne fait pas tout et surtout savoir que le mental est très habile pour créer des illusions et pour s’y perdre. Pour nous inciter à rêver la vie au lieu de la vie, à fantasmer au lieu d’aller jusqu’au bout de nos désirs.
Et
pourtant, cette idée que magiquement nos désirs puisse se réaliser n’est pas
entièrement fausse, elle est même est tout à fait pertinente pour caractériser …
l’état de rêve ! Ce que nous
expérimentons toutes les nuits. La magie onirique de la réalisation
instantanée de la pensée. Le rêve est la réalisation du désir sur un plan
inconscient dixit Freud. Mais il s’agit d’un
état de conscience différent de
l’état de veille ; le rêve se situe
dans la sphère privée du sujet, sphère dans laquelle il est
effectivement sans le savoir le créateur de tout ce qui lui arrive. Il n’y a pas
de délai, c’est vraiment magique. Comme dans les dessins animés. Cendrillon et
la fée et hop, la citrouille transformée en carrosse. Le temps d’un claquement
de doigts. Il suffit d’y penser avec une forte coloration émotionnelle et le
résultat est là, de suite. L’espace-temps-causalité
du rêve n’est pas celui de l’état de veille et nous ne devons pas, sous peine de
confusion mentale, transposer les conditions de la
magie onirique sur l’état de veille. Ce n’est pas en rêvant les yeux ouverts que
nous pouvons réaliser nos désirs, ceux qui croient dans pareille méthode nous
invitent à aller dormir ou à prendre la tangente de la fuite.
Mettre la tête dans les nuages et perdre
d’avance le goût de l’aventure, la joie de la création. Inutile de s’exercer à
l’instrument si on veut devenir musicien, pas la peine de travailler l’argile,
il suffit de la jeter en l’air et elle retombera en statue, il n’y a plus qu’à
rêver et jouer aux jeu d’argent pour être prospère. Il suffit de rêver ! Il
faudrait tout de même sortir de cette psychologie de dessin animé pour émerger
dans le monde de la vie avec un plus de
lucidité, comprendre que cela ne se passe pas comme ça, l’enjeu du désir
dans le monde de la veille est plus complexe.
Toutefois, ne tombons pas dans l’autre extrême, il y a une profonde vérité dans l’idée que tout se joue dans la pensée. D’autre part, la « réalité » dans l’état de veille est, elle aussi, constituée. Elle n’existe pas indépendamment de la conscience que nous en avons. Il serait arbitraire et simpliste de croire que la pensée n’a aucun effet sur une sorte de réalité monolithique, qui nous tombe dessus en nous réveillant, la « réalité » empirique devenant si écrasante que nous ne pourrions qu’à peine agir sur elle et en elle. Ce n’est pas vrai et ceux qui insistent sur notre impuissance sont des manipulateurs. Le monde de la veille est lui aussi constitué par la conscience, nous en sommes cocréateur, donc pas dans la même situation que le monde onirique du rêveur magicien qui ne se rend même pas compte de ses prodiges. Il reste que de l’un à l’autre, même s’il ne s’agit pas du même état, il y a encore beaucoup de similitudes. Les potentialités de la conscience demeurent dans chaque état.
Que nous soyons cocréateurs du monde de l’état de veille veut dire que tous les êtres humains désirant sont engagés dans la cocréation d’un monde commun. Impossible de croire que chacun demeure enfermés dans le rêve dans son petit espace privé à jouer dans sa bulle de réalité. Même si pour fuir une existence épouvantable, nous faisons beaucoup d’efforts dans cette direction, il n’en reste pas moins que nous sommes en tant que sujets de la veille inséparable d’une aventure commune, inséparable des autres et lié au sort de la planète toute entière. Les conditions de l’espace-temps-causalité sont différentes dans la veille, elles impliquent la coprésence d’autres sujets que nous-mêmes, le travail exercé sur un monde matériel, les conditions d’une situation d’expérience à un moment historique donné et par-dessus tout, le délai temporel entre l’émission d’un désir et sa réalisation. Ce qui n’est pas le cas en rêve. Tous ces éléments entre en jeu, sans que pour autant modifiée la nature de la conscience et le schéma de la relation entre la pensée, la parole et l’action dans le processus du désir. Bref, nous sommes effectivement dans l’état de veille créateurs de notre réalité parce que nous la modelons par nos intentions, nous lui donnons un sens et que nous sommes acteurs de notre propre vie ; notre vie ne sera jamais ici-bas que la floraison de nos sentiments et le tracé de nos désirs. Mais nous ne sommes pas dans le monde onirique de Mary Poppins !
Voilà pour ce qui est de la différence entre le désir dans le rêve et dans la veille. De la même manière, sujet que nous n’aborderons pas ici, il est tout à fait possible que dans des états supérieurs de conscience il faille à nouveau reconsidérer le désir.
2) Mais
revenons à notre point de départ. Dans son Essai d’exploration de
l’inconscient, Jung mentionne le cas d’une femme fantasque dans la vie,
mais dont les rêves faisaient référence à une agression dans les bois, agression
qui, malgré les avertissements de Jung, ne manqua pas de se produire. Il y a
aussi cette histoire tragique de l’alpiniste téméraire qui avait rêvé d’une
chute en haute montagne entraînant toute sa cordée, alors même qu’il était par
ailleurs empêtré dans une série d’affaires louches. Et là encore malgré les
avertissements de Jung, l’histoire se finit très mal, exactement comme le
rêve
l’avait annoncé.
Il ne s’agit pas ici n’est pas d’un rêve freudien, il ne rumine pas du passé, mais expose une intention, il annonce la visée d’un désir capable d’attirer ensuite à l’état de veille des événements futurs. L’intention peut ne pas être claire pour le sujet qui a toujours la possibilité de s’installer dans le déni à l’égard de ses propres intentions. La situation de névrose se caractérise justement par le fait que le sujet est coupé de sa propre intériorité qu’il ne reconnaît pas et ne veut pas entendre. Ce qui est intéressant, c’est que cela n’empêche pas le désir de suivre son cours et comme il naît de la pensée et que la pensée construit toujours, il ne va certainement pas rester dans le rêve, il va initier sa réalisation. Le processus est assez mystérieux, mais il est indispensable de le comprendre, pour la bonne et simple raison que l’on y croit ou qu’on n’y croit pas, il agit toujours. C’est quelque part une loi de la nature. Dit autrement, ce que nous trouvons ici, et sur quoi nous devons lever le voile, c’est l’aspect magnétique de la pensée dans le processus de désir. Le rêve fait une déclaration, mais il ne manifeste pas sur le plan physique. L’état de veille est l’état dans lequel la manifestation a lieu. Une fois le processus du désir lancé, il attire à lui, des personnes, des circonstances et des événements. Le processus de la pensée donne son impulsion au désir ; pour être efficace, il n’a pas besoin d’être conscient, il peut être ignoré du sujet qui n‘y prête aucune attention, il n’a pas non plus besoin d’une autorisation morale, il est toutefois agissant, le processus de la pensée qui donne naissance au désir est non-duel, purement énergétique et il traduit la puissance de l’intention.
L’erreur que nous commettons d’ordinaire est de couper artificiellement la réalité en intérieur et extérieur, subjectif et objectif. C’est faux. De même, croire que le désir ne commence qu’avec l’action et que ce qui la précède est négligeable est faux. Pire, la croyance selon laquelle que nos pensées seraient gratuites, donc sans conséquences ou sans effets. C’est archi faux. Il n’y a pas de pensée gratuite. La Manifestation d’une réalité dans notre vie commence dans nos pensées, se renforce avec nos paroles et se prolonge dans nos actes. L’idée que la pensée serait sans conséquence ne vaut que dans le domaine clos du rêve. A l’état de veille, la pensée est une impulsion d’énergie qui possède son foyer d’attraction, son momentum, son intelligence propre, la pensée polarise le champ de conscience. C’est un peu comme un aimant qui par son action dessine autour de lui le champ magnétique où la limaille de fer vient se dispose en ondulations. L’analogie peut même être prolongée, car plus l’aimant est puissant, plus il exerce une influence sur le domaine des objets. Plus la pensée est puissante, plus le pouvoir d’influence est grand. Plus l’esprit est faible, plus il se soumet à une influence plus forte que celle de ses propres pensées.
Donc, la question revient, peut-on tracer une limite ? Et nous commençons à comprendre l’ineptie de cette même question. Un matérialiste pourrait arguer que les très faibles impulsions électriques du cerveau sont quasiment nulles pour affecter le domaine matériel. Mais nous ne parlons pas du domaine physique, nous évoquons ce qui le précède et l’enveloppe, la pensée émerge du non-physique et agit sur le plan physique, il s’agit de quelque chose de très subtil mais en même temps de très puissant que nous ne pouvons pas saisir avec les gros doigts de l’objectivité.
Observons un moment l’interaction entre la qualité de nos pensées et l’état de
notre corps. Rien de gratuit ni d’anodin dans ce défilé répétitif de pensées qui
caractérise l’intimité au sens ordinaire. Le moi et son discours. Quand le
monologue
de l’ego tourne au ressassement de pensées dépressives, il produit
un affaiblissement du tonus vital jusqu’à tuer le désir. Cela s’appelle la
dépression. Un dialogue intérieur
plus conscient, plus vivant, plus enjoué, qui s’élève dans la joie
dynamise l’organisme. Il n’existe pas de dualité
réelle entre ce que la pensée pense et ce que le corps ressent, car le corps
mime la pensée et suit spontanément le pli de l’impulsion qui a donné naissance
au désir. D’où l’importance de rester à l’écoute de notre ressenti,
attentif à l’écoute de notre dialogue intérieur,
car, que nous le voulions ou non, il préforme la qualité de notre
expérience. L’intention de la pensée attire tout ce qui lui ressemble et
s’en nourrit.
Le rayonnement du dialogue intérieur de quelqu’un a une influence indiscutable. Dire qu’il est communicatif est même un peu court. Il y a des gens dont la seule présence lors d’une réunion plombe l’ambiance, on arriverait presque à toucher la mélasse de négativité qu’ils transportent dans leurs pensées. Il suffit qu’ils s’absentent pour que l’atmosphère change du tout au tout. On a dit parfois de certains acteurs, dont le charisme était tel, qu’entré dans une pièce ils « poussaient les murs », comme ils électrifiaient tout de suite l’ambiance. Il y a des êtres humains dont l’énergie est si élevée qu’ils stimulent autour d’eux la créativité, le sattva, comme on dit en Inde. Et l’inverse tout aussi vrai, à savoir qu’une personne très négative peut comme vampiriser par avance toute énergie pour établir une lourdeur, le tamas. Et pour être complet avec les trois gunas, on dira qu’il y a aussi des agités perpétuels du mental, des gens qui ne tiennent pas en place qui sont dans l’excès de rajas (même si cela ne sert à rien, il faut « bouger » !).
Donc impossible de tracer une limite claire du territoire d’influence d’une intention, nous sommes donc les uns avec les autres un peu dans la situation de plusieurs aimants sur la table d’un laboratoire qui s’influencent les uns les autres, des aimants dont les champs se croisent et se mélangent dans un équilibre subtil qui devient l’ensemble du dispositif. La conscience collective. Ce qui est manifesté est en équilibre.
A l’occasion de l’analyse de la relation à
autrui, nous avons évoqué le
principe d’Empédocle. Aristote remarque
que dans l’amitié fondée sur le plaisir,
ce qui rassemble les amis, c’est leurs similitudes de goûts. Ceux-là se
réunissent autour des mêmes jeux, car leurs désirs sont semblables. Parler du
principe d’Empédocle est une façon d’inscrire dans le langage des Grecs une idée
très simple et universelle : « qui se ressemble s’assemble », ou « le semblable
va vers le semblable », Birds of the same feather flock together
etc. Les personnes qui ont de fortes
similitudes dans leurs tendances gravitent
naturellement
l’une vers l’autre ; « naturellement »
voulant dire que ce processus suit une loi naturelle. C’est effectivement le cas
dans la philosophie de la Nature d’Empédocle pour qui la philia,
l’amitié
unit et attire toutes choses dans le cosmos, tandis que la
haine
divise et sépare dans l’altérité.
1) Aristote, dans
L’Ethique
de Nicomaque,
tient à distinguer
l’amitié plaisante
régie par ce principe, même si l’une et l’autre restent contingentes,
l’amitié utile
est régie par un autre principe. En effet, une relation fondée sur un service
mutuel, où l’un apporte à l’autre ce qu’il n’a pas, est fondée plutôt sur les
différences que sur une similitude. Il s’agit donc
dans ce cas, non pas du principe d’Empédocle, mais du
principe d’Héraclite. Celui-ci stipule que
les contraires s’attirent, car ils agissent les uns sur les autres. Le jeu de
contrastes des opposés est à l’œuvre dans la Nature et il est nécessaire. Dans
l’amitié utile certaines personnes se rassemblent parce que le jeu de leurs
différences tend vers un équilibre. Et nous retrouvons là encore une idée très
commune, celle qui dit que les contraires s’attirent. Le calme de l’un, qui tend
vers une certaine passivité, tempère l’activité de l’autre qui tend vers
l’agitation. L’introverti, timide et du pudique, apprécie la compagnie de
l’extraverti
qui met tout dehors, mais manque de retenue et de pudeur. En retour, ce dernier
perçoit aussi la valeur d’une relation qui l’incite à l’équilibre. Chacun trouve
en l’autre de quoi compenser son excès. Il ne s’agit donc pas réellement
d’opposés,
mais bien plutôt de
complémentaires. Le principe d’Héraclite n’invalide pas
le principe d’Empédocle, il lui offre seulement un espace de contrastes. Il n’en
demeure pas moins qu’il faut nécessairement une
aspiration
commune
pour rassembler deux êtres et elle ne peut pas provenir de la différence
et de la contrariété. Nous avons bien plus de points communs avec n’importe qui
dans ce monde que nous pouvons le penser. Il ne peut pas exister de divergence
ou d’altérité radicale entre les êtres humains. Nous sommes bien plus proches
les uns des autres que nous voudrions le croire, histoire de nous montrer
supérieur les uns aux autres.
Dit dans le langage métaphysique de Platon, dans l’Univers, le Même est un facteur plus puissant et plus fondamental que l’Autre; toutefois, réduit à lui seul, il serait limité, il confondrait toutes choses, deviendrait solitaire et serait l’Unique et non pas l’Unité. On ne fait pas une symphonie avec une seule note. La diversité suppose donc un autre principe qui rehausse le sens de l’unité à un niveau plus élevé. Dans la Nature, l’Unité est toujours unité dans la diversité et la Nature adore la diversité. Dans le Banquet, Platon fait même dire à l’un des protagonistes que l’amour seul est le principe unifiant du Cosmos. Dans l’esprit d’un Grec, l’idée que « le semblable attire le semblable » va de soi et n’aurait jamais été limitée au jeu des pensées, ni au domaine intersubjectif, (Aristote mentionne seulement une application de ce principe à l’étude de l’amitié), il aurait été d’emblée perçu comme une loi universelle de la Nature. Et on peut sans risque de se tromper dire qu’il est de même dans toutes les cultures traditionnelles, de la Chine à l’Inde en passant par l’Amérique du Sud, dans toutes les langues, on retrouve des formulations qui reviennent vers cette idée. Un point essentiel à retenir, c’est que traditionnellement, quand on dit que « le semblable attire le semblable », c’est toujours en surmontant la distinction morale de ce qui peut être bien ou mal. L’homme de bien va vers l’homme de bien qui lui ressemble, exactement de la même manière que le pervers et de vicieux, va vers le pervers et le vicieux. Celui qui s’adonne à la colère ne récolte que ce qui ressemble à la colère, de même que celui qui donne avec abondance de son amour attire aussi l’amour vers lui. On dira que l’argent attire l’argent, comme on attire le meilleur ou le pire à partir de nos sentiments. Nous attirons ce que nous aimons avec passion, et nous attirons aussi ce que nous redoutons avec passion. Au regard du Cosmos, désir/aversion ne sont que les deux faces d’une même médaille. L’idée étrange et remarquable, c’est que l’univers s’en fout ! Il ne fait pas la différence, il renvoie l’écho de nos désirs à partir de nos émotions les plus puissantes. Ce qui est cohérent avec l’idée même de loi naturelle.
2) Donc, ce qui est nouveau, ce n’est pas l’idée d’attraction qui est immémoriale, c’est la manière dont l’Occident se l’est approprié, surtout par le biais de deux filons, l’étude de l’inconscient avec Freud et ses successeurs, d’autre part, l’étude de la pensée et de ses pouvoirs occultes, la « pensée positive » aux États-unis, avec William Walker Atkinson à peu près dans la même période des années 1900.
Freud découvre le refoulement. Il se rend parfaitement compte que plus
une pensée est refoulée, plus elle gagne en
puissance,
plus elle accroît son emprise sur l’esprit conscient. Elle va en fait créer une
polarité qui va autoriser l’inattention et attirer les actes manqués. Dans
l’échappatoire de la perte d’attention, le sujet libère à son insu un peu de la
charge émotionnelle du réprimé. Quelque chose en sort qui a un rapport étroit
avec un nœud psychique logé dans l’inconscient. L’inconscient excessivement
chargé de nœuds psychiques génère une polarité. Le résultat est que curieusement
dans la vie le sujet se retrouve toujours confronté à la
répétition d’un modèle, d’une même
source de stress, il semble attirer inconsciemment à lui les mêmes situations de
détresse, de panique, de peurs. Tant que les nœuds du cœur ne sont pas résolus,
la compulsion va se poursuivre. Dans le langage du yoga on dit que les
sankalpas
inconscients attirent les mêmes problèmes. Du coup, il se produit une sorte
d’inadéquation entre les désirs du conscient revendiqués par le sujet, qui, bien
que très socialement acceptables sont abstraits, et les désirs inconscients qui
ne cessent de réclamer de l’attention. Dans cette division, la Nature
semble ne pas écouter ce que nous voulons au niveau conscient, mais elle répond
mieux à ce que nous désirons au niveau inconscient. Là même où la vie se
sent elle-même dans les sentiments. Si l’inconscient n’est pas d’accord avec le
désir conscient, il n’y a pratiquement aucune chance d’obtenir quoi que ce soit,
car il y a contradiction ; et quand il y a conflit intérieur, il n’y a que très
peu de force du désir conscient. Carl Gustav Jung a eu une formulation
admirable dans ce sens : « plus une pensée est ignorée par la conscience, plus
elle a de chance de se transformer en destin ». Et c’est exactement ce qui se
produit, le destin d’une existence inassouvie où la volonté devenue faible n’est
plus que par défaut. Mais quand bien même la volonté n’est plus que par défaut,
la loi de l’attraction continue de s’exercer au niveau du cœur, là où sont
nouées les émotions et elle continue d’attirer ce qui leur ressemble. Tel est le
sens de la formule selon laquelle nous attirons non ce que nous voulons, mais ce
que nous sommes. Tant que ce que nous voulons n’est pas aligné sur ce que nous
sommes, il n’y aura guère de vraie satisfaction, de joie. Parce que le désir ne
sera pas vrai.
La notion de « loi de l’attraction » apparaît
aux États-Unis en 1906 sous la plume de William Walker Atkinson. L’homme
est
auteur et éditeur dans les trente dernières années de sa vie où son écriture est
prolifique. C’est l’époque de Mesmer et le magnétisme, de l’occultisme. Victor
Hugo en France est un adepte convaincu. Atkinson est aux États-unis le pionnier
du mouvement de la « Nouvelle Pensée ». Ce qui l’intéresse, c’est la puissance
de
suggestion que recèle la pensée, la pensée sous son aspect
énergétique telle qu’elle peut être mobilisée par une volonté forte.
« Magnétisme personnel ou subjectif et influence psychique » annonce-t-il dans
l’introduction de
La
Force-pensée.
« Tous nous
sommes influencés plus que nous ne le pensons par la pensées des autres (nous
disons
pensée
et non point
l’opinion pour ne pas commettre une erreur commune)… Chaque
pensée qui est nôtre, faible ou forte, bonne ou mauvaise, saine ou malsaine,
détermine autour de nous des vibrations qui la propagent ».
« Il y a dans l’homme un être supérieur et idéal qui doit être développé et qui
doit commander à tout son organisme comme à toute sa vie. Son essence est la
volonté ». La recommandation est donc : Soyez un
désir vivant et « vous entrerez en relation avec ceux
qui sont sur la même ligne de pensée que vus et serez attirés vers eux et eux
vers vous ». « La Loi de l’Attraction, dépend en grande partie de la force et du
pouvoir du Désir. La force du Désir est au centre de la Loi de l’Attraction. Il
y a une tendance dans la Nature qui attire et amène vers le centre d’un Désir
les choses qui sont nécessaires pour satisfaire ce désir ». Conséquemment,
Atkinson accorde une grande importance à l’imagination, car elle
fournit le schéma qui précède une réalisation matérielle. Il admet très bien que
rien n’est « magique » en l’affaire, que nous n’obvenons rien sans le secours
d’autrui,
qu’il faut s’armer de patience, ne pas se décourager et persévérer dans
l’intention.
Surtout Atkinson est assez fin pour comprendre que l’attraction ne porte pas seulement sur la pensée positive. Il y a certes le wanting mais il y aussi le fearing. In the same way. « Nous avons parlé ailleurs de la Loi de l’Attraction, qui opère dans le sens d’attirer à nous ce que l’on Désire. Mais il y a un revers à cela – c’est une règle qui fonctionne dans les deux sens. La Peur va mettre en mouvement la Loi de l’Attraction aussi bien que le Désir. Tout comme le Désir attire vers son auteur la chose qu’il représente dans son esprit comme la Chose Désirée, de même la Peur attire vers lui la chose représentée dans son esprit comme la Chose Redoutée. On se dit alors : « La chose que je craignais m’est arrivée ». La raison à ceci en est très simple, et l’apparente contradiction disparaît quand on examine la question. Quel modèle utilise la Loi de l’Attraction pour construire la réalité sous la force du Désir ? L’image mentale, bien sûr”.
La peur appellera des images inconscientes et c’est pourquoi il faut en sortir au plus vite. Et cette pensée inconsciente va programmer en boule de neige les événements et tout va de mal en pis. Une journée catastrophique où on se dit qu’on aurait mieux faut de rester au lit ! Il fallait modifier l’état d’être initial et ne pas projeter quoi que ce soit ou agir à partir de la peur. « Positiver » en pensée ne suffit pas s’il n’y a pas une cohérence des sentiments. En fait, ce que la majorité des gens ne comprennent pas, c’est que vivoter en surface de l’esprit conscient avec 10% de « pensée positive », ne peut pas marcher si en dessous il y a 90% de peur. Tant que reste logée dans l’inconscient une masse de tensions irrésolues, les émanations de l’inconscient seront aussi soutenues par la loi de l’attraction. Il convient de n’agir que sur la base d’un état libre de toute tension, apaisé, unifié et aligné sur l’être intérieur.
Il est possible de formuler bien des critiques sur les abus et les naïvetés commerciales, le business bâti autour de la loi de l’attraction., sur l’art de récupérer un principe métaphysique pour le détourner vers un « matérialisme spirituel ». Des recettes de succès : comment obtenir une nouvelle voiture, séduire un partenaire, devenir riche, diminuer son tour de taille etc. Le sujet a été largement traité et il a immédiatement soulevé les critiques. Mais ce qui est plus intéressant c’est d’interroger le principe de l’attraction lui-même et d’en tirer des conséquences. Et là il y a un intérêt pour aiguiser nos pensées à chaque instant afin de vouloir délibérément.
1) Un des reproches adressés par Popper à l’hypothèse de l’inconscient de Freud
est qu’elle se révèle infalsifiable: la théorie contourne toutes les critiques.
Si le patient est d’accord avec l’interprétation de l’analyste, c’est un bon
point
pour
lui, s’il n’est pas d’accord, c’est qu’il
résiste, donc il cache quelque chose, donc l’analyste a
raison ! Le piège à rat dont on ne peut pas sortir et qui nous laisse
impuissant. Peut-on invoquer un argument du même ce type avec la loi de
l’attraction ?
Si mon désir est puissant, je trouve partout des appuis et je parviens à mes fins avec aisance. Je roule sur l’or comme l’oncle Picsou avec son sou fétiche. La loi de l’attraction a porté mes désirs. Youpee ! Mais si j’échoue, il se pourrait bien que l’univers m’ait servi sur un plateau mes propres doutes, mes peurs et mon refus. Je veux une chose, mais inconsciemment, je le veux pas, je fais semblant de vouloir, je rajoute un catalogue de « mais » (je n’en suis pas capable, je ne le mérite pas, c’est trop cher, trop difficile etc. ) Bref, Donald Duck et sa misère. Si ma liste des « mais » a une forte polarité émotionnelle et que j’ai une propension à la ruminer, je vais recevoir par la loi de l’attraction exactement ce que j’ai demandé… l’échec et plus de doute, de peurs et de refus. Donc une confirmation de cette loi. Cela marche donc à tous les coups. Il ne s’agit donc pas d’une hypothèse scientifique tel que l’entend Popper.
Mais à y réfléchir de plus près, seul celui qui soutient la thèse de manière partielle est un menteur et probablement un escroc : S’il promet monts et merveilles (comme en rêve), sans mentionner qu’elle marche aussi très bien avec les pensées négatives. S’il fait valoir que c’est tout nouveau, le « nouveau plan » génial sur Internet (ou la nouvelle arnaque), alors que le principe n’a rien de neuf. S’il gomme la condition incompressible du temps tampon entre le désir et sa réalisation, alors que la loi de l’attraction ce n’est pas « tout et tout de suite », l’invitation postmoderne du consumérisme qui ne supporte pas le moindre délai. Si la visée du désir est exclusivement orientée vers des fins de consommation, alors que la notion de l’attraction n’est pas du tout fondée sur les objets. Si, toujours en partant d’une interprétation onirique du désir, il ne prend pas en compte la complexité du monde de la vie et la possibilité des accidents cosmiques. Comme le dit Mathieu Ricard, osera-t-on dire que les personnes qui ont été victime d’un tsunami ont voulu le tsunami ? Dans la pensée indienne on admet que nous sommes autant affecté par le karma collectif que par notre karma individuel, parce que nous ne sommes pas hors jeu des tribulations de l’humanité.
Si on considère l’idée de manière
complète
on verra que c’est une bonne et une mauvaise nouvelle. Bonne parce qu’il
est
juste de dire que
l’intention joue effectivement le rôle de prophétie auto-réalisatrice
et c’est plutôt réjouissant pour nos désirs les plus élevés ; mauvaise parce que
cela fonctionne aussi avec des désirs malsains et très puissants. Donc au final,
rien n’est changé d’un iota à la nécessité de rester très vigilant dans la
maîtrise de nos désirs. Nous sommes surtout invités à être attentif à nos
pensées et nos cogitations ordinaires. Dans un monde comme le nôtre où on rumine
de la négativité en permanence, où on est constamment critique à l’égard
d’autrui, où l’information est anxiogène, tout est fait, si on est une éponge,
pour que l’on attire encore plus de négativité. Si l’imaginaire collectif est
confisquée par le marché, et qu’il accélère la propension à multiplier les faux
désirs, alors la loi de l’attraction nous met dans de salles draps. Le
capitalisme a phagocyté l’imaginaire collectif en interdisant de rêver l’utopie
d’un monde différent. Si en plus il passe sont temps à travers les mass media à
polluer de négativité la pensée collective, que nous reste-t-il ?
2)
L’urgence de considérer là où sont nos vrais désirs.
La question est toujours de savoir exactement
ce que je
veux.
Maintenant. Là où nous en sommes aujourd’hui est le résultat de ce que nous
avons pensé, là où nous serons demain sera le résultat de ce que nous pensons
maintenant. Maintenant est toujours la clé. Il est exact que la
masse de conditionnements que nous recevons de notre passé, de notre culture, de
notre éducation ouvre un large éventail de possibles et presque autant de faux
désirs. Mais tout se joue à partir de notre état d’être
maintenant et de la conscience de soi. Un sankalpa est une graine que
nous ne devrions planter que dans le sol du bien être, que nous devrions nourrir
avec nos sentiments les plus élevés. Un vrai désir est un désir aligné sur nos
sentiments les plus profonds qui donnent un sens à notre vie et nous fait entrer
en coïncidence avec la vie. Le malheur, c’est que loin de rester centré en
nous-mêmes, nous excentrons nos désirs
par la comparaison
avec autrui.
Alors apparaît nécessairement la sensation de manque
et toute action entreprise dans cette direction maintient l’attraction dans une
position négative. C’est très curieux, mais parfaitement
logique
si nous comprenons que le désir va vers ce qui lui est semblable. Quoi que l’on
fasse, rien ne va compenser cet état et nous précipitons la fuite en avant de la
demande, de la demande, de l’exigence, de la déception et de l’amertume. Nous
l’avons déjà vu ailleurs, la comparaison est mortelle. Elle nous entraîne dans
des poursuites indéfinies, sur une voie de dépendance à mendier des
approbations, des appréciations, mais en retour, parce qu’elle part du manque,
elle produit la désapprobation et la dépréciation à l’égard de soi-même. Sur ce
chemin périlleux, l’attraction renverra inévitablement la polarité du désir
comme manque, que nous allons traîner comme une casserole, ce qui n’est jamais,
au grand jamais satisfaisant quoi qu’il arrive. Le concept de loi de
l’attraction propose donc un éclairage original sur la notion de manque, non pas
en visant son origine, mais en nous aidons à comprendre l’onde de choc de la
propagation du désir et son effet.
L’onde est toujours générée par nos pensées avant même que de se traduire en paroles et en actions. Mais sur quel terrain fleurissent nos pensées ? Ce qui nous appartient toujours, c’est notre attitude face aux événements, la capacité d’accepter les choses telles qu’elles sont. Rien ne nous oblige, si ce n’est l’inconscience, à démarrer à fond en mode réactif où à nous embarquer dans toutes les suggestions ambiantes. Nous pouvons rester témoin et ensuite, prendre les choses de manière positive. Il est incontestable qu’une personne enjouée et optimiste a bien plus de chances de voir s’ouvrir les portes devant elle, être en meilleure santé et réussir ce qu’elle entreprend. Le pessimiste programme déjà dans sa pensée un échec. Il a décidé qu’il devait échouer, parce que le monde était mauvais, parce que les gens sont méchants, parce que personne n’est digne de confiance etc. Et bien sûr inévitablement… cela marche. Le semblable appelle le semblable, comme par hasard, il rencontre exactement ce qu’il cherche. Sauf qu’il n’y a pas de hasard en l’affaire, car c’était déjà programmé dans sa pensée. Donc cela confirme ses vues : « vous voyez bien que c’est moi qui a raison !"
3) Le mot est lâché : moi. Est-ce que le flot de mes désirs n’a d’autre
finalité que de gonfler « moi » pour avoir toujours raison? Et si le Désir des
désirs était complètement différent ? Et si le Désir des désirs c’était d’être
Soi ? Vu la floraison de la littérature sur la question, il est très clair que
dans l’opinion l’attraction envers « la loi de l’attraction » a tout de la
gonflette pour l’ego. Un moi colossal,
puissant, riche et
célèbre,
prêt à triompher de tous ses ennemis, . C’est là que l’on se rend compte combien
une idée profonde peut être facilement détournée et corrompue. Si nous
comprenons effectivement que le semblable attire le semblable, la leçon que nous
devrions immédiatement en tirer serait dans l’invitation qu’elle nous offre à
être très conscient de ce que nous pouvons manifester tous les jours. Je ne
peux plus être naïf au point de ne pas remarquer que mon agressivité attire de
l’agressivité. Les préjugés que j’entretiens à l’égard des autres sollicitent
chez autrui de quoi les confirmer ; il est probable que si, en m’abstenant de
juger, je laissais à l’autre un espace ouvert dans lequel il pourrait être
lui-même, il me révèlerait un aspect très différent. Inédit. Un être humain qui
sent qu’il peut être lui-même dans la relation se sent accepté et plus libre. Il
est évident qu’alors nous pourrions inviter une coopération qui ne serait plus
un pouvoir sur autrui, mais un pouvoir avec l’autre. Je comprendrais
sans
aucun doute possible qu’il est très important d’être à l’écoute de mes
sentiments, car ce sont les sentiments qui donnent à la pensée sa charge
émotionnelle. Je comprendrais qu’il est essentiel de prendre soi de l’être avant
que de poursuivre de l’avoir.
Nous avons vu dans une leçon précédente que les sentiments sont le langage de l’âme. L’être psychique que nous sommes est certes engagés dans l’action comme la pointe du stylo sur le papier, mais ce qui dirige est en amont dans la subjectivité de celui qui écrit. La subjectivité pure de l’intériorité parle davantage le langage des sentiments que celui de la logique. Comment je me sens moi-même à travers la traction de mon désir n’est pas sans écho dans l’intériorité. Si j’étais un peu attentif, je me rendrais compte que le faux désir est toujours accompagné d’un vague à l’âme, que le vrai désir est plein d’énergie, de créativité. Le vrai désir est joyeux. Il ne dirige pas vers son objet pour combler un manque. Il est une abondance qui se donne. Une fête. Et cela se voit dans son rayonnement et son attraction. Quand nous créons à partir du manque, c’est un peu comme nous nous obstinions à appliquer encore et encore une recette qui ne marche pas en croyant en croyant qu’elle va finir par marcher. Ce qui est une illusion. Alors nous n’avons plus qu’à en reporter la responsabilité sur les autres, ce qui revient à nier notre responsabilité dans tout ce qui nous arrive. Nous appliquons dans l’ignorance la loi de l’attraction, pour obtenir des résultats que nous ne souhaitons pas. Il serait plus intelligent de prendre la responsabilité de notre attitude dans ce que nous sommes en train de vivre. C’est la seule manière de se sentir libre quelles que soient les circonstances. Et nous pouvons alors faire l’expérience directe que nous sommes liberté, que nous pouvons manifester l’immense Énergie qui circule dans la création et que la joie nous appartient car elle fait partie de notre nature. Il faut jeter à la poubelle l’idée qu’il faut ici bas lutter pour mériter. Le mérite est déjà là. Jeter aussi l’idée que notre existence doit être justifiée, l’être n’a pas besoin de raison, il est. Jeter l’idée qu’il faille d’autorité nous donner un sens acceptable sous le regard des autres. La vie abonde de sens quand elle est vécue et elle est perpétuelle dans une croissance intérieure, elle n’en n’a jamais fini et se recrée à chaque instant.
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Terminons. Notre point de départ pouvait sembler plutôt ésotérique. Le désir et la puissance de la Nature, ce n’est pas un thème que l’on trouve dans les tiroirs de la pensée contemporaine. En plus, en cours de route accorder de l’attention à la loi de l’attraction, cela peut tirer les oreilles de quelques uns. Pourtant, le sujet mérite vraiment réflexion, pas seulement une critique. Il contient une vérité profonde, il touche à une loi métaphysique, mais ce n’est pas le genre de loi qui intéresse l’épistémologue. Les implications en sont tellement étendues que l’intellect a beaucoup de difficulté à la cerner. C’est exactement la même chose avec une autre loi métaphysique abordée ailleurs, la loi du changement. Qui n’intéresse pas plus l‘épistémologue. Reste que la contribution de la loi de l’attraction à la compréhension du désir est une pièce importante du puzzle. Il s’est agglutiné autour pas mal de sottises commerciales, mais il y a là une vérité qui mérite d’être creusée. Nous n’avons pas eu souci dans cette leçon de tirer des conséquences pratiques. Ceci n’est pas un manuel avec des exercices et des conseils. Mais pointer la justesse des vues offre des pistes très concrètes.
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© Philosophie et spiritualité, 2016, Serge Carfantan,
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