Leçon 3.    La philosophie comme art de la réflexion        

    Avec la physique, la biologie ou l’histoire, nous disposons de méthodes et de contenus bien élaborés. Dans chacun de ces domaines, on peut apprendre des techniques et un savoir spécialisé. Peut-on en dire autant de la philosophie ? Nous avons vu que la philosophie n’est pas un savoir qui se rangerait à côté d’autres savoirs. Est-ce à dire que la philosophie n’a pas de méthode et ne s’apprend pas ?

    Comme l’explique Kant, rigoureusement on n’apprend pas « la » philosophie, comme on apprend l’histoire ou la géographie. On ne peut qu’apprendre à philosopher, ce qui est très différent. La philosophie demande un engagement personnel qui ne laisse pas le savoir extérieur à soi. On ne peut pas réciter de la philosophie, sans tomber hors de la philosophie, on ne peut que penser et repenser par soi-même. Nous sommes nous-mêmes profondément en cause dans chacune des questions philosophiques. Toute la méthode de la philosophie tient ainsi dans une formule : apprendre à penser par soi-même. Sous cet aspect, on peut voir dans la philosophie un art de la réflexion. Mais en quoi consiste-t-il ? Y a-t-il une méthode pour philosopher?

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A. La méthode philosophique

    Le mot art sous-entend une manière habile, aisée, d’accomplir une forme spécifique d’action. L’art de la réflexion signifie l’art de mener correctement une réflexion, en d’autres termes, l’art de bien conduire sa pensée en usant de ses propres possibilités latentes et de techniques correctes. La méthode peut s’apprendre et l’habileté se gagne au fur et à mesure de la pratique. Nous devons donc dire deux mots des méthodes pour philosopher et donner aussi quelques conseils pour philosopher. Ce que nous allons voir ici paraîtra un peu abstrait pour l’instant, en début d’année, mais prendra du relief par la suite. Nous plantons ici quelques jalons. Tout ce que nous dirons reviendra et sera justifié amplement ailleurs. On apprend à marcher en marchant, on apprend à philosopher en philosophant !

    La philosophie, en tant que réflexion sur toutes les formes de l’expérience humaine, doit d’abord nous apprendre à voir ce qu’est cette expérience, à voir la réalité dans l’expérience, afin de pouvoir la décrire. Il faut concevoir la réflexion philosophique comme une investigation de la réalité, une enquête qui, se plaçant dans les choses-mêmes qu’elle étudie, produit une compréhension plus complète de ce qu’elle étudie. En tant que tel, le premier pas pour tenter de comprendre doit toujours nous ramener auprès des choses mêmes, au contact de cela qui est en question. Si je veux comprendre la haine, je dois voir ce qu’est la haine, je dois apprendre à voir. Il faut sans cesse revenir aux choses mêmes, au travers des vécus dans lesquels elles se présentent à nous. D’ordinaire, nous laissons notre esprit vagabonder dans des pensées inutiles, dans les formes que prend notre imagination. Les théories sont aussi souvent abordées de cette façon, sans une considération attentive de ce qu’elles décrivent. La philosophie commence par une attitude d’éveil à ce qui est, d’éveil à l’Être Cette attention à ce qui est nous appartient en propre, car nul ne peut-être attentif à notre place, nul ne peut comprendre à notre place. Philosopher c’est s’élever à la position du témoin impartial, la position du spectateur lucide de la réalité. Husserl parle dans son langage de spectateur phénoménologique. Nous nous contenterons du terme témoin impartial ou aussi observateur lucide. Il est besoin de savoir observer pour être capable de discriminer le réel, de l’irréel, le vrai du faux. C’est en plongeant ses racines dans l’expérience que la pensée fait mûrir le fruit d’une vraie philosophie.

    ---------------L’acte de la philosophie, nous l’avons vu avec Socrate, se produit au travers du questionnement. Il ne s’agit pas pour le philosophe de se contenter d’admirer de monde avec le regard d’un artiste, mais de le questionner sur son sens. L’art de poser correctement les questions est partie intégrante de la méthode philosophique. Une question bien posée contient déjà en elle-même les germes de sa réponse. Il ne s’agit donc pas de seulement chercher à embarrasser un auditeur par des questions insolubles. L’acharnement à contredire ne fait pas de la philosophie. Ce qui fait la philosophie et son mouvement d’investigation, c’est une juste interrogation, l’interrogation qui dévoile le Sens de ce qui est. L’esprit atteint par le questionnement la liaison des idées immanentes aux choses-mêmes, ce qui rend compte d’un processus, d’un devenir, l’intelligibilité d’un phénomène ou d’un état. C’est un peu comme si la réalité se présentait à nous comme un tapis, un entrelacs de formes colorées et variées qui seraient la face apparente. Le côté décoré est ce qui est livré à la perception. Le côté inapparent, c’est la trame où se nouent les fils qui composent les formes. Comprendre, c’est atteindre la trame des idées qui composent le phénomène apparaissant de la réalité. C’est en traversant l’apparence que l’on découvre le Sens.

    L’investigation, nous la menons en philosophie par l’analyse. Ce mot fait un peu peur au débutant et il est souvent mal compris. L’analyse philosophique n’est certes pas celle du chimiste qui décompose des molécules. Nous ne cherchons pas à casser le réel en petits morceaux, néanmoins, l’analyse est bien un outil de division, parce qu’elle est l’instrument de la discrimination, de la distinction. Si la pensée immédiate dans laquelle nous sommes plongés est assez confuse, le chemin de la compréhension passe nécessairement par un travail de distinction. Inutile de faire beaucoup de mystères autour de l’analyse philosophique, le mot serait exactement traduit si l’on disait description. Analyser revient à décrire les choses-mêmes dans leurs articulations fondamentales. Il y a à ce titre deux méthodes d’approche en philosophie :

    a) ou bien on conduit l’analyse en s’appuyant sur les mots. C’est ce que nous avons tenté précédemment avec le terme de philosophie. Si on y prend soin, le langage peut nous montrer la voie des distinctions et des relations essentielles qu’il nous faut rétablir pour comprendre. On approche d’autant mieux une notion que l’on écarte d’elle clairement d’autres notions apparentées qui ne sont pas identiques avec elles. Ce qui est authentique se dégage souvent quand on élimine ce qui lui ressemble, mais est perverti. C’est la voie négative de l’analyse. (texte)

    b) ou bien on conduit l’analyse en partant directement des choses-mêmes, telle qu’elles s’offrent dans le vécu. Cette voie de pure description de l’expérience est appelée l’approche phénoménologique. Elle est tout particulièrement indiquée quand l’analyse porte sur ce qui porte en soi une forte connotation subjective. L’angoisse, la haine, l’amour, la beauté, l’honnêteté par exemple peuvent être approchées phénoménologiquement. (texte) Dans cette voie, il faut aborder toute question dans l’expérience de conscience qui nous la donne.

    Que l’on choisisse une approche ou l’autre, de toute manière, l’analyse nous fait toujours passer de la pensée immédiate à une pensée réfléchie. Ces pensées que nous « avons » simplement dans l’esprit, doivent être passées au crible. Il faut apprécier si nous avons effectivement raison de tenir telle ou telle opinion et de quel point de vue une affirmation est justifiée. Ce que l’on appelle le sens commun est seulement la pensée à l’état irréfléchi, non clarifiée. La philosophie n’invente pas d’idées nouvelles, elle clarifie ce qui est déjà là à l’état confus. Elle est du point de vue de sa méthode un retour conscient aux données de la pensée immédiate. C’est pourquoi on désigne parfois la méthode philosophique sous le nom d’analyse réflexive.

    C’est avec ces mises au point qu’il faut aborder les œuvres des grands auteurs. On ne dira jamais que les philosophes ont des « opinions ». Un philosophe ne tient jamais un propos en l’air, il a soin de démontrer ce qu’il avance, de donner des raisons. Un philosophe soutient des thèses. Il n’y a pas de thèses dans l'opinion. Une thèse, c’est le résultat d’une analyse. Ce que nous apportent les philosophes, ce sont des investigations qui nous délivrent une vision plus riche du réel et mettent en place des idées-forces qui sont ensuite incontournables dans l’histoire de la pensée (texte).

    En résumé, pour philosopher, il faut d’abord devenir un observateur attentif de ce qui est, savoir questionner pour chercher à comprendre. L’analyse nous permet de dégager l’intelligibilité des choses et d’apporter des éléments de réponses à des questions fondamentales. L’esprit qui s’exerce de cette manière fait mûrir sa compréhension du réel. Comprendre, c’est prendre-avec-soi, cum-predere. L’intelligence est la faculté qui permet de relier, d’établir des rapports. inter-ligare. (texte) C’est elle qui est en éveil dans la compréhension. En comprenant une chose, nous levons un voile d’étrangeté entre elle et nous. Nous entrons dans un rapport vivant avec le Monde quand nous commençons à le comprendre. La méthode philosophique vise à la compréhension de la réalité. Il nous faut pour cela nous dégager des fausses identifications, des préjugés, de la confusion, de l’illusion. C’est la tâche de l’intellect, d’opérer les distinctions qui éliminent la confusion. C’est l’intellect qui donne pouvoir de décider, de discriminer le réel de l’irréel. C’est lui qui permet de remettre chaque chose à sa juste place et de chasser l’obscurité de notre esprit. (texte)

B. Quelques conseils

    Venons-en à quelques conseils utiles pour pratiquer la philosophie. Si, avec Husserl, on peut dire que « la philosophie est en quelque sorte l’affaire personnelle du philosophe », cela ne veut certainement pas dire qu’il faille tenir pour néant toute la philosophie passée. Quand notre pensée ne s’alimente que de ses propres réflexions, elle risque de tourner souvent en rond. Nous avons besoin d’élargir nos vues et d’enrichir notre esprit. Pour cela, il est indispensable d’entretenir un dialogue avec les grands philosophes du passé et d’assimiler une culture solide (texte).

    ---------------En quoi la philosophie reste-t-elle une démarche personnelle ? La nuance est celle-ci : le dialogue et l’assimilation de toute culture doivent conserver un caractère vivant et personnel. L’épreuve du baccalauréat, même dans le commentaire de texte, n’est pas de l’histoire de la philosophie, mais bien plutôt un exercice de philosophie générale. Ce que nous voulons apprendre c’est à penser par nous-mêmes. Nous nous exerçons donc en lisant les grands auteurs du passé, mais dans le but de nourrir notre propre pensée. La lecture des grands textes n’est pas trop facile pour le débutant, mais le cours sera là pour aider. Il suffit de suivre une gradation dans les lectures. Il est bon de s’imprégner de la pensée d’un auteur en lisant plusieurs textes. (texte)

    Bibliographie générale :

On peut par exemple retenir pour commencer :

 Platon L’Apologie de Socrate. Criton et Phédon

    Gorgias, Protagoras, le Ménon

    Phèdre, le Banquet, La République

Descartes Discours de la Méthode

    Règles pour la direction de l’esprit

    Méditations métaphysiques

Epictète Le Manuel

Marc Aurèle Pensées pour moi-même

Pascal Pensées

Leibniz La Monadologie

Kant Opuscules sur l’Histoire

    Traité de pédagogie

    Anthropologie du Point de vue pragmatique

Bergson H. L’Energie spirituelle

    Une première lecture doit se faire dans une attitude fondamentale d’ouverture et de confiance. Nous avons à chaque fois une nourriture à retirer d’une lecture philosophique. Il faut se garder d’une critique trop rapide. Ce n’est qu’après avoir assimilé un point de vue que l’on peut prendre ses distances avec un texte en estimant notamment qu’il ne résout pas encore les problèmes auxquels on est attaché. On ne renverse pas un auteur en quelques arguments. Il faut garder un peu de modestie. La critique, dans le terme originel grec kritikein, signifie essentiellement discrimination. On a mal interprété son sens aujourd’hui en la transformant en polémique et, qui plus est, en polémique dirigée contre la personne. C’est une dérive malheureuse. En philosophie, la critique portera essentiellement sur les idées et non sur les personnes. Nous devons être sans compromis avec l’erreur, mais garder beaucoup de respect pour les personnes. Transformer la philosophie en querelle de personnes serait la dénaturer.

    Un philosophe livre avec son œuvre un regard sur ce qui est. Il nous prête son regard et c’est à nous de voir ce qu’il nous montre. Leibniz disait que toute philosophie est vraie dans ce qu’elle affirme, fausse dans ce qu’elle nie. Il y a dans toute Pensée un pouvoir d’affirmation qui vient de la vérité de l’Être. Vouloir par contre considérer un système comme le détenteur exclusif de la vérité est une erreur. La complexité du réel laisse place à une grande diversité de points de vue qui ont chacun leur pertinence, là où il se situent. L’important, c’est que notre vision du réel soit enrichie et que nous sortions des limites des opinions subjectives. La lecture des textes nous donne cette ouverture et cette enrichissement de notre propre pensée. Nous devrons aussi nous garder d’une erreur fréquente, celle qui tend à faire d’une idée quelconque la propriété d’un auteur. La vérité n’a pas d’étiquette. Toucher le vrai, c’est rencontrer l’universel et quitter le particulier. Descartes fait remarquer à un de ses correspondants : « on peut-être plusieurs à savoir la même chose, sans que personne l’ait appris d’un autre ; il est ridicule de parler de propriété en matière de science, comme pour un champ ou une somme d’argent, et de mettre tant de soin, ainsi que vous le faites, à distinguer votre bien propre du bien d’autrui. Si vous savez une chose, elle vous appartient tout à fait, quand vous l’auriez appris d’un autre ». Méfions-nous de la tendance commode à faire entrer les idées dans des boîtes avec une étiquette. Ce serait faire un glissement de la philosophie vers le commentarisme, de l’expérience de l’évidence vers le repli dans l’argument d’autorité.

    Quelques mots d’Yvan Amar à ce sujet : « On reconnaît un grand penseur à la qualité poétique de sa pensée. C’est une rigueur. Une rigueur poétique. La pensée d’un grand penseur ne cherche pas à emprisonner ce qu’il dit.
    Elle est au service de la conscience libre dont il témoigne. Le cœur même de son témoignage est cette liberté. C’est donc cette liberté que l’on ressenti dans la pensée et dans le rigueur de sa pensée structurée. Si bien qu’à aucun moment un tel penseur ne transmet dans sa pensée un objet de pensée. Il transmet plutôt une façon, un art de penser. De même qu’un grand peintre ne transmet pas un tableau, mais l’art de peindre, l’acte pur, de la peinture, parallèlement, un grand penseur centré dans cette liberté ne transmet pas un objet pensé, une pensée que l’on peut apprendre, mais l’art de la pensée infinie, l’art de la pensée libre.
    Quand je vous propose la pensée comme voie et la rigueur nécessaire à une telle pensée, l’ordre qui va présider à la naissance de cette pensée prend sa source dans la liberté, et beaucoup plus dans un acte infini de penser que dans un objet que l’on pourrait appeler « la pensée de Untel ». Une telle pensée, non aliénée, non enfermante, ne repose profondément sur aucune croyance.

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    Elle ne défend aucun système et personne n’en est propriétaire. Fréquenter une pensée qui n’est plus un objet, mais qui est un acte libre de la conscience dans le monde de la pensée, oblige peu à peu : A prendre conscience de sa propre mécanicité, de sa propre dépendance à la croyance ; à prendre conscience qu’il existe autre chose dans le monde de la pensée que des objets successifs appelés ‘pensées’ ».


C. Convergences et lignes de faits

    La question que beaucoup d’entre nous se posent en abordant la philosophie est de savoir comment concilier les points de vue très différents qu’elle contient. Nous avons tendance à prendre les philosophies, non pas comme des thèses originales, mais comme des opinions et à les traiter avec le relativisme qui nous est habituel dans le domaine de l’opinion en général. On dit « A chacun sa vérité » », comme on dira aussi « à chacun ses goûts » ! La vérité est au bon plaisir de nos préférences subjectives, ou bien elle est comme un article sur les rayons du supermarché de la culture. On achète et on consomme du prêt à penser, comme on achète et on consomme du prêt-à-porter.
    Cette assimilation entre thèses philosophiques et opinions est précisément ce qui contribue largement à la confusion intellectuelle. Il est tout à fait possible dans l’étude de la philosophie de discerner quel a été l’apport original d’un penseur et de situer son œuvre dans une perspective globale, sans pour autant relativiser ses œuvres majeures au rang de simples opinions. Il est bien sûr attendu, de la part de l’apprenti philosophe qu’il effectue lui-même ce difficile travail de synthèse. C’est un des aspects les plus passionnants de l’étude de la philosophie, mais qui requiert de notre part un sens intuitif (R) élevé, car nous devons pourvoir entrer dans la vision d’un philosophe et faire avec lui le chemin des découvertes qu’il a pu faire.

    Mais d’autre part, nous pourrions tout aussi bien considérer que la philosophie a aussi, comme la science, un aspect d’entreprise collective. Chacun des grands penseurs de l’Histoire a apporté sa contribution à l’exploration de la connaissance. Dans l’Énergie spirituelle, Bergson explique qu’en philosophie, nous ne devons pas nous servir d’un critère de vérité purement mathématique. « Il n'y a pas de principe d'où la solution des grands problèmes puisse se déduire mathématiquement ». Nous ne pouvons pas non plus nous servir du critère de l’expérimentation. « Je ne vois pas non plus de fait décisif qui tranche la question, comme il arrive en physique et en chimie ». Quoi alors ? La réponse est simple et en même temps, elle nous introduit dans toute la complexité du réel : le philosophe travaille dans « dans des régions diverses de l'expérience ». Ce qui est assez nouveau dans la méthode de Bergson, c’est l’idée que d’un ensemble de faits, il est possible de dégager une indication qui, mise en rapport avec un autre ensemble de faits, nous ramène à des convergences qu’il est tout à fait possible de prolonger :
    « Des groupes différents de faits, dont chacun, sans nous donner la connaissance désirée, nous montre une direction où la trouver. Or, c'est quelque chose que d'avoir une direction. Et c'est beaucoup que d'en avoir plusieurs, car ces directions doivent converger sur un même point, et ce point est justement celui que nous cherchons. Bref, nous possédons dès à présent un certain nombre de lignes de faits, qui ne vont pas aussi loin qu'il faudrait, mais que nous pouvons prolonger hypothétiquement. Je voudrais suivre avec vous quelques-unes d'entre elles. Chacune, prise à part, nous conduira à une conclusion simplement probable ; mais toutes ensemble, par leur convergence, nous mettront en présence d'une telle accumulation de probabilités que nous nous sentirons, je l'espère, sur le chemin de la certitude. Nous nous en rapprocherons d'ailleurs indéfiniment, par le commun effort des bonnes volontés associées. Car la philosophie ne sera plus alors une construction, œuvre systématique d'un penseur unique. Elle comportera, elle appellera sans cesse des additions, des corrections, des retouches. Elle progressera comme la science positive. Elle se fera, elle aussi, en collaboration »
    Nous espérons montrer dans les pages qui vont suivre que cette méthode est tout à fait applicable et féconde. Le lecteur jugera des corrélations établies à l’intérieur des leçons. Nous ne donnons jamais d’études fragmentaires, sans mettre en relation les résultats obtenus, avec ce qui a été dit ailleurs. Si chaque leçon peut être prise de manière isolée, l’effet de convergence n’est obtenu que si on les prend comme un tout.
 

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    Concluons. On apprend à penser par soi-même en nourrissant et en éveillant sa propre pensée. Cela se fait au contact des philosophes. Mais aussi au contact vivant de la culture. A la culture philosophique, il faut bien sûr ajouter la culture générale. La littérature a bien sûr droit de cité en philosophie. Elle nous livre constamment des illustrations dans l’imaginaire de ce que le philosophe aborde sur le plan des concepts. Le bonheur du libertin est bien décrit par Stendhal. La passion est très bien explorée par Mme de Lafayette ou Racine. Nous serons aussi à l’écoute de la littérature scientifique. Il serait naïf de croire que la philosophie peut se construire coupée du développement des sciences. Nous récoltons en philosophie la moisson du savoir scientifique. Aussi, tout intéresse le philosophe, car tout peut alimenter son désir de savoir et son effort en vue d’une synthèse toujours plus large.

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Quelques ouvrages utiles :

Un dictionnaire technique de la philosophie, pour obtenir les définitions qui nous manquent en lisant des textes.

Une histoire de la philosophie, pour avoir une vue d’ensemble des auteurs et de leur œuvre, ce que nous ne proposons pas dans ce cours.

En complément de la présente introduction, lire l’Introduction à la philosophie de Karl Jaspers.

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Vos commentaires

Questions :

1. Que faut-il entendre par approche phénoménologique?

2. Comment peut-on philosopher en partant des mots?

3. Si la philosophie est avant tout un exercice de lucidité, qu'est-ce qu'elle devrait privilégier dans sa méthode?

4. Qu'est-ce qui différencie le travail de l'intellect et celui de l'intelligence?

5. En quoi l'argument d'autorité est-il toujours un risque dans la recherche de la vérité?

6. Comment peut-on concevoir la méthode philosophique comme synthèse de de points de vue différents sans tomber dans des oppositions stériles?

7. Comment la littérature vient-elle enrichir l'approche de la philosophie?

    © Philosophie et spiritualité, 2000, Serge Carfantan. 
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