Nous ne pouvons pas être indifférent à la vérité. Il nous faut accorder un soin très particulier à la recherche de la vérité, car cette condition existentielle du chercheur répond à ce que nous sommes, à la condition humaine qui est la nôtre. Ce que nous sommes se mesure à l'échelle de la vérité que nous pouvons connaître et vivre à la fois. C'est très humain, nous voulons connaître, c’est-à-dire nous voulons comprendre ce qui est et sortir de l'ignorance qui ne peut que nous plonger dans l’égarement.
Pour cela, nous avons besoin de pouvoir identifier correctement le vrai. En partant de l'opinion, nous nous disons : il doit bien y avoir des marques qui nous permettraient, si elles étaient connues, de repérer le faux et de le dénoncer. Il doit être possible de discerner le vrai à certains caractères qui se manifestent avec lui. Ce serait pour nous un secours précieux que de pouvoir disposer d’une norme rigoureuse du vrai et du faux. Y a-t-il un signe qui permettrait de reconnaître le vrai du faux ?
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Mais la question est assez difficile. Elle demande que nous mettions au clair ce qu'est la vérité. La vérité est la caractéristique d’une connaissance qui atteint son but, car une connaissance valide, c'est une connaissance vraie. Mais sur quoi porte-t-elle exactement ? Pour le comprendre, il faut analyser la structure de la connaissance. Le processus de la connaissance comporte trois termes : connaisseur-connaissance-connu. La vérité est-elle ...
---------------1) Nous disons parfois des choses qu'elles sont « vraies ». Mais est-ce que ce sont les « choses » qui sont vraies ? Nous disons qu’un tableau est un "faux" ou un "vrai" Van Gogh. Un billet de banque peut aussi être faux, comme une commode Louis XVIII qui n’est en réalité qu’une habile imitation. Ces termes de « vrai » ou « faux » rapportés aux choses sonnent étrangement. Après tout, une chose est ce qu’elle est, elle existe ou n’existe pas, strictement parlant, elle n’est ni vraie ni fausse. Le faux Van Gogh existe, comme le faux billet ou la fausse commode. Ils ne sont pas rien, ils sont quelque chose qui, dans l’existence est exactement semblable au vrai Van Gogh, au vrai billet, à la vraie commode. Cela n’a pas de sens de dire que l’objet est vrai ou faux, il est ou il n’est pas, il n’est pas "vrai" ou "faux". Que voulons-nous dire alors ? C’est ce que nous connaissons de lui qui nous inquiète. Ici, plus exactement, on dira que le Van Gogh, le billet, la commode sont ou non authentiques. Ce qui est authentique a ce caractère qui fait qu’une chose est exactement conforme à ce qu’elle paraît être, sa représentation est bien le reflet de son être. Le faux Vermeer n’est pas une peinture authentique, parce qu’il se donne dans notre représentation en simulant autre chose que ce qu’il paraît être. De même, une « vraie » joie n’est pas feinte, simulée, elle est un éclat spontané du cœur. Une personne authentique de même est entière, en elle il n’y a pas de rupture entre ce qu’elle manifeste et ce qu’elle est. Un authentique musicien n’est pas ce lui qui faitsemblant de l’être ou qui en a seulement la réputation, un authentique musicien porte la musique dans son âme et il n’est pas seulement une dilettante. En d’autres termes, on dira aussi que ce qui est considéré dans l’objet comme étant « vrai » de cette manière relève surtout de notre attente à son égard, ou bien celle-ci est remplie (ceci est bien de l’or authentique) ou elle n’est pas remplie (ce n’est que du cuivre doré). Cela n’empêche pas évidemment le cuivre doré d’être tout aussi réel que l’or. Heidegger dans L'essence de la vérité écrit : « C’est pourquoi nous dirons plus clairement que : l’or réel est l’or authentique. Mais ‘réels’, ils le sont l’un et l’autre, l’or authentique ne l’est, ni plus ni moins que le cuivre doré. La vérité de l’or authentique ne peut donc être garantie par sa simple réalité ». (texte)
2) Est-ce que l’on peut dire des pensées du sujet qu’elles sont « vraies » ou « fausses » ? Si je regarde en face de moi le tableau sur le mur, dans un premier temps, je ne doute pas de le percevoir tel qu’il est. Je pense que ma perception est juste et que le tableau est bien comme je le perçois. Si maintenant je détourne mon regard, vers un autre objet, le tableau ne va rester en moi que comme une image dans ma mémoire. S’il s’écoule du temps, cette image risque de devenir plus floue. Je ne saurai plus exactement quelles étaient les formes, combien il y avait de personnages. J’ai appris de cette manière à bien distinguer ma perception et la chose même. En fait, en percevant, je ne me suis pas bien rendu compte que ma perception enveloppe une représentation,
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Questions:
1. A vivre en permanence dans le faux, ne donnons-nous pas une consistance réelle à nos illusions ?
2. En quoi la domination des médias fait-elle difficulté sur le plan de la vérité ?
3. Quelle différence marquée entre le consensus dans les sciences et le consensus dans l’opinion commune ?
4. Pourquoi est-il si difficile de penser sans l’appui d’une autorité ?
5. Quel mérite peut-on reconnaître au critère utilitariste ?
6. Quel est le contenu du consensus culturel ?
7. Pourquoi la vérité est-elle sa propre marque ?
© Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan.
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