Un des débats les plus douloureux de notre époque concerne notre rapport aux animaux. Alors qu’il va de soi qu’on ne peut plus faire « ce qu’on veut » d’un prisonnier de guerre, d’un africain ou d’un handicapé mental, et que les femmes, les homosexuels et les pays autrefois colonisés ont des droits égaux à ceux de leurs anciens maîtres, les animaux demeurent à notre merci. Jusqu’à il n’y a pas très longtemps on ne se posait que peu de questions quant à notre attitude envers les animaux. Le 19e siècle et le début du 20e ont vu apparaître quelques menues restrictions, telle un loi anglaise interdisant le mauvais traitement des animaux de compagnie (chiens et chats) en public, et il existe dans la plupart des nations occidentales des lois punissant d’amande ou de prison (de courte durée ou avec sursis) la cruauté contre les bêtes. Ces lois n’ont concerné la plupart du temps que les bêtes de compagnie et cela seulement lorsque ils sont considérés comme « intelligents » ; souvent ces lois ont exclu les animaux sauvages (les phoques par exemple), les animaux d’élevage (porcs, moutons et autres) ainsi que les animaux « pas malins », c'est-à-dire les poissons rouges ou les lapins par exemple par opposition aux chats, chiens, perroquets et chevaux que nous estimons «plus semblables à nous-mêmes » et auxquels nous sommes par conséquent plus attachés.
Les 
lois qui régulent notre traitement des bêtes le font donc en fonction du rapport 
que nous avons avec ces animaux, et en particulier de la ressemblance avec 
nous-mêmes que nous leur supposons ainsi que de l’affection qu’ils nous 
inspirent. Les cavaliers sont souvent épris de leur cheval jusqu’à la passion, 
et la tendresse que nous portons à Toutou peut aller très loin comme le 
démontrent les salons de coiffure, les rayons mode, les salles de fitness et les 
classes de yoga pour chiens new yorkais et californiens. Néanmoins, en même 
temps que nous choyons, coiffons, habillons et détendons les uns, nous en 
élevons les autres dans des conditions parfois abominables pour les manger, et 
soumettons d’autres encore à des expériences douloureuses et souvent fatales 
afin de faire avancer la recherche médicale ou pour développer de nouveaux 
produits cosmétiques ou ménagers. Ce contraste nous est de plus en plus 
insupportable comme en témoignent les heurts violents entre avocats des droits 
des animaux et chercheurs. Laboratoires détruits, animaux relâchés dans la 
nature, débats venimeux et manifestations montrent la fissure entre les uns et 
les autres, et l’abîme éthique au bord duquel nous nous trouvons. Comment réagir 
à cette situation de schizophrénie légale et philosophique ? Pour essayer d’y 
répondre il convient d’abord d’analyser de plus près notre rapport aux animaux 
et ses sources philosophiques. Comment ce rapport a-t-il évolué pour qu’émerge 
l’idée de droits des animaux et de la libération animale ? 
Peut-on parler d'un droit de l'animal? A ce stade, 
est-il immoral d’être carnivore ? Comment enfin faire face à la vivisection ? 
Est-elle un scandale ou un mal dont nous ne saurions nous passer?
*  *
*
A. L’arche de Noé, l’instrument vivant et l’automate
Si notre traitement cruel et contradictoire des bêtes étonne, il n’en est pas moins vrai que beaucoup d’entre nous n’y réfléchissons pas souvent, car notre rapport aux autres espèces a peu évolué au cours de l’histoire et la majorité des gens le considère comme allant de soi.
1) Les textes les plus anciens de notre civilisation occidentale à la fois reflètent et sanctionnent notre domination des animaux et nous autorisent de les traiter comme des instruments. Ainsi dans la Genèse, premier livre de la Bible, nous lisons:
     
---------------Dieu dit : faisons un adam (littéralement : 
un terreux, c’est à dire un être fabriqué de terre, de matière) à notre image 
comme notre ressemblance, pour commander au poisson de la mer, à l’oiseau du 
ciel, aux bêtes et à toute la terre, à toutes les petites bêtes ras du sol (…) A 
vous d’être féconds et multiples, de remplir la terre, de conquérir la terre, de 
commander au poisson de la mer, à l’oiseau du ciel, à toutes les petites bêtes 
ras du sol. 
Plus loin (livre 2):
YHWH Dieu fabrique avec de la terre toutes les bêtes sauvages, tous les oiseaux du ciel. Il les fait défiler devant l’adam pour entendre le nom qu’il leur donne. Chaque être vivant reçoit son nom de l’adam. L’adam trouve des noms à tous les animaux, aux oiseux du ciel, à toutes les bêtes sauvages.
Plus loin, à Noé et à ses fils, qui viennent de sortir vivants de l’arche dans le nouveau monde que Dieu a lavé des péchés humains avec le déluge, et qui est le monde où nous vivons, Dieu dit :
A vous d’être féconds et multiples, de remplir la terre. Vous êtes la peur, vous êtes l’épouvante, de touts les animaux de la terre, de tout ce qui vole dans le ciel, et de tout être animé sur le sol, de tous les poissons de la mer. Tout est entre vos mains. La moindre petite bête vivante, comme le vert végétal, vous appartient pour vous nourrir. Je vous donne tout.
    Dans le Nouveau Testament, Jésus 
multiplie le pain, mais aussi deux poissons afin de nourrir une foule de cinq 
mille. Ainsi l’Evangile de Marc, chapitre 6, nous raconte que Jésus 
    prît les cinq pains et les deux poissons et, regardant 
vers le ciel, il bénit, rompit les pains, et il les donnait aux disciples pour 
qu’il les proposent aux gens. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. 
Tous mangèrent et furent rassasiés, et on enleva douze corbeilles remplies de 
restes de pain et de poissons. 
Nous voyons donc que la Bible à la fois reflète et instaure la domination de l’animal par l’homme : elle la reflète puisque ces textes décrivent une situation qui est déjà là, tentant de l’expliquer. C’est l’aspect mythique des textes sacrés, écrits bien après que l’animal fut domestiqué par l’homme et qui nous apprennent que vers 3000 avant Jésus l’homme cultivait la terre, abattait des bêtes, pêchait et chassait. Elle l’instaure dans le monde occidental en créant la tradition du poisson du vendredi, de l’agneau de Pâques (qui commémore le sacrifice du Christ), et en autorisant, contrairement à ce qui se passe chez les Hindous par exemple, de tuer des bêtes pour les manger, et même d’en faire ce que nous voulons puisque Dieu dit Je vous donne tout. Nous pouvons comparer cette attitude à celle des Eskimos par exemple : eux aussi tuent des phoques pour les manger, mais ils le font rituellement, non seulement en demandant pardon à l’animal ainsi sacrifié (ce qui n’est pas la même chose que de l’abattre ; abattre une créature sous-entend qu’on en fait ce qu’on veut, ce qui n’est pas le cas du sacrifice), mais en demandant son consentement à être ainsi sacrifié. C’est ici l’animal qui se donne à l’homme en nourriture comme un dieu donnerait la vie à l’humain. L’animal est donc en partie divin, et son sacrifice lui permet de s’approcher du monde des esprits, assure sa transition d’un monde à l’autre.
2) Mais l’attitude occidentale envers les animaux n’a pas son unique source dans la Bible. Aristote également distingue l’homme libre – le citoyen grec – de ce qui n’est pas lui et qui lui doit obéissance. Le livre I de La Politique expose la théorie d’Aristote sur la position sociale des femmes et des esclaves. Aristote distingue « l’être qui, par son intelligence, a la faculté de prévoir, est par nature un chef et un maître » tandis que « celui qui, au moyen de son corps, est seulement capable d’exécuter les ordres de l’autre, est par sa nature même un subordonné et un esclave. » Plus loin Aristote distingue entre les instruments animés et les instruments inanimés qui sont la propriété du chef de famille. Les instruments inanimés sont les outils de toute sorte, les instruments animés sont les esclaves, les bêtes et jusqu’à un certain degré les employés car, sans être propriété, « dans les divers métiers, celui qui aide rentre dans ce genre d’instrument ». (texte)
La conception d’Aristote a sa racine dans une conception de l’homme comme d’une âme unie à un corps ; l’âme étant supérieure, le corps lui doit obéissance. Puisque pour les anciens la Nature, le Cosmos reflète et est reflété par l’âme-corps qu’est l’homme (il est le microcosme, l’Univers le macrocosme) il est justifié de penser l’un dans les mêmes termes que l’autre. Ainsi Aristote écrit : « Pour nous en tenir à l’être vivant, rappelons d’abord qu’il est composé d’une âme et d’un corps, et que de ces deux facteurs le premier est par nature [c’est moi qui souligne] celui qui commande, et l’autre celui qui est commandé (…) Ainsi donc c’est en premier lieu dans l’être vivant, disons-nous, qu’il est possible d’observer l’autorité du maître et celle du chef politique : l’âme, en effet, gouverne le corps avec une autorité de maître, et l’intellect règle le désir avec une autorité de chef politique et de roi. Ces exemples montrent avec évidence le caractère naturel et l’utilité de la subordination du corps à l’âme…Envisage-t-on à leur tour les rapports entre les hommes et les autres animaux on aboutit à la même constatation : les animaux domestiques sont d’un naturel meilleur que les animaux sauvages, et il est toujours plus expédient pour eux d’être gouvernés par l’homme, car leur conservation se trouve ainsi assurée. [c’est moi qui souligne] »
Ainsi, ce que Aristote nous dit c’est que, premièrement, celui qui possède les plus grandes capacités intellectuelles doit gouverner celui qui n’est que corps et sensations. Aristote dit ailleurs dans le livre I que les animaux possède la voix, qui leur sert à indiquer la joie et la peine « car leur nature va jusqu’à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres ». Aristote conçoit donc les bêtes comme des êtres sentant, mais il leur manque l’intellect, alors que tout comme le corps vigoureux des esclaves, le corps des animaux leur rend aptes au travail au service de l’être-âme qui les commande. Deuxièmement, nous l’avons vu, cet état de fait est naturel, inscrit dans la structure même du cosmos : l’animal obéit à l’homme tout comme la partie animale de l’homme (ses instincts) doivent obéissance à sa partie rationnelle, l’intellect et l’âme. Puisque les animaux sont dépourvus de raison, c’est à la raison de l’homme qu’ils obéiront, qui supplante ou supplée à la raison qui leur manque. C’est pour cette raison que l’animal domestique est comme une partie du corps de son maître, et donc il doit obéissance à l’âme du maître. L’instrument en effet est une extension du corps de son propriétaire qui lui permet d’exécuter des tâches que le propriétaire ne saurait pas faire sans lui : le paysan ne peut pas retourner la terre très aisément sans bœufs, tirer un chariot sans chevaux, garder les moutons sans un chien berger. Il n’en reste pas moins que le travail est le sien, que les animaux ne joue dans cette activité, tout comme dans la Nature elle-même, aucun rôle autonome. Troisièmement, cet état de servitude et d’instrument fait du bien à l’animal. Il est dans son intérêt d’être soumis à l’homme. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que cela assure sa conservation. Effectivement le mouton est protégé du loup par son propriétaire, le chien nourri etc. Mais cette idée va plus loin : l’animal domestique n’est pas un animal sauvage qui vit avec l’homme. Le cheval n’est pas un zèbre domestiqué, ni le chien un loup à la maison. Les animaux sauvages dont nos animaux domestiques sont les descendants n’existent plus, et nos animaux domestiques auraient tout le mal du monde à survivre dans une nature sauvage à laquelle ils ne sont plus adaptés. Ils ne peuvent donc plus survivre sans l’homme. Toutefois l’idée d’Aristote est encore plus profonde : le bien pour tout être consiste à trouver sa place dans le tout et la remplir. Puisque l’animal n’est qu’un corps appétant (le vocabulaire est spinoziste mais convient ici : l’animal est un corps à sensations, il a des instincts et des sensations, mais rien de plus) il est en quête d’une âme à suivre tout comme l’homme cherche à fortifier son âme et lui soumettre ses désirs et instincts. Un animal sans homme-maître serait comme un homme gouverné par ses instincts, son corps. Il serait dans la confusion, le désordre et cela l’empêche d’atteindre le bien (santé, vertu, bonheur). On peut dire que l’homme doit prêter son âme à l’animal et l’animal doit prêter son corps à l’homme. Le lien de réciprocité est plus profond, et dans la conception ancienne de l’Univers qui est celle d’Aristote, plus naturelle qu’il ne semblerait d’abord.
     
---------------La soumission de l’animal à l’homme est 
donc à la fois divine et naturelle, à la fois classique et judéo-chrétiene. 
L’idée que les bêtes sont des choses qui nous appartiennent est très 
profondément ancrée dans la civilisation et la mentalité occidentale. 
Descartes 
est allé encore plus loin qu’Aristote puisqu’il maintient que les animaux n’ont 
pas de sensations, mais que toute manifestation de sensation chez les bêtes 
n’est qu’apparence. L’idée est étrange car elle est tout le contraire de ce 
qu’on pense spontanément et mérite qu’on s’y arrête. 
3) Descartes est célèbre pour avoir affirmé que les animaux ne sont que des machines, incapables de souffrance, de plaisir ou d’aucune pensée que ce soit. Cette conception va à l’encontre du sens commun, de tout ce que nous pouvons observer chez les bêtes, et choquait autant les contemporains de Descartes, entre autre la reine Christine, qu’elle nous étonne au 21e siècle. Comment Descartes en est-il arrivé à cette surprenante conclusion ? Pour le comprendre il nous faut regarder le cartésianisme d’un peu plus près. Qu’est ce que le monde selon Descartes ?
Descartes soutient qu’il y deux substances : la substance étendue, qui est la matière, et la substance pensante, qui est l’âme. (texte) La matière est régie par les lois naturelles qui lui sont inhérentes et valables dans tous les univers possibles. L’âme est régie par la volonté, elle est donc libre alors que la matière est soumise à la nécessité naturelle. Le corps –humain ou autre- est entièrement composé de matière et son mouvement est assuré par les esprits-animaux. Cette notion d’esprit-animal est assez obscure et la lecture de Descartes ne l’élucide pas beaucoup. On peut dire (en s’inspirant de Deleuze) que Descartes crée un concept afin d’expliquer les fonctions motrices : circulation du sang, battement du cœur, réflexes de toute sorte. Les esprits-animaux ne sont pas de la substance étendue (de l’âme) et existent dans tout corps organique (mais pas inorganique). Ils sont à ces corps ce que les lois naturelles sont à la matière inerte, c’est à dire que, de même que les lois naturelles ordonnent la matière chaotique au départ en étoiles et planètes, et assurent l’attraction des corps, les mouvements des astres et tout cela, de même les esprits-animaux ordonnent ou orchestrent les mouvements de chaque organe afin que celui-ci fonctionne comme il doit. Les esprits-animaux sont donc en quelque sorte des lois ou principes dont tout ce que nous pouvons dire est qu’ils régissent l’activité d’un organisme (digestion, sommeil, locomotion etc.).
L’âme au contraire est le siège de tout ce qui est pensée. Dans les Méditations Métaphysiques Descartes décrit l’âme comme une substance dont toute la nature n’est que de penser. Par « pensée » Descartes entend tout ce qui est pensée consciente, par opposition aux réflexes par exemple qui, eux, appartiennent au domaine du corps, donc de la substance étendue. On y trouve donc pensées abstraites, volitions mais aussi la souffrance et la douleur. Pourquoi ? Parce que la souffrance et la douleur sont quelque chose dont nous avons conscience. Ainsi elles appartiennent nécessairement à l’âme, et ne sont en rapport avec le corps que par son union avec l’âme. En conséquence le plaisir et la douleur siégeant au même endroit (dans la même substance) que la raison, les pensées mathématiques, philosophiques, les souvenirs et ainsi de suite, il en découle que qui est dépourvu des uns est par nature dépourvu des autres.
C’est à dire que si vous êtes un être capable de raisonnement, vous êtes également capable de sensations, alors que si vous n’êtes pas capable de raisonner vous n’êtes pas non plus capable de souffrir ou de jouir, car les sensations et les pensées abstraites sont des pensées, c’est à dire des attributs d’une même substance. Les unes ne se trouvent pas sans les autres.
    Ceci amène Descartes à conclure qu’il n’y 
a aucune différence entre un animal et un automate : 
puisque les bêtes ne savent pas parler, c’est à dire « qu’ils 
ne soient capables d’arranger ensemble diverses paroles, et d’en composer un 
discours par lequel ils fassent entendre leurs pensées » et cela bien que les bêtes aient les 
organes correspondant (la preuve est que « les pies et les perroquets peuvent 
proférer des paroles ainsi que nous, et toutefois ne peuvent parler ainsi que 
nous, c’est-à-dire en témoignant qu’ils pensent ce qu’ils disent ») (texte) 
(document) il s’ensuit 
que ce que nous les observons faire – crier, trembler, bondir – ne sont que des 
automatismes. Car ce n’est pas la présence de l’organe –langue, cordes vocales 
par exemple – qui indiquerait que cette créature soit douée de langage, mais une 
toute autre substance, l’âme qui, elle, emprunte ces organes afin de transmettre 
des pensées qui 
existeraient très bien sans eux. Les animaux sont donc 
exactement comme ces automates créés par l’homme, mais leur machine ayant été 
créée par Dieu est plus complexe que les machines qu’ont construites les hommes. 
Et si jamais, écrit Descartes (Discours de la Méthode, 5e 
partie) on tombait sur une machine en tout 
semblable à un être humain on ne serait pas trompé car une machine ne peut pas 
parler, elle ne peut pas émettre un discours cohérent – « jamais elle ne 
pourrait user de paroles » - et même si des machines pouvaient 
faire certaines choses mieux que nous (on imagine des robots humanoïdes très 
perfectionnés) « elles manqueraient infailliblement en quelques autres, par 
lesquelles on découvrirait qu’elles n’agiraient pas par connaissance, mais par 
la disposition de leurs organes ». Et pourquoi ? Parce que la pensée (et tout ce 
qui va avec, langage, sensation etc.) appartient à l’âme et à elle seule. Aucune 
pensée ne pourrait jamais découler de la matière de manière à ce que la 
disposition de certains organes (on pense ici au cerveau) engendre de la
substance étendue. 
Cela dans le système cartésien est une impossibilité car l’âme et la matière 
sont deux substances différentes et une substance ne peut découler d’une autre 
substance, car alors elle est attribut ou modification et non pas substance. Une 
machine douée de pensée est donc dans cette philosophie une aberration. Et une 
créature qui serait capable de pensée rudimentaire (calcul du renard, activité 
ludique du chien), de sensation comme la peur, la joie, la douleur mais non pas 
de pensée abstraite ou de raisonnement l’est également, car raison et sensation 
sont deux attributs de la même substance. Celle-ci ne peut résulter d’un 
agencement d’organes, encore moins d’un agencement de ressorts et de circuits 
même très sophistiqués, mais est donnée par Dieu telle quelle en sus du reste. 
Ainsi Descartes conclut que lorsque nous voyons un animal souffrir cela ne peut être autre chose qu’une illusion –sinon il y aurait aussi des chiens mathématiciens et des bœufs artistes – et si nous sommes émus c’est par analogie (R) avec nous mêmes : nous ne comprenons pas que, douée d’âme, nous sommes d’une toute autre nature que les bêtes et qu’un cri de leur part n’a rien à voir avec un cri venant de nous, car possédant une âme, siège du plaisir et de la peine, nous sommes bien les seuls à pouvoir les ressentir.
B. L’Être sensible, ses droits et ses intérêts
L’étude de ces textes et auteurs clefs de la pensée occidentale dévoile un paradoxe, à savoir que nous sommes à la fois très proches et très loin d’Aristote, de la Bible et de Descartes. Par certains côtés nous nous comportons comme leurs contemporains : les animaux nous appartiennent comme toute chose dont nous serions propriétaire. Et néanmoins la souffrance animale nous indigne parce que notre éthique a évolué sous l’influence de l’utilitarisme. Peu connue en France, cette école exerce cependant son influence sur tout le monde occidental car elle est à la base de l’affranchissement des esclaves et du féminisme. Qu’est-ce que l’utilitarisme ?
    1) Sans rapport aucun avec « l’utile », 
cet enseignement du juriste anglais Bentham et de son disciple John Stuart Mill 
stipule que tout être capable de souffrance et de plaisir a des intérêts et que 
la morale consiste à défendre ces intérêts de manière à toujours maximiser les 
plaisirs et minimiser la souffrance et cela de tous les êtres susceptibles d’en 
bénéficier. Autrement dit, une action est bonne quand elle tend à la plus grande 
somme de bonheur pour le plus grand nombre possible de personnes concernées par 
cette action, mauvaise dans le cas contraire. L’utilitarisme n’a donc rien à 
voir avec l’hédonisme, auquel il est souvent 
injustement assimilé, puisque l’utilitarisme peut conduire au sacrifice 
individuel au nom du bonheur du plus grand nombre. Et dans ce plus grand nombre 
il faut inclure tous les êtres sensibles, et non seulement les humains 
mâles, blancs, anglicans, hétérosexuels
et propriétaires de 
leur logement. Ainsi Bentham écrit-il au moment de la libération des esclaves 
africains des États-Unis : « Peut-être un jour viendra où le reste du règne 
animal retrouvera ces droits qui n’auraient jamais pu lui être enlevés autrement 
que par la tyrannie. Les Français ont déjà réalisé que la peau foncée n’est pas 
une raison pour abandonner sans recours un être humain aux caprices d’un 
persécuteur. Peut-être finira-t-on un jour de s’apercevoir que le nombre de 
jambes, la pilosité de la peau ou l’extrémité de l’os sacrum sont des raisons 
tout aussi insuffisantes d’abandonner une créature sensible au même sort. Quoi 
d’autre devrait tracer la ligne de démarcation ? Serait-ce la faculté de 
raisonner, ou peut-être la faculté du langage ? Mais un cheval parvenu à 
maturité ou un chien est, par-delà toute comparaison, un animal plus sociable et 
plus raisonnable qu’un nouveau-né âgé d’un jour, d’une semaine ou même d’un 
mois. Mais supposons qu’il en soit autrement, à quoi cela nous servirait-il ? La 
question n’est pas : peuvent-ils raisonner ? Ni : peuvent-ils parler ?
Mais bien : peuvent-ils souffrir ? » 
    2) Cette position a été reprise et 
développée par le philosophe australien
Peter Singer à la défense des animaux. 
En effet, un intérêt est un intérêt quelque soit l’être dont il est l’intérêt, 
car pour avoir des intérêts la condition nécessaire est la capacité d’avoir des 
sensations d’agrément ou de  
désagrément. Singer explique : « La capacité de 
souffrir et d’éprouver du plaisir est un prérequis pour avoir des intérêts,
une condition à remplir avant de pouvoir parler sensiblement d’intérêts. Il 
serait insensé de dire qu’il n’était pas dans les intérêts de la pierre, par 
exemple, de recevoir des coups de pied tout au long du chemin de l’écolier. Une 
pierre n’a pas d’intérêt parce que elle ne peut pas souffrir…Une souris en 
revanche a intérêt à ne pas recevoir des coups de pied tout le long du chemin 
parce qu’elle en souffrirait…C’est ainsi que la limite de la sensibilité (un 
terme sténographique commode bien qu’imparfait pour désigner la capacité de 
souffrir et/ou de ressentir du plaisir) constitue la seule limite valable au 
respect qu’il nous faut accorder aux intérêts des autres. (texte) Il serait arbitraire 
de fixer cette limite au moyen d’une autre caractéristique telle que la 
rationalité ou l’intelligence ». Et non seulement un l’animal est-il capable de 
souffrance, mais il y a également une joie de l’animal. Cela peut nous sembler 
étrange de penser qu’un animal puisse désirer l’épanouissement de son 
individualité, et néanmoins en y regardant de plus près nous constatons bien que 
la vie animale ne consiste pas  
---------------exclusivement à éviter la souffrance. Un animal 
est capable d’expériences positives, il joue, il se baigne, il veut courir 
par-ci, par-là, faire son nid, avoir ses petits. Tout comme l’homme l’animal 
veut persévérer dans son être, se reproduire, éviter les dangers, trouver où se 
reposer. Autrement dit, il y a continuité entre l’expérience animale et 
l’expérience humaine, les deux cherchent –consciemment ou non – à maximiser les 
plaisirs et à minimiser les douleurs. Ainsi les différences spécifiques 
invoquées par Descartes, Aristote et toute une tradition de pensée pour 
valoriser l’humain au détriment de l’animal (raison, langage, etc.) ne sont pas 
pertinentes. (texte) 
(texte)
    En effet cette position est un abîme 
d’incohérence puisque d’un côté nous considérons comme moralement scandaleux de 
maltraiter un être humain auquel manquent justement ces facultés : le 
nourrisson, le vieillard sénile, la personne mentalement handicapée, le malade 
d’Alzheimer, de Parkinson ou de tout autre maladie intellectuellement 
incapacitante et nous nous assurons que lois et institutions les protègent. De 
l’autre côté nous nous excluons les animaux de cette même protection sous 
prétexte que ces facultés leur manquent. Or si nous protégeons les humains 
démunis, n’est-ce pas précisément pour leur épargner la souffrance ? Singer 
appelle cette attitude le spécisme. Le spécisme est consiste à défendre 
les intérêts d’un individu sensible (sentient en anglais, signifiant 
capable d’éprouver plaisir et souffrance) en vertu de son appartenance à une 
espèce, en l’occurrence l’espèce humaine et d’ignorer voire de bafouer les 
intérêts d’un autre individu sous prétexte qu’il n’appartient pas à telle 
espèce, souvent l’espèce humaine. Cela revient à défendre les intérêts d’un être 
humain réduit à l’état de légume et capable ni de souffrance ni de joie parce 
qu’il est humain, et de négliger la sensibilité d’un primate qui peut 
apprendre, qui est sociable et émotif, parce que ce n’est qu’un animal. 
Ce n’est pas que nous ne savons pas que l’animal souffre. Nous savons très bien 
que l’animal n’est pas un caillou ou une pomme de terre, qu’il peut être 
malheureux comme il peut être 
heureux, dans la douleur comme dans la tranquillité, qu’il peut avoir faim ou 
soif ou peur tout comme nous. Or cette 
souffrance en quelque sorte ne compte 
pas parce que seul compte la sensibilité de notre propre espèce. Singer fait 
une critique virulente contre cette attitude dans La Libération Animale, 
publié en 1975. Ainsi il écrit : « Le ‘spécisme’ –le mot n’est pas très joli, 
mais il ne m’en vient pas de meilleur à l’esprit – est un préjugé ou une 
attitude 
de parti pris en faveur des intérêts des membres de sa propre espèce et 
de parti pris défavorable envers ceux des membres des autres espèces. Il devrait 
sauter aux yeux que les principales objections formulées par Thomas Jefferson et Sojourner Truth à l’encontre du racisme et du sexisme s’appliquent également au spécisme… Les racistes violent le principe d’égalité en donnant, lorsque surgit 
un conflit entre leurs intérêts et ceux des représentants d’une autre race, plus 
de poids aux intérêts des représentants de leur propre race. Les sexistes 
violent le principe d’égalité en privilégiant les intérêts des gens du même sexe 
qu’eux. De même, les spécistes permettent aux intérêts de leur propre espèce de 
prendre le pas sur les plus grands intérêts des membres des autres espèces. 
Dans les trois cas, il s’agit du même type de comportement. » 
    Toutefois il ne faut pas conclure du fait 
que tous les êtres sont égaux en droit et ont le même droit de voir leurs 
intérêts protégés qu’ils ont pour autant les mêmes intérêts. S’il y a continuité 
entre l’expérience animale et l’expérience humaine, cela ne veut pas dire pour 
autant que les humains et les animaux veulent et craignent les mêmes choses, que 
les plaisirs et les douleurs des uns sont identiques aux plaisirs et aux 
douleurs des autres. Ainsi que l’analyse Mill dans son Essai sur 
l’Utilitarisme les êtres humains, et cela plus ils sont évolués, ont des 
intérêts, des joies et des besoins autres que ceux des animaux, et les animaux 
n’ont pas tous les mêmes intérêts. Cela a tout son sens d’accorder le droit de 
vote de femmes et aux noirs, mais il serait absurde de l’accorder aux chevaux ou 
aux poissons rouges, et aux même aux primates. Alors que pour un veau ou un 
cochon
un 
bon logement peut être un parc où l’animal peut se coucher, se tenir debout, 
bouger un peu, où le sol est recouvert de paille et où on trouve un sceau d’eau, 
de telles conditions seraient minables pour un être humain. Chaque espèce 
différente a donc des intérêts différents et néanmoins toutes les 
espèces ont un droit égal de voir leurs intérêts respectés. Pour le 
narrateur d’A la Recherche du Temps Perdu la joie suprême consiste à 
contempler une œuvre de Botticelli ou à écouter une sonate de Vinteuil, pour un 
chat la joie consiste à attraper une souris ou à passer des heures à regarder 
par la fenêtre. Pour un bovin un pré clôturé où il peut brouter est un lieu 
approprié alors que pour un guépard ce serait une prison intolérable. Respecter 
les droits des animaux ne revient donc pas à les traiter comme des humains, mais 
à respecter les intérêts qui leur sont propres pour autant qu’il n’y ait pas un 
conflit inacceptable avec les nôtres. Le fait que la souris se plaît dans notre 
placard et y mange tout ce qui s’y trouve ne veut pas dire que nous avons 
l’obligation morale de laisser la souris vivre et se reproduire là où nous 
conservons nos denrées alimentaires. Nous avons droit à une maison sans 
rongeurs. Mais cela veut dire que nous n’avons pas le droit de nous servir des 
animaux comme bon nous semble, de les traiter à notre guise, de leur infliger 
des souffrances inutiles ou des les exploiter selon nos besoins les plus 
capricieux. 
    Ces caprices incluent dresser les bêtes 
pour le cirque (le cirque n’est pas lieu naturel pour l’animal, surtout pas 
l’animal sauvage), les jardins zoologiques où les animaux vivent emprisonnés 
dans un lieu aux dimensions ridicules et au climat souvent différent de celui 
auquel ils sont adaptés (comment un ours de l’Himalaya supporte-t-il d’être 
enfermé au zoo de Calcutta ?), la chasse aux renard et toute forme de jeux 
cruels impliquant des animaux. Singer cependant s’en prend en particulier à deux 
formes d’exploitation animale, en premier lieu parce que elles ont lieu en 
Occident, berceau des droits de l’homme, de la femme et des esclaves, et siège 
par excellence de la 
démocratie, 
et à cause du nombre considérable de bêtes impliquées : la consommation de 
viande et les expériences sur les animaux. En ce qui concerne la consommation de 
viande et autres produits animaux (le cuir notamment), Singer fait une critique 
virulente contre, d’une part les conditions d’élevage des animaux que nous 
mangeons, et d'autre part notre arrogance à leur égard. Les conditions dans 
lesquelles vivent les animaux qui deviendront nos repas sont comparables à des 
camps de concentration : entassement, conditions d’hygiène déplorables, mauvais 
traitement et un violent abattage. Les animaux souffrent de stress, de ne 
pouvoir bouger, de ne pas pourvoir sortir, de luminosité incessante ou d’absence 
totale de lumière, de maladies et de blessures qui résultent de ces conditions. 
Mais aussi, Singer se demande comment se fait-il que lorsque nous mangeons de la 
viande nous ne songeons jamais à l’animal qu’était cette viande avant d’aboutir 
dans notre assiette. La viande est un morceau de protéine, et non pas une partie 
d’un être vivant mis à mort afin que nous puissions le consommer. (texte)
    3) Singer remet aussi en question les 
expériences sur animaux : (texte) de quel droit soumettons-nous des milliers de bêtes 
tous les ans à des expériences des plus douloureuses afin d’acquérir des 
connaissances, des médicaments et des produits de toute sorte (shampooing, 
produit ménagers etc.) ? Lorsque Singer publie La 
Libération Animale de 
nombreuses expériences étaient pratiquées par seule curiosité sans justification 
médicale. En outre on se souciait peu d’anesthésier ou de tranquilliser les 
bêtes soumises à ces expériences. C’était le début du débat de la vivisection 
qui depuis oppose les chercheurs aux avocats des bêtes. Depuis la parution de ce 
livre la vivisection a
été 
soumise dans certains pays de l’Occident (mais non pas tous et non pas dans le 
reste du monde) à une stricte réglementation. Premièrement, en Europe du nord et 
en partie en France, les expériences gratuites ont été interdites : avant de 
soumettre une bête à une expérience douloureuse l’équipe de chercheurs doit 
obtenir une autorisation, et celle-ci n’est accordée que si l’expérience est 
fondée, c'est-à-dire que les chercheurs doivent montrer que l’expérience est 
utile et qu’il n’y a pas d’alternative (test in vitro, test sur ordinateur). 
Deuxièmement le nombre d’animaux utilisés a été réduit au minimum nécessaire à 
l’expérience. Troisièmement les chercheurs doivent s’efforcer de réduire autant 
que faire se peut la souffrance des animaux impliqués. Analgésiques, 
tranquillisants, anesthésiants sont aujourd’hui de rigueur et lorsque on ne peut 
réduire la douleur infligée à l’animal l’on doit montrer que la souffrance 
humaine à laquelle l’on cherche à remédier est suffisamment importante pour 
justifier la souffrance de l’animal. 
Le mouvement de la libération animale est aussi à l’origine de réformes concernant les conditions d’élevage et d’abattage, notamment en Scandinavie et en Angleterre, mais aussi en France. En Suède les conditions d’élevage des bêtes destinées à la consommation sont strictement réglementées, à la fois en ce qui concerne l’espace dont disposent les animaux que leur nourriture, les soins vétérinaires et les conditions de transport et d’abattage. Par exemple la loi en Suède stipule entre autre que « les cochons doivent être bien traités et protégés contre toute souffrance et maladie inutiles. Ils doivent être élevés et soignés dans un bon milieu animal et de telle manière que cela favorise leur santé et leur permet de se comporter conformément à leur nature ». Leurs parcs « doivent être pourvu de paille ou autre matériau semblable. Les litières doivent être sèches et les couches recouvertes de matériel approprié et de bonne qualité hygiénique…Les cochons doivent être libres de se mouvoir…et lorsque ils sont dehors leurs mouvements ne doivent pas être entravés par l’attache de poids ou autres objets au corps de l’animal. (…) Les cochons à l’air libre doivent avoir accès à un bain de boue».
Ainsi notre attitude et approche aux animaux ont considérablement évolué en ce dernier quart de siècle et ce progrès n’a pas cessé. On pourrait parler de deux Occidents, un Occident traditionnel toujours sous l’influence de Descartes et des textes chrétiens ; un autre occident inspiré par le mouvement de la libération animale. Ainsi une partie croissante de la clientèle des supermarchés préfèrent payer un peu plus cher de la volaille et des œufs provenant d’animaux élevés en plein air ou un lait provenant de vaches nourries à l’herbe et ayant accès à une prairie. Le nombre de végétariens en France est passé de moins de 1% il y a vingt ans à plus de 7 % aujourd’hui et bien des personnes en Europe et aux États-Unis refusent d’acheter de l’ivoire ou du cuir par respect pour les animaux. Les transports d’animaux entassés des heures durant dans un camion, la nourriture à la farine animale, les hormones, les conditions d’abattage épouvantables notamment en France et Belgique soulèvent de plus en plus de protestations. Manger du foie gras d’oies gavées de force ou la viande de veaux arrachés à leur mère à la naissance commence à poser un problème, et la loi en France vient récemment de constituer les animaux de compagnie en personnes juridiques. Les animaux acquièrent donc quelques droits et petit à petit leurs conditions s’améliorent. Néanmoins, à y regarder de plus près, il y a du point de vue de la libération animale, bien du chemin à faire : ni la consommation de viande, ni les expériences animales n’ont été interdites. En particulier comment se fait-il que la vivisection soit toujours autorisée alors qu’elle est parfois identique à la torture et qu’elle représente toujours une exploitation de l’animal, souvent son sacrifice ?
C. Le progrès en médecine et les droits des animaux
Alors que l’abattage des bébés phoques, la mutilation des éléphants pour leur ivoire, la corrida et les conditions d’élevage intensif provoquent l’indignation sinon à l’unanimité, du moins d’une majorité d’Occidentaux, la vivisection les déchire en deux camps. D’un côté les chercheurs, mais aussi leurs sympathisants, au nombre desquels on peut inclure non seulement les malades en attente de nouveaux traitements qu’ils espèrent vont les guérir, mais aussi les malades en puissance, c'est-à-dire une bonne partie de la population. Quelle meilleure assurance maladie en effet que le développement de médicaments qui sauront me traiter si jamais je tombais malade d’une maladie aujourd’hui non ou difficilement guérissable ?
1) La défense des animaux est souvent pataude et son ignorance en matière de science est remarquable ce qui résulte en une véritable désinformation de sa part. Entre autre, elle proclame, premièrement, que la recherche sur les animaux ne sert à rien pour les êtres humains parce les animaux sont différents des êtres humains et que les hommes et les animaux ne souffrent pas des mêmes maladies. Deuxièmement, elle affirme que les tests sur animaux ne sont pas fiables parce que les médicaments ont un effet différent chez les humains et chez les animaux et que les résultats admis comme sans danger chez les animaux se révèlent avoir des effets secondaires néfastes chez l’homme. Troisièmement, elle soutient que l’usage des bêtes dans la recherche biomédicale n’est pas nécessaire parce qu’une information équivalente peut être obtenue par des méthodes alternatives.
    En réponse il faut souligner que, tout 
d’abord, tous les mammifères descendent d’ancêtres communs, et une conséquence 
en est que les êtres humains sont biologiquement très semblables aux autres 
mammifères. Tous les mammifères, humains inclus, ont les mêmes organes – cœur, 
poumons, reins, foie etc – qui exercent la même  
fonction et sont contrôlés par 
les mêmes mécanismes au moyen de la circulation sanguine et le système nerveux. 
Bien sûr il y a quelques différences mineures, mais celles-ci sont amplement 
compensées par les remarquables similitudes. Ces différences peuvent apporter 
des indications précieuses au sujet de maladies et leur possible 
traitement. Par exemple si nous savons pourquoi une souris souffrant de 
dystrophie musculaire subit moins de dégénérescence musculaire qu’un être 
humain, ceci peut aider à la découverte d’un traitement de cette maladie 
débilitante et fatale. 
Des vitamines et des hormones identifiés au moyen d’expériences sur les animaux se sont révélées avoir des fonctions semblables chez l’humain. Les hormones animales suivantes ont toutes été utilisées avec succès chez des patients humains :
·
L’insuline du pancréas bovin ou porcin·
Thyrotropine de la glande pinéale bovine·
Calcitonine de la glande parathyroïde de saumon·
L’hormone adréno-corticotrophique de la glande pinéale d’animaux fermiers·
L’oxytocine et la vasopressine de glande pinéale postérieure porcineDe telles similarités signifient que les études animales ont conduit à des médicaments qui ont transformé le traitement de nombreuses maladies durant le siècle dernier. Ces similarités expliquent aussi pourquoi bien des médicaments d’usage vétérinaire sont les mêmes que ceux utilisés pour traiter des patients humains : des exemples sont les antibiotiques, les analgésiques et les tranquillisants. Plus d’un tiers des médicaments vétérinaires à usage animal sont pareils ou très semblables à des médicaments utilisés pour des patients humains.
La majorité des maladies humaines existe chez au moins une autre espèce. Des maladies telles que le cancer, les maladies cardiaques, l’asthme, la rage et la malaria affectent bien des espèces et peuvent être traitées de la même manière. Le vétérinaire anglais Charles Cornelius a compilé une liste que quelques 350 maladies animales ayant un homologue humain et souligne l’importance de l’étude des maladies animales pour ce qu’elles peuvent nous apprendre sur les maladies humaines, et déplore que cette étude soit si rare. Ce sujet est traité dans un article d’accès facile aux anglophones, celui intitulé Animal Disease (les maladies animales) dans l’Encyclopaedia Britannica. Il contient une liste abrégée de cent maladies communes aux êtres humains et aux animaux et précise que « il est probable que pour toute maladie humaine connue, une maladie semblable, voire identique existe chez au moins une autre espèce ».
Deuxièmement, la recherche sur animaux est importante pour comprendre les maladies et développer des médicaments dans le but de les prévenir, traiter ou guérir. Il est également vital de tester des médicaments potentiels sur les animaux. Cependant l’affirmation que les expériences sur animaux seraient responsables des effets secondaires est illogique et révèle que la procédure de mise à l’épreuve d’un médicament n’est pas comprise.
Un nouveau médicament passe tout d’abord une série de tests en éprouvette et si ceux-ci sont passés avec succès alors seulement le médicament sera testé sur animaux. Ces tests sur animaux informent quant au comportement du médicament dans un corps vivant, et souvent c’est à ce stade que sont révélés des effets secondaires imprévus. Par exemple il est important de déterminer le mode d’administration du médicament : un médicament administré par voie orale peut être altéré par la digestion, devenir moins efficace ou plus toxique. Ce genre de problème ne se révèlera pas dans un éprouvette, mais sera révélé par des tests sur animaux. Les tests sur animaux sont conçus pour monter des effets secondaires majeurs tel des dégâts du foie, une élévation de la tension artérielle, dégâts du système nerveux ou du fœtus. Les résultats des expériences sur animaux donnent une très bonne indication des effets auxquels il faut s’attendre chez le sujet humain. Il est évidemment capital, et d’ailleurs la loi l’exige, de se renseigner quant aux problèmes potentiels d’un nouveau médicament avant de l’essayer sur des patients en clinique et autres volontaires humains.
Les tests humains en clinique impliquent l’administration d’un nouveau médicament sur trois à cinq milles patients et autres volontaires. Si un effet secondaire (qui va affecter disons 1 personne sur 10000) se révèle seulement après ces tests, alors il est difficile de voir comment on aurait pu s’en rendre compte avant. C’était le cas avec Eraldin qui, dans les essais cliniques sur plus de 2000 patients, ne produisit que de la constipation chez 44 patients et rien de plus grave. Ce ne fût que lorsque ce médicament avait été prescrit une centaine de milliers de fois que son effet secondaire a été découvert. Cela n’a pas de sens de blâmer les essais sur animaux pour de rares effets secondaires lorsqu’un médicament a été testé sur tissus et cellules, sur animaux, sur des personnes et après que ce médicament a été pris par des milliers de patients.
L’on cite souvent, chiffres en main, des cas de décès ou d’hospitalisation à cause d’effets secondaires de médicaments. Ces chiffres sont souvent bien exagérés et induisent en erreur. La majorité des morts dus aux médicaments ne sont pas dus au médicament lui-même en son dosage prescrit, mais à un surdosage accidentel ou délibéré.
Le nombre de médicaments retirés du marché est également constamment exagéré par les activistes des droits des animaux, qui parlent en toute facilité d’« une liste interminable ». En fait, des 2000 types de médicaments sur le marché, et cela depuis 1961, moins de 40 ont été retirés en Angleterre, France, États-Unis et Allemagne pour cause d’effets secondaires graves. Ceci indique un taux de succès de 98% au moins des procédures d’essais des médicaments. En fait seul 10 de ces médicaments ont été retirés du marché dans ces quatre pays.
Il convient aussi de souligner les dangers de médicaments qui n’ont pas été suffisamment testés sur des animaux. L’exemple classique est le Thalidomide, médicament prescrit vers la fin des années cinquante aux les femmes enceintes pour traiter la nausée matinale. Contrairement à aujourd’hui, les médicaments à l’époque n’étaient pas toujours testés de manière aussi rigoureuse avant de sortir sur le marché. Vers 1961 on avait constaté que de nombreux bébés malformés naissaient par suite à la prise de ce médicament, qui fut retiré du marché et une série de tests furent effectués sur animaux. Ces tests montrèrent très vite que ce médicament cause les mêmes malformations chez les fœtus de rats et de chiens, et si on avait procédé à ces tests avant de sortir le Thalidomide sur le marché on aurait pu éviter ces malformations à bien des enfants.
2) Finalement, il existe des étapes dans tout programme de recherche où il n’est pas suffisant de savoir comment réagissent des molécules, cellules ou tissus. Le corps vivant est bien davantage qu’un simple assemblages des ces parties, et il nous faut savoir comment elles réagissent ensemble et ce qui les régit. Il y a des limites éthiques quant aux expériences que l’on peut faire sur des personnes, et pour cette raison il ne nous reste que l’étude de la bête la plus appropriée pour connaître une maladie ou une fonction biologique.
Tout comme il est nécessaire d’utiliser des animaux dans l’étude de fonctions corporelles normales ou dans l’étude des mécanismes d’une maladie, il est également nécessaire de l’utiliser dans les stades ultérieurs de développement et d’essai de médicaments. Il est à la fois immoral et illégal d’exposer des patients à de nouveaux médicaments sans s’être assuré au préalable qu’ils vont probablement leur bénéficier et non pas leur nuire. Les nouveaux traitements doivent donc d’abord être testés sur des animaux dans le but de s’assurer qu’ils sont probablement sûrs et efficaces. Ils sont ensuite testés sur des volontaires humains. Cette procédure n’est pas parfaite, mais les tests sur animaux sont de loin le meilleur moyen de protéger les personnes. Les essais sur animaux empêchent que des substances manifestement toxiques ne soient administrées aux êtres humains et que les médecins qui traitent les volontaires humains soient au courant de graves effets secondaires possibles.
Par exemple il est difficile de même imaginer l’étendue d’essais en éprouvette ou la complexité des systèmes informatiques nécessaires pour reproduire les événements extraordinaires qui ont lieu durant le développement et la naissance d’un bébé. Avec les moyens techniques actuels, ou ceux d’un futur proche, cela n’est tout simplement pas possible. Au contraire les essais appropriés sur des animaux peuvent révéler les effets secondaires néfastes possibles d’un nouveau médicament sur le développement d’un fœtus et autres événements durant la grossesse. Ainsi un second désastre du genre Thalidomide est peu probable.
Au fur et à mesure que la science progresse, il sera peut-être possible de diminuer l’usage des animaux dans certains domaines. Dans d’autres domaines leur usage devra peut-être être augmenté. Par exemple de nouveaux et meilleurs modèles animaux pourront être développés. Il est possible à l’heure actuelle d’élever des animaux avec exactement les mêmes faiblesses génétiques que celles qui causent certaines maladies humaines. Ainsi des souris souffrant de mucoviscidose ont les mêmes symptômes que les enfants souffrant de cette maladie génétique. Ces souris sont un moyen idéal pour tester la thérapie génétique qui sera peut-être un traitement révolutionnaire de cette maladie.
Il n’est à l’heure actuelle pas possible de procéder par simulation informatique. Il faut savoir que le nombre de réactions chimiques ayant lieu dans une seule cellule est de l'ordre de grandeur de centaine de milliers par unité de temps, que le temps d'une réaction biochimique se mesure en pico ou nanosecondes et que l’être humain est constitué de 60 trilliards de cellules (c’est-à-dire 60000 milliards de cellules). Cela fait beaucoup de réactions biochimiques à simuler si nous voulons comprendre l'effet d'un médicament M sur un sujet durant les 24 premières heures après la prise. Nous n'avons pas encore la capacité informatique pour de telles simulations, donc nous devons nous servir de vivants et cela probablement jusqu’à la fin de ce siècle car la simulation du corps humain dans son ensemble – toutes les réaction de toutes les cellules en temps réel – est une entreprise gigantesque qui mettra beaucoup de temps à être développée et utile à la médecine.
    3) Néanmoins, lorsqu’elle est informée, loin d’être la 
sensiblerie naïve dont on l’accuse parfois, la position anti-spéciste est d’une 
grande cohérence et elle met le doigt moral sur le nœud du scandale que 
représente la vivisection non seulement pour ses opposants, mais aussi pour la 
majorité d’entre nous si nous y réfléchissons : comment peut-on jamais 
justifier qu’un individu soit sacrifié pour un autre individu sans son 
consentement ? Du moment où l’éthique stipule que tous les êtres sensibles 
sont égaux en droit et que toute créature sensible a le droit de voir ses 
intérêts respectés, comment peut-on faire souffrir des milliers de ces créatures 
pour le compte d’une autre ou de quelques autres créatures ? De quel droit 
défendons-nous nos intérêts, même péniblement urgents, aux dépens des intérêts 
d’autres créatures si celles-ci, en tant qu’êtres capables de souffrir, ont le 
même statut éthique que nous ? En d’autres termes, avons-nous moralement le 
droit de développer des traitements pour les maladies même les plus odieuses, 
qui tuent à un très jeune âge
et 
cela de manière lente et douloureuse, si cela implique une souffrance pour 
d’autres êtres ? N’est-ce pas là un exemple du droit du plus fort et de 
l’anthropocentrisme le plus éclatant ? Afin de justifier la vivisection il 
faudrait montrer que la souffrance d’un être humain est moralement plus grave 
que la souffrance d’un animal, et cela en soi et non seulement pour nous. C’est 
difficile, voire impossible, puisque il faudrait alors invoquer une qualité 
trouvée chez les humains et non chez les animaux et qui mettrait un humain 
au-delà de l’animal sacrifié pour lui. Que serait cette qualité ? La raison ? La 
liberté et l’aptitude de s’arracher – parfois, un peu - à ses conditions 
biologiques (Sartre dirait, de sa situation) ? La capacité d’apprendre et 
de progresser ? Or, nous venons de le voir, aucune de ces qualités, pour 
louables qu’elle soit en elle-même, ne saurait établir que la 
souffrance et 
la mort d’un être possédant ces qualités seraient un maux plus grand que la 
souffrance et la mort d’une autre créature ne les possédant pas. En outre, 
si une supériorité éthique découle de la possession d’une aptitude, pourquoi 
cette aptitude ne serait-elle pas celle de nager, de respirer sous l’eau, de 
pouvoir communiquer par ultra son, de voir dans le noir ou de pouvoir suivre la 
trace de quelqu’un au moyen de l’odorat ? La raison, le langage articulé, les 
mathématiques ne sont-ils pas les qualités que nous valorisons parce que 
elles sont celles qui nous caractérisent. Or s’il faut fonder une supériorité 
éthique sur une qualité quelconque, la question se pose alors de quelle 
qualité choisir ? 
    Ainsi la vivisection 
ne peut être moralement justifiée et la recherche en médecine implique un parti 
pris, le nôtre, celui des animaux humains, aux dépens des autres animaux. Nous 
sommes à l’heure actuelle confronté à un choix épineux : où bien nous 
choisissons l’Ethique. Cela implique un parti pris global en faveur de tout être 
sensible et qui ne privilégie aucun d’entre eux, ni nous-mêmes, ni les êtres qui 
nous sont chers. C’est une position qui exige que nous abandonnions quasiment 
toute recherche médicale jusqu’au jour –lointain – que les sciences informatique 
et biochimique auront progressé à tel point que la recherche pourra procéder sans 
utilisation aucune d’involontaires. Cela implique à son tour que des médicaments 
qui auraient été développés à temps pour notre père diabétique, notre petit-fils 
leucémique ou nous-mêmes ne le seront pas et qu’il nous faut accepter le risque, 
voire la réalité, de voir souffrir et mourir les êtres qui nous sont le plus 
chers. Cette position exige donc un détachement de nous-mêmes, une mise 
entre parenthèse de nos propres douleurs et souffrances, une acceptation de 
perdre des êtres aimés, de mourir afin de ne pas
perturber 
la nature dans son ensemble, afin de défendre sans parti pris en faveur des uns 
ou des autres les intérêts de tous les êtres. Autrement dit, c’est l’amour 
chrétien au sens propre, le bouddhisme authentique, dont seuls ont fait preuve 
quelques êtres d’exception car elle exige une force et un renoncement qui 
dépassent les moyens et la volonté de la majorité d’entre nous. 
Où bien alors, lorsque nous sommes obligés de choisir entre nous-mêmes et les autres, les autres étant ici les membres d’autres espèces, nous choisissons nous-mêmes parce que nous n’avons pas la force de perdre enfant, conjoint ou nous-mêmes pour épargner chiens, souris ou même d’autres primates la souffrance que leur aurait coûtée un remède à nos maux. C’est dire que, pour la majorité d’entre nous, nous ne sommes ni désireux ni capables d’être anti-spécistes jusqu’au bout. Pour autant que nous abhorrions la souffrance infligée pour notre bien-être à des milliers de bêtes sans défense, au bout du compte lorsqu’il nous faut choisir entre eux et nous, c’est nous-mêmes que nous choisissons. Le reproche que l’on peut adresser aux anti-spécistes ne concerne donc pas leur position philosophique qui, tout le monde en convient, est d’une grande cohérence, mais leur pratique, le plus souvent en flagrante contradiction avec leur philosophie. Car il est bien clair que du moment où nous refusons toute expérience sur animaux, nous ne sommes plus en droit d’accepter aucun traitement, ni médicament issu de la recherche scientifique, mais devons nous restreindre aux plantes et autres formes de médecines douces. Or combien de personnes n’y a-t-il pas qui d’abord se proclament contre toute forme d’expérience animale pour ensuite se faire traiter aux antibiotiques, à l’insuline ou tout autre médicament sans songer le moins du monde à comment ces médicaments ont été obtenus ?
    Ainsi 
le problème de fond que pose l’Ethique est qu’il est extrêmement difficile 
d’être éthique jusqu’au bout et qu’un individu authentiquement moral est aussi 
rare qu’un individu de génie. L’histoire n’a pas connu plus de St François 
d’Assise que de Newton. Nous sommes capables d’une morale relative, qui 
consiste à ne pas infliger de souffrance inutile. D’où le scandale de l’élevage 
intensif ou de la corrida, car il ne nous est pas nécessaire de consommer de la 
viande tous les jours, une viande plus chère provenant d’animaux ayant joui 
d’espace et de soins adéquats durant leur vie, et donc moins accessible à nos 
porte-monnaie, nous nourrirait tout aussi bien, entre autre parce que cela nous 
obligerait de consommer un peu plus de protéines végétales, et il ne nous est 
pas nécessaire non plus pour notre distraction de voir périr une pauvre bête 
dans l’arène comme y périssait autrefois le gladiateur. Or lorsqu’il est 
question de choses plus fondamentales telles notre vie et notre santé, nous 
sommes bien forcés de choisir entre nous et eux, entre nos petits et les leurs, 
et dés lors pouvons- nous vraiment nous reprocher de nous choisir nous-mêmes ? 
Si je dois choisir entre ma mort et celle de l’autre, à moins d’être le Christ, 
peut-on me reprocher de préférer celle de l’autre ?
*  *
*
Les expériences animales nous mettent face à une limite éthique qu’il nous est à l’heure actuelle difficile de dépasser. Elles nous révèlent que même avec une très bonne volonté, une horreur de l’injustice et de la violence, il est difficile, voire impossible d’être éthique jusqu’au bout. Elles révèlent que nos bornes ne sont pas seulement intellectuelles mais aussi morales et que sauf exception nous sommes des créatures essayant comme toutes les autres de persévérer dans notre être et cela aux dépens d’autres vivants lorsque nous ne pouvons pas faire autrement.
Elles montrent également la frontière entre ce que nous ne pouvons pas faire et ce que nous ne faisons pas par mauvaise volonté : une viande à prix dérisoire, des manteaux de fourrure, des objets d’ornement en ivoire, des oiseaux en cage, des courses et combat canins, la chasse aux lièvre et au renard, autant de loisirs qui infligent une cruauté gratuite pour notre seule distraction et cela à une époque où cinéma, télévision et complexes sportifs offrent bien de quoi remplir notre temps libre. Du moment où nous infligeons tant de souffrance pour la recherche médicale, ne s’impose-t-il pas que nous limitions la souffrance que nous infligeons aux autres espèces au minimum nécessaire et que nous n’aggravions pas une situation moralement difficile avec en outre une cruauté superflue ? Et que nous continuions à faire notre possible pour développer des méthodes d'essais alternatives afin que cesse dés que possible cette situation intolérable?
*  *
*
    
    
    
    
      
    
    
    
  © 
Philosophie et spiritualité, 2005, Catarina Lamm. 
Accueil.
Télécharger,
Index thématique. 
Notion. 
Leçon suivante.
 ![]()
Le site Philosophie et spiritualité  autorise les emprunts de courtes citations des textes qu'il publie, mais vous devez mentionner vos sources en donnant le nom du site et le titre de la leçon ou de l'article. Rappel : la version HTML n'est qu'un brouillon. Demandez par mail la version définitive..
 ![]()