S’il est un lieu commun qui était répandu autrefois, c’est que nous serions débarrassés des croyances. L’athéisme indifférent de l’homme postmoderne regarde la croyance comme un phénomène étrange qu’il tolère comme une curiosité culturelle. On fait le parallèle avec les idéologies en pensant que se débarrassant des idéologies politiques, nous avons perdu toutes nos croyances. Les nostalgiques du positivisme, ceux qui professent une attitude scientiste, diront aussi qu’avec la science moderne, nous nous sommes dégagés de la religion. En y ajoutant un peu d’anti-cléricalisme primaire, cela donne des discours du genre : L’obscurantisme du Moyen-Age est loin de nous ! La science s’est érigée sur les ruines de la religion. Vive la science moderne, à bas la croyance et la superstition !
Or, c’est justement dans ce monde de la techno-science que nous trouvons les formes de croyance les plus inattendues. A côté de la rigueur de l’approche méthodique du statisticien, du programmateur, du chercheur, il y a le domaine très vaste des croyances : l’un consulte son horoscope, à la pause café, ...très rationnel dans son travail, se dit la science ne parvient pas à tout expliquer, et qu’il faut laisser une place à la croyance et au mythe.
L’homme peut-il seulement vivre sans croyance ? Peut-il y avoir une vérité sans croyance ? Dans ces conditions,quelle place peut-on raisonnablement reconnaître à la croyance dans le champ de la vérité ?
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La croyance est donnée dans un vécu particulier et correspond dans l’attitude naturelle à une intention tournée vers un objet. Toute croyance est croyance en quelque chose. L’objet de la croyance est donné dans une expérience dans laquelle l’esprit adhère plus ou moins à une représentation. Quand il n’y a aucune adhésion, nous parlons de doute, quand l’adhésion est médiocre, nous parlons de probabilité, quand elle est entière, nous parlons de certitude . Ce flottement de l’adhésion, qui donne son caractère au jugement, est relatif à la conscience qui juge et s’identifie à sa propre construction mentale, ce qui produit un degré d’adhésion au jugement Quels sont donc ...
... même puissance de juger et tous les hommes sont aussi portés à croire. Cependant, exercer son esprit critique est une chose qui s’apprend, qui s’exerce. La croyance elle est plus passive et plus irréfléchie. Nous sommes soumis à l’inertie du mental, inertie qui est proportionnelle à notre identification aux constructions mentales de notre propre pensée. Dans l’attitude naturelle, nous ne pouvons pas nous empêcher de croire dans nos pensées. L’inertie du mental fait que la paresse peut engourdir l’intelligence, de sorte qu’au lieu d’avoir en tête des idées justes, solidement fondées en raison, nous entretenons par habitude des idées confuses et qui n'ont pas vraiment de justification. L’habitude maintient le mental dans des ornières dont il ne sort pas facilement. Il faut une singulière vivacité d’esprit, un étonnement vivant, une continuelle curiosité intellectuelle pour que l’intelligence soit toujours éveillée. Sinon, elle risque de prendre ce qui est seulement familier pour ce qui est évident, de prendre ce qui est habituellement entendu pour ce qui est intellectuellement recevable. Bref, de croire dans des préjugés de manière stupide et irréfléchie. C’est la paresse intellectuelle qui favorise le conformisme des idées reçues, ce conformisme que nous n’osons pas mettre en cause parce que nous nous comportons soit en poltrons –par ce que nous n’osons pas penser par nous-mêmes -ou en perroquet de l’opinion – parce que nous prenons l’habitude de répéter ce qui se dit. Le conformisme, c’est une forme de croyance où l’intelligence s’est endormie dans l’habitude.
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© Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan.
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