Leçon 130.  Recherches sur les expériences de mort imminente (1)     

    La philosophie a par nature pour vocation par nature d’être le carrefour obligé de tous les savoirs. C’est en elle que convergent toutes les réponses, car c’est elle qui pose toutes les questions. Elle est le creuset dans lequel viennent se fondre toutes les interrogations. Cependant, ce serait trop demander à ceux qui l’enseignent d’être au courant de tout. De fait, on peut le regretter, l’enseignement officiel de la philosophie fait l’impasse sur la philosophie extra-européenne, ignore les nouvelles perspectives de la physique quantique comme celles de David Bohm, ou des travaux comme ceux de James Lovelock, de Rupert Sheldrake, ou de Dominique Laplane. Le dossier des NDE fait partie de ces questions passées sous silence. Comme pour  d’autres dossiers qui nous semblent importants, nous allons ici tenter de lui rendre justice.

    Nous avons vu que la question de la mort pouvait renvoyer à sept réponses différentes, suivant le point de vue que nous prenons sur elle. La quatrième d’entre elles portait sur la possibilité d’une expérience intime de la mort. Nous avons présenté très brièvement quelques unes des recherches portant sur les NDE. Mais le dossier des NDE s’épaissit et prend aujourd’hui une telle ampleur, qu’il n’est plus possible de feindre de l’ignorer. Sur le sujet, nous ne sommes plus au temps des explorateurs, nous sommes au temps de la recherche et de l’interprétation. On ne peut pas s’en tirer sur cette question par un évitement philosophique de principe, même s’il prétend s’appuyer sur des références d’autorité contemporaines.

    On ne peut pas indéfiniment ronronner avec des vieilles références quand une provocation nouvelle d’une telle envergure s’impose à nous. Le philosophe doit avoir son mot à dire sur un thème qui le concerne de si près. Il ne s’agit pas d’en faire un tabou officiel et il n’est pas très sérieux intellectuellement de faire  complètement l’impasse sur le sujet. Trop de questions importantes sont soulevées, les témoignages ont un poids, une cohérence. Ils forcent l’interprétation et on ne peut pas indéfiniment se défiler devant la nécessité d’une prise en compte de la question. C’est une dérobade sophistique que de tourner les talons en  prétendant à la va-vite que la mort « personne ne saurait jamais ce que c’est ». La moindre des choses, avant même de critiquer, serait d’abord de prendre connaissance du dossier.  De l’examiner honnêtement, avec attention et rigueur avant de se prononcer. De ne juger qu’après examen et non avant. C’est ce que nous allons essayer ici.

    En quelques mots la question est celle-ci : Quel enseignement pouvons nous tirer des expériences de mort imminente ?  

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A. Phénoménologie des NDE

    Décrire un vécu de conscience est l’approche la plus directe que puisse emprunter le philosophe, car c’est dans la donation consciente de l’expérience que s’offre le vécu. C’est dans l’expérience que l’essence se donne pour ce qu’elle est. Un concept, coupé de toute expérience, est comme une coquille vide, il n’a pas reçu de remplissement intuitif (R) et reste voué à l’indétermination d’une abstraction vide. Inversement, une intuition sans concept n’est guère communicable, dans la mesure où elle ne trouve pas de mots pour se dire. Il est donc de bonne méthode en philosophie de ne tenir de discours que là où il y a une expérience possible. L’expérience possible est comme la clé de voûte de la vérité. Elle supporte le discours. Ce qui est attendu, a) c’est bien sûr que l’on prenne appui sur une expérience authentique, non pas falsifiée ou faussée. b) Il est aussi souhaitable qu'elle soit d’un ordre aisément accessible tout être humain, afin que chacun puisse par lui-même relier ce qu’il éprouve à ce qui a été apporté à titre de description. c) Une expérience prend une valeur objective quand elle peut donner des résultats invariants chez tout observateur en possession de son bon sens. d) Il n’existe pas d’expérience « objective » en soi, toute expérience est subjective, mais un consensus d’expérience en commun détermine ce que nous appelons objectivité.(texte)

    1) Avec les NDE il est indiscutable que nous sommes en présence d’un vécu conscient, tout à fait concret pour celui qui l’éprouve. Nous disposons de descriptions de cette expérience sous la forme de témoignages. Quiconque a déjà étudié les récits des experiencer, comme on les appelle aujourd’hui, ne pourra que reconnaître que l’expérience a aussi un caractère intuitif, bien que les témoins peinent à trouver les mots juste pour essayer de décrire ce qui s’est passé. C’est plutôt un vécu direct, un voir immédiat qui a duré pendant le temps du coma. Ce n’est pas la démarche inverse consistant à partir de la spéculation avec des concepts pour raisonner sur un thème précis, celui de la mort, et conclure ensuite vers des faits. Indéniablement, le critère de l’expérience possible fonctionne. L’authenticité respire dans ces textes saisis sur le vif. Le sujet des NDE n’a que rarement de culture spécifique sur le sujet, il rapporte ce qui s’est passé. Ce n’est pas nécessairement un esprit religieux, bien au contraire. Le seul problème phénoménologique sérieux, dans l’analyse des NDE, c’est la difficulté qu’il y à partager ce type d’expérience, de la relier à soi, dans la mesure où l’expérience n’a pas été personnellement vécue et qu’elle est relativement rare.
    Notons à ce sujet que ce problème épistémologique du témoignage n’est pas spécifique aux NDE. Après tout, il se pose avec encore plus de difficultés dans la plupart des sciences humaines et en particulier en histoire. Le témoin historique rapporte une situation unique. Une expérience qui ne peut pas être répétée. Il dit ce qu’il a vu ce jour là, de l’endroit où il était placé. Il ne rapporte pas une expérience d’un type spécifique pouvant être connue par d’autres personnes. Pour faire un rapprochement pertinent, la même question se poserait dans l’ordre de l’expérience synchronistique. Nous disposons aujourd’hui d’une masse importante de rapports d’expériences que nous n’avons pas ailleurs, comme dans l’ordre des témoignages mystiques. Il fallait donc pour les étudier forger une méthodologie adaptée au phénomène. Ce que plusieurs chercheurs ont fait.
    L’histoire commence avec la parution d’un livre qui va connaître un tirage colossal, La Vie après la Vie de Raymond Moody. Nous sommes en 1970, philosophe et psychiatre, Moody a été interpellé par le témoignage de ses propres étudiants au sujet de récits rapportés par des proches ayant connu un coma. En tant que psychiatre, il a eu affaire assez souvent à des réanimations. De nature très affable, certains de ses patients n’hésitent pas à lui raconter ce qu’ils avaient vécu pendant un arrêt cardiaque prolongé. Moody commence à prendre des notes, accumule petit à petit une documentation et décide un jour, un peu par jeu, pour provoquer ses confrères, de publier la somme de ses réflexions sur ce qu’il nomme les NDE. Le livre devait être au départ un petit tirage confidentiel. Il va vite devenir un best seller, faire des vagues et lever tout d’un coup un tabou, car pour la première fois quelqu’un ose parler de ce que bien des gens avaient pu connaître, mais n’osaient pas dire, même à leur proches. Moody procède en paléontologue, il découpe les récits, les compare et essaye de reconstituer une sorte d’animal étrange, ce que nous appellerons l’archétype de l’entrée dans la mort.

    2) Moody dégage dans ces témoignages une série de constantes sous la forme de 14 caractères spécifiques. Par la suite, les chercheurs travaillant sur le sujet ont précisé différents stades, plus ou moins avancés de l’expérience. Certains sujets ne vont faire l’expérience que de a), b), ou c), d’autres rapporteront directement aussi d), e), f) etc.

    a) La NDE s’accompagne d’un sentiment d’amour inconditionnel. Le sujet qualifie directement d’indicible cette expérience, tant elle diffère de l’expérience habituelle, de l’attachement affectif à la vie ordinaire. Le témoignage de Philippe Labro : (N°1) «  Je n'éprouve qu'une consolante et surprenante sensation de paix et encore plus d'amour que je n'en ai ressenti récemment, à l'égard des miens ou des autres. Cet amour est indéfinissable. Je voudrais pouvoir le donner et l'offrir autour de moi comme du miel, mais je ne suis entouré que de lumière. Comme des voiles de lumière, des passages et des courants de blancheur, quelque chose de diaphane, quelque chose de cristallin. Il n'y a personne vers qui je puisse dispenser l'abondance d'amour qui me submerge ».
    b) Le sujet a la surprise de s’entendre déclaré mort et tout lui semble soudain étrange. Témoin ces propos, très fréquents chez les sujets ayant vécu une NDE : (N°2) « Je n'ai pas compris tout de suite qu'il s'agissait de mon corps. Je ne pensais pas que j'étais mort. J'ai entendu l'infirmière annoncer : " Je ne trouve plus son pouls. Elle ne respire plus, elle y est passée. " ... Je me sentais très détachée, très à l'aise. Je pensais en moi-même : qu'est-ce qui t'arrive ? Il y a quelque chose qui ne va pas, je le sais. Et alors, tout d'un coup j'ai pensé : Oh ! Je suis en train de mourir, c'est donc ça -- et honnêtement j'en étais heureuse... Et alors je l'ai entendue (l'infirmière) crier : " Mon Dieu ! Elle est morte…à travers cette obscurité j'entendis mon mari, comme s'il était très loin, s'écrier : " Cette fois, c'est fini ! " Et moi je pensais : " Oui, il a raison, c'est fini ! "
    c) Le sujet éprouve une sensation profonde de calme et de paix. Ce que dit assez bien ce témoignage : (N°3) « Je me sentais paisible. Je me sentais calme... Je me souviens uniquement de cette sensation de beau absolu. De paix... et de bonheur ! Oh ! D'un si grand bonheur... le soulagement... La peur n'existait plus. Je ne ressentais absolument rien si ce n'est paix, réconfort, bien-être, un grand calme. J'avais l'impression que tous mes ennuis avaient cessé, et je me disais : " Que c'est doux, que c'est paisible, je n'ai mal nulle part ».
    d) Le sujet entend un son qui lui vient de l’intérieur. (N°4) « La première chose dont je me souvienne c'est d'un formidable grondement. Il me semble avoir entendu comme une espèce de sirène. Une sirène et quelque chose qui ressemblait à un grand bruissement dans les arbres. Au souffle d'un grand vent dans les arbres... je commençais à entendre une espèce de musique : une musique très belle, très majestueuse ». L’expérience alterne souvent avec son contraire, celle d’un arrière fond d’un Silence jamais éprouvé auparavant.
    ---------------e) Le sujet se sent sortir de son corps et se voit de l’extérieur. Par exemple : (N°5) « ma mère et ma bonne criaient et pleuraient parce qu'elles pensaient que j'étais morte. Je me sentais vraiment navrée pour elles et pour mon corps ... Juste une profonde, profonde tristesse. Je peux encore ressentir cette tristesse.(...) puis je me souviens que j'étais collé au plafond et je regardais les gens en dessous de moi qui s'occupaient de mon corps. Après quoi je me retrouvai en train de flotter à peu près à un mètre cinquante au-dessus du sol, à environ cinq mètres de la voiture. À la suite d'un accident de la circulation (...) je m'élevais doucement en l'air, et pendant que je montais je vis d'autres infirmières pénétrer dans la chambre en courant. Alors j'ai voulu attraper les mains pour les empêcher de me triturer, mais en vain... (Au cours d'une intervention chirurgicale -- NDA) Je ne sais pas si les miennes leur passaient au travers ... Je ne sentais pas le contact de ces mains que j'essayais d'empoigner. J'avais l'impression d'avoir un autre corps (...). Il était très mince, très délicat. Très léger, très léger. Ce n'était pas un corps : rien qu'un très léger brouillard, une vapeur. Cela ressemblait à ces nuages que produit la fumée des cigarettes lorsqu'ils s'éclairent en passant auprès d'une lampe (...). Tandis que je sortais de mon corps (...) je les voyais très nettement (...). Je voyais également ma soeur qui est infirmière à l'hôpital X (où se trouvait hospitalisé le sujet). (...) Je la voyais entrer dans l'hôpital pour travailler (...). Quelqu'un lui annonça ce qui se passait et elle se précipita en haut à toute vitesse. Je l'ai vue faire. Je l'ai vue monter par l'ascenseur, dire aux gens qu'ils ne pourraient pas sortir à leur étage -- ce qu'elle m'a raconté ensuite et moi de même -- parce qu'elle utilisait le dispositif d'urgence de l'ascenseur, et elle est montée droit à l'étage ».
    f) Le sujet se sent aspiré à travers un tunnel. Philippe Labro (N°6) « Le tunnel n'a plus rien d'effrayant. Non seulement il n'est pas en pente, il ne descend pas, mais il semble monter doucement, dans une ascension bienveillante. En outre, il est clair, de plus en plus clair, il devient même tellement lumineux que je suis aveuglé par cette lumière et je ne vois plus que cela : de la lumière.(...) Ici, maintenant, il n'y a aucune souffrance. La lumière vient m'apporter une sensation de paix comme je n'en ai pas connu depuis mon entrée en réa, depuis que je me suis retrouvé subissant la machine et les prises de sang, les étouffements et le chaos ». La représentation du tunnel varie dans les métaphore : tourbillon, spirale, trou aspirant etc.
    g) Le sujet rencontrent des entités sous la forme de proches, de parents. Ce stade n’apparaît pas dans toutes les NDE, mais il est tout de même assez fréquent. (N°7) « Quand j'ai entendu le médecin parler de ma mort, j'ai cru que j'allais reprendre connaissance. C'est à ce moment que je me suis aperçue de la présence d'un tas de monde, presqu'une foule, planant à la hauteur du plafond de ma chambre. Tous des gens que j'avais connus autrefois et qui étaient passés dans l'autre monde (...). Ils avaient tous l'air content, c'était une circonstance heureuse, et je savais qu'ils étaient venus pour me protéger ou pour me guider (...). Ce fut une minute magnifique, toute de splendeur. Et en plus de ça, au cours de ce mois de mai, ma compagnie avait perdu quarante deux hommes (témoignage d'un GI gravement blessé lors d'une opération de guerre au Viêt-Nam). Les quarante deux gars étaient tous là. Ils n'avaient pas la forme sous laquelle nous percevons le corps humain, et je ne peux pas dire quelle allure ils avaient, parce que je ne le sais pas. Mais je sais qu'ils étaient là. Je sentais leur présence. Nous communiquions sans parler avec nos voix. »
    h) Le sujet perçoit une lumière très puissante. Par exemple : (N°8) « Au début, elle m'a paru un peu pâle, mais, tout à coup, il y a eu ce rayon intense. La luminosité était prodigieuse, rien à voir avec un éclair d'orage, une lumière insoutenable, voilà tout (...). C'était d'un blanc étincelant, tirant un peu sur le jaune -- mais surtout blanc. Cela éclairait tout alentour (...) la salle d'opération, le docteur et les infirmiers, tout. J'y voyais très distinctement, sans être aveuglé. (...) j'ai de nouveau vu cette lumière. Quasiment la même que j'avais aperçue au bout du tunnel. Elle était du même doré vif, jaune Tout ce qu'il y avait, c'était une lumière éclatante qui brillait de plus en plus, mais ça ne vous faisait pas mal aux yeux. ». « On ne peut comparer cette lumière à rien de ce qui existe sur terre. Ce que je peux dire de la lumière -- non, ce n'était pas une lumière mais l'absence d'obscurité, totale et absolue (...). Eh bien, quand vous pensez à la lumière, vous imaginez une grande lumière qui éclaire tout et qui fait des ombres, etc. Cette lumière était vraiment l'absence d'obscurité. Nous n'avons pas l'habitude de ce genre de concept (...). Mais cette lumière était tellement totale, tellement absolue que vous ne regardiez pas la lumière, vous étiez dans la lumière. Vous voyez ce que je veux dire ? »
    i) Le sujet voit un défilé très rapide de sa vie dans un luxe de détails. Ce n’est pas la représentation mythologique d’un Jugement terrible, mais plutôt un film qui restitue ce par quoi le sujet a pu toucher affectivement l’ensemble des personnes qu’il a croisées dans sa vie qui donne à voir sans juger. (N°9) « Je suis tombé à la renverse… et toute ma vie a défilé devant moi comme un ordinateur très rapide et je n'arrêtais pas de penser à toutes les différentes choses que j'avais faites ou, peut-être, que je n'avais pas faites. À l'instant de l'impact, toute ma vie a commencé à défiler devant moi ; cela remontait à l'époque où j'étais tout bébé, puis les images se sont mises à progresser dans le temps. Je me rappelais tout et tout était incroyablement vivant... Il n'y avait rien de pénible dans tout ça, j'y assistais sans regrets… la projection d'une série de diapositives, comme si quelqu'un se chargeait de faire défiler les photos à toute vitesse. J'ai eu peur parce que je voyais que le camion allait heurter le parapet du pont… Eh bien, pendant le court laps de temps pendant lequel le camion glissait, j'ai repensé à tout ce que j'avais fait… je devais avoir deux ans…, au moment d'aller à l'école. (...) chacune de mes années de classe, j'ai revu tous mes professeurs, et les petits faits marquant de chaque année. (...) et tout le reste jusqu'à l'heure présente (...). Cela n'a probablement duré qu'une fraction de seconde. Toutes les pensées de mon enfance et ma vie entière m'attendaient au bout du tunnel, comme jaillissant devant moi (...). Je ne sais pas comment vous l'expliquer, mais tout était là, tout se trouvait là en même temps ».
    j) Le sujet rencontre à un moment une limite et a le sentiment qu’il doit revenir dans son corps-physique. Un mur infranchissable, un moment de suspension comme s’il s’arrêtait sur un seuil de non-retour. (N°10). « Jean identifie son dernier voyage par la présence d'éléments différents : l'apparition d'une porte lumineuse qu'il lui était interdit de franchir, il a tendu la main pour tenter de l'ouvrir, mais impossible de l'atteindre ; la présence d'ancêtres : sa grand-mère morte quand il avait douze ans et son père décédé alors qu'il en avait dix sept, il a eu l'impression d'un jugement dans leur regard, sans pouvoir en dire plus car il n'y a pas eu de dialogue ».
    k) Le sujet fait l’expérience de réintégrer son corps, expérience assez désagréable, souvent vécue comme s’il enfilait une combinaison de plongée un peu trop petite. (N°11). « J’ai fait une plongée verticale comme tirée par un élastique. J'ai eu du mal à retrouver mon volume dans mon corps, mais j’y suis rentrée et me suis dépliée. Je ne sentais plus mes jambes et ma voix avait disparu ».
    m) Le sujet émerge de l’expérience et constate l’impossibilité où il est de pouvoir raconter et de se faire comprendre. (N°12). Témoin cette femme qui a pris contact avec l’association de recherche française sur les NDE « Cela m’aida beaucoup et je le suis enfin délivrée de ce secret ! …Cela, bien sûr, m’a aidée à supporter l’incompréhension de ma famille et le peu d’intérêt que cela lui inspirait ».
    n) Le sujet n’a plus peur de la mort. (N°13). « Ce qu'il y a d'intéressant là-dedans (...) c'est que ça devait se passer en dehors du temps et de l'espace. C'est obligé, parce que le contexte est tout simplement (pause) on ne peut pas le classer dans un genre de chose temporel (...). On ne peut l'associer à aucune notion de temps. Je n'ai plus peur de mourir (...) encore aujourd'hui même, la mort ne me fait plus peur et je me rends compte que ça (la NDE) y est pour beaucoup. Cette expérience a changé ma vie comme d'une simple pichenette. Je me faisais toujours du souci au sujet de la vie : comment la vivre, essayer de rendre la vie plus facile en travaillant plus dur pour gagner plus d'argent (...). J'ai arrêté de faire ça (...). J'ai vu la mort et cela ne me dérange pas. Je n'en ai pas peur. La mort n'est plus quelque chose qu'il faut subir (...). J'ai encore ma vie à vivre. J'en suis très heureux. Pendant mes 56 premières années, j'ai vécu dans la peur constante de la mort. Je voulais avant tout éviter la mort qui m'apparaissait comme une chose épouvantable. Après cette expérience j'ai compris qu'en vivant dans cette crainte de la mort, je m'empêchais de profiter de la vie ».
    o) Le récit du sujet est concordant par rapport aux événements qui se sont déroulés autour de lui pendant la NDE. (N°14). Voyez à ce sujet le récit du cas N°39 dans La Source noire, de Patrice Van Eersel. Un GI américain qui se trouvait au Viet-Nam reçut un éclat de mortier qui le laissa pour mort. Le sujet raconte l’arrivée de l’hélicoptère, le transport des corps dans des sacs, l’arrivée à la morgue, la visite de l’hôpital, la buanderie avec une machine à laver bruyante etc. C’est une expérience assez commune de voir un enfant qui a connu un coma prolongé raconter exactement ce qui s’est passé dans le détail pendant son opération et que les dires soient confirmés par les infirmières et les médecins présents.

B. Le défi d’une interprétation

    Il faut se souvenir, quand on aborde les NDE d’une remarque importante de David Hume : celle de l’exemple du roi africain qui envoie un émissaire en Europe. L’émissaire revient et raconte qu’il a vu de l’eau dure comme de la pierre (gelée), le roi se met en colère et fait couper la tête du « fabulateur ». Le roi n’a jamais vu de l’eau gelée, pour lui, l’eau ne peut exister que dans l’état liquide ou en vapeur. Le consensus d’expérience de sa culture qui lui sert de référent exclut par avance une expérience comme « de l’eau solide ». Il décrète donc comme impossible ce qui ne s’intègre pas dans le consensus d’expérience de sa culture et s’en éloigne. Il n’a pas de concept pour comprendre pareille chose.
    Avec les NDE nous avons exactement la même situation. Nous sommes devant une expérience différente de la nôtre et qui n’a pas l’appui du consensus d’expérience qui nous est commun. En fait notre consensus de savoir nous vient surtout de la science classique et c’est aussi d’elle que nous tirons notre définition de la rationalité. Au lieu de nous tenir à une neutralité de jugement, ce qui voudrait dire éviter l’apologie naïve et la condamnation sommaire, nous convoquons très vite l’émotionnel pour nous emporter dans des jugements expéditifs. Il serait plus pertinent de suspendre nos évaluations et d’admettre qu’il pourrait fort bien exister des expériences différentes de la nôtre qui soient pourtant authentiques. C’est une possibilité que nous ne pouvons pas exclure. A moins de raisonner comme le roi africain. Il est aussi possible que nous ayons affaire à des hallucinations ou à des récits qui sont de pures constructions imaginaires. C’est bien ce qu’il faut examiner posément. Patrice Van Eersel  La Source noire.

    ---------------1) - Du côté de l’apologie naïve, bien sûr, on s’attend à voir danser les esprits religieux qui trouveraient dans les NDE de quoi amener de l’eau à leur moulin. Les critiques penseront que ces gens sont sûrement des bigots plus ou moins fanatiques qui plaident pour leur église en se vantant d’avoir vu l’au-delà. La NDE serait une auto-proclamation de la foi. Mais la réalité est très différente. L’Église a pris parti officiellement contre la valeur des NDE en y voyant plutôt des troubles psychiatriques. La grande majorité des personnes ayant traversé une NDE avouent qu’elles n’avaient pas de religion (N°15), étaient athées, ou agnostiques. Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour vivre une NDE. Nous avons aussi quelques rares témoignages de prêtres qui ont eu un accident (N°16) et ont vécu une NDE. Surprise là aussi. La NDE ne confirme pas exactement ce qu’ils ont cru jusque là et enseigné toute leur vie. Ils ne doutent pas un instant de l’authenticité de l’expérience et avouent que la mort n’est pas ce que l’on croit. Ce qui les amènent à changer leur point de vue et à abandonner le dogmatisme. Par exemple, sur la question de la férule sévère du Jugement après la mort : dans le panorama de la vie, on n’est pas jugé, on voit seulement la série des causes et des effets dans sa propre vie.
    Par contre, ce qui va de soi, l’interprétation que le sujet donne de sa propre expérience, est nécessairement filtrée par son propre système conceptuel et ses croyances. Le chrétien tiendra un langage de chrétien, le musulman le langage de l’islam, le bouddhiste le langage du bouddhisme etc. Cependant, en tout état de cause, il n’est pas possible de dresser un portrait type du « sujet NDE » qui peut être n’importe qui. (texte)

    - Du côté de la condamnation sommaire, on trouve les variantes de la position matérialiste. Il y a d’abord le réductionnisme biologique. L’argument est simple : au seuil de la mort, le cerveau sécrèterait une forme de drogue, une variété de la morphine, qui induirait des hallucinations du type de celle que l’on produit avec des opiacés. Bref, le mourant aurait droit à une overdose finale, mais ceux qui sont ranimé de force, par les moyens technique modernes, reviendraient de là où autrefois on ne revenait pas, parce qu’il n’y avait pas de technique de réanimation.
    Il est très amusant de constater que c’est un article avançant ce genre d’explication qui a décidé Patrice Van Eersel à enquêter sur le sujet dans La Source noire, pour qu’il se rende compte qu’en fait il s’agissait d’un coup monté, et que le soi-disant chercheur avançant cette hypothèse avait inventé toute l’affaire de toutes pièces, pour combattre « l’irrationnel galopant » de tous ces gens qui veulent étudier les NDE !
    Pourquoi donc monter une telle supercherie si on n’a affaire qu’à des hallucinations ? Le problème, c’est qu’une hallucination, c’est par définition très confus. Il suffit de se priver de sommeil pendant un temps prolongé, et nous voyons le mental onirique se projeter dans la veille et nous commençons à avoir des visions surimposées à la perception. Les sujets de NDE sont formels, la NDE n’y ressemble pas du tout (N°17). Au contraire, la conscience et plus intense et la perception est bien plus vive, et plus précise. Plus étonnant, l’homme qui porte des lunettes très fortes est tout surpris d’y voir à merveille pendant la NDE. Des enquêtes ont même montré que des aveugles qui avaient eu une NDE, (N°18) donnaient un récit de perceptions visuelles précises. Plus important, on ne voit vraiment pas comment un sujet en train d’halluciner en plein coma pourrait être capable de décrire au réveil par le menu son opération, récit qui, vérification faite, s’avère exact. L’explication par l’hallucination ne tient pas debout. Nous avons visiblement affaire à autre chose. Les travaux du cardiologue Michael Sabom ne laissent aucun doute. Ils rassemblent sur ce point l’ensemble le plus important de faits réfutant les hypothèses selon lesquelles la mort imminente relève d’anomalies du cerveau, d’hallucinations dues à la sous-oxygénation ou d'une quelconque bizarrerie psychologique. Il rejette nettement, preuves à l’appui, les hypothèses de  la sécrétion d'endorphine dans le cerveau, d’attaques cérébrales temporales ou toute autre cause physiologique. La seule explication plausible des NDE, c’est que ces   événements se résument à ce qu'ils sont : une libération brutale de la conscience hors du corps.

    Le réductionnisme psychologique, consiste à avancer l’hypothèse que le récit est une construction de fantasmes du sujet. On peut aussi aller chercher Freud et y voir une forme de régression infantile dans le sein de la mère, ce que Freud affirmait de tous les « sentiment océaniques » à connotation mystique. Ayant été confronté à sa propre disparition, le sujet se raconterait des histoires pour se rassurer. La NDE serait une forme de compensation psychique. A la limite, les sujets aux NDE seraient alors des mythomanes. Hypothèse légère et passablement simpliste. Comment se fait-il que les récits possèdent autant de cohérence entre eux ? La plupart des sujets n’avaient rien lu sur ce thème. Sans compter les expériences des enfants (cf. Voir les recherches de Melvin Morse), que l’on ne peut pas soupçonner d’avoir brodé autour de la lecture d’un livre. Les NDE n’ont pas été recherchées, elles surviennent dans des circonstances dramatiques et le sujet en s’attend pas du tout à ce qui se produit. Ce qu’il dit est de première main. Le nier, c’est ignorer le contenu exact de ce que les sujets rapportent et aussi l’incidence de l’expérience. Les NDE sont très déstabilisantes, elles ne sont pas un récit pour se réintégrer socialement après un accident . Au contraire. Le changement est profond. Certains sujets avouent n’avoir pas intégré l’expérience et aucun ne prétend en avoir une explication complète. Les NDE soulèvent beaucoup de questions, y compris pour ceux qui en ont fait l’expérience. Elles nous introduisent dans un domaine secret, celui de la mort. La réduction psychologique passe à côté du vrai problème.

    Du coup, il devient très intéressant de se demander sur quoi s’appuient ceux qui se font des adversaires des NDE, en prêtant attention au contexte du consensus d’expérience en commun que supposent leurs critiques. Il est dans la nature du mental de juger l’inconnu à la lumière du connu. Nous avons une image, un connu culturel de la mort. Il est clair que nous sommes en occident dans une culture qui dramatise la mort à l’excès. Elisabeth Kübler-Ross disait que l’Occident est champion toute catégorie dans un domaine : la peur de la mort. En parler, c’est provoquer des frissons, suggérer la frayeur de la mort et autour d’elle toute une série de clichés : effroi du corps décomposé, de la chair à vif, croyance dans l’anéantissement pour l’athée, menace du Jugement pour le religieux etc. Bref, beaucoup d’émotionnel. Nous partageons aussi implicitement deux opinions : a) la conscience et le corps sont identiques, b) la conscience n’est qu’une sorte de sécrétion du cerveau. C’est ce que tout élève de lycée répètera à partir de son étude scolaire de la biologie. Donc, l’opinion commune, c’est que la mort, c’est la fin de l’existence et d’autre part, plus de cerveau actif, plus de conscience. Néant.
    On comprend dès lors qu’en pareil contexte les récits de NDE peuvent choquer, et ne risquent pas d’être compris, ou d’être confiés à autrui. Celui qui oserait le faire serait traité de malade. Certains sujets de NDE disent carrément que, s’ils se sont tus pendant 15 ou 20 ans, c’est de peur de se faire enfermer ! « Mon mari m’aurait conduit à l’asile et m’aurait obligé à voir un psychiatre ! » Il faut donc porter le secret. La censure collective est insidieuse, mais très forte. L’effet des travaux de Moody, de Michael Sabom, de Kenneth Ring a été justement de retirer la chape de plomb qui pesait sur cette question. Enfin, il était possible de dire ce que l’on avait vécu à quelqu’un et de rencontrer des personnes qui avaient eu une expérience similaire ! Ouf ! Pouvoir se délivrer du secret.
   

    2) Plaçons-nous dans un autre contexte culturel, donc sur un arrière-fond de consensus d’expérience en commun différent. Dans la culture indienne par exemple. Là, la réaction devant les NDE sera très différente et ne provoquera pas cette surprise ahurie qui est celle de l’occidental. Ce qui surprend l’indien, c’est que l’occidental soit surpris ! Dans les traités classiques de l’Inde, il y a des précisions très nettes sur le sujet. Le corps qui reste sur la table d’opération est appelé corps-physique, sthula-sharira, le corps qui se dégage est appelé corps-subtil, sukshma-sharira. Le corps-physique comporte des organes des sens, mais n’est pas le siège des facultés sensorielles qui sont inséparable de cit, la conscience, le corps qui est manomaya, corps-mental. Même converti au matérialisme capitaliste, l’indien a entendu parler de tout cela. C’est une question de culture. Il ne sera guère choqué dans la lecture de ces récits. Il reconnaîtra la présence d’ânanda, la béatitude, des siddhis, les pouvoirs de la conscience dont il est si souvent question dans sa littérature. L’érudit, le pandit, se retrouvera dans un domaine familier et sera très à l’aise pour décortiquer les NDE.

    Il est important de comprendre l’enjeu de cette différence de contexte et d’en tirer des conclusions. Si les expériences de NDE ne sont ni des hallucinations, ni de simples fabulations, si elles sont authentiques, tout d’abord, elles ne doivent pas dater d’hier et des progrès des techniques de réanimation. L’amélioration des techniques n’a fait que multiplier un type d’expérience qui doit exister depuis toujours dans l’histoire humaine. Il devrait y avoir des traces de NDE dans nos traditions les plus anciennes.
 
    ---------------Et on en trouve ! Par profession Raymond Moody connaissait bien Platon chez qui on trouve dans La République, le mythe d’Er le Pamphylien où on peut lire ceci : « Er, fils d'Arménios, de la race des Pamphyliens; après que jadis il eut été tué au combat, parmi les morts qu'on enlevait au bout de dix jours déjà putréfiés, il fut tout d'abord enlevé en bon état, puis, transporté chez lui, alors qu'on s'apprêtait à lui rendre les honneurs funèbres, au douzième jour, étendu sur le feu, il revint à la vie, et, revenu à la vie, raconta ce qu'il aurait vu là-bas. Il dit alors qu'après être sortie de son corps, son âme avait marché parmi beaucoup d'autres et qu'elles étaient arrivées en un certain lieu quasi divin ».

    Plutarque, dans ses Moralia, rapporte ce qui a aussi été appelé un "mythe", celui de Thespesios de Soles : « Étant tombé d'un endroit assez élevé, la tête la première, il n'eut point de blessure grave, mais seulement une contusion qui le fit s'évanouir. On le crut mort, mais trois jours après, comme on se préparait à l'enterrer, il revint à la vie. Il reprit en peu de jours ses esprits et ses forces et il se fit dans sa vie le changement le plus merveilleux. Dans toute la Cilicie, on ne connut point, de son temps, d'homme plus juste dans les affaires, plus religieux envers les dieux, plus sûr pour ses amis et plus redoutable aux ennemis. (...) Il disait qu'au moment où il perdit connaissance il se trouva dans le même état qu'un pilote qu'on aurait précipité au fond de la mer ; qu'ensuite, s'étant peu à peu relevé, il lui sembla qu'il respirait parfaitement, et que, ne voyant plus que des yeux de l'âme, il portait ses regards vers tout ce qui l'environnait. Il ne vit plus aucun des objets qu'il avait coutume de voir, mais des astres d'une prodigieuse grandeur, séparés entre eux par des intervalles immenses. Ils jetaient une lumière éblouissante et d'une couleur admirable. Son âme portée sur cet océan lumineux, comme un vaisseau sur une mer calme, voguait légèrement et se portait partout avec rapidité (...). Il vit l'âme d'un de ses parents, qu'il eut de la peine à reconnaître, parce qu'il était mort dans son enfance. Mais elle s'approcha de lui et lui dit : " Bonjour Thespesios ". Surpris de s'entendre nommer ainsi, il lui fut répondu : " Vous n'êtes pas mort, seulement la partie intelligente de votre âme est venue ici par une volonté particulière des dieux ; ses autres facultés sont restées unies à votre corps comme une ancre qui le retient. La preuve que je vous en donne, c'est que les âmes des morts ne font point d'ombre et que leurs yeux sont sans mouvements. " À ces mots, Thespesios, rentrant en lui-même et s'examinant avec plus d'attention, voit autour de lui une sorte d'ombre assez obscure qui suivait tous ces mouvements, au lieu que ces âmes étaient transparentes et environnées de lumière ».

     Nous employons ici dans notre littérature le terme très vague de mythe au sujet de ces récits. Ce que nous savons maintenant au sujet des expériences de mort imminente nous invite à une toute autre lecture. Les similitudes frappantes nous autorisent à chercher une source de ces récits dans une NDE. S'il faut employer un vocabulaire apparenté au mythe, il vaudrait mieux parler d'archétype de l'entrée dans la mort. Signalons à ce propos que Carl Gustav Jung auteur de la théorie des archétypes a lui-même connu une NDE (texte) qui a changé l'orientation de ses propres recherches.

    3) Quelles sont les conclusions auxquelles sont parvenus les chercheurs qui, depuis plus de vingt ans travaillent sur le sujet ? L’analyse de Raymond Moody est claire et nuancée et elle résume assez bien la position qu’un scientifique peut avoir sur le sujet. Selon lui, il n’est pas possible dans un domaine qui a trait à la subjectivité pure, d’obtenir une preuve objective et cela n’a aucun sens, et cependant, nous avons bien affaire à un ordre de connaissance. « Pendant des années j'ai essayé de découvrir une explication physiologique à la NDE. Et je me retrouve aujourd'hui encore les mains vides. Toutes les prétendues théories explicatives me paraissent incomplètes ou inadéquates ». L’approche objective de la connaissance de la science classique est tout simplement inopérante en pareil domaine. Ce serait comme d’amener le rouleau de peinture, pour dessiner une calligraphie sophistiquée sur une balle de ping-pong. Faisant appel à William James, Moody soutient « qu'il s'agit d'une expérience noétique. Une expérience qui se justifie elle-même puisque c'est une forme de connaissance. Elle est personnelle au point de se trouver au-delà des mots. Et elle transforme profondément l'existence ». Les NDE provoquent un saut intuitif qui n’est plus du ressort de la rationalité objective, telle que nous la définissons dans la science moderne, mais relèvent du Cœur. « Après vingt-deux années de recherche sur la NDE, je pense qu'il n'existe pas de preuves scientifiquement assez forte pour affirmer définitivement la réalité d'une vie après la mort. Mais cette question concerne la science, les questions de la raison. Ce qui relève du cœur est différent. Ces questions sont alors sujettes à des jugements qui ne réclament pas une vision du monde strictement scientifique. Mais pour des chercheurs comme moi-même, elles demandent néanmoins une analyse poussée. C'est sur la base d'un tel examen que j'ai acquis la conviction que la NDE offre réellement un aperçu de l'au-delà, une brève incursion dans une réalité tout à fait autre ».

    Nous avons vu plus haut le problème de la définition de la mort clinique. On admet que le cerveau est l'organe le plus sensible au manque d'oxygénation. L'arrêt de la circulation du sang devrait, selon le modèle épiphénoméniste, provoquer un arrêt de toute forme de conscience. Ce qui n'a visiblement pas lieu. A la conscience rattachée au fonctionnement du corps-physique et qui s'exprime à travers les organes des sens, succède une autre forme de conscience, celle du corps-subtil, comportant des facultés sensorielles. La distinction n’est pas compliquée. Elle opère déjà dans la différence entre l’état de veille et l’état de rêve, mais avant tout en introduisant un jeu onirique avec les éléments du subconscient. Ce n’est que dans l’état de veille que notre conscience prend appui sur le corps-physique. Ce qui n’a pas lieu ni dans le sommeil profond, ni dans le rêve. Dans la NDE le sujet décolle du corps-physique et simultanément, il se produit une expansion de conscience au-delà de la vigilance habituelle. Nous le savons déjà avec l’état de rêve, le corps-subtil est un déploiement du mental. Il est fait de pensée. Mais la pensée, dans l’état de veille est orientée par l’attention à la vie, par le champ de préoccupation que trace le mental. Nous faisons une expérience limitée de l’énergie de la pensée dans la veille. La conscience, sous la coupe de la pensée ordinaire, n’est que rarement dans un état de réceptivité élevée, à l’écoute, lucide et sensible. La NDE produit un changement d’état que la plupart des sujets perçoivent comme une surconscience, comparée à la conscience habituelle. Ce déplacement concerne un changement de la nature du champ de conscience, d’une conscience localisée, vers une conscience dont le caractère principal est holographique. D’où les particularités d’une vision à 360°, d’une précision des détails. L’intention de voir suffit pour que la perception soit surmultipliée. D’où aussi la possibilité du panorama de la vie, qui est un accès holographique à la mémoire totale du sujet. Le sujet transcende les conditions de la vigilance habituelle et se trouve dans un état dans lequel l’espace-temps-causalité est différent, immédiatement plus intuitif et fondamental. Certains auteurs emploie la formule « cinquième dimension » pour désigner ce point de vue. Les textes de l’Inde parlent, dans le mouvement de réintégration vers le Soi d’un accès au corps-causal, karana-sharira. Là encore, le rapprochement est assez frappant. Tout se passe comme si dans la NDE la fréquence vibratoire de la conscience était plus élevée et que le sujet faisait un pas vers l’intérieur, vers Soi, à partir de l’abolition de l’identification au corps-physique. Entre le plan du corps-physique et le plan du corps-subtil, il y a une différence vibratoire. La matière du corps-physique est une forme d’énergie lente, coagulée, l’esprit est une forme d’énergie dans un état de vibration plus élevée. Le sujet, à l’état de veille, s’identifie au corps-physique, ce qui structure l’expérience qui est la sienne. Dans une NDE, il cesse de s’identifier au corps-physique, ce qui structure donc une expérience différente. Le déplacement de son attention de l’extérieur vers l’intérieur lui permet d’accéder à un niveau énergétique plus élevé et à des potentialités différentes du mental.


C. Recherches expérimentales et changement humain

    Les NDE, bien qu’elles nous fournissent un matériel d’informations considérable, ont le point faible de ne pas être reproductibles. Le cinéma a surfé sur la vague de la découverte des NDE. Il serait très dangereux de procéder comme dans le film L’expérience interdite où on voit des étudiants provoquer un arrêt cardiaque et ranimer des expérimentateurs. Mais une NDE peut-elle se produire en dehors des circonstances d’un accident grave ? Est-il possible expérimentalement d’induire une décorporation telle que celle qui est obtenue brutalement dans un accident et se traduisant ensuite par un récit de NDE ?

    1) Première piste. Raymond Moody est très affable, mais têtu. Il s'est demandé s’il n’y avait pas moyen de provoquer une NDE à volonté, une expérience directe, sans trucage, sans médium, channel etc. Il ne s’est pas endormi sur sa célébrité, mais s’est mis pendant des années à faire des recherches sur les méthodes d’initiation de l’Antiquité. Il tombe sur un thème qui le retient, celui du miroir des âmes. Il relit Homère, Hérodote, Platon, Strabon et Posanias, se rend en Grèce et finit par dénicher une découverte, datant d'un quart de siècle et passée inaperçue : le psychomantéum d'Épire. Je cite un article de Nouvelles Clés suivi d’un dialogue entre Marc Sautet, le fondateur des cafés philo et Raymond Moody :
    « C'est l'archéologue grec Sotiris Dakiris qui, interprétant l'Odyssée à sa façon, a découvert l'emplacement de ce psychomantéum, en 1958. Sous une chapelle orthodoxe, au sommet d'une colline au nord-ouest de la Grèce, il a dégagé les restes totalement enterrés d'un fantastique labyrinthe. Pour s'y rendre, les Grecs antiques devaient marcher trois jours, puis on les enfermait pendant un mois lunaire dans des corridors sombres où, sous la conduite de psychogogues (littéralement : “qui conduit la psyché” ), ils entraient peu à peu dans un état modifié de conscience. A la fin du séjour, les pèlerins se retrouvaient par petits groupes dans la salle de l'oracle, au centre du labyrinthe, placés autour d'un immense chaudron, rempli d'un liquide sombre à la surface miroitant -les Anciens ne connaissaient pas nos miroirs de verre ». L’idée folle de Moody, c’est de reconstituer le psychomantéum et de le tester ensuite sur une cinquantaine de volontaires ! Moody réaménage la procédure en la simplifiant et dispose l’ensemble. Et c’est le choc. Moody pensait qu’il y aurait peut être face au miroir une ou deux expériences significative… mais il obtient 35 résultats positifs sur 50. Au minimum des expériences synchronistique très nettes, au mieux la perception très claire de « fin de tunnel » des NDE, c'est-à-dire le contact avec des disparus. Moody en rit de bon cœur et ne prétend rien prouver, mais il a maintenant entre les mains un phénomène reproductible, ce qui change la donne à côté de l’aspect frustrant des NDE pour celui qui n'en n'a jamais vécus. Huit autres psychomantéums sont montés aux États-Unis, dont cinq délivrent des résultats encore meilleurs que ceux de Moody. Non seulement cela, mais il semble que l’expérience a un effet thérapeutique puissant sur les sujets qui contribue à ce que Elisabeth appelait l’unfinished business, de l’accompagnement des mourants. Dès les premières études sur les NDE, en tant que psychiatre, Moody avait été intéressé par le fait qu’il existe donc des expériences qui provoquent un élargissement de conscience et un recentrement de la personne. Le rêve de tout thérapeute qui cherche sincèrement à améliorer la vie de ses patients. Conscient de l’état actuel de la psyché de notre temps il dira vouloir « trouver des techniques de changement d'état de conscience ». La formule aurait pu le conduire directement vers les pratiques du raja-yoga de l’Inde ou le soufisme. Et le plus étonnant dans l’affaire, c’est son retour inattendu à la Grèce de l’orphisme et des philosophes.

    Un passage de la conversation entre Marc Sautet et Moody mérite la citation :
        - Marc Sautet : « Vous présentez l’enseignement de la Caverne comme une satire, une parodie de l'oracle des morts. Alors qu'on pourrait sans problème en faire une NDE ! Il n'y a qu'à la lire : je suis dans l'obscurité du soma-séma (corps-prison), et voilà que je m'en libère en m'élevant doucement à travers un tunnel, flottant vers une merveilleuse lumière. Et une fois que je suis là haut, c'est l'effusion et j'ai envie d'y rester, mais on me dit que ce n'est pas mon heure, qu'il me faut redescendre... Bref, tout y est, c'est la plus belle des NDE. Pourquoi n'avez-vous pas utilisé cela ? -    

    - Raymond Moody : J'y ai évidemment songé, vous pensez bien ! Et j’en parle dans certains de mes livres. Les Grecs avaient d'ailleurs un mot pour dire NDE : ils appelaient ça deuteropotmos ( “deux fois évanoui” ). Mais vous savez comme Platon était moqueur. A propos de la Caverne, la démonstration de ce que j'avance - est que ce texte se moque du psychomantéum … en réalité, il est clair que la Caverne offre plusieurs niveaux de lecture et je ne suis pas sûr que le niveau décisif, du point de vue de Platon, ait été celui que nous avons appris à l'école ». Voilà que les NDE nous convient à une relecture du texte le plus célèbre de l’histoire de la philosophie ! Ce que l’on a toujours occulté chez Platon, tous les textes portants sur la mort a peu être bien plus d’importance que nous pouvons le croire.

    2) Seconde piste. Au tout début du collectif La mort transfigurée, il y a un récit de NDE sans accident. Dans le livre de Patrice Van Eersel, La Source noire, on est à peine remis de la découverte de ce vaste chantier de l’exploration de la mort des NDE, qu’il est tout de suite question de la possibilité de produire des OBE, out of body expérience. Moody, devant le succès inattendu de son livre s’était inquiété des conséquences. Des lecteurs, ne lisant pas attentivement le texte, ne risquaient-ils pas en tirer la conclusion que l’on pourrait se suicider sans problème ? Une secte millénariste ne risquait-elle pas de s’emparer de ces découvertes ? Les sujets de NDE sont unanimes : ils reviennent avec un appétit de vivre plus grand qu’auparavant et n’ont pas du tout envie d’en finir avec cette existence. Si les lecteurs ne comprenaient pas ? Sur le fond, une question légitime subsiste : peut-on produire une expérience similaire, sans passer par une mort cérébrale provoquée ?
   Et la réponse est positive. Le chamanisme et le soufisme l’ont pratiqué. La tradition du yoga en fait mention. Il existe des OBE spontanées et des sujets qui toute leur vie en ont connu, notamment au moment de l’endormissement. Il semblerait même que l’expérience ne soit pas rare. En France, nous avons le cas de Jeanne Guesné qui le raconte dans ses livres (Cas N°19). Voir le travail de William Buhlman. Le pionnier en la matière doit être Robert Monroe qui a répertorié dans son expérience des centaines d’OBE naturelles (Cas N°20). Monroe a monté un institut et travaillé sur le sujet pendant des années. Il est même parvenu à élaborer un protocole assez complexe, utilisant un bain d’eau salée à la température du corps, un caisson d’isolation sensorielle et une musique de relaxation. Le but est par des essais répétés, de parvenir à obtenir une décorporation sous contrôle. Les risques en théorie paraissent élevés, mais il semble bien que cela marche. Elisabeth Kübler-Ross, très célèbre pour son travail dans l’accompagnement des mourants, y fera un stage. Elle le raconte dans La Mort est un nouveau soleil :
    « Après être passé par une transition visuellement très belle et fonction de l'individu, disons un tunnel, nous approchons d'une source lumineuse que beaucoup de nos malades ont décrite et qu'il me fut donné d'approcher moi-même. J'ai pu vivre l'expérience la plus merveilleuse qui soit. Elle est inoubliable. On l'appelle conscience cosmique. En présence de cette lumière que la plupart des initiés de notre culture occidentale appellent Christ, Dieu, Amour ou simplement Lumière, nous sommes enveloppés d'un amour total et inconditionnel empreint de compréhension et de compassion.

    Cette lumière prend son origine dans la source de l'énergie spirituelle pure et n'a rien à voir avec l'énergie physique ou psychique. L'énergie spirituelle ne peut être ni créée ni manipulée par l'homme. Elle existe dans une sphère où la négativité est impossible. Cela veut dire aussi qu'en présence de cette lumière nous ne pouvons avoir de sentiments négatifs, quelque mauvaise qu'ait pu être notre vie et quelques profonds puissent être nos sentiments de culpabilité… En présence de l'énergie spirituelle, nous n'avons pas besoin d'une forme physique. Nous quittons le corps éthérique et reprenons la forme que nous avions avant d'être nés sur terre et que nous aurons dans l'éternité, entre nos vies, et que nous aurons lorsque nous nous unirons avec la source, … Il me fut accordé la grâce de voir de mes propres yeux, en plein jour, des centaines de ces structures énergétiques. Cela ressemblait à un grand nombre de flocons de neige en mouvement, avec des pulsations, chacun ayant une lumière, des couleurs, des formes différentes
».

    Inutile d’entrer dans le détail, le thème des OBE est riche et demanderait une étude poussée, qui sort des limites de cette leçon. Il est clair que les expériences d’OBE sont cohérentes avec les NDE et se situent sur le même plan. Le sujet ayant eu des expériences spontanées et fréquentes d’OBE se sent immédiatement en terrain familier au sujet des NDE.
    Soit dit en passant :
    a) Des enquêtes et des études sur les OBE sont en cours. Il existe là aussi des compilations importantes de témoignages. On voit mal une université française lancer un programme de recherche dans un domaine pareil, mais dans d’autres pays, le défi est relevé et ce sont les résultats qui sont jugés sur pièces .
    b) Des techniques pour produire une OBE existent. Elles requièrent un certain entraînement, mais produisent des effets. Ce qui est dommage, c’est que ces approches ne reçoivent pas un soutien et un encadrement scientifique officiel.


    Si pareilles possibilités sont à portée de main, elles devraient au moins nous mettre en garde contre tout dogmatisme dans nos jugements sur les NDE. Nous ne connaissons pas les possibilités de la conscience. Il est vraisemblable que nous n’utilisons qu’une fraction de notre potentiel mental. Nous ne pouvons pas prétendre à la légère qu’il s’agit là seulement de « rapports anecdotiques et subjectifs ». D’abord, le savoir dont nous disposons dans les sciences humaines, exclut-il réellement les « rapports anecdotiques et subjectifs » ? N’est-il as nourri du témoignage, nécessairement subjectif, que l’homme peut donner de ce qu’il est ?
    Il est temps aussi de sortir des débats simplistes en raison/tort, j’y crois/j’y crois pas. Il vaut mieux ne pas croire et être sceptique conséquent. Il faut porter toutes les questions sur le terrain des faits et de l’expérience. La croyance n’a aucun intérêt sur le plan scientifique et ne donne pas d’appui en philosophie. De plus, la seule manière de valider concrètement une connaissance est de la mettre en pratique. Plutôt que de discuter à perte de vue des affirmations, de manière théorique, autant tester directement pour vérifier si elles sont justes. Le minimum de l’honnêteté intellectuelle est d’abord de se documenter avant de juger. S’agissant de la problématique de la mort, nous avons dégagé plus haut sept hypothèses. Sans apporter de preuves objectives contraignantes, les NDE permettent cependant de rayer la première, de remettre en question la troisième et d’appuyer nettement la septième. Elles confirment très clairement la distinction entre la mort phénoménologique et la mort biologique. Ce qui est déjà une contribution importante au dossier de la mort.


    3) Reste une question anthropologique entièrement ouverte : quelles sont les incidences humaines des expériences de NDE ? Y a-t-il un effet moral, psychologique, social, que l’on puisse évaluer ? Les NDE ont-elles un impact sur le sens de la vie humaine ?
    Ce qui a au début surpris les chercheurs, c’est qu’il était très difficile de trouver des NDE négatives. Il en existe quelques unes, souvent associées à une expérience suicidaire. La plupart des NDE ont des effets profonds et globalement positifs. Nous l’avons vu, le sujet abandonne d’abord un poids considérable, celui de la peur de la mort. Il a une certitude intuitive, mais incommunicable, que ce qu’il a connu était bel et bien l’entrée dans la mort. La mort est pour lui un passage et non un arrêt. L’expérience n’est pas légère, horizontale et vite effacée, elle est profonde, verticale et inoubliable. Elle conduit à une réorganisation complète des valeurs. En résumé, son raisonnement est le suivant : quand on voit ce que représente notre vie habituelle avec ses luttes constantes, la petitesse de ses objectifs et que l’on est confronté à cela, la perspective est radicalement modifiée. La vie prend un tournant spirituel et la vision matérialiste tombe d’elle-même, car elle n’a plus de sens. L'anthropologue Evelyne-Sarah Mercier dans La Mort transfigurée, en tire les conséquences : "nous ne pouvons plus faire comme si nous savions pas. Plus besoin, pour cette révélation d'attendre notre heure dernière.  Ils sont aujourd'hui des millions à nous la faire connaître : la mort ne serait pas cette décharnée-noire-armée-d'une-faux, mais un être-rayonnant-dans-tout-l'éclat-du vrai... C'est un séisme qui nous arrive. Il faut, non seulement penser autrement mais vivre différemment".

    Le sujet d'une NDE subit une mutation profonde: a) Dans sa compréhension de la vie, les règles du "je" de son système antérieur. b) Dans la vision qu'il a de l'enchaînement cause/effet interactif de la relation. c) Dans le passage à une évolution consciente plus élevée. d) Dans la qualité de ses perceptions. Son pouvoir d'empathie et son sens de la synchronicité sont plus élevés. e) Du fait de l'élargissement de sa vie à une complexité plus élevée, il gagne aussi un sens de la solidarité plus grand. Il a déjà touché à une conscience de l'unité de la Vie. f) En même temps, il gagne aussi un sens très net de l'auto-référence et de l'autonomie. g) Enfin, la NDE éveille globalement une spiritualité que l'on ne peut pas assimiler à la religiosité traditionnelle.

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    Le dossier des NDE est très sérieux. Le rejeter d’un revers de main, par un argument à l’emporte-pièce du genre « la mort on ne saura jamais ce que c’est», ne suffit pas. Il faut dans ce domaine accepter de prendre des risques et de mouiller sa chemise. L’indéfendable dans l’ordre de nos théories admises, n’est pas nécessairement l’impossible dans l’ordre de la Nature.
    Il n’y a pas de dossier tabou que l’on ne devrait pas ouvrir en philosophie. (Au nom de quelle morale ?) Démissionner sur cette question en prétextant qu’il s’agit de « l’irrationnel », c’est laisser le champ libre à un ésotérisme confus que par ailleurs le philosophe est le premier à dénoncer. Si Schelling et Hegel ont écrit sur le « magnétisme » de Mesmer, pourquoi les philosophes d’aujourd’hui devraient-ils se désintéresser des NDE ? Faut-il déplorer que Bergson ait fait une conférence sur « les fantômes de vivant » auprès d’une société de recherche psychique ?
    Le paradigme de la représentation de la mort n’est pas inamovible. Il peut être changé à la suite de découvertes nouvelles. C’est exactement ce qui se produit aujourd’hui. Comme dans tout changement profond de paradigme, il y a un choc et une confrontation de points de vue, des tenants de l’ancienne vision et des partisans d’une nouvelle vision. Comme pour tout changement de paradigme, un saut intuitif est exigé pour passer de l’ancien au nouveau. Un changement de conscience. Le séisme provoqué par les NDE n’a pas fini de nous secouer. Cela faisait bien longtemps que la problématique de la mort n’avait pas été renouvelée de manière aussi forte. Tout ce que nous pouvons souhaiter, c’est que les philosophes d’aujourd’hui s’ouvrent à un dialogue avec la recherche sur les NDE. Après trente ans de travaux, le fruit est mûr et mérite d’être cueilli.

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     © Philosophie et spiritualité, 2005, Serge Carfantan,
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