Leçon 236. Recherches sur les expériences de mort imminente (2)    pdf téléchargement     Téléchargement du dossier de la teçon

    Le dossier des NDE connaît depuis quelques années des avancées formidables. Le seul fait qu’il monopolise une armée de chercheurs de toutes nationalités et qu’il donne lieu à un très grand nombre de publications devrait nous interpeller. Si vraiment ce n’était que des hallucinations comme certains le croient encore, cela fait belle lurette qu’il aurait été abandonné. Mais il ne s’agit pas d’hallucinations ni d’altérations de la conscience, c’est bien plus radical.

    Les témoignages s’accumulent, ils ont indéniablement une cohérence. Leur nombre interdit de les considérer comme anecdotiques. Selon les dernières études statistiques 60 millions de personnes ont connu cette expérience après un arrêt cardiaque, ce qui fait au moins 4% de la population occidentale (2,5 millions de Français, 12 millions d’Américains), évidemment beaucoup moins dans les pays où les techniques de réanimation sont inexistantes. L’usage banalisé du défibrillateur automatique ne fait qu’augmenter le nombre des récits. Le fait qu’un très grand nombre de livres soit sortis sur le sujet n’a par contre eu aucune incidence sur le phénomène.

    Dans cette leçon, nous allons faire un pas supplémentaire dans la recherche en donnant la parole au travail de plusieurs scientifiques. Nous disions plus haut que Moody ne trouvait pas vraiment pertinent d’appliquer l’approche objective de la connaissance aux NDE en raison du caractère très intuitif, noétique de l’expérience. Mais ne faut-il pas tirer des conclusions théoriques sur la nature de la conscience à partir des NDE ? C’est ce que nous allons aborder ici. Il se pourrait bien en effet que nous devions changer notre paradigme actuel de la relation entre la conscience et le corps. Ce qui ouvre des perspectives inédites.

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A. La NDE et la remise en cause du réductionnisme

    Nous allons commencer par reprendre les résultats rassemblés par Pim Van Lommel. Son livre, Mort ou pas ? est très riche, nous allons revisiter avec plus de détails que précédemment, les tentatives d’explications physiologiques des NDE.

    1) Nous avons vu que la définition clinique de la mort n’est pas une question facile. Elle a changé dans l’histoire. Autrefois, on considérait que l’arrêt du cœur signait la mort, mais on sait aujourd’hui faire repartir de cœur. Le consensus s’est alors orienté vers un autre concept : il y a mort clinique quand l’électro-encéphalogramme  (EEG) est plat.

    Il est admis que lors d’un arrêt cardiaque, la respiration s’arrête et il y a blocage complet de l’oxygénation du cerveau. Quand la respiration s’éteint, les réflexes du corps disparaissent, et si la réanimation s’est pas entreprise dans les cinq à dix minutes le patient meurt. On sait par ailleurs que lorsque l’oxygénation du cerveau est seulement insuffisante (hypoxie), elle produit non pas de l’inconscience, mais de l’agitation, de la confusion. On admet que le cerveau étant l’organe le plus sensible à l’absence d’oxygène, la privation fait disparaître la conscience, étant entendu bien sûr dans cette hypothèse que l’on part du principe que le cerveau produit la conscience.

    Mais cette théorie est complètement inapplicable aux NDE, parce que une NDE  « s’accompagne toujours d’une conscience lucide avec souvenirs » et le plus souvent d’une plus grande sensibilité perceptive. En outre, elle peut survenir sans lésion du cerveau, brusquement dans l’imminence d’un accident de voiture par exemple, ce qui n’implique pas un déficit d’oxygénation. Il existe même des exemples de NDE par empathie, vécues par des proches autour d’un parent en train de mourir. Dans les NDE il n’y a pas de confusion mentale, ce qui serait effectivement le cas si c’était une hallucination. Le sujet décrit une expérience claire et la description de la scène qu’il donne peut être vérifiée et corroborée par plusieurs témoins. Dans le cas des OBE (out of body experience) . « Lorsqu’un patient sort de son corps pendant la réanimation, il enregistre des perceptions depuis un point situé au-dessus de son corps sans vie, et les médecins, infirmières et autres témoins peuvent ensuite vérifier les perceptions qui leur sont rapportées. Ils peuvent aussi confirmer l’instant précis où s’est produite l’EMI (NDE en français) avec décorporation pendant la réanimation. Et puis, comment les hallucinations pourraient-elles se produire quand le cerveau ne fonctionne plus, puisqu’elles nécessitent un cerveau fonctionnel ?"

    En 2010 les journalistes ont monté en épingle une étude sur 52 cas, avec 21% de personnes ayant rapporté une NDE, on a trouvé une corrélation entre le taux de CO2 dans l’air expiré et le sang du patient et le fait d’avoir eu une NDE. Gros battage médiatique pour peu de choses. « Trouver une corrélation ne signifie pas prouver une causalité ! ». Les auteurs de l’étude en question étaient beaucoup plus réservés que les journalistes en recherche de sensationnel. On ne sait toujours pas pourquoi « la majorité des patients présentant un taux élevé de CO2 n’a pas éprouvé une EMI ». Conclusions très prématurées.

    Autre explication très à la mode : les drogues et le cerveau. (C’est un recours très systématique pour les matérialistes). On a utilisé la kétamine comme anesthésique avant de l’abandonner, on sait qu’elle peut provoquer des hallucinations, bloquer des récepteurs neuronaux et donne une impression de se détacher du corps. Il n’en fallait pas plus pour qu’on s’en serve comme d’une explication. Or, « on ne connaît pas de cas où elle aurait entraîné la rencontre avec des personnes décédées, la vision d’un film de la vie, ou des transformations positives ». Ceux qui en ont reçu ne veulent surtout pas en recevoir à nouveau car elle provoque des images effrayantes. « Dans la mesure où aucune substance naturelle proche de la kétamine n’a pu être découverte dans le cerveau, cette explication éventuelle a dû être abandonnée. Même schéma de raisonnement avec les endorphines. Elles fonctionnent comme des neurotransmetteurs et dans les situations de stress intense, elles sont déchargées en grande quantité dans le cerveau, ce qui permet d’éliminer la douleur et de provoquer un sentiment de bien-être. « Mais les effets des endorphines durent généralement plusieurs heures, alors que l’absence de douleur et le sentiment de paix disparaissent immédiatement après le retour à la conscience » dans les NDE. Et l’on peut continuer ...Cela se produit parfois, le tout suivi de la descente. Mais rien de très significatif n’en ressort au sujet des NDE.

    Autre explication à succès : le recours à l’épilepsie pour rendre compte des NDE. On décrit la crise d’épilepsie comme une sorte d’orage électrique se propageant dans le cerveau. On note que dans certain cas, elle peut s’accompagner d’observations confuses, de sentiments de déjà-vu, d’hallucinations olfactives et visuelles. De là à penser qu’en stimulant le cerveau dans certaines zones, on pourrait déclencher une décorporation, il n’y a qu’un pas. Qui a été franchi. Wilder Penfield « a parfois réussi à faire surgir de bref souvenir (jamais le film d’une vie), des expériences de lumière, de son ou de musique ». Or, « bien que Penfield ait traité des centaine de patients au fil des années, aucune décorporation avec  perceptions vérifiables et aucune transformations ultérieure n’a jamais été rapportée ».

    En résumé : ... les explications physiologiques sont incapables de donner un éclairage suffisamment pertinent : il n’existent pas de preuves suffisantes que des anomalies telles que la teneur en gaz, l’activité chimique du cerveau soient des causes suffisantes dans les origines d’une NDE. De plus, le plus souvent les effets constatés ne correspondent pas aux éléments caractéristiques des NDE. Par contre, en ce qui concerne les drogues psychédéliques, surtout le DMT, Van Lommel reconnaît qu’il pourrait jouer un rôle dans l’élargissement de la conscience pendant la NDE. Il lèverait les inhibitions naturelles de l’organisme.

    2) Suivent ...« La conscience avec des souvenirs et parfois des perceptions, peut être expérimentée pendant une période d’inconscience – c’est-à-dire une période où le cerveau ne manifeste aucune activité mesurable et où toutes les fonctions cérébrales telles que réflexes du corps, réflexes du tronc cérébral et respiration ont cessé. Il apparaît donc que dans ces circonstances une conscience lucide soit possible, indépendamment du cerveau et de l’organisme. Cette conclusion s’est imposée à partir de preuves incontestables que l’EMI se produit pendant la période de la mort clinique et non juste avant ou juste après l’arrêt cardiaque ». Il est donc important de pouvoir déterminer avec précision le moment où débute la NDE, car cela permet d’éliminer toute autre conclusion que celle de la cessation d’activité du cerveau pendant la NDE. Les recherches ont bien insisté sur ce point.

    Pesons les mots car ils sont d’une importance colossale : « Si l’hypothèse selon laquelle la conscience et les souvenirs sont localisés dans le cerveau était exacte, il ne pourrait y avoir aucun signe de conscience au moment où le cerveau ne manifeste plus d’activité ». Or on a massivement observé le contraire. Ce qui est admis c’est que « cette situation est considérée dans la plupart des cas comme la mort clinique, un coma ou la mort du cerveau ». Question : « comment peut-on jouir d’une conscience exceptionnellement lucide pendant une période d’interruption de toutes les fonctions mesurables du cerveau? ». Et les conclusions des quatre études citées sont implacablement cohérentes : elle pointent toute sur une difficulté majeure. Bruce Greyson dans l’étude paru dans The Lancet : « une sensorialité nette et des processus perceptifs complexes pendant une période de mort clinique apparente ébranlent la conception d’une conscience exclusivement localisée dans le cerveau ». Sam Parnia et Peter Fenwick : « … Des expériences aussi complexes que le contenu des EMI ne devraient ni se produire ni être mémorisées. Ces patients ne devraient avoir aucune expérience subjective”. Penny Sartori : « Le fait que des expériences nettes, lucides aient été rapportées d’un moment où le cerveau était dépourvu d’activité… ne s’accorde pas facilement avec le credo scientifique actuel ».

 

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  © Philosophie et spiritualité, 2013, Serge Carfantan,
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