Leçon 202. Bioéthique et génétique    

    Le terme de génétique a été introduit par Bateson en 1906, donc à une période toute récente dans l’histoire de la biologie. La génétique est une discipline appartenant à la biologie portant sur l’étude de la structure, des lois et du développement de l’hérédité. On appelle phénotype l’ensemble des caractères d’un être vivant, tandis que l’on appelle génotype l’ensemble de l’information biologique qu’un être vivant hérite de ses parents ou géniteurs. On dit qu’un caractère est inné lorsqu’il est hérité génétiquement, ou qu’il est acquis s’il doit son apparition à une modification liée à l’environnement.

    Nous savons depuis Pasteur qu’il n’existe pas de génération spontanée du vivant, parce que tout vivant doit posséder un ancêtre dont il tire des caractéristiques. Gregor Mendel, en observant la transmission des caractéristiques morphologiques de pois à travers plusieurs générations a découvert les premières lois de la génétique, et  cela bien avant que l’on ne découvre le support matériel de l’hérédité dans la molécule d’ADN. Il a été le pionnier d’une nouvelle discipline.

    Avec la découverte de l’ADN, la biologie pense avoir découvert en quelque sorte le Saint Graal, le code secret du vivant, ce qui ouvrirait d’immenses possibilités, car en modifiant le support de l’hérédité, on touche directement à l’intelligence qui structure le vivant. Le savoir délivre un pouvoir et plus le savoir est fondamental, plus la puissance du pouvoir est grande. On comprend dès lors que la génétique suscite tout à la fois la fascination et l’inquiétude. La génétique promet beaucoup, elle est devenue une boîte à fantasmes. Certains disent que l’on va vers un homme nouveau, une version 2.0, (texte) modifiée, remodelée et « corrigée » !

    Satisfaire n’importe quel fantasme, revient à faire n’importe quoi et à légitimer la démence. Nous avons toutes les raisons de nous demander alors jusqu’où nous pouvons nous permettre de modifier le patrimoine génétique du vivant sans risque et sans danger pour la vie elle-même. Mais qu’est-ce qui est légitime quand on tient entre ses mains ce qui semble être la clé de la vie ? La génétique soulève-t-elle des problèmes éthiques inédits ?

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A. Éléments de génétique

    Au XVII ème siècle il était possible à l’honnête homme, c’est-à-dire à l’homme cultivé, de maîtriser le savoir scientifique de son temps. Ce n’est évidemment plus le cas aujourd’hui. Il importe cependant que chacun soit suffisamment instruit pour disposer d’une introduction au savoir scientifique, quitte à entreprendre ultérieurement une plus ample investigation. S’agissant de la génétique, nous ne pouvons pas rester dans l’ignorance car les enjeux sont prodigieux, autant en ce qui concerne les possibilités techniques que pour ce qui a trait aux risques et dérives potentielles.

     ---------------1) La physique nous a depuis bien longtemps appris que la diversité des objets matériels que nous pouvons distinguer dans le monde n’est qu’une apparence car leur composition à un niveau plus subtil est identique et se ramène à une table d’éléments fondamentaux appelés atomes. Nous savons également qu’il n’existe même pas de briques ultimes composant le monde matériel car celui-ci ultimement se résout en structures d’énergie. Nous savons que les éléments chimiques qui entrent dans la composition des tissus vivants sont les mêmes que ceux que l’on rencontre dans le monde inerte. On peut être surpris d’apprendre que notre corps composé en grande partie d’eau soit si proche de l’océan primordial d’où sont sortis tous les êtres vivants, mais la vraie question n’est pas là. Si rien ne peut être strictement séparé dans les règnes de la Nature, il reste que l’apparition de la vie suppose une aptitude de duplication des formes, une organisation remarquablement complexe et évolutive. Nous avons vu précédemment que si le monde inerte est globalement régi par la loi de l’entropie croissante qui augmente le désordre, le monde vivant lui retourne en quelque sorte la flèche du temps et travaille au maintient de structures ordonnées.

    Jusqu’à une période récente, il nous manquait encore une compréhension de l’interface entre le monde inerte et celui du vivant. Or c’est exactement ce que la génétique s’est attachée à découvrir.

    Revenons avec un peu plus de détails sur la genèse prébiotique que nous avons esquissée précédemment. Un chimiste nous dirait que pour réaliser  une synthèse complexe d’éléments de base, il a besoin d’une source d’énergie suffisante, d’un appareil permettant les réactions. Il lui faut un ballon dans lequel il introduira des réactifs, la réaction produisant des combinaisons chimiques nouvelles. La dernière de ses opérations consistera alors à séparer les produits nouveaux accumulés dans le fond du ballon. Au niveau cosmique, le système que forment la Terre et le soleil est analogue au ballon du chimiste. La Terre maintenant ensemble dans son champ de gravitation des matériaux peut concentrer les molécules, elle fait office de réacteur. L’introduction des éléments dans le ballon correspond à la formation de l’atmosphère terrestre. Dans son milieu qui était très riche en hydrogène, H, le carbone, C, l’azote N, l’oxygène O, prennent une forme hydrogénée. C uni à 4 atomes de H forment CH4 le méthane. N lié à 3 atomes de H forment  l’ammoniac NH3. O lié à 2 atomes de H forment l’eau H2O. Méthane, ammoniac, hydrogène et eau sont les ancêtres de la matière vivante. Dans les années 50, Stanley L. Miller, dans le laboratoire dirigé par Arnold Urey, a l’idée de simuler en laboratoire l’atmosphère primitive de la Terre. C'est une expérimentation typique. Il fait le vide dans un ballon et y introduit du méthane, de l’ammoniac et de l’hydrogène et il porte le mélange à ébullition, le soumet à des décharges électriques. Une semaine après Miller examine le liquide contenu dans l’appareil  et s’aperçoit alors qu’il a synthétisé de nombreux composés dont les fameux acides aminés qui servent à produire les protéines du vivant. Or les protéines forment le principal matériau du vivant et la preuve est donc faite que les premiers éléments des composés organiques peuvent se former dans des conditions prébiotiques. C’est la publication en 1953 de ces travaux dans la revue Science  qui va donner à Miller la célébrité. Il serait très excessif de prétendre qu’il a, comme on a pu l’écrire à l’époque, « presque » réussi la synthèse (R) du vivant. Il a seulement travaillé sur un des maillons d’une longue chaîne qui aboutit au vivant. En montrant que les molécules vivantes avaient des « ancêtres » moléculaires, il a été en fait le fondateur d’une nouvelle chimie, la chimie prébiotique. L’étape suivante devait montrer comment passer des petits blocs de construction appelés monomères, vers la formation de molécules géantes appelés polymères et de là, à la formation de systèmes possédant une autonomie relative préfigurant la première cellule.

    En 1963 J. Oro à Houston synthétise l’adénine, qui est un des composés de l’ADN. Un autre chercheur, Ponnamperuma parvient à synthétiser de la guanine, autre composant de l’ADN. En même temps, mais de manière indépendante, en 1963 ils synthétisent le ribose et le désoxyribose, deux sucres qui entrent dans la composition des acides nucléiques. Entre 1978 et 1980 Noam Lahan et son équipe réussissent à produire des chaînes d’acides aminés. Désormais on sait comment passer des monomères aux polymères. Il est intéressant de noter que pendant que ce travail de synthèse avançait à grands pas, les astrophysiciens de leur côté découvraient avec stupéfaction que l’univers grouillait de molécules organiques, bien plus complexes qu’on ne l’avait jamais pensé. En seulement 15 ans 70 molécules organiques étaient détectées par l’observation des comètes, l’analyse des météorites, ou par les mesures des télescopes!   

    2) Nous savons que pour maintenir un ordre, quel qu’il soit, il est nécessaire de déployer une énergie ; comme le vivant tend à maintenir son ordre, il doit en permanence consommer de l’énergie, faute de quoi il serait vaincu par la tendance naturelle au désordre de l’entropie. Ce qui explique la fonction de la nutrition et le rôle de la respiration, mais aussi  et surtout, le rôle primordial de la photosynthèse pour fixer l’énergie qui émane du soleil. L’agent essentiel qui permet de recharger une cellule en énergie est l’adénosine, ou ATP, qui est le combustible universel du vivant. La respiration elle, est le mécanisme inverse de la photosynthèse, elle permet de brûler le glucose pour libérer une grande quantité d’énergie.

    Et c’est là que nous arrivons au point le plus important. Pour que le vivant maintienne sa structure, il faut que dès le départ, la moindre de ses cellules soit une véritable petite usine moléculaire. Cette petite unité de travail doit par essence être douée de l’auto-référence qui la rend capable de veiller à son propre entretien ; elle doit fabriquer ses propres machines ainsi que les conducteurs de ses machines. « L’autoreproduction correspond donc à deux fonctions précises de la cellule, fonctions accomplies sous la direction des acides nucléiques. La cellule peut se recopier (c’est par ce phénomène que la vie se propage) et contrôler de manière permanente son métabolisme par la synthèse d’agents chimiques capables de réguler ce métabolisme : les enzymes (protéines) ». On distingue ainsi les protéines de structure qui forment les matériaux de construction de l’organisme et les protéines-enzymes qui sont en quelque sorte les chimistes contrôlant l’ensemble de la chaîne des réactions qui se déroule.

    Évidemment, se pose alors toute une série de questions : « où se trouve le plan de montage des milliers de protéines qui sont fabriquées en permanence dans la cellule ? Comment un minuscule œuf humain fertilisé (se présentant au départ sous la forme d’une seule cellule) peut-il croître, se développer et se transformer en un être humain complet possédant des milliards de cellules spécialisées, un cœur qui puisse battre, un cerveau qui puisse penser… jusqu’à la faculté de se reproduire à son tour ? »

    Un début de réponse à ces questions nous a été donné par les travaux de J.D. Watson, F.H.C. Crick, et de M.H.F. Wilkins. « L’immense quantité d’instructions nécessaires à la fabrication d’un organisme vivant complet – microbe, brin d’herbe, papillon ou être humain – se trouve inscrite au niveau moléculaire, dans le long filament de la macromolécule d’acide nucléique dont on a pu constater le rôle immense, aussi bien chez les bactéries ou les unicellulaires. Ce support universel, grâce auquel tous les êtres vivants sans exception transmettent de génération en génération les caractères de l’espèce, s’appelle l’ADN (acide désoxyribo nucléique) ». En anglais DNA. L’ADN est une très longue molécule blottie dans le noyau des cellules sous la forme des chromosomes. Si l’ADN contient effectivement le plan de montage du vivant, on devine qu’il est possible d’en connaître toute l’architecture, l’étape suivante permettant de modifier ce plan. Les chromosomes sont constitués de fibres serrées dans des spires sous la forme d’un câble. La chaîne de l’ADN est semblable à une échelle torsadée sur laquelle on trouve quatre types de barreaux avec quatre fiches qui s’emboîtent A pour adénine, T pour thymine, G, pour guanine, C, pour cytosine. Elles forment les quatre lettres d’un code dont le traitement informatique est possible. D’où la possibilité de séquencer l’ADN. Le premier organisme biologique dont le génome a été séquencé en 1977 était un virus et bien sûr on n’a pas beaucoup tardé pour séquencer le génome humain.

    Il faut le saisir en profondeur, la révolution génétique est une révolution dans la connaissance et le traitement de l’information biologique. Non seulement l’homme a appris à « décoder » l’information de base de tous les êtres vivants, mais il a aussi appris à « parler » ce langage et à « l’écrire ». C’est une illustration de ce que nous avions montré précédemment : les outils d’analyse avec lesquels nous parvenons à expliquer les phénomènes ne sont pas différents de ceux qui sont indispensables pour les manipuler. En l’occurrence, avec les premiers séquenceurs de F. Sanger et P. Edman en 1965, se sont développés les « machines à écrire » du vivant synthétisant des protéines, comme celle de Merrifield en 1963.

B. Perspectives et prospectives

    Ce bref rappel permet de mesurer le chemin parcouru. Le bond en avant accompli par la génétique dans la connaissance du vivant est si formidable, qu’il ferait presque oublier l’étendue de ce qu’il nous reste encore à découvrir. Sans plus attendre, la génétique a mis à la disposition de l’économie une panoplie de moyens considérables, et une industrie tout entière s’est levée, l’industrie des biotechnologies. La génétique est dans l’histoire des sciences un des exemples les plus flagrants d’avancée du savoir libérant, comme dans une explosion en série, une puissance technique extraordinaire dans la conscience collective de l’humanité. Or, comme le montre Jacques Ellul, la technique a son propre mouvement et on ne se pose la question de son usage qu’après l’avoir mise en pratique. Nous avons aussi vu que dans le domaine technologique,  le plus souvent, les finalités du profit engloutissent, obscurcissent et noient toutes les autres finalités. Ce qui n’est pas sans péril.

    1) Si l’ADN est effectivement le plan de montage du vivant, et si nous disposons à travers lui d’un accès direct à l’intelligence constitutive de la cellule, nous avons entre les mains des moyens de manipulation sans commune mesure avec tout ce que l’homme a pu tenter jusqu’ici pour modifier les organismes vivants. Nous avons vu précédemment la question de l’échelle à laquelle la technique travaille. Avec la manipulation de l’ADN, l’homme opère au niveau le plus fondamental. Au niveau qui recèle le plus de puissance et de le plus de possibilités.

    Il suffit de considérer quelle forme de conscience se nourrit de toujours plus de puissance et de toujours plus de possibilités pour comprendre sur quels désirs les  biotechnologies peuvent compter afin de pouvoir se développer. Sur quelle demande avide.

    En apparence, c’est surtout celle du profit. La recherche de  « l’avoir plus », du plus performant, du plus rentable, implique que l’on propose sur le marché des produits nouveaux (possibilités), « meilleurs » (puissance) que les autres. Ce qui veut dire « plus vendeurs ». Cela implique par exemple que grâce à la génétique, on peut obtenir des Organismes Génétiquement Modifiés, « meilleurs », d’un point de vue industriel, que les organismes dits « naturels ». Des fruits et des légumes plus attrayants à l’étalage pour le consommateur, plus gros, mais aussi plus robustes, plus résistants aux variations du climat et aux attaques des insectes pour le producteur, voire toxiques pour ceux que l’on appelle les « nuisibles » dans les grandes exploitations agricoles. On peut même les breveter pour en interdire l’utilisation en dehors d’une licence et les rendre stériles, de sorte que le producteur sera obligé chaque année de racheter des semences auprès des multinationales de l’agroalimentaire. Ce qui crée une dépendance très lucrative et génère des profits gigantesques. Comme les OGM sont issus de souches naturelles et que les graines et le pollen voyagent très facilement, il suffit de quelques années de culture à l’air libre pour que des croisements s’effectuent et que les souches OGM gagnent du terrain. Aux États-Unis les procès contre les paysans accusés de se servir de plants brevetés se multiplient. Au rythme actuel, d’ici 10 ans il n’y aura quasiment plus rien dans notre assiette qui soit « naturel ». Le concept de produit « bio », après avoir été habilement récupéré comme étiquette commerciale, sera ramené au rang d’un archaïsme pour écolos rétrogrades. La vulgate génétique insinue en permanence que le « naturel » est pauvre, limité, bien moins efficace et performant que ce qui est issu d’une amélioration génétique. Bref, le naturel est obsolète et dépassé, on peut obtenir bien plus de puissance et de possibilités avec les artifices de la génétique et donc un résultat "meilleur". (texte)

     2) Le même discours vaut pour l’organisme humain. On y met pas mal de circonvolutions pour ne pas choquer, mais le discours est bien là. L’homme « naturel » version 1.0 est obsolète pour les mêmes raisons, place à l’homme génétiquement modifié, l’homme version 2.0. C’est dans le titre de Günter Anders, L’Obsolescence de l’Homme comme composante du projet.  L’homme version 1.0 est soumis à la maladie, à la dégénérescence, à la mort. Ses facultés sont ridiculement limitées et sa progéniture tristement semblable à ce qu’elle a été dans le passé. L’homme 2.0 génétiquement modifié est en voie d’être débarrassé des maladies, de la dégénérescence… et même peut être de la mort ! Tout est dans les gènes et tout peut être modifié. L’idée est très simple et elle a été exposée : l’évolution « culturelle » est meilleure que l’évolution naturelle et elle doit prendre sa place. Le fer de lance de l’évolution culturelle est technique et la technique la plus avancée est la génétique.

    On a salué comme un progrès le « sexage des fœtus » permettant d’éliminer par avance le sexe « indésirable » (féminin), mais avec les progrès de la génétique, un nouveau type de diagnostic est apparu, du pré-implantatoire. Il permet de repérer d’éventuelles carences, ou maladie graves, ce qui permet de décider par avance d’un avortement ou de choisir parmi plusieurs embryons le meilleur, celui qui méritera de vivre. Au États-Unis, un bébé est né après avoir été génétiquement sélectionné parmi d’autres embryons, parce que ses parents voulaient s’assurer qu’il ne portait pas un gène bien particulier. La mère et sa famille étaient affectées d’un gène défectueux qui rendait l’enfant susceptible de développer la maladie d’Alzheimer avant 40 ans. Le cas s’est reproduit. Le Sunday Times a annoncé que le Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG) avait envoyé un document… dans lequel il demandait « la possibilité d’éliminer les nouveaux-nés porteurs de handicap ». On épargnerait ainsi aux familles le poids émotionnel et économique des soins nécessaires à un enfant porteur de handicap lourd. L’association des gynécologues britanniques soutient que l’autorisation de pratiquer l’euthanasie active limiterait le recours à l’avortement tardif.

    C’est dans les mots : la génétique permet de pratiquer une forme d’eugénisme, puisqu’elle peut connaître et manipuler le bagage génétique. La généralisation du diagnostic pré-implantatoire à terme rendra « normale » l’idée selon laquelle il faut choisir le meilleur,  un enfant sélectionné, et… elle impliquera en retour un discrédit pour les avortons  naturels considérés comme plus ou moins dégénérés ; bref, « naturels », mais « anormaux ». Les progrès de la génétique vont rendre tout à fait banale l’idée d’une amélioration génétique de l’espèce humaine. Il y a eu dans toute la littérature de science fiction et dans le cinéma un énorme battage pour préparer le terrain. Les jeunes générations baignent depuis l’enfance dans un univers mental de super-héros génétiquement modifiés, tous bien « meilleurs » que les humains « naturels » ; un univers d’androïdes bourrés aux hormones, de clones, de prothèses bioniques etc. Un univers où il est répété que la technologie seule délivre toujours plus de puissance et de possibilités. Bref, avec un conditionnement aussi parfait, l’idée selon laquelle l’avenir de l’humanité appartient seulement à une espèce génétiquement modifiée va de soi. On ne peut même pas la discuter, c’est une croyance admise. De toute manière, en toile de fond, la société entretient le fantasme de l’ego qui consiste à se comparer à l’autre, à se distinguer, à vouloir devenir le meilleur, comme elle entretient la rivalité, le jugement de supériorité des plus forts et l’humiliation des plus faibles. On de peut donc qu’applaudir aux progrès de la génétique, ils nous conduisent au Meilleur des Mondes.

     3) En quelques dizaines d’années, « une véritable idéologie génétique s’est construite… avec une telle force persuasive et un tel succès médiatique qu’on parvient encore mal à la distinguer des vraies connaissances scientifiques sur lesquelles elle prétend s’appuyer ». Jacques Testart l’appelle « totalitarisme génétique ». Dans le déclin postmoderne de tous les repères et de tous les idéaux, comme dit Stephen Rose, le président de la British Association for Science, dans la perte catastrophique du monde occidental, les hommes laissés à eux-mêmes ont cherché refuge soit dans le fondamentalisme religieux, soit dans les explications biologiques. Cette image du programme génétique, qui n’est jamais qu’une métaphore approchante d’une ---------------réalité très complexe, a été prise au pied de la lettre. L’opinion s’est accoutumée à l’idée de programmation, de détermination biologique. Il faut dire que le matérialisme scientifique y a largement contribué. Jacques Monod dans les années 60 désignait l’ADN comme « l’invariant biologique fondamental » ! Henri Atlan a eu beau fustiger les extrapolations du réductionnisme, rien n’y a fait. Il a dû se résigner et noter que la génétique avait fabriqué un fétiche et « comme tout fétiche, celui-ci se présente comme une source de profits non négligeables ». Comme le dit André Pichot, le principal résultat de cette fièvre idéologique autour de la génétique, c’est la création d’un état d’esprit qui ramène tout à l’hérédité. Cf. Jean Claude Guillebaud dans Le Principe Humanité

    Alors pourquoi la séduction de cette espèce de religion de l’ADN ? Mais parce que l’ego est perpétuellement en quête d’identité et qu’avec l’ADN, la génétique lui a offert le Saint Graal de l’identité ! Walter Gilbert, prix Nobel pour se travaux sur les séquences d’ADN commençait rituellement ses conférences publiques en brandissant fièrement un CDROM en disant « vous êtes là ! ». Il suffit de poser la question autour de soi et on est surpris de voir à quel point les gens adhèrent massivement à la croyance selon laquelle « je suis » n’est que le résultat de mes gènes. James Watson, autre prix Nobel, déclarait que « notre destin est inscrit dans nos gènes » ! L’ADN est devenu de manière très confuse un substitut symbolique de Dieu. Quand aux généticiens, ils sont devenus dans l’imaginaire collectif les prêtres d’une nouvelle religion. La génétique s’est transformée en credo. Kary Mullis, autre prix Nobel,  l’a bien compris. Il a fondé une entreprise vendant des médailles contenant des fragments d’ADN appartenant à des stars du show-biz et des athlètes ! « Les jeunes pourraient se servir de ces médailles à la façon des reliques ou des objets totémiques » dit-il. Ce qui s’appelle carrément recycler la génétique dans un culte. Doroty Nelkin et Susan Lindee dans La Mystique de l’ADN écrivent  qu’aux États-Unis : « Dans les journaux à grand tirage diffusés dans les supermarchés, dans les feuilletons à l’eau de rose, dans les mélodrames et les débats à la télévision, dans les journaux féminins et les livres de conseils aux parents, on invoque les gènes pour expliquer l’obésité, la criminalité, la timidité, l’aptitude à diriger, l’intelligence, les préférences politiques et les goûts alimentaires ». Un homme qui n’a pas la moindre formation scientifique peut toujours se croire intelligent en invoquant l’ADN pour n’importe quoi, mais en fait –je suis désolé de le dire - cela relève plutôt de la bêtise. C’est comme dans les années 70 où le marxisme et le freudisme servaient de moulin à prières en donnant réponse à tout, ce qui revenait en réalité à ne plus poser de questions sur rien. Les parents du pauvre petit en échec scolaire n’ont pas à s’inquiéter, ils peuvent continuer à le laisser toute la journée devant la télévision ou les jeux vidéo, c’est la faute à ses chromosomes ! C’est à cause de ses gènes ! Et tant qu’on y est, pourquoi ne pas aller jusqu’à dire que la l’analphabétisme, la délinquance et la pauvreté sont des "tares génétiques" ? En philosophie on appelle cela des généralisations irresponsables.

C. Une science avec conscience

    Il est donc important de mettre les points sur les i et de marquer les limites de ce que nous pouvons savoir afin que des généralisations hâtives on n’aille pas vers les décisions irresponsables.

1) « Notre savoir génétique est encore balbutiant, et son éventuelle application l’est davantage encore ». De plus, selon une très jolie formule du biologiste américain Christopher Wills, « Ce n’est pas parce que l’on aura séquencé tout leur ADN que l’on pourra tout savoir sur les êtres humains pas plus que l’examen de la séquence des notes d’une sonate de Beethoven ne nous donne la capacité de l’interpréter ». Et nous sommes très loin d’avoir déchiffré toute la structure de l’ADN. Il faut savoir que la plus grande partie du génome humain est constituée de séquences appelées « non-codantes » dont la fonction demeure un mystère complet et que l’on a pour cette raison expédié sous le nom « d’ADN poubelle » parce que l’on ne sait pas quoi en penser. Dans l’état actuel de nos connaissances, sur les 3,3 milliards de paires de bases de l’ADN humain, seules 1,5% codent directement la synthèse protéique, le reste, qui représente 3,25 milliards de paires de bases, pourrait avoir une importance fonctionnelle. Mais laquelle ? Il y a tout de même quelque naïveté à penser que ces 95%  sont inutiles et que l’on peut en ignorer l’existence. Il y a fort à parier que dans les années à venir nous irons dans ce domaine de surprise en surprise. Notre savoir sur le vivant est très limité. Plus la génétique avance et plus elle révèle l’étendue de notre ignorance. Il est certain que d’ici vingt ans, on se retournera sur notre époque en relevant pas mal de sottises et d’inexactitudes dans les affirmations téméraires et dogmatiques que l’on trouve… dans les manuels de biologie. Quand, en plus, on se permet de bâtir sur un savoir très incomplet des biotechnologies, il est évident que cela relève en grande partie du bricolage dont nous sommes parfaitement incapables de prévoir les conséquences globales et à long terme. Mû par le seul souci du profit immédiat, dans notre inconscience, nous sommes probablement en train de semer des catastrophes au sein du monde vivant. Il y a dans la communauté scientifique un certain nombre de chercheurs en génétique qui ont lancé des alertes. Jamais l’expression « jouer aux apprentis sorciers » n’a eu plus de sens que dans le domaine de la génétique. Nous ne savons pas où nous allons et nous manipulons une intelligence de la vie qui nous dépasse. Vu l’énorme puissance que nous côtoyons, la sagesse recommanderait une grande prudence dans les applications. Le rapprochement avec la physique nucléaire qui a conduit à la réalisation de la bombe atomique devrait nous servir de leçon. Le malheur, c’est que très peu de chercheurs manifestent dans ce domaine une conscience aiguë et que dans les laboratoires, c’est plutôt la frénésie de la manipulation (texte) et l’avidité qui font la loi.

Il y a une chose que le public, sevré d’idéologie génétique, ignore complètement, c’est que pour approcher le vivant avec un peu d’intelligence, il faut changer entièrement notre manière de raisonner. Il faut passer de la logique linéaire du paradigme mécaniste, à la logique circulaire du paradigme systémique. L’ignorance dans lequel est entretenue l’opinion veut aussi dire le fait de maintenir la pensée sur les rails du paradigme mécaniste - obsolète dans ce domaine -. La pensée mécaniste est une pensée fragmentaire, elle n’a aucun sens de la complexité et elle procède avec une idée simpliste de la causalité. Le vivant fonctionne comme une totalité, il est innervé par une logique complexe, (texte) et en lui la causalité se retourne en boucle. Dans le paradigme systémique cette vision de l’unité est prise en compte. Bref, comme le répète Edgar Morin, il faut une véritable réforme de la pensée et une nouvelle pédagogie pour rendre justice à la compréhension du vivant. Comme l’opinion commune, les médias publics, les décideurs sont encore callés dans l’ancien paradigme, on voit proliférer des sottises et dans la pratique on joue aux apprentis sorciers - soit dans une complète inconscience, soit carrément

------------------------------ avec un cynisme criminel. Le terrain le plus facile sur lequel on pourrait initier à la complexité génétique est celui de l’écologie, mais nous sommes encore loin de la pédagogie nécessaire. Par exemple, nous savons que des régulations homéostatiques ont lieu dans les écosystèmes avec une information redondante. L’ensemble doit être considéré comme une totalité dans laquelle les relations ne sont pas linéaires. De même, l’idée d’une correspondance stricte entre une séquence d’ADN, une protéine et une fonction, procède d’une simplification abusive, un gène peut très bien remplir plusieurs fonctions et se trouve dans une dynamique globale qui rend complètement illusoire la prédiction linéaire. Si on comprend bien l’enjeu du vivant, il appert que la génétique ne peut par principe même pas valider la notion de déterminisme génétique, car elle est une science des systèmes complexes.

Enfin, n’oublions pas ce que nous avons montré précédemment. La complexité a une autre implication : on ne peut pas enfermer la mémoire et l’intelligence au sein du seul ADN. Parler de champ de mémoire ou de champ d’intelligence a également un sens. Nous avons vu qu’en tant qu’information structurante et champ de forme, la mémoire est immanente à la nature. Nous avons des raisons très solides de penser que toute existence se maintient au sein du champ d’intelligence de la Nature. Nous avons souligné avec Sheldrake que les espèces vivantes, par expérience, répétition et habitude, acquièrent et transmettent une mémoire collective qu’il est impossible de ramener au seul bagage héréditaire de l’ADN. (Cf. voir l’exemple des mésanges bleues). Nous en avons des preuves très convaincantes. Elles nous mènent à des conclusions qui touchent directement à notre sujet. Pour reprendre une citation de Sheldrake donnée plus haut : « Nous savons que les organismes vivant héritent de gènes de leurs ancêtres. Selon l’hypothèse de la causalité formative, ils héritent aussi des champs morphiques. L’hérédité dépend à la fois des gènes et de la résonance morphique ». Le « à la fois » souligne l’importance de l’acquis par rapport à l’inné et de ce point de vue le réductionnisme génétique est intenable.

2) Nous avons vu dans une précédente leçon la mise au point de François Jacob dans Le Jeu des Possibles : l’homme est programmé pour apprendre et non pas programmé pour agir. Le programme génétique, dit-il, met en place une structure d’accueil, mais il laisse complètement ouvert le devenir de l’être humain. On peut même remonter plus en avant dans l’évolution et supposer que cette latitude existe bien avant l’apparition de l’homme. « Chez les organismes les plus complexes, le programme génétique devient moins contraignant, plus ouvert ». Ce qu’un être humain devient est très largement lié à l’expérience qu’il peut gagner, aux rencontres qu’il peut faire, à tout ce qu’il est susceptible de comprendre, bref à l’élargissement de son champ de conscience. C’est un point sur lequel Albert Jacquard n’a cessé de revenir encore et encore au fil de ses livres. Donc, on aura beau fabriquer un gène survitaminé à partir du sperme d’un QI de 190, si l’enfant végète devant un écran, s’il vit dans un univers pauvre, sous la coupe d’un conditionnement social réducteur et que son éducation est négligée, on aura fabriqué un petit consommateur crétin et rien de plus. Le système nerveux humain recèle d’immenses possibilités, mais encore faut-il permettre qu’elles puissent s’exprimer. A la limite, la dotation génétique individuelle, on s’en contrefiche, il y en a bien plus qu’assez en chaque être humain pour l’éveil des sens et de l’intelligence, pour l’épanouissement d’un être humain complet.

Ce qu’il nous faut, c’est accorder un très grand soin à l’éducation. Dans une société hautement évoluée, l’éducation serait au centre de toutes les priorités, car ainsi va le monde qu’il n’est que le reflet de ce que nous sommes. Au lieu de fantasmer sur la génétique, nous ferions mieux de prendre soin de l’éducation de nos enfants ; et comme l’humanité est en permanence recrée, l’éducation n’a pas de fin, elle se poursuit toute la vie. Apprendre est l’essence de la vie, car apprendre et vivre ne sont en rien dissociables. La croyance dans le déterminisme génétique nous fait penser que tout est joué dès la naissance dans la vie d’un être humain, alors que la vie se recrée dans l’expérience que nous en avons. Nous sommes sur cette voie invités à laisser en friche les structures d’accueil de la connaissance et à négliger l’apport de la culture.  C’est vrai que ce genre de position s’aligne aisément sur la déculturation ambiante, mais ce n’est pas une raison pour avaliser l’irresponsabilité en matière éducative. Avec un prétexte pseudo-scientifique par-dessus le marché.

Sans compter qu’il y a dans l’idéologie génétique un enjeu de contrôle, un enjeu de pouvoir, une logique policière qui devraient très sérieusement nous inquiéter. Georges Canguilhem en son temps l’avait déjà très bien compris. À quand les tests génétiques pour entrer dans une école supérieure? Une université ? Une école d’ingénieur ? Faudra-t-il, comme dans Bienvenue à Gattaca frauder avec le contrôle génétique pour devenir pilote ? Est-ce que votre bagage génétique vous donne le droit d’étudier les mathématiques ou bien est-ce qu’il implique que vous êtes tout juste bon à travailler au service de voirie ? On pourrait classer les gens dans les catégories  a, b, g, suivant leur potentiel génétique… tiens c’est curieux ! Comme on s’y retrouve ! C’est exactement ce à quoi avait pensé A. Huxley dans son roman le plus célèbre !

 3) Et puis, tant qu’on y est, poussons l’inconscience un cran plus loin, jusqu’à la démence. Tenons bon sur l’idée qu’avec les moyens de la génétique, l’homme possède sur la vie un pouvoir absolu. A quoi doit servir ce pouvoir, sinon pour le service du Pouvoir. J’entends le pouvoir politique. Puisque la guerre, c’est de la politique avec d’autres moyens, alors pourquoi ne pas utiliser les moyens de la génétique pour faire des « guerres propres », avec des virus génétiquement modifiés ultra violents ? Pour mettre la main sur un territoire sans rien détruire de ses infrastructures c’est parfait. On pourra toujours trouver parmi ceux qui gouvernent des malades mentaux prêts pour ce genre d’opérations. Après tout, il y a déjà eu quelques essais sur les gaz toxiques lors de la dernière guerre, mais comparativement avec ce que promet la génétique aujourd’hui, c’était du travail d’amateur ! C’est à frémir, mais on peut sans difficulté imaginer le pire et il est à portée de main. La maladie comme arme de destruction massive. Le terrorisme qui n’a même plus besoin de faire péter des bombes partout sur la planète, le bioterrorisme : juste une fiole répandue pour semer la désolation. Ou encore, le contrôle mental par des moyens génétiques. Les instruments sont d’ors et déjà disponibles. Il y a tout ce qu’il faut, autant de moyens d’asservissement que d’élimination. Ce dont nous prévient très clairement Joël de Rosnais dans Et l’Homme créa la Vie et, en tant que généticien qui a suivi tout le parcourt de ces dernières années, il sait très bien de quoi il parle. C’est là que nous pouvons nous souvenir de la remarque d’Einstein : on ne met pas des explosifs et des allumettes entre les mains d’un enfant. Tant que l’humanité n’est pas mature, tout accroissement donné au pouvoir technique est en définitive destructeur, parce qu’il se met directement au service d’intérêts égocentriques. Et c’est tout particulièrement le cas de la génétique, dont le savoir, même s’il est partiel, est virtuellement extrêmement dangereux et dangereux parce qu’il est partiel.

A y regarder de près, notre époque s’est placé elle-même dans une situation extrêmement périlleuse. La propagande pro-nucléaire passe mal, nous avons appris à nous méfier de l’énergie atomique mais sa technologie est d’un accès difficile. A l’inverse, il y a carrément une idéologie naïve de la génétique très répandue et là, la propagande marche à fond. Et la technologie n’est pas très difficile d’accès, elle est même couramment utilisée par les industriels. Devrons-nous un jour retourner la parole du Christ « pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » en « ne leur pardonnez surtout pas, ils savent très bien ce qu’ils font ! » ? Ou bien faut-il, dans un accès de colère le faire tout de suite ?

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    Dans l’état actuel des choses, il n’y a qu’une seule position raisonnable vis-à-vis de la génétique, la position critique. Il y a trop d’insanités qui circulent, trop d’expérimentations risquées, trop de menaces qui seront mise à exécution.

    Il faut expliquer, expliquer et réexpliquer que le savoir de la génétique est limité et ne pas faire de la science une idéologie ou une religion. Expliquer encore et encore que l’on doit rester très prudent dans les applications d’une connaissance fondamentale et ne pas répondre illico à toute demande, surtout si elle résulte d’une volonté de pouvoir ou d’un appétit de profit. La connaissance a une vraie légitimation, mais il faut veiller à ce qu’appliquée, elle ne compromette pas l’équilibre du patrimoine vivant et sa diversité. Il faut veiller à ce que le règne animal ne soit pas victime et souffre douleur de nos dérèglements. Que la dignité humaine soit préservée et que l’on ne tire pas du savoir des outils de contrôle, de manipulation et d’oppression. Par-dessus tout, il faut ne pas se laisser impressionner par la génétique et poser des questions franches, saines et libres de toute partialité. Être sans complaisance pour les erreurs et sans compromis sur les dérapages possible. Peut être même être prêt à brûler des papiers théoriques, s’il s’avérait qu’un savoir limité soit très mal utilisé !

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Questions:

1. Le réductionnisme génétique n'est-il pas avant tout le propre de l'idéologie de la technique qui imprègne toute notre société?

2. Comment se fait-il que la littérature de science-fiction ait depuis si longtemps relié conditionnement collectif et génétique?

3. N'est-il pas étrange que les biologistes aient prix le parti d'ignorer 95 % de l'ADN pour théoriser seulement sur les 5 % restant? D'un point de vue logique qu'est-ce que cela implique?

4. Certain auteurs pensent que "l'ADN poubelle" pourrait être de la nature d'un champ quantique d'informations. Qu'est-ce qu'une telle hypothèse peut suggérer?

5. La menace du bioterrorisme peut éveiller la méfiance tant elle sert les intérêts des théories du complot, avons-nous de solides raisons historique pour la souligner?

6. S'il était possible de réveiller dans l'ADN une intelligence globale il serait possible de lui faire oublier par exemple de reproduire une infirmité. N'est-ce pas là une direction indiscutable du progrès?

7. Est-il vraiment possible de manipuler les technologies génétiques sans être involontairement conduit dans la direction de l'eugénisme?

 

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      © Philosophie et spiritualité, 2010, Serge Carfantan,
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