Du point de
vue de la linguistique, le
langage est un système de
signes capables d’exprimer une signification
dans des énoncés. Le paradigme actuel de
la linguistique postule que le signe est
une totalité compacte faite d’un
signifiant et d’un
signifié, la relation entre l’un et
l’autre étant supposée arbitraire, n’importe quel signe pouvant véhiculer
n’importe quel sens. Bien sûr arbitraire s’oppose à naturel,
la réponse classique est de dire que ce n’est que par
convention que les hommes
décident
de nommer tel ou tel aspect du réel par tel ou tel mot. Rien de plus,
le langage est un écran artificiel entre nous et le réel. Les linguistes
ajoutent que la langue, non
seulement est artificielle dans ses éléments, mais elle est aussi la
matrice
culturelle de la pensée qui s’exprime en
elle. Elle lui donne sa forme et sa capacité d’analyse, elle est une sorte
d’univers dans lequel les locuteurs qui la parlent entretiennent des discours et
se comprennent.
Si cette représentation du langage était la seule possible, nous aurions beaucoup de mal à parler d’un "langage du corps" car cette idée part de présupposés en complète contradiction avec l’artificialisme linguistique. A la rigueur, le linguiste concèdera qu’il existe des signes culturels du corps : par exemple la manière de saluer, de dire oui ou non avec un mouvement de tête etc. Nous avons vu cet exemple avec les Grecs et les Bushmen.... Il existe un certain nombre de gestes qui sont effectivement codés par la culture et qui sont donc sociaux, compréhensibles dans tel ou tel contexte culturel et pas en dehors. Le signe culturel se prête donc à l’interprétation, il est artificiel, comme le signe linguistique.
Et pourtant, lors d’une précédente leçon nous n’avons pas hésité à parler de signes naturels et d’un langage naturel du corps. La joie ou la tristesse composent un visage, la forme de la pensée vient à se refléter dans le corps. Indéfectiblement, dans la spontanéité nous revenons vers la loi fondamentale de la non-dualité qui gouverne l’expression. Le corps n’est pas séparable de l’esprit, il en reçoit la puissance de signification, d’où l’idée d’Amiel, le visage est un miroir de l’âme. Nous avons dû tempérer cette formule, car il nous est apparu que l’être humain possède aussi une aptitude à dissimuler ses sentiments ou à en simuler de fictifs. C’est un acte de volonté qui contrarie la spontanéité, mais qui a aussi son efficace. Mais cela suffit-il pour refuser l’idée de langage corporel ? Quelle pertinence reconnaître à l’hypothèse d’un langage corporel non verbal?
* *
*
Par langage du corps on entend toute forme d’expression du corps propre en dehors du recours au langage verbal : tout ce qui relève du regard, de la posture adoptée, du geste, des mimiques, des attitudes, y compris les messages que délivre l’odorat. Mais il faut distinguer la pose de celui ou de celle qui prend « prend une pose » choisie, calculée, intentionnelle qui relève de la volonté ; de la spontanéité (texte) pas toujours à l’image que l’on voudrait donner à l’autre. Celle que l’on élimine dans les photos ratées qui montrent ce que l’on ne veut pas voir et encore moins montrer de soi : ... L’étude de la physionomie serait alors une forme de psychologie qui part du principe que, moyennant quelques connaissances solides, on peut légitimement inférer de l’expression du corps son sens, autant intentionnel que non-intentionnel.
1) Le
principe est simple et universel : toute existence exprime ce qu’elle
est, toute existence rayonne ce qu’elle est ;
comme dit Ruyer, l’univers
sensifie bien au-delà de ce qu’il signifie dans un langage
verbal. Un paysage peut exprimer très sensiblement de la
mélancolie, un tableau l’effroi, un chien qui retrouve son maître la joie et
ainsi de suite à l’infini. C’est donc tout naturellement que
nous pouvons
penser qu’il en est ainsi pour un visage, un geste, une démarche, un visage ou
la présence d’autrui. Les sentiments ne sont pas seulement ce que le cœur peut
offrir, mais aussi ce qu’il est à même de recevoir. ...; nous pouvons à la
rigueur bloquer ...
Au niveau de la perception nous sommes en permanence assaillis par des impressions et elles sont reliées immédiatement à des sentiments. Certes, entre le pot de fleur sur la cheminée, le chat sur la moquette et le visiteur qui vient à ma rencontre depuis l’entrée, il n’y a une grande différence de présence, mais il y a toujours un degré d’affection. Disons que d’ordinaire, un objet est à peine remarqué. Le chat est conscient et il nous voit, sa présence est davantage prégnante, autrui est bien plus influent et dérangeant à la fois. Ajoutons qu’à l’état de veille, sur le plan de la perception, je ne peux pas faire de l’autre ce que je veux.
Mais
attention, cela ne veut pas dire pour autant que d’emblée je lise sur son visage
comme dans un livre. Il faudrait être vraiment
disponible et le plus souvent nous ne
le sommes pas. Il faudrait savoir observer et nous ne faisons
attention à rien. S’il y a bien un art qui est
complètement négligé aujourd’hui, un art très précieux qui n’est pas enseigné
d’emblée aux enfants, c’est bien l’art d’observer.
Enfin, ce qui rajoute encore à la complexité, il est important de garder à
l’esprit que les signes du comportement ne sont pas univoques mais
plurivoques. Un froncement
de sourcil peut signifier l’incrédulité, l’étonnement, l’incertitude, un certain
intérêt ou bien carrément une désapprobation. Le fait de ... peut indiquer qu’une personne est irritée, ou bien qu’elle est très
concentrée, qu’elle est impatiente, qu’elle aimerait être ailleurs, (ses jambes
devraient alors être agitées), ou bien tout simplement qu’elle est en train de
compter ou de battre la mesure. Si nous ne sommes pas attentifs, nous allons
juger de manière précipitée, nous allons
préjuger
en faveur d’une interprétation bien arrêtée, sans égard
à la signification réelle.
2) Revenons maintenant plus en détails sur les signes de l’action qui composent le langage corporel. Nous avions distingué entre signes culturels et langage universel du corps.
Pour être plus précis, certains éléments sont d’origine biologique, ou si l’on préfère, font partie du bagage instinctif qui équipe encore chaque être humain sur terre. Un bébé pleure pour exprimer sa faim, ou le besoin qu’on s’occupe de lui, il sait d’instinct comment téter. De même, il subsiste dans nos comportements des réactions émotionnelles basiques sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle, il en est ainsi par exemple de la gamme des réflexes de survie dans des situations de danger, le fait de tressaillir, de faire un pas de retrait brusque, la dilatation des pupilles, mais on peut aussi ajouter l’éclat de rire devant une situation amusante, les larmes dans le chagrin. C’est humain et universel.
Par contre,
un certain nombre de signes de l’action sont empruntés par
mimétisme à un milieu et dans ce cas on
parlera de signes sociaux qui ne valent que
dans un contexte. Il existe par exemple une forme de rituel chez les
adolescents dans le salut, les codes de comportement et le vocabulaire pour se
faire accepter ou confirmer que l’on est membre d’une tribu que l’on forme avec
« des potes ». Certains gestes, certaines démarches, notamment empruntés aux
chanteurs de rap, sont aussi codées que le vocabulaire exotique qui sert de
repérage identitaire. De même que l’adolescent utilise dans la communication en
direction des siens toujours les mêmes tournures lexicales, il se sert
aussi d’un certains nombre de gestes qui sont des éléments du même ordre.
Les uns et les autres tissent une appartenance : il y a nous et nos
codes bien à nous et les autres qui ne
les
comprennent pas. Et qui doivent de préférence rester en dehors !
De manière cette fois plus élargie, il y a bien sûr les signes culturels. Nous prenions l’exemple de la manière de saluer très différente en Orient et en Occident, du hochement de la tête codé différemment d’une culture à l’autre. La manière de regarder les yeux d’une personne âgée, d’un homme, d’une femme, d’un supérieur hiérarchique ou d’un serviteur est très codifiée dans certaines cultures. Ne pas se soumettre aux us et coutume, faire ce qui ne se fait pas peut causer des désagréments assez graves qui vont du ridicule public à l’offense caractéristique. En Arabie Saoudite vous pouvez vous retrouver au poste pour avoir regardé une femme de la mauvaise façon. On vous demandera dans certains pays de baisser les yeux par déférence devant certaines personnes, si vous ne le faites pas vous êtes mal dégrossi ou arrogant. En France, faire OK de loin à quelqu’un en mettant en contact le pouce et l’index (en « O ») est compris clairement de manière univoque. En Orient c’est une injure qui fait allusion à l’anatomie anale. A Malte c’est un geste de mépris pour désigner un homosexuel. En Grèce le même geste est une insulte. Mieux vaut consulter un livre de voyage quand on se rend à l’étranger pour éviter quelques impairs.
Nous parions
des signes de l’action en donnant l’exemple du mime Marceau jouant le
violoniste. Beaucoup de signes sont
professionnels et prescrivent par avance des schémas spécifiques de
langage corporel. La vendeuse d’une boutique de fringues à une conduite
extrêmement calculée, autant dans les paroles que dans sa gestuelle. Quand elle
était débutante, elle était maladroite, on lui
a
appris que devant la cliente il ne s’agit pas de se comporter comme si c’était
une copine ; on lui a montré qu’il y a une manière d’aborder une personne d’un
certain âge, différente de la manière d’aller à la rencontre d’une personne plus
jeune, que pour aborder un homme il vaut mieux etc. Les livres de
marketing fourmillent de détails sur l’utilisation du
langage corporel. Mais que vous soyez un officier de
police, plombier ou chauffeur de taxi, il y aura toujours une gamme de gestes qui sont appropriés et d’autres qui ne le
sont pas. La profession dicte des schémas de langage corporel
qui sont attendus de part et d’autre et qu’il vaut mieux adopter par souci
d’efficacité. C’est un registre très conventionnel, celui du
rôle.
Terminons
ces distinctions par les signes non verbaux de la
sexualité.
Le deuxième usage le plus répandu de l’utilisation du langage corporel après le
marketing, c’est… la drague ! La grande question de savoir comment interpréter
le langage corporel d’un partenaire éventuel. Problème assez compliqué puisqu’il
faut inclure à la fois le versant naturel et le versant culturel. La
différenciation culturelle est aujourd’hui en Occident moins stricte qu’elle ne
l’a été. On n’habille plus les petites filles en rose et les petits garçons en
bleu. L’époque est à l’opposé, elle favorise la confusion des genres,
mais se révèle plus souple à l’égard des différences sexuelles. Cependant, on a
beau faire, le langage corporel d’une femme n’est pas celui d’un
homme.
Cela se remarque très bien dans un contexte associatif ou scolaire. Dans un
groupe de filles le contact physique est assez facile et les liens amicaux
établis assez rapidement. Dans un groupe de garçons, la distance physique est de
mise, il y a hésitation à l’égard du bavardage, sauf si la conversation se fixe
sur un sujet commun assez général comme le football. Ce sont des attitudes
caractéristiques. Les femmes cherchent entre elles un contact physique de la
main ou du bras, parlent de sujets intimes, sont plus dans l’émotionnel
;
les hommes se maintiennent à distance et échangent des informations sur des
sujets généraux, ils sont davantage dans le mental. La corpulence, le
squelette, des hommes et des femmes, font qu’ils ne peuvent pas non plus avoir
la même démarche. La femme fait des pas plus petits et balance les hanches,
l’homme des pas plus allongés et balance
davantage
les bras, les femmes ont tendance à ramener les bras près du corps. Bien sûr, on
remarquera que l’homosexuel s’approprie les caractéristiques gestuelles du sexe
opposé. A une époque qui aimerait tout confondre, on pourrait penser que ces
distinctions sont passées de mode, mais c’est sans compter sur les conduites
primitives qui restent présentes sous le verni de la culture se
réveillent sous l’impulsion du désir. Rien n’y fait, en situation de désir,
même la femme soi-disant libérée, retrouve des gestes archaïques : montrer sa
crinière, se triturer les cheveux, même quand ils sont courts, baisser les yeux,
battre des cils. Rien n’y fait, quand elle circule au milieu d’un groupe
d’hommes, une femme se tient plus droite, sort sa poitrine et balance les
hanches, c’est de l’ordre du subconscient, un rappel archaïque qu’elle est faite
pour porter des enfants, et une manière de le signaler au regard du mâle. Même
une femme lesbienne qui n’a pas d’attirance spontanée pour les hommes est
inconsciemment inclinée vers ces comportements archaïques. Pas sûr non plus que les
artifices ajoutés changent quoi que ce soit. Desmond Morris soutenait que le
rouge à lèvres est fait pour attirer l’attention sur les lèvres qui sont des
symboles des organes sexuels. On ne s’éloigne donc pas forcément de la pulsion
par des comportements qui en apparence ...
L’esprit interagit en permanence avec le corps ; dès qu’une pensée nous traverse l’esprit, il est naturel pour le corps de l’exprimer immédiatement. C’est ce que font très bien les tout petits et c’est pour cette raison qu’un visage d’enfant peut être incroyablement changeant et si expressif, rien ne contrarie le mouvement de l’expression, le mouvement de l’intérieur vers l’extérieur, (comme dans le ruban de Moëbius) est la spontanéité même. Il sera donc plus aisé de comprendre un enfant dans son langage corporel qu’un adulte qui tente de se contrôler ou de prendre une pose. Mieux vaut ne pas sauter de joie si on a quatre as dans une partie de poker ! Ce serait être un très mauvais joueur, il faut contrôler son langage corporel pour ne rien laisser paraître. L’expression est encore là, il y aura une dilatation des pupilles du joueur devant les quatre as, mais sous contrôle les signes deviennent difficile à cerner (les lunettes teintées son utiles !). A cela s’ajoute que, s'il y a obscurité, toute interprétation de ce qui est humain - et cela englobe le langage du corps - suppose un contexte. Un homme qui baisse la tête et met ses bras autour de son ventre prend une posture défensive qui abrite de l’hostilité… sauf si la scène se déroule dans la salle d’attente du docteur et qu’il a… mal au ventre. Suivant le contexte, une même posture peut prendre un sens différent, ce qui veut dire que même si le corps a toujours une éloquence, nous ne devons pas tirer de conclusion hâtive à moins d’être assuré du contexte.
1) Prenons
maintenant quelques exemples. Une personne qui lève le menton et vous « regarde
de haut », se donnant une taille en plus pour en toiser un autre exprime souvent
de l’arrogance, de
la
prétention ou de l’orgueil. Sa
posture dit à la limite « je me situe au-dessus de vous », « vous rampez à mes
pieds » ! Ce qui peut indiquer quelqu’un de très imbu de lui-même qui ne veut
pas se mêler avec la plèbe. Inversement, un port de tête bas, des yeux fuyants
qui fixent le sol peut indiquer une personne qui se
dévalorise,
qui porte sur elle-même un jugement très négatif, se jugeant à ras de terre. Une
personne qui se tient droit mais sans affectation rayonne une
dignité
et une vraie noblesse. Celle marche droit d’un pas vif est sûre
d’elle-même, tandis qu’une autre au pas lent, semble repliée en sac sur
elle-même, plus petite qu’elle n’est, manque certainement d’assurance, ou bien
est elle triste et abattue, ce que son corps indique. Le corps
mime parfois très nettement les sentiments. Il y a des personnes qui dans
leur posture sont comme les saules pleureurs, elles semblent porter tous les
malheurs du monde sur leurs épaules, d’où la figure voûtée et on s’attendrait
presque à voir une charge sur leur dos. Elles ont besoin d’être soulagées et
rassurées. Quelqu’un qui extérieurement bouge sans cesse et ne tient pas en
place, a le mental très agité, il est ballotté par des pensées qui
semblent avoir une charge émotionnelle, qui explose dans son corps par effet de
transmission. C’est très courant dans le cadre scolaire, on pense qu’il suffit
de brider le corps, mais c’est en fait le mental qui a besoin de se calmer.
Une personne très présente, calme et posée, avec une certaine intensité dans le
regard, capable de rester sans difficulté en conversation dans la même position a
le mental tranquille, voire
silencieux. ...: celui qui, non
seulement est agité, mais en plus se gratte, est certainement
irrité
parce qu’il vient d’entendre ! Il y a aussi des personnes dont tout le corps semble
dire : « allez, on s’y met tout de suite », « on y va », ce n’est pas de
l’agitation, mais un élan d’enthousiasme qui a besoin de
s’investir, la personne ne peut pas rester immobile, il faut qu’elle entre dans
une démarche créative, sous peine, l’élan frustré, de déprimer. Cela se voit.
Quelqu’un qui se plante dans le face-à-face, les poings sur les hanches indique
clairement son opposition, il « barre la route » d’une idée, d’un
projet, jusqu’à l’agressivité. Avant toute parole, l’allure dit déjà : « Je suis
contre. Il faudra me passer sur le corps si vous voulez le faire» !
Dans les
films, pour qu’il soit crédible, le méchant doit prendre un
visage, un regard, une
démarche, qui transpire la brutalité, la haine, bref, une
aura de vrai salopard, et si son corps ne donne pas de signe non-verbal dans
cette direction, c’est que l’acteur est mauvais. Le gentil doit respirer
l’incarnation du bien, avec la force et l’assurance qui ne s’en laisse pas
compter face à la brute : jambes écartées, bien plantées, à la John Wayne, les
pouces enfoncés dans la ceinture, le cow-boy ombrageux qui fait fuir tous ses
ennemis. Sergio Léone a fait très fort dans les westerns spaghetti en ajoutant
une lenteur lascive mafiosi de violence calculée, la sueur qui coule sous le
chapeau, le corps qui accumule l’énergie qui va tout d’un coup jaillir dans une
action d’éclat… La dégaine ultra-rapide du révolver ! Évidement tout est
dans le geste et le spectateur saisit immédiatement ce que le personnage
a en tête. Il a une lecture empathique des émotions dans le corps.
Pour l’acteur, il s’agit de donner corps à un
personnage, ce qui
ne veut pas dire qu’il soit le personnage. Un très bon acteur doit
pouvoir passer mettons d’un personnage efféminé insignifiant, au bon père de
famille autoritaire, puis au psychopathe au regard complètement allumé etc. en
un rien de temps, mais il n’est ni l’un ni l’autre. Il doit pouvoir se fondre
dans le personnage. Un indic qui se rend chez des truands doit oublier qu’il est
flic en service pour roder avec une démarche de truand. Inversement, le
présentateur télé doit se composer un personnage froid pour
débiter les infos de manière très neutre. C’est son travail. Il ne
faudrait pas que ... Donc contrôle émotionnel. Professionnel. Mais c’est encore une
pose très facile à identifier que la raideur du contrôle, on peut voir
dans les traits l’effort pour rester placide et ne rien laisser paraître. C’est
encore la pensée qui agit sur le corps et cette pensée est décelable. Donc, non
seulement nous voyons en autrui l’apparence offerte, mais nous
pouvons aussi sentir quand elle est artificielle. Seul l’esprit
crédule se laisse prendre au premier degré sans déceler l’intention calculée...
2)
Observons à la terrasse d’un café. C’est très intéressant. Deux personnes, l’une
qui parle, l’autre qui écoute de manière presque studieuse. Elle rapproche sa
chaise par deux fois. Elle est donc très intéressée, si elle
n’avait que faire de ce que l’autre raconte, elle éloignerait sa chaise. Elle
prendrait ses distances, à la limite en tournant complètement le dos, ce serait
de l’aversion. Il y a donc la position du corps et son
orientation. Un peu plus loin, une fille tourne la tête vers le garçon qui est à
sa table, mais de manière de plus en plus distraite, son corps lui fait face en
direction d’un autre garçon qui l’observe depuis un moment. L’angle du buste
vers lui, les jambes croisées, le genou pointé vers le second prétendant, ne
sont pas là par hasard et le petit ami risque de s’énerver s’il s’en aperçoit !
Deux filles s’installent et se mettent elles de côté, elles ouvrent leur angle
de vue pour accueillir les sollicitations de passage. Ce sont certainement deux
copines qui se connaissent depuis longtemps et n’ont pas envie d’avoir une
conversation sérieuse. Elles se parlent légèrement,
prêtes à inviter celui qui
voudrait se joindre à elles. Si elles se faisaient face le buste droit, les yeux
dans les yeux, la conversation exclurait une tierce partie qui ne ferait que
déranger, elle serait donc plus sérieuse. Si l’une d’entre elle en a assez, elle
va commencer par se tourner sur le côté. Le corps dit « j’en ai un peu assez de
tes histoires, je ne t’écoute plus ». L’autre va peut être se pencher en avant
essayant de raccrocher de force l’attention de cet esprit dont le corps part
comme à la dérive. Son corps dira : « je veux que tu m’écoute absolument ». Ce
qui est étrange, c’est que très souvent les protagonistes de ce petit jeu
non-verbal ne se rendent compte de rien ! Pourquoi ? Parce qu’ils sont hypnotisés
et perdus dans leurs pensées et qu’ils n’observent pas. Les pensées font alors
écran et elles empêchent la compréhension non verbale qui est pourtant donnée
là, tout de suite, à condition qu’il y ait une observation attentive.
Passons aux mouvements de la tête. Le hochement tout d’abord. C’est très commun et suivant le contexte, il peut avoir plusieurs significations. « Bonjour ». « Oui, je fais attention à ce que vous dites-là ». Plus ferme : « je suis d’accord avec vous ». Un peu moins ferme : « je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous, mais continuez de parler ». Dans ce cas il est probable que la personne serre un peu les lèvres. Une personne qui a un caractère un peu obsessionnel va réclamer le hochement de tête, sinon, elle va répéter ce qu’elle a dit pour obtenir un « d’accord ». Elle utilisera elle-même le hochement de tête menton levé pour obtenir l’accord. Le fait de baisser la tête peut lui aussi avoir plusieurs sens. Dans le contexte d’une cérémonie c’est un signe de respect, autour d’une tombe, de reconnaissance du sacré à l’égard de la mort. Mais autour de la table dans une discussion de famille, la tête baissée est un signe évident de culpabilité. Le petit garçon qui a très peur de se faire gronder. Le corps prend une posture fautive, parce que...
Les
expressions du visage enfin. Nous avons vu que pour l’essentiel, d’un point de
vue
psychologiques,
les êtres humains sont semblables. (texte)
De là suit que l’expression des émotions les plus élémentaires dans le corps est
similaire et peut donc .... Les études
confirment. Dans une série de recherches datant de 1972, Paul
Ekman, pionnier
en la matière, définit sept émotions
universelles: colère, dégoût,
haine, joie,
peur, tristesse et surprise.
Universelles s’entend : fondées dans la base biologique de l’humain, donc non
relatifs à la culture et identifiables par tous. Il peut y avoir de grandes
différences, il y a des visages qui sont incroyablement changeants et volubiles,
d’autres plus austères ; cependant, les émotions les plus primitives jaillissent
dans le visage à l’identique. Le visage est le miroir le
plus expressif des sentiments, le miroir de l’âme. A lui seul, il justifierait
l’étude du langage corporel. En ne prenant en compte que le discours et son
contenu en termes linguistique, nous oublions ce fait fondamental, que la
communication nous fait d’abord rencontrer le visage de l’autre. Et il a une
très grande influence. Selon le standard actuel d’Albert Mehrabian rapporté dans
deux articles de 1967, la règle de la communication serait de 7 % - 38 % - 55 %.
Dans la communication d'un message verbal, le sens des mots ne
compterait que pour 7 %, le ton et la voix pour 38 %, et surtout,
l'impression visuelle – surtout le visage en fait - pour 55 %.
C’est une banalité de le dire, mais un sourire franc nous met à l’aise et incite
à continuer plus avant une conversation. Un visage fermé a tendance à éponger
les mots dans le mutisme. Un visage triste entraîne tout de suite l’empathie ..Si nous lisons sur un visage la furie de la colère, bien évidemment
cela coupe court à toute communication. Remarque de bons sens, car nous avons vu
qu’il n’y a pas de dialogue réel face à une personne dont le
corps de souffrance est très actif. Une froideur énigmatique met très mal à l’aise car nous n’arrivons pas à lire
sur les traits pour recevoir confirmation de l’écho de nos propos. Nous ne
savons pas ce que l’autre pense d’où une certaine gène. D’ordinaire nous
économisons des échanges inutiles car nous voyons sur le visage de l’autre la
réponse à nos questions. Ce qui prouve à quel point la communication s’appuie
sur le non-verbal avant de se confirmer dans l’échange de paroles.
Dans le
Diogenes Project
Ekman dit que les « micro-expressions » du visage peuvent
être exploitées pour détecter le mensonge. Depuis l’idée d’exploiter le langage
corporel pour détecter le mensonge est tellement à la mode qu’on en a fait des
séries à succès. Avec des exagérations
manifestes. C’est magique ! Aucune
ambiguïté. Le héros jette à peine un coup d’œil distrait qu’il a déjà tout
compris ! Alors qu’il faut au contraire une grande attention, une immersion et
du temps pour observer et le soin d’éviter les jugements hâtifs. C’est plus un
art qu’une science et un art qui comporte des difficultés et des limites.
1)
Mentir c’est, soit cacher la vérité à autrui
ou bien l’induire en erreur en l’expédiant sur une fausse piste. Comme le
menteur sait la vérité, il en résulte qu’il perd la coïncidence avec soi ; il
est intérieurement divisé, dans une position de
duplicité, une part de lui sait, mais se
cache et une autre part entretient la comédie des apparences. Le menteur est
divisé, mais son corps lui n’est pas divisé. Et alors, sans mauvais jeu de mots,
la vérité transpire : souvenons du cas de ce mythomane qui s’était
inventé une fausse existence de médecin ; qui, obligé de mentir en permanence à
ses proches, transpirait abondamment à grosses gouttes sous ses chemises.
Friction émotionnelle entre vérité intérieure et vérité extérieure = malaise
permanent. Même les meilleurs menteurs restent incapables de contrôler
tous les automatismes et les réflexes du corps. Le mensonge provoque des
blocages émotionnels dans le corps ; une situation de stress qui va depuis la
tension constante jusqu’à la peur intense, la peur
panique d’être découvert. Et tant que le mensonge est maintenu, la tension
demeure. Cela implique aussi toute une série de signes : la tension artérielle
qui
monte,
les sucs digestifs deviennent plus acides, la respiration irrégulière, le visage
pâlit ou bien rougit etc. Il va donc falloir au menteur ... qui se manifeste dans les signes spontanés, pour
installer un camouflage volontaire. C’est possible, surtout en face de personnes
qui n’ont pas le sens de l’observation et qui n’écoutent pas le niveau
subliminal ... Mais il y a toujours des détails qui
échappent. L’un des plus connus est le besoin irrépressible de … Récemment, le Pentagone américain a reconnu avoir
embauché un groupe de travail indépendant sur le langage corporel pour cerner
les expressions des dirigeants politiques étrangers comme Vladimir Poutine.
Quand l’armée investit de l’argent (300.000 $ par an !) sur un projet, ce n’est
pas à la légère pour des prestations « culturelles », mais parce qu’elle pense y
trouver son compte, (par contre, en direction du public, ce
sont
les mêmes qui taxent ces pratiques de fumisterie).
Continuons. Puisque le menteur est dans la duplicité, il a tendance à se retirer de l’échange verbal qui requiert toujours la vérité. A se pencher en arrière. Se tortiller sur sa chaise. Ne pas regarder droit dans les yeux pour rompre le contact visuel. Fermer les yeux, battre des paupières pour couper le lien. Détourner la tête et se cacher le visage pour essayer d’échapper à une situation inconfortable... Se raidir et réduire au minimum ses expressions. Il est alors tout à fait naturel que les paroles soient en décalage avec l’expression du visage. Quand les mots disent une chose et que le corps dit le contraire, on peut inférer que la personne ment. Le signe le plus patent étant le regard fuyant. L’inconfort fait aussi que par exemple la sujet va mettre la main devant sa bouche, se gratter. La tension peut être si forte qu’elle dessèche la bouche obligeant la personne à avaler de la salive ou à demander à boire. Il y a donc incontestablement de la pertinence dans la lecture du non-verbal, pour autant qu’elle soit intelligente.
2) Mais attention il
faut rester très prudent. La variation du contexte et l’ambiguïté des signes
laissent une grande marge d’erreurs. Le fait d’être soumis à un
interrogatoire est stressant et il est normal de manifester des signes
d’agacement, d’inquiétude, de se raidir, se gratter le nez, de regarder ailleurs
etc. Pas parce que la personne ment. La pression du temps
psychologique suffit. On ne peut pas exiger de l’homme ordinaire au poste de
police d’être totalement présent et serein comme un moine Zen. Les signes de
stress peuvent se manifester sans que pour autant il y ait mensonge, tout
simplement parce que la pensée se projette au moment suivant et que la personne
trépigne d’impatience. Si elle voit la situation comme stressante, le corps va
gentiment obéir et montrer des signes de stress. Ce que l’inquisiteur derrière
la vitre va interpréter comme signes de mensonge. Et, tant que nous y sommes, la
psychanalyse nous a longtemps fait le coup du lapsus
freudien. Mais là encore il faut prendre garde au contexte. Tout le monde a
pu à un moment où un autre faire l’expérience ... des
nuits blanches, le contrôle sur le mental devient alors difficile, la parole
devient confuse, les mots se mélangent et se bousculent… un lapsus toutes les
quinze secondes. Le psychologue du soupçon, le nouvel
inquisiteur, aura beau jeu d’interpréter à tirer larigot, mais c’est stupide
dans ce contexte.
Par contre, toujours suivant le contexte, il y a des cas où l’investigation est requise. Il est possible qu’une personne se soit elle-même tellement convaincue que ce qu’elle dit est vrai, qu’elle y croit dur comme fer et qu’elle soit sincère dans ses affirmations. Alors que ce n’est pas la vérité. Ce n’est plus du mensonge, c’est du déni caractérisé devenu une habitude tellement ancrée que la différence avec la sincérité appuyée sur le vrai devient indiscernable. Cela se voit en psychanalyse où par un effet très puissant de refoulement le souvenir est occulté, auquel cas, même le détecteur de mensonge n’y verra que du feu. La surcouche de protection subconsciente devient un blindage. L’argument est développé par Ken Wilber. Souvenons-nous du double déni inconscient : le fait est dénié et refoulé, et l’acte de déni lui-même dénié et refoulé. S’il est parfois nécessaire de régresser dans le passé traumatique avec l’aide d’un thérapeute, c’est pour cette raison, pour surmonter les résistances, afin de libérer le nœud psychique qui provoque le double déni ; et il faut parfois revivre émotionnellement les événements passés, tels qu’ils se sont réellement produits, pour les libérer. Voyez la démarche de S. Prajnanpad.
3) La position de témoin que requiert l’observation peut aussi être déformée et subjuguée par une projection qui d’avance prescrit ce que le prétendu « observateur » veut absolument trouver. Nous l’avons vu, après tout le paranoïaque lui aussi voit des « signes » partout. Il saura interpréter les signes non-verbaux ! Et curieusement il trouvera toujours moyen de confirmer ses doutes. Cela s’appelle surinterprétation. Mieux vaut que notre homme ne soit pas dans une police spéciale à Guantanamo ou dans les prisons de Corée du Nord.
Sans aller jusque
là, il suffit de prendre en compte le passionnel. Le
désir tend à cristalliser sur son objet. Les désirs de
l’ego sont hallucinatoires. Le désir
surimpose à l’objet son univers de fantasmes et génère de l’illusion,
par conséquent, il est inévitable que dans ces conditions la prétendue
« lecture » non-verbale d’autrui, risque fort d’être une projection fantasmée
des attentes ou des craintes, sans aucun rapport avec la réalité. L’ego
passionnel ne sort pas de lui-même et en fait il ne voit alors que lui-même.
S’il déchiffre des « signes » chez l’autre, ce n’est qu’en écho à ses
attentes, il ne saura jamais observer car
savoir observer c’est justement mettre entre parenthèses son ego et ses
attentes, accueillir l’autre tel qu’il est. Le
laisser être. L’ego passionnel
« devine » à titre de signes
ce qu’il a envie de voir, ou inversement trouve la
confirmation de ses inquiétudes. Le jaloux est ... Il pense comme le paranoïaque être très
perspicace. Bref, l’introduction de l’émotionnel lié au désir encourage la
surinterprétation ...
Enfin
il y aurait quelques raisons de se méfier de la récupération ambiante du langage
non-verbal dans le fait qu’il soit devenu un instrument de prédilection du
marketing. L’idée, c’est qu’il y a un bénéfice à manipuler le langage du corps
pour « présenter bien » devant autrui, présenter de manière très efficace.
Partant du principe que la communication humaine passe
par le non-verbal et que seulement une faible partie passe dans le message
verbal, le marketing enseigne qu’il faut
composer les
apparences. Donc de faire en sorte de détourner les signes non-verbaux de la
spontanéité, pour leur faire dire tout ce qui peut être utile pour ramener à
soi un client potentiel. D’où les postures aguicheuses très sophistiquées des
vendeuses et le jeu artificiel des vendeurs,
sans
une once de sincérité. Même méthode chez les conseillers
en communication. « Penchez-vous en avant, cela vous donne une allure
volontaire… regardez droit dans les yeux le public… après un message très
indicatif, plaisantez… Pour une femme ne négligez pas votre maquillage et votre
parfum…» Nous avons vu dans une leçon précédente que
la propagande et le marketing ont la même source historique. Mais on savait déjà
depuis l’antiquité que l’art de la persuasion
ne se limite pas à l’éloquence verbale, qu’il implique tout un jeu scénique du
corps. Il y a matière à créer un stimulus dans l’esprit de ceux qui
écoutent en direction… de l’acte d’achat ou de l’adhésion politique. Aux
États-unis même les caissières de supermarché reçoivent une formation au langage
non-verbal. Jusqu’à devoir demander avec la mine comme il faut :
« vous allez bien ? » au client, et bien sûr c’est purement fictif,
technique de vente, inutile d’écouter la réponse ! Il faut juste donner
une bonne image. Or dans une société aussi
consumériste que la nôtre qui emprunte ses modèles à la publicité, cet
embrigadement consistant à prendre des poses est très envahissant. Elle incite
les nouvelles générations à vivre dans l’imitation de modèles, dans une fiction
sociale… et donc à ne jamais être soi-même. La pose donne des airs maniérés
mais tue la spontanéité or seule la spontanéité délivre une véritable assurance et
la connaissance de soi. La pose entrave la relation car elle ne fait se
rencontrer que des personnages. Pas des
personnes. Illusion. Et la première illusion ici tient certainement au
discrédit implicite du dialogue. De l’échange et de la parole vraie.
Caroline Williams a le mot juste : « Après tout, si nous pouvions vraiment
comprendre 93% de ce que les gens disent sans recourir aux mots, il n’y aurait
pas besoin d’apprendre les langues étrangères et personne ne pourrait jamais
s’en tirer avec un mensonge ». C’est bien vu. La meilleure manière de comprendre
quelqu’un, même le menteur, c’est de lui parler et de l’écouter.
C’est la voie d’accès la plus directe à la subjectivité d’autrui. A la
communication.
* *
*
La sévérité de ces critiques ne touche pas au noyau de pertinence du langage non-verbal qui reste très précieux. Ne serait-ce parce qu’il nous rappelle combien il est important de savoir observer par soi-même. C’est un défi important pour l’intellectuel. Dans nos sociétés la formation fait que l’intellectuel est plus à l’aise avec des abstractions théoriques que dans la relation directe avec des personnes. L’art d’observer est opposé à la théorisation conceptuelle, il demande de sortir de la théorie pour apprendre à voir par soi-même sans présupposés.
Il existe une intelligence perceptive qui est comme nous l’avons vu très différente de l’intelligence verbale, mais qui est très négligée par la plupart d’entre nous. Noter que les sourds-muets sont très doués pour observer. Les aveugles de même ont une capacité de discrimination auditive et olfactive très élevée. En général les animaux supérieurs sont de très bons observateurs. Il n’y a pas à opposer les domaines, mais il faut noter que dès que l’on entre dans l’humain, il y a une grande complexité. Le langage corporel existe, mais sa compréhension n’est pas si facile que le laisse croire les livres à la mode. Krishnamurti répétait : « observez, observez tout le temps !». C’est un exercice de haute acuité. De lucidité sans jugement ni identification. Alors seulement nous pouvons être ouvert à la richesse incroyable des êtres humains.
* *
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Questions:
1. N'y a-t-il pas une certaine complaisance à persister à ne pas prendre en compte le langage corporel en prétextant qu'il est ambigu?
2. Quelles critiques peut-on tirer du langage corporel contre le conventionnalisme linguistique?
3. Comment se fait-il que nous soyons si aveugle à ne pas voir ce qui est pourtant sous nos yeux dans les conduites humaines?
4. En quoi la lecture du langage corporel peut-elle être très réductrice?
5. Faut-il déduire du langage corporel que l'humanité reste assez primitive dans ses conduites?
6. Est-ce une loi obligée que plus l'intellect est dans l'abstraction et moins il sait observer?
7. Comment comprendre l'appréhension
d'autrui par l'enfant par rapport à celle de l'adulte?
© Philosophie et spiritualité, 2014, Serge Carfantan,
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