Nous
continuons sur la lancée avec Ken Wilber. Cette leçon fait suite à
Essai de pensée intégrale
et ne peut être lue à part. Nous prenons pour fil conducteur deux textes de
Wilber La Vision intégrale et le livre précédemment commenté, Une
brève Histoire de tout. Nous avons vu de manière rapide – trop rapide –
l’approche de Wilber par le biais des quatre quadrants.
Elle
contient des implications philosophiques importantes très
éclairantes et qui méritent d’être exposées. Les philosophes apprécieront ce
prolongement.
La méthode des quadrants apporte en effet des solutions inespérées à un certain nombre de difficultés qui embarrassent tout étudiant soucieux de se tenir informé sur l’état du savoir ou tout esprit qui veut y voir clair. Elle permet de dénouer un certain nombre de confusions fréquentes dont il est difficile de se dépatouiller sans une aide solide. Edgar Morin répète à l’envi que le savoir de notre époque est devenu très fragmentaire et ésotérique au sens de compréhensible que par des spécialistes qui se parlent entre eux. Nous avons poussé très loin l’art de l’analyse dans jusqu’au plus petit fragment dans tous les domaines. Il oublie d’ajouter que nous mélangeons aussi des instruments de compréhension qui, s’ils sont valides dans un domaine, ne sont plus du tout fonctionnels ailleurs. Le service que rend Wilber est de situer chaque avenue du savoir dans le quadrant qui est le sien et de préciser quel point de vue théorique lui convient. Pour l’essentiel, la discrimination tient à la différence entre point de vue subjectif, (quadrant SG), le point de vue objectif (quadrant SD), interobjectif, (quadrant ID), et intersubjectif (quadrant IG). Sous la forme d’une question : Qu’est-ce qui fait la spécificité théorique de la démarche objective, de la démarche subjective, interobjective et intersubjective ?
Il est vivement conseillé de prendre ensemble toutes les leçons consacrées à Wilber dans l’ordre où elle ont été écrite à savoir, les trois yeux de la connaissance, prépersonnel et transpersonnel, essai de pensée intégrale et enfin celle-ci.
* *
*
Revenons sur la figure des quatre quadrants. Le tableau ci-dessous. Pour commencer le supérieur droit. Nous savons que le paradigme de l’objectivité est le modèle théorique dominant dans la culture occidentale. Il est structuré sur la conscience-de-quelque-chose, la conscience de l’objet « que l'on peut voir empiriquement, d'une manière ou d'une autre, avec les sens ou leurs extensions – microscopes, télescopes, équipement photographique et tout ce que vous voudrez. Ce sont toutes des surfaces que l'on peut voir ». Avant tout l’extériorité dans sa forme particulière. Le savoir qui lui correspond est monologique, il n’engage en rien la subjectivité réelle de celui qui connaît qui est au contraire évacuée et il se définit par la factualité, la vérité de fait. C’est une conquête des Lumières.
Individuel |
Intérieur |
Extérieur |
collectif |
Légitimité Adéquation culturelle Compréhension mutuelle Justesse
Intersubjectif
|
Adéquation fonctionnelle Toile de la théorie des systèmes Fonctionnalisme structurel Entrelacement des systèmes sociaux Interobjectif
|
1) « le paradigme fondamental des Lumières était le paradigme de la représentation – le paradigme de la cartographie, le paradigme monologique ». Il définit un savoir dont la vérité est inscrite dans la représentation, se situe dans l’ordre de l’extériorité visible et tend par essence à occulter le sujet. C’est ici que fonctionne à merveille la métaphore de la carte et du territoire qui rend compte de la démarche nécessaire pour valider une proposition. « Nous allons vérifier si la proposition coïncide avec les faits et y correspond – si la carte reflète le territoire avec exactitude».
Nous
sommes alors dans le règne d’un savoir enclin à ne voir de réalité que
dans l’objectivité et, comme nous l’avons vu, ce modèle classique est
celui de l’objectivité forte.
Dans ce paradigme, le sujet, préalablement vidé de toute « subjectivité » (le
terme devenant péjoratif !), construit l’objet au sens où Kant dira dans la
Critique de la Raison pure, que les
Modernes, contrairement au Grecs,
ont compris avec Galilée
que la science devait imposer ses
questions à la Nature au lieu de se laisser naïvement conduire par elle.
Mais en fait il s’agit d’une objectivité « sans sujet ». Comme nous le
remarquions plus haut, Kant, qui révérait Newton,
(s’il n’avait pas été philosophe aurait été physicien) a admirablement servi à
la physique de son temps la théorie de la connaissance qui allait avec. Une
théorie de la connaissance
d’une raison formelle qui laissait le champ libre au
paradigme mécaniste. En toute logique, il est facile ... la science devait, avec
Galilée,
Descartes et
Newton trouver son modèle de rigueur dans la
physique. Il est Incontestable qu’elle a obtenu le succès historique
extraordinaire qui était inscrit dans son projet, sous
la forme de l’hyper développement de la
techno-science. Elle a produit notre monde technique,
tout à la fois le monde quantifié et
l’univers disqualifié dans lequel nous
vivons.
Sous
l’impulsion de la Modernité, le positivisme de Comte et de ses successeurs se
faisaient fort d’élever toutes les disciplines à la rigueur de la physique :
d’où la série indéfinie des « positivismes »
juridique,
linguistique, sociologique,
historique etc. Tous inspirés par
la même fascination de l’objectivité forte. Avec des succès cependant mitigés et
pas mal d’échecs, car s’il est possible de demeurer dans un monologue objectif
face à la nature, dès qu’on aborde l’humain les
questions ne sont plus les mêmes. Il est indispensable de prendre en compte la
subjectivité et l’intersubjectivité.
Le cas de l’histoire est exemplaire. Il est en effet
apparu très vite aux historiens que le
positivisme historique menait dans une impasse : à quoi bon étaler comme le
faisait Seignobos à la fin de sa vie, dans un livre une liste « objective » de
documents pour laisser le soin au lecteur d’en écrire l’histoire ? Refuser
l’empathie avec les acteurs de l’histoire ? C’est renier la démarche
interprétative indispensable à l’historien. La
Nouvelle histoire balayera toutes
ces
prétentions.
2) Dans la démarche objectivante du sentier de droite, ... observer le « comportement objectif. Vous regardez le comportement des atomes ou des cellules ou des populations ou des individus ou des sociétés ou des écosystèmes ». Et c’est correct à ce niveau : « Il n'y a rien de mal dans ces sentiers empiriques et scientifiques de droite. Sauf qu'ils ne disent pas toute l'histoire. Vivre uniquement en fonction du côté droit, c'est comme passer sa vie perpétuellement sous le regard d'un technicien de laboratoire. C'est tout empirisme, tout regard monologique, tout béhaviorisme, tout objet aux brillantes surfaces monochromes – pas d'intériorité, pas de profondeur, pas de conscience ». Ironie de l’Esprit : avec l’arrivée de la mécanique quantique, c’est au cœur de la physique que des coups sévères seront portés au modèle de l’objectivité forte. Et ce sont les physiciens qui se mettront à parler de la nécessité d’intégrer la conscience dans l’observation ! Incroyable retournement des choses.
Il n’empêche que de la domination écrasante du modèle de sentier droit sur notre manière de penser, suivent des conséquences terribles dans le devenir de la culture. Nous avons tout fait pour préparer des esprits si extravertis en direction de l’objet, qu’ils évident peu à peu leur sensibilité de sujet (voir Thuillier). De là encore des conséquences terribles dans le domaine d’une éducation qui tend à être extrêmement limitative ; car sur cette pente il n’y a plus d’issue logique que les « formations techniques » où l’homme apprendra à « fonctionner » dans un cadre mental qui par essence génère un univers machinal. La compétence technique est une chose, mais en tant qu’être humain, chacun de nous a besoin d’une connaissance qui l’éclaire, qui nourrissent sa sensibilité, sa subjectivité, son ouverture au monde. Or l’être humain ne peut se réaliser que très difficilement quand il est enfermé dans une représentation du « sentier de droite ». Inversement, Les choses deviennent nettement plus claires si, avec Wilber, nous prenons en compte la totalité des quadrants.
Passons maintenant au quadrant inférieur droit. Celui de l’extérieur collectif. C’est aussi un « sentier de droite » avec les mêmes exigences, elles aussi fondées sur la prédominance de l’objet, mais avec une fascination pour l’étude objective des comportements à l’intérieur de systèmes. Nous y trouverons un certain nombre de disciplines telle que l’économie et la sociologie pratiquées dans l’enseignement secondaire. Les « études de documents », les données statistiques que l’on sert aux élèves pour les faire bûcher. Wilber résume l’état de chose : « Les sciences sociales empiriques cherchent surtout à étudier le comportement des sociétés d'une manière détachée : le taux de naissances, les modes de production, les types d'architecture, le taux de suicides, la quantité d'argent en circulation, les données démographiques, la répartition de la population, les types de technologies, et ainsi de suite – ce sont tous des comportements extérieurs » vu surtout dans ce qu’ils ont de mesurable.
1) La différence avec le quadrant
supérieur droit saute aux yeux : dans le quadrant supérieur droit on a affaire à
une représentation des éléments du réel, de « Cela » et à l’objectivité.
Edgar Morin ajouterait le simple, champ
de l’analyse privilégié par la science moderne, qu’il oppose à un
mode de pensée complexe et
synthétique. Descartes opposé à Pascal. Dans le quadrant inférieur
droit, ce mode de pensée doit privilégier
adéquation fonctionnelle dans un
tout, donc l’interobjectivité. Le système social et ses
interactions. Le système économique et ses interactions, le système financier et
ses interactions, le système de l’information et ses interactions, le système
écologique et ses interactions, le système du climat et ses interactions etc.
Pour citer Wilber : « Le quadrant inférieur droit est l'extériorité des
systèmes. Ainsi, le quadrant supérieur droit est une vérité propositionnelle au
sens le plus strict du terme : une
proposition fait
référence à un fait unique. Mais dans le quadrant inférieur droit, la
proposition fait référence au système social, dont le plus important principe de
validité est l'adéquation fonctionnelle ».
La marque de fabrique de la vérité qu’il génère.
On devine sans peine le succès
remarquable rencontré dans ce champ du savoir par la
théorie des systèmes, la
cybernétique de
Norbert Wiener. La cybernétique décrit en
effet les boucles d’interactions au sein d’un système, les rétroactions
positives et négatives, l’agencement d’une organisation, l’auto-organisation et
l’auto-régulation. Le
raisonnement systémique est donc le pli naturel dans lequel se
déploie la pensée ID. Il est à sa place. Il
possède
...Nous avons vu sa fécondité en écologie.
Nous avons aussi vu qu’il est possible de l’appliquer à l’économie et au
système financier, en fait à tout
système objectif vu de l’extérieur. A
l’heure actuelle il fait une carrière extraordinaire dans la théorie de
l’information appliquée à Internet. D’où le concept à la mode « d’intelligence
collective » des réseaux. C’est le domaine privilégié en France de
Joël de Rosnais et d’Edgar
Morin. Les théoriciens de la complexité sont, en
vertu de leur manière de penser, sous l’influence du quadrant inférieur droit.
Une découverte étonnante de Wilber, car s’il a raison, la
pensée complexe, malgré ses immenses mérites,
ne serait donc pas la pensée intégrale,
mais plutôt la caractéristique d’un seul des quatre quadrants.
2) Nous avons vu que
Pierre Thuillier, comme Hans
Jonas, étaient assez
critiques au sujet de la cybernétique, suffisamment pour refuser de la
distinguer du paradigme mécaniste pur et dur, ce sur quoi nous n’étions pas
d’accord, car il nous semblait que l’un comme l’autre ne rendaient pas justice à
l’originalité et la valeur heuristique de la pensée systémique. Le mérite de
Wilber est de clarifier nettement le débat et il faut avouer que le schéma des
quatre quadrants est une aide conséquente. Nous avons souligné la tragédie du
réductionnisme grossier qui
écrase le quadrant supérieur gauche dans le quadrant supérieur droit, c’est par
exemple toute l’histoire du béhaviourisme. Mais dans le quadrant inférieur droit
il y a aussi un risque de réductionnisme
subtil qui
consisterait à écraser le quadrant inférieur gauche dans le quadrant inférieur
droit. « Le quadrant inférieur droit décrit le système en termes purement
objectifs et externes, de l'extérieur. Il ne veut pas savoir comment les valeurs
collectives sont intersubjectivement partagées dans la compréhension mutuelle.
Il veut plutôt savoir comment leurs corrélats objectifs sont en adéquation
fonctionnelle dans le système social global ».
Ce qu’il cherche ce sont « des bits d'information qui parcourent à haute vitesse
des canaux de transmission, des boucles de rétroaction
cybernétiques, des
processus à l'intérieur de processus à l'intérieur de réseaux dynamiques de
représentations monologiques, des processus emboîtés les uns dans les autres à
l'infini ». C’est la tentation
d’un « système global » qui gouverne le sujet et nie en définitive
l’intériorité. « Avec l'approche systémique, on « abolit » le clivage entre le
subjectif et l'objectif en réduisant tous les sujets à des objets
du système « holistique ». L’effet étant de réduire « toutes les occurrences
subjectives et intersubjectives à l'adéquation interobjective, l'adéquation
fonctionnelle, l'adéquation monologique ». « Voilà pourquoi les théoriciens, de
Taylor à Foucault en passant par Habermas, ont souligné le fait que la théorie
des systèmes n'est encore que davantage du même cauchemar réductionniste – tous
les aspects de gauche sont réduits à des descriptions de droite dans le grand
système ». « Des systèmes objectifs à l'intérieur de systèmes objectifs à
l'intérieur de systèmes objectifs – les atomes sont des parties de cellules,
lesquelles sont des parties d'organismes, lesquels sont des parties
d'écosystèmes, lesquels sont des parties de la
biosphère, et ainsi de suite. En
d'autres mots, l'adéquation fonctionnelle. La vérité du quadrant inférieur droit
se trouve dans la manière dont les holons individuels sont en adéquation
fonctionnelle dans le système holistique, la manière dont chacun est un fil de
la toile interreliée, laquelle est la réalité première. Alors les systémiciens
parlent toujours de systèmes collectifs – Gaia,
écosystèmes, toiles interreliées d'interaction, toile de la vie, cartes du flux
de l'information établies objectivement, ou des fédérations planétaires et des
..."
Mais attention, encore une fois, il ne s’agit surtout pas de nier l’apport du quadrant ID, il s’agit de le situer à sa juste place, il joue en effet un rôle considérable à l’heure actuelle, il fait contrepoids aux excès du quadrant SD.
Nous
allons le voir encore mieux en considérant le quadrant inférieur gauche, celui
qui prend en compte la dimension de la culture et donne toute sa
portée à l’anthropologie. La reconnaissance de l’intersubjectivité
face à l’objectivité est par exemple soulignée par Maurice Merleau-Ponty au
début de La Phénoménologie de la Perception. Elle est un thème
avancé par Husserl, mais qui a surtout été mis en valeur dans les philosophies
de l’altérité. C’est ... qui met l’accent sur la saisie interprétative des
données culturelles.
1)
Comme Merleau-Ponty l’a bien vu, dans ce point de vue, nous ne pouvons pas
parler d’un monde « objectif » au sens de la physique. Les hommes vivent
immergés dans une culture. « Le monde subjectif est situé dans un espace
intersubjectif, un espace culturel, et c'est cet espace intersubjectif
qui permet à l'espace subjectif d'exister pour commencer. Sans cet arrière-plan
culturel, mes propres pensées personnelles
n'auraient absolument aucun sens. Je n'aurais même pas les
outils voulus pour
interpréter mes propres pensées pour moi-même. De fait, je n'aurais même pas
développé de pensées. Je serais un « enfant-loup ». Nous avons vu le thème de
l’enfant sauvage plus avant. Il est
bien évident que le sujet « scientifique » requis par le quadrant SD est
une
pure abstraction. Qui ne fonctionne que dans le travail théorique ou en
laboratoire. Le « scientifique pur » est un
être de raison, ce qui existe
vraiment c’est l’être humain et l’être humain est un être de
culture. Ce que redevient le scientifique dès qu’il sort de son labo. Wilber dit
que la démarche qui montre que « l'espace subjectif est inséparable de l'espace
intersubjectif » est la caractéristique typique des courants post-Lumières de la
pensée contemporaine. En effet la promotion exclusive de la pensée du quadrant
SD devait nécessairement occulter et dénaturer la compréhension intra et
interculturelle. Elle favorisait l’ethnocentrisme qui a été longtemps un poids
lourd en anthropologie et il s’est bien sûr produit une insurrection contre
cette manière de voir.
Il faut donc repenser le quadrant IG à nouveaux frais. De là suivent des difficultés redoutables, car il faut se débarrasser du modèle SD pour penser l’intersubjectivité. Paul Ricœur soutenait à juste tire que dans le champ des sciences humaines nous avions affaire à des formes d’objectivité multiples qui ne coïncident nullement avec l’objectivité attendue en physique. Et il n’a parlé que d’interprétations. Comme Mircea Eliade et bien d’autres.
Wilber souligne que dans le quadrant IG, le principe de validité « est la compréhension mutuelle. Ce n'est pas que nous devions nécessairement être d'accord l'un avec l'autre, mais pouvons-nous au moins nous comprendre ? Parce que si cela est impossible, nous ne serons jamais capables d'exister dans une culture commune ». D’où l’importance fondamentale, non pas de l’objectivité, ni de l’interobjectivité, mais de l’intersubjectivité et son principe l’adéquation culturelle. Les êtres humains ont besoin pour vivre ensemble au sein d’une même culture de s’entendre sur une morale commune, sur des lois communes, nous avons besoin de « trouver une sorte d'identité qui chevauche nos moi individuels et nous montre quelque chose en commun, une sorte d'identité collective, pour que chacun de nous puisse voir quelque chose de lui-même dans l'autre ». L’adéquation culturelle désigne cet arrière-plan de significations communes, dont une part relève du contrat social au niveau conscient, et de l’autre, des archaïsmes déposés dans la mentalité collective. Cette seconde part est « si profondément enracinée que nous en avons à peine conscience. Il existe des structures linguistiques et des pratiques culturelles si profondément contextuelles que nous ne sommes pas encore parvenus à les mettre au jour et à les comprendre ». D’où la nécessité ...
2) Le
plus simple c’est encore de prendre un exemple. Wilber propose celui de la
Danse de
la
pluie des Hopis. « L'approche de gauche, l'approche interprétative, veut
savoir quelle est la signification de la Danse de la pluie. Lorsque les peuples
autochtones exécutent cette danse, qu'est-ce que ça signifie pour eux ?
Pourquoi lui accordent-ils une valeur ? Et lorsque le chercheur interprétatif
devient « un observateur participant », il ou elle commence à
comprendre que la Danse de la pluie est en grande partie une manière de célébrer
le caractère sacré de la nature, et une manière de demander au sacré d'accorder
ses bienfaits à la terre sous forme de pluie. Cela, vous le savez parce que
c'est ce que vous disent les pratiquants eux-mêmes pendant que vous continuez à
tenter de parvenir à une compréhension mutuelle… C'est là sa signification
intérieure, et vous la comprenez en vous immergeant dans cet
arrière-plan culturel qui va vous fournir l'espace/monde commun ou le contexte
commun contre lequel vous pouvez maintenant faire des interprétations
correctes ». Pour celui qui aime la pop philosophie, lire à ce sujet Carlos
Castaneda et ses aventures chez les sorciers Yaquis.
Maintenant, quelle est la différence avec « les
sentiers de droite » ? Eh bien
ceux-là « ne veulent pas avoir affaire à ceci, ou très peu. Ils regardent plutôt
quelle est la fonction de la Danse dans le comportement global du
système social. Ils ne s'intéressent pas tellement à ce que les natifs
disent de sa signification. A la place, ils considèrent le comportement de
la Danse au sein du système global observable. Et ils concluent que la Danse, en
dépit de ce qu'en disent les natifs, fonctionne en réalité comme un moyen de
créer une cohésion sociale dans le système social en action. En d'autres mots,
la Danse est un facteur d'intégration sociale ». C’est très pauvre, mais
c’est l’approche du quadrant ID. Et on voit bien la différence, il ne
s’agit pas ici « d’expliquer », mais d’essayer de comprendre. Tout un travail.
Ce n’est pas que la compréhension soit alors purement « subjective », non il y a
des interprétations pertinentes (Wilber se sert du
mot justesse) et d’autres qui ne le sont pas et toujours dans un
contexte.
Il y a ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas. Les scientistes ont beau jeu
de dénoncer l’arbitraire au nom de l’objectivité, ils n’ont aucune idée de la
complexité de
l’humain ... pas plus qu’ils ne peuvent voir
que leur idée de la vérité ne fonctionne que dans le quadrant
SD. En
résumé, « l'adéquation culturelle ou la légitimité inclut toutes sortes de
choses : l'éthique, la morale et la loi, les identités de groupe ou collectives,
les contextes culturels d'arrière-plan, et tout le reste », bref, des
visions du monde.
Les deux approches SD et SG ont chacune leur valeur comme corrélat l’une de l’autre. Dans une vision intégrale nous ne devons pas sacrifier un point de vue au dépend de l’autre.
Nous avons gardé le quadrant supérieur gauche pour la fin en raison de son importance fondamentale. Ici il n’est plus question de conscience-de-quelque-chose, de l’objet, mais de conscience-de-soi, du sujet ; non plus d’une investigation portant sur des événements extérieurs, mais d’une exploration des événements intérieurs : « l'intériorité réelle d'un holon individuel ». Nous avons vu avec le cas Auguste Comte à quel point une démarche fixée sur le quadrant SD se trouve dans l’incapacité de comprendre un cheminement introspectif. Comte supprimait carrément la psychologie dans sa typologie des sciences en faveur de la biologie dans laquelle la dualité sujet/objet est plus nette pour garantir l’objectivité. En effet, un événement extérieur est localisé dans le monde, mais « les événements intérieurs sont localisés dans des états de conscience, pas dans des situations objectives ». Mais est-il seulement question d’objectivité dans le quadrant supérieur gauche ? Non. Ce n'est pas tant une question de vérité objective que de véracité subjective dans le rapport à soi. Le genre de question dont se contrefiche éperdument le scientifique SD au sens habituel et qui n’est pas non plus le propos du théoricien des systèmes ID.
1) La
véracité désigne la vertu de celui
qui dit la vérité, qui est véridique et son contraire est
le
mensonge de celui qui ne dit pas la vérité,
qui est hypocrite, faux, sournois ou dissimulé, comme on préfère. Ce qui
implique une perte de l’authenticité.
Nous avions déjà noté cette différence entre
vérité comme correspondance entre
un énoncé et le réel et la véracité comme qualité de l’homme véridique.
Il se trouve que cette distinction devient très éclairante appliquée
respectivement au quadrants
SD et SG.
Que serait donc la conscience si elle n’accédait pas à ses propres vécus ? Une
conscience-de-quelque-chose. Un
courant d’air dispersé au grand vent des événements extérieurs et rien de
plus. Mais le Soi ne peut jamais se quitter lui-même et le
sujet ne peut qu’être livré à ses propres vécus, quand bien même il chercherait
à s’en détourner, des moyens pour se fuir ou s’étourdir.
Mais
encore faut-il qu’il se comprenne lui-même et cesse de se mentir en refusant de
voir en face ce qui est en lui en pleine
lucidité. C’est ce côté
freudien que retient Wilber. Dans mon histoire
personnelle, « je pourrais me mentir à moi-même. Je pourrais tenter de me cacher
à moi-même des aspects de ma propre profondeur. Je pourrais le faire
intentionnellement ou je pourrais le faire «inconsciemment ». Mais, d'une
manière ou d'une autre, je pourrais mal interpréter ma propre
profondeur ». C’est le sens de la démarche de la connaissance de soi et toute
l’histoire du retour à la conscience de soi après les méandres tortueux de l’égarement.
C’est la place de la psychologie. Que je sois faux
vis-à-vis de moi-même ou bien que j’ignore qui je suis, dans un cas comme
dans l’autre, une obscurité s’est introduite dans le rapport à soi. Avidya,
l’ignorance en est le résultat. A moins
qu’elle ne soit son commencement, de sorte que c’est précisément en vertu d’avidya,
de l’ignorance de qui je suis que l’obscurité s’est introduite en
moi, qu’elle est entrée dans ma vie et me rend confus, maladroit et
malheureux. Comme nous l’avons
vu dans le débat Sartre et Freud, « l'«
inconscient » est en
partie le locus de toutes les façons dont je me suis menti à moi-même ».
L’histoire personnelle
... sur
nos réactions, le poids lourd des mensonges
d’un conditionnement social et familial. Point
important sur lequel nous avons insisté : « J'ai pu commencer à me
mentir à moi-même à cause d'un très grand
traumatisme » et là Freud a vu juste, car
le refoulement fait ensuite écran. Le
refoulement barre l’accès à cette part de moi-même que je refuse. D’un autre
côté, l’ego pour se maintenir a besoin de
cette part obscure ; il n’aime guère être exposé en
plein jour, or l’exercice de la véracité l’expose. Sortir de la duplicité
psychologique pour vivre libéré, pour vivre
délibérément, n’est pas si facile quand les forces inconscientes
semblent redoutables. Et l’ego dira toujours qu’elles sont redoutables, il
entretiendra la duplicité. D’où l’intérêt d’être accompagné dans ce cheminement.
« Le but de la « psychologie des profondeurs » et de la thérapie est d'aider
les gens à s'interpréter eux-mêmes avec plus de véracité. Le côté gauche,
naturellement, est interprétation. Alors il n'est pas surprenant qu'une
interprétation plus véridique ou plus adéquate soit le principal critère
thérapeutique ». Notons que Wilber dit bien que l’inconscient n’est « qu’en
partie » un lieu de refoulement. Il n’est pas que cela. Ce qui laisse
ouverte l’interprétation de la complexité psychique.
Nous
l’avons répété dans les leçons, l’inconscient c’est la
trace du passé en moi. Un passé
que je ne veux pas lâcher, un passé dont je me suis fais une
identité et qui m’incite à me mentir ;
et comme je deviens alors inconscient, je suis faux dans la relation avec qui
je suis et donc faux dans la relation avec autrui. « J'emporte ce mensonge
partout avec moi. Je ne peux pas être
honnête
avec moi-même parce que cela me causerait une grande douleur », ou je pense que
ce serait le cas, alors « je préfère mentir sur toute la ligne ». « Mon «
ombre », mon «
inconscient » est
maintenant le locus de ce mensonge, le point focal de mon manque de sincérité,
le lieu intérieur où je me cache de moi-même. Et parce que je me mens à moi-même
– et qu'ensuite j'oublie que c'est un mensonge –, je vous mens sans même le
savoir. Je vais même probablement sembler très sincère lorsque j'en parlerai. En
fait, si je me suis complètement menti à moi-même, je vais honnêtement croire
que je dis la vérité. Et si vous me faites passer le test du détecteur de
mensonge, il vous dira que je dis la « vérité ». Et voilà pour les tests
empiriques. Finalement, étant donné que j'ai mal interprété ma propre
profondeur, je vais souvent mal interpréter la vôtre ».
Si, pour la première fois de votre vie vous prenez au sérieux la question : « qui suis-je ? », si vous entrez dans la voie de la pleine conscience que se passera-t-il ? « Vos paroles et vos actes vont coïncider. C'est-à-dire que votre côté gauche va coïncider avec votre côté droit. Vous allez « dire ce que vous faites et faire ce que vous dites ». Et votre main gauche va savoir ce que fait votre main droite. C'est ce que nous appelons généralement l'intégrité ». Mais qui n’est pas une chose « objective » et dans l’inconscience ordinaire, la plupart des gens pensent que ce n’est pas utile dans le monde pratique, ni dans le monde théorique. « Si vous vivez dans le monde du technicien de laboratoire – l'empiriste, le behavioriste, le systémicien, la frénésie cybernétique, la folie monologique –, vous ne vous préoccupez pas particulièrement de la véracité intérieure, parce que vous ne vous préoccupez pas particulièrement de l'intériorité, point final ». « Vous ne voulez que la vérité monologique, les surfaces objectives, le comportement empirique, les réseaux systémiques, et vous ne vous préoccupez pas de la profondeur intérieure, de la sincérité et de la véracité – et d'ailleurs il n'y a rien sur les cartes empiriques qui corresponde même vaguement à la véracité ! ». « La véracité, voyez-vous, n'a pas de localisation simple et elle n'est pas quelque chose de purement empirique, alors elle n'apparaît sur aucune des cartes empiriques. Ni sur la carte d'un physicien, ni sur la carte d'un biologiste, ni sur la carte d'un neurologue, ni sur la carte d'une théorie systémique, ni sur la carte d'un écosystème. Cela concerne le côté gauche, pas le côté droit ! ». Vous pouvez être un excellent théoricien SD ou ID et dans la vie mener une existence égarée, parce que vous n’êtes jamais entré dans le chemin spirituel et que vous imaginez que la théorie (SD, ID ou IG) est suffisante. C’est le mensonge du théoricien qui se croit un « scientifique » et oublie qu’il est d’abord un être humain. Exactement le trouble que raconte Frijoff Capra suite à une rencontre avec Krishnamurti, celui-ci ayant tout de suite balayé l’identité « scientifique » : « vous êtes d’abord un être humain », vous prétendez être un scientifique… (continuons avec Wilber) :
2) « Malgré
cela, c'est du côté gauche qu'existe tout entier votre univers, votre
conscience, votre propre profondeur. Et si vous êtes… éveillé à la profondeur,
vous parviendrez à connaître cette profondeur en vous-même… ». Alors
vous vous rendrez compte que « la route qui mène à la profondeur est bloquée par
le mensonge et l'illusion. Et dès
l'instant où vous reconnaissez
l'existence
de l'intériorité, vous devez affronter le principal barrage routier ... vous devez affronter le mensonge et
l'illusion». Dans l’illusion nous ne voyons pas à quel point ce que nous
appelons « le » monde est de prime abord mon monde, ce n’est que par
inadvertance que nous le croyons « objectif ». Rien n’existe que dans conscience
que j’en ai ; et tout ce dont j’ai conscience et dont j’affirme la « réalité »
surgit dans l’état de veille et en
dépend. C’est une question verticale dont dépendent... Nous sommes parfaitement
fondés pour dire que pour autant que le corps est
concerné, nous appartenons à la sphère d’influence
SD, de la même manière, nous avons été
formé dans une culture IG et
indéniablement nous sommes en tant qu’individu pris à l’intérieur de structures,
de systèmes
ID. Cependant, quelque soit le quadrant la
connaissance et portée par le connaisseur qui est le sujet conscient et il est
vital que le sujet soit éclairé, sans quoi la falsification de la conscience
falsifie en retour la totalité du champ de conscience, y compris les démarches
prétendument scientifiques qui
deviendrons alors fortement idéologiques
voire égotiques. L’universelle
falsification est l’illusion et plus les êtres
humains ignorent qui ils sont et plus le voile de l’illusion recouvre la
totalité de l’être, ce qui veut dire
en
termes gnoséologiques les quatre quadrants.
Toutefois, comme en ce qui concerne le quadrant IG, ce qui semble très déroutant, c’est la pluralité des interprétations, pour ne pas dire le conflit des interprétations. Question en réalité typique des sentiers de gauche (cf. Paul Ricœur). Pour ne pas se perdre, il est indispensable de ressaisir chacune des approches dans la perspective de la conscience. C’est le thème du premier livre de Wilber, celui qui l’a fait connaître, Le Spectre de la Conscience. L’esprit, tel un lac, depuis la surface jusqu’aux niveaux subtils, possède différents niveaux de profondeur. « Les différences entre les thérapies interprétatives résident principalement dans le niveau de profondeur que ces thérapies sont prêtes à atteindre ». Et il y a ici une grande variété, chaque école ayant développé un équipement conceptuel pour explorer tel ou tel plan du psychisme. Chacune a ses réussites et même... « Les différentes thérapies ont tendance à se mettre à l'écoute de différents niveaux de ce spectre et à utiliser leur niveau préféré comme point de référence fondamental, autour duquel orbiteront leurs interprétations. Comme… toute interprétation est liée à un contexte et chaque thérapie a son propre contexte préféré, à l'intérieur duquel elle offre ses interprétations. Cela ne signifie pas qu'elles soient dans l'erreur. Cela signifie seulement que nous devons identifier leur contexte, leur niveau favori ». « Les freudiens mettent l'accent sur le niveau émotionnel-sexuel; les thérapeutes cognitivistes mettent l'accent sur le verbal; les thérapeutes transpersonnels mettent l'accent sur le spirituel » et on peut continuer avec toutes les formes d’approche de l’esprit. Dans une autre leçon nous avons honoré la démarche très directe de Byron Katie qui met l’accent sur les croyances inconscientes et pointe en définitive vers le higher self, le Soi supérieur, tout en mettant en évidence les stratégies de l’ego.
Comme nous l’avons vu précédemment, c’est une manière très neuve de repérer les orientations au sein de la psychologie, en situant les différences marquées entre les approches dans le spectre de la conscience et celui-ci va depuis le plan prépersonnel jusqu’au plan transpersonnel. Wilber a pendant un temps été membre influent du courant transpersonnel avant de prendre ses distances pour mettre en place l’approche intégrale. Et bien sûr dans la vision intégrale, il y a une place de choix pour l...
* *
*
Avec la méthode AQAL (All Quadrants, All Lines) de Wilber apporte clarté et distinction dans le cadre de la théorie de la connaissance. On a évoqué dans la presse dans la Théorie des cordes une « théorie du tout » ; il est cependant évident qu’une théorie physique reste dans le quadrant SD et ne peut pas prétendre à être une « théorie du tout » ou un « théorie de tout ». La vision intégrale oui, elle est une manière de faire tenir dans un tout cohérent les éléments épars des théories que nous possédons déjà. Elle est en ce sens précis, mais limité, véritablement une « théorie de tout ».
Il
fallait oser pareil projet. Wilber dit qu’il ne fait que prolonger les travaux
de quelques uns de ses devanciers comme Hegel ou Shri Aurobindo. Cependant la
justification d’une telle recherche n’est pas d’abord à trouver dans l’audace
spéculative, elle est plus terre-à-terre ; il est très difficile aujourd’hui à
l’étudiant ou à l’honnête homme de mettre en ordre ce que le
savoir pléthorique
... C’est une jungle impénétrable ou l’esprit se
perd. On peut jeter pêle-mêle à la tête de l’étudiant tout un tas de livres
majeurs. Mais on lui rendra service en lui proposant d’abord une mise en ordre
du savoir qui évitera qu’il noie son esprit dans le savoir. La vision intégrale
permet d’éviter la confusion d’un savoir vite acquis, mais mal situé. Ce n’est
qu’une architecture théorique, mais c’est déjà un immense service rendu et rien
que pour cela, Wilber mérite d’être étudié en Université. Nous avons besoin
d’une vision intégrative pour vaincre la fragmentation actuelle du savoir.
Mais au-delà de cette mise en ordre salutaire, comme nous l’avons vu, la vision intégrale ne se contente pas d’être un cadre formel, elle s’appuie explicitement sur une approche de l’évolution. De ce côté, il y a chez Wilber une démarche très originale qui mérite aussi un accueil.
Enfin, il y a chez Wilber des précautions anti-totalitaires qu’il ne cesse de répéter de façon très explicite. Wilber est un philosophe et un théoricien, pas plus que cela, il le revendique, la vision intégrale est une théorie et comme toutes les théories elle a nécessairement ses limites et elle est susceptible d’être améliorée. Ce n’est pas un dogme. Elle ne remplacera jamais l’expérience directe. Surtout en matière de spiritualité. Elle fournit juste un cadre pour une interprétation correcte. Sans plus. C’est beaucoup et c’est très excitant pour celui qui adore la théorie. C’est très peu pour celui qui attendrait davantage, un témoignage d’éveil, une révélation divine, un nouvel évangile ou je ne sais quoi d’autre, ce qui n’est pas du tout le cas. C’est juste de la théorie, mais tout de même à un très haut niveau et portée par une vision spirituelle. C’est de notoriété publique, le philosophe n’est pas un saint, ni un mystique et il est en chemin vers la sagesse. Chez Wilber tout cela est clairement assumé. Espérons que la modeste présentation de son travail dans ces colonnes contribuera à le faire entrer au sérail de l’Université française. Il le mérite amplement.
* *
*
Questions:
1. Si on voulait s'amuser à utiliser les quadrants pour classer les mentalités des peuples, que pourrait-on en dire? Un anglais est plutôt SD, un indien traditionnel... Chercher.
2. Que veut dire d'un point de vue épistémologique "la vieille guerre entre sentier de gauche et de droite"?
3. Pourquoi l'écologie est-elle assez critique avec la méthode SD?
4. Expliquer la différence de point de vue entre les quadrants IG et SG.
5. On a parfois tendance à donner une dimension spirituelle à la méthode du quadrant ID, mais n'est-ce pas une illusion?
6. Illustrer la méthodologie convenant au quadrant IG.
7. Quelle est l'originalité de l'approche du quadrant SG?
© Philosophie et spiritualité, 2014, Serge Carfantan,
Accueil.
Télécharger,
Index analytique.
Notion. Leçon suivante.
Le site Philosophie et spiritualité autorise les emprunts de courtes citations des textes qu'il publie, mais vous devez mentionner vos sources en donnant le nom du site et le titre de la leçon ou de l'article. Rappel : la version HTML est une ébauche. Demander la version définitive par mail ou la version papier.