Leçon 192.  Désir et souffrance        

    Première croyance portée par la conscience commune : la souffrance dans le désir tiendrait seulement à son issue comme échec ou déception.  Mais qui est encore assez crédule pour ne pas voir qu’il y a souffrance non pas dans le terme du désir, mais dans le processus même du désir ? Tant que le désir nous hante, nous vivons insatisfait, avec un creux au ventre et un vague à l’âme ; malheureux, plongé dans une sorte d’errance dont nous ne pouvons échapper que par quelques compensations ou dérivatifs. La vérité, c’est que  nous sommes incapables  d’éteindre ce feu qui nous ronge. Et comme cet état est constant, la poursuite de compensations pour palier à la frustration du désir absorbe une énorme quantité d’énergie chez la plupart des êtres humains.

    Seconde croyance commune : il y aurait, dans la satisfaction future du désir la promesse « d’atteindre le bonheur » ! Au lieu de quoi chacun peut observer que, même lorsque qu’un désir se réalise, la satisfaction est de très courte durée. C’est même un attrape-nigaud, car ce qui ne cesse de renaître et de se multiplier, c’est la poursuite des désirs, de sorte que ce « bonheur » prétendu est toujours repoussé à plus tard et n’arrive en définitive jamais.

    Rousseau se trompe en disant que l’homme qui ne désire plus rien est le plus malheureux des hommes. C’est tout le contraire. N’est-ce pas précisément laisser une opportunité au bonheur que d’arrêter de le chercher dans nos désirs? C'est seulement quand l’esprit se met au repos dans l’instant, sans le moindre irritation du désir qu’il connaît la paix. N’y a-t-il pas nécessairement de la souffrance dans le processus du désir ? Si nous cherchons à satisfaire nos désirs, n’est-ce pas surtout… pour nous en débarrasser ? Ou bien, le problème ne tient-il pas à la position de la conscience qui accompagne le désir ? Peut-on à la fois désirer et ne pas pour autant se perdre dans ses désirs ?

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A. La souffrance du désir

    Il est important de voir la relation entre la souffrance et le désir nous déniaiser à l’égard de ces inepties que l’on  trouve dans la publicité et le cinéma. Faut-il regarder le désir comme un petit caprice que l’on doit stimuler et encourager chez le consommateur ? Il lui faudra ressentir juste ce qu’il faut de frustration pour qu’il trouve ensuite le plaisir voluptueux de "profiter" de la satisfaction. On lui passera ses caprices… comme aux enfants et il pourra croire que le bonheur, c’est de "profiter". Cependant, même pour le gosse de riche, quand il faut trépigner, hurler et faire une crise pour obtenir un jouet ou un bonbon, ce n’est pas très agréable. C’est même très pénible. Si nous y regardons de plus près, nous verrions que le désir, loin d’être un caprice, est plutôt comme une irritation, une démangeaison continuelle qui attend un baume calmant pour être soulagée.

    1) Examinons la souffrance du désir. Comment naît un désir ? Si nous n’allons pas tout de suite chercher du côté du subconscient, nous pouvons au moins observer que cette naissance vient suite à une sensation. Au niveau de la simple sensation, il existe une jouissance pure qui est indépendante du désir. Il y a un plaisir de regarder une belle voiture, rutilante et très bien dessinée ; un plaisir d’admirer une demeure magnifique et bien entretenue. Il y a un plaisir de croiser le visage d’une jeune fille d’une remarquable beauté ; un plaisir à admirer depuis les coteaux la vallée et lac qui se trouve en dessous etc. Nous pourrions très bien en rester là et ce serait un plaisir esthétique (texte) d’une rare qualité.

    Mais une pensée surgit dans l’esprit : « j’aimerais l’avoir à moi ». « J’aimerais la posséder rien que pour moi ». Là, ce n’est plus la pure jouissance des sens, c’est le désir et dès qu’il apparaît commence toute une ronde de tourments. « Je n’aurais jamais assez d’argent… pour me payer une voiture pareille ». « Il n’y a que des gens fortunés… qui puisse se payer une demeure aussi luxueuse ». « Une aussi jolie femme… elle va me rejeter et se moquer de moi ». « Ce paysage, j’aimerais le posséder tout entier pour moi… mais il faudrait acheter toute la surface boisée et c’est impossible ». Cette ronde de pensées qui surgit contient la recherche du plaisir et invariablement, doit envelopper aussi son contraire, la douleur. Mais l’ego veut le plaisir sans la douleur. Je voudrais que le plaisir soit constant et je refuse  la douleur que je cherche à écarter, problème : « pour me débarrasser de la douleur, il faut aussi que je me débarrasse du plaisir ; il n’est pas possible de les séparer, ils ne font qu’un ». Je suis pris entre le mouvement du désir d’un côté et la peur de l’autre et c’est alors au milieu de cette dualité que j’éprouve à quel point il y a un moi en rivalité avec d’autres moi, moi en lutte contre le monde, un moi en lutte pour la satisfaction de ses désirs. L’ego est le rouet de mes désirs. C’est lui qui dans mes pensées inspire l’envie, c’est lui qui nourrit l’avidité, qui alimente l’appétit sexuel et ainsi de suite, parce qu’à travers la pensée, il introduit le temps psychologique. En fait, « la durée tient au plaisir que me procure la pensée de ce désir », ce plaisir dans la pensée qui implique le temps, n’est pas du tout le plaisir actuel de la sensation, c’est tout au fait autre chose, c’est un fantasme. Une fois que nous sommes identifiés au fantasme, nous sommes comme hallucinés par lui, perdu dans un rêve, au pays des amours contrariés que nous rêvons de conquérir, dans le monde glorieux de ces choses que nous rêvons de posséder, mais que nous n’aurons jamais.

    Alors toujours, en sourdine,  ronronnent ces pensées : « ah ! si j’avais cela !... je me sentirais enfin complet… enfin heureux »… « Hélas, je ne suis que ce que je suis, vide, seul et manquant de tout… Et c’est douloureux que d’exister avec un vide. C’est être malheureux que d’être en permanence harcelé par la pensée qu’il y a tant de choses à posséder et que je n’ai pas et que je n’aurais jamais. C’est désespérant. Surtout et avant tout par comparaison avec ceux qui possèdent davantage que moi. C’est humiliant de sentir que l’on est moins que rien, tandis que d’autres peuvent se pavaner dans un jardin d’Eden, avec au bras une femme trophée et posséder toutes les richesses de la Terre. Pourquoi lui et pas moi ? Pourquoi elle et pas moi ? Pourquoi la vie m’a-t-elle fait çà ? Ah l’envie, le mépris et la haine !... Le monde n’est pas juste. S’il y a un Dieu là, il ne mérite pas qu’on le prie, il est cruel. Il ne me donne jamais ce que je désire… Il me faut lutter en permanence et pour avoir quoi ? Presque rien  etc. »… Nous pourrions indéfiniment prolonger la prosopopée de la souffrance du désir et nous sommes tous capables d’alimenter cette complainte. Cela fait partie des histoires que l’ego se raconte dans lesquelles il place son identité.

     2) Le philosophe qui a été le plus attentif à cette souffrance du désir, c’est assurément Arthur Schopenhauer qui lui consacre de longues analyses dans Le Monde comme Volonté de Représentation. Quand la souffrance vient-elle à se manifester ? Quand l’effort de la volonté est « arrêtée par quelque obstacle dressé entre elle et son but du moment : voilà la souffrance ». (texte) Inversement, quand la volonté « atteint ce but, c’est la satisfaction ». Nous avons montré précédemment que la volonté et l’ego ne sont qu’une seule et même chose. L’unité de la volonté est l’unité du moi. C’est en elle, et donc dans l’ego, que se rassemble la diversité apparente des désirs. Nous savons aussi que : « Tout désir naît d’un manque, d’un état qui ne nous satisfait pas ; donc il est souffrance, tant qu’il n’est pas satisfait ». (texte) L’ego ne sait rien de la vérité du manque, crucifié par ses désirs, il en devient la passive épreuve. Ne pourrions-nous pas tracer le devenir du moi dans la poursuite indéfinie de ses désirs ? Le malheur, c’est que, ne vivant que dans le temps psychologique, le moi cherche aussi quelque chose qui soit durable. « Or nulle satisfaction n’est de durée ; elle n’est que le point de départ d’un désir nouveau. Nous voyons donc le désir partout arrêté, partout en lutte, donc toujours à l’état de souffrance, pas de terme dernier à l’effort ; donc pas de mesure, pas de terme à la souffrance ». Si le désir est insatiable, (texte) c’est que le manque dont il procède ne cesse de se répliquer dans l’illusion qu’il y aurait, là-bas, dans un ailleurs et un autrement, dans un nouveau désir, un objet capable de le combler. Ce qui ne se produit jamais bien sûr, car il n’est rien de permanent dans le monde relatif, et la satisfaction n’est jamais que provisoire. « Tout vouloir a pour principe un besoin, un manque, donc une douleur ; c’est par nature, nécessairement, qu’ils doivent devenir la proie de la douleur ». Par conséquent, « la satisfaction, le bonheur, comme l’appelle les hommes, n’est au propre et dans son essence rien que de négatif ; en elle, rien de positif ». (texte) « Avec la satisfaction cesse le désir et par conséquent la jouissance aussi », mais « la satisfaction, le contentement, ne saurait être qu’une délivrance à l’égard d’une douleur, d’un besoin ».  C’est un peu comme un baume clamant que l’on appliquerait sur une irritation continuelle, sitôt l’effet produit, l’irritation revient. L’arrière fond de souffrance demeure, « la souffrance est le fond de toute vie ». Ainsi, dans le mouvement du désir, « la conquête une fois faire, l’objet atteint, qu’a-t-on gagné ? Rien assurément, que d’être délivré de quelque souffrance, de quelque désir ». Provisoirement, cela s’entend. L’illusion commune, c’est de croire que par le désir on atteindra une sorte de happy end comme dans les films, - quand les gentils héros vont se marier ! - un état de béate satisfaction. C’est peut-être la ficelle marketing la plus répandue dans notre monde, et on peut indéfiniment broder avec dans des romans et des films, mais c’est une pure fiction. Et quand on vit avec ce genre de croyance, on mène une vie purement fictive.

    Mais qu’adviendrait-il, si le moi malgré tout se maintenait, mais cessait un temps de désirer ? On ne peut pas aisément mettre fin à des millénaires de conditionnement humain et à cette habitude invétérée de ne vivre que dans la compulsion du désir ! L’énergie de la frustration du désir mène droit à l’ennui. « Que la volonté vienne à manquer d’objet, qu’une prompte satisfaction vienne à lui enlever tout motif de désirer, et » nous « voilà tombés dans une vide épouvantable, dans l’ennui. » D’où la célèbre phrase qui suit : « La vie donc oscille, comme un pendule de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui ; ce sont là les deux éléments dont elle est faite en somme. De là ce fait bien significatif par son étrangeté même : les hommes ont placé toutes les douleurs, toutes les souffrances dans l’enfer, pour remplir le ciel n’ont trouvé que l’ennui ». (texte) L’ennui, c’est un temps vide de désir qu’il faut à tout prix remplir avec un quelconque divertissement pour occuper la volonté, en lui donnant un pseudo-objet. (texte) L’homme a inventé toute sorte de jeux pour s’occuper et tromper son ennui ; plus une société investit dans le jeu et plus elle démontre son vide. « Rien ne révèle mieux ce besoin d’excitation de la volonté que l’invention et le succès du jeu de cartes ; rien ne met plus à nu le côté misérable de l’humanité. » Nous avons vu avec Pascal dans Les Pensées que l’ennui résultait d’une incapacité à vivre le présent due au harcèlement du désir. On a souvent qualifié de « pessimisme » la vision de Schopenhauer, ce qui est une manière de le mettre dans une boîte conceptuelle pour ne pas écouter ce qu’il a à dire. La vérité, c’est que rares sont les philosophes qui ont osé comme lui s’aventurer avec autant de clarté sur le terrain de l’existence humaine dans ce qu’elle a de plus prosaïque et de plus pathétique. Schopenhauer ne fait qu’exercer une haute lucidité quand il écrit : « Entre les désirs et leurs réalisations s’écoule toute la vie humaine. Le désir, de sa nature, est souffrance ; la satisfaction engendre bien vite la satiété ; le but était illusoire ; la possession lui enlève son attrait ; le désir renaît sous une forme nouvelle, et avec lui le besoin, sinon, c’est le dégoût, le vie de l’ennui ennemis plus rudes encore que le besoin ». (texte) Ce n’est pas une interprétation « théorique », de la part d’un « philosophe », c’est dans cette condition que vivent effectivement la majorité des hommes. Que celui qui prétend le contraire nous montre comment il vit lui-même ! Qui d’entre nous a su résoudre ce dilemme de l’existence humaine ? Soyons clair, s’il existe un art de vivre capable de mettre fin à la souffrance du désir, il nécessite une bonne dose de philosophie. Ce n’est certainement pas en s’alignant sur le conformisme ambiant que l’on parviendra à ce résultat. C’est tout le contraire, nous vivons dans un monde qui stimule tellement la projection dans le désir, qu’il génère une quantité prodigieuse de souffrance.

B. Chemins de libération

    Continuons avec Schopenhauer pour envisager la libération de la souffrance du désir. La question dans ce contexte est précise. Schopenhauer fait sien la déclaration de Bouddha sarvam duhkham,  « tout est souffrance ». Nous ne pouvons pas vivre dans ce monde sans rencontrer la souffrance. Le bouddhisme, se présente comme une voie thérapeutique à l’égard de la souffrance et singulièrement de toute cette souffrance dont nous sommes la cause. Il montre que c’est seulement le moi personnel qui souffre et c’est aussi le moi qui est dans le processus du désir la cause de souffrance répétées. Dès lors, attaquer la souffrance du désir à la racine revient à défaire la fiction personnelle et la libération se situe donc dans la découverte de la dimension libre et impersonnelle de toute existence. Il faut comprendre la radicalité de cette approche. Qui souffre continuellement du désir ? Moi. Si « moi » n’est plus là, il n’y a personne pour continuer de souffrir. (texte) Schopenhauer n’a peut être pas rendu justice au  bouddhisme, mais il est indéniable qu’il en a tiré un idéal ascétique.

    1) La première découverte de Schopenhauer, c’est que la contemplation esthétique nous libère spontanément de l’emprise qu’exercent les désirs. Cela ne veut pas dire qu’il faille de force s’en éloigner, il suffit de voir cette existence telle qu’elle est. L’embrasser d’un seul coup d’œil dans une vision pénétrante. Ce qui nous apparaît dès lors, c’est son caractère tout à la fois tragique et comique. « La vie de chacun de nous, à l’embrasser dans son ensemble d’un coup d’œil, à n’en considérer que les traits marquants, est une véritable tragédie ; mais quand il faut, pas à pas, l’épuiser en détail, elle prend la tournure d’une comédie… On dirait que la fatalité veut, dans notre existence, compléter la torture par la dérision ; elle y met toutes les douleurs de la tragédie ; mais, pour ne pas nous laisser au moins la dignité du personnage tragique, elle nous réduit, dans les détails de la vie, au rôle de bouffon ». (texte) C’est tout le jeu de notre existence sur la grande scène du Monde, un jeu que nous cessons de créer et de recréer par nos désirs.

    La différence entre le sage et l’ignorant, c’est que le sage sait qu’il s’agit d’un jeu, tandis que l’ignorant lui est jeté dedans, persuadé que tout cela est terriblement réel. Le sage continuera de jouer le jeu de la Vie, mais le connaissant comme un jeu, il gagnera le détachement par la contemplation. C’est tout ce qui fait le piment de la littérature. Notre vie peut être un soap opera, une sorte de cheap fiction, ou elle peut être a great littérature, mais elle ne peut l’être que comme une aventure du désir qui rencontre toutes sortes de contrariétés. Sans les contrariétés du désir, il n’y aurait pas de littérature. « Un poème épique ou dramatique ne peut avoir qu’une sujet : une dispute, un effort, un combat dont le bonheur est le prix ; mais quant au bonheur lui-même, au bonheur accompli, jamais il ne nous en fait le tableau. Au travers mille difficultés, mille périls, il conduit ses héros au but ; à peine l’ont-ils atteint, vite le rideau !... Le bonheur ne peut être pour l’art un objet. » (texte)  Il ne peut être un objet, car le bonheur signe la fin de toute quête du désir. La fin du temps psychologique mis en branle par le moi désirant.

    D’où le statut à part de la poésie descriptive, car elle « peint la beauté de la nature, et se réduit à ce mode de connaissance pure, libre de tout vouloir, qui à vrai dire, est le seul vrai bonheur ». L’instant poétique se tient dans l’intemporel, précisément là où le désir n’est pas. La contemplation nous ouvre au bonheur tel qu’il est, en dehors du temps, « non plus un bonheur précédé par la souffrance et le besoin, et traînant à sa suite le regret, la douleur, le vide de l’âme, le dégoût, mais le seul qui puisse remplir, sinon la vie entière, du moins quelques moments dans la vie ». C’est exactement ce que disait Rousseau dans Les Rêveries du Promeneur solitaire. (texte) Et comme Schopenhauer est un amoureux de la musique, (texte) il écrit ensuite : « La mélodie nous offre comme une histoire très intime de la volonté arrivée à la conscience des mystères de la vie, du désir, de la souffrance et de la joie, du flux et du reflux du cœur humain. La mélodie, c’est un écart par lequel on quitte la tonique et, à travers mille merveilleux détours, on arrive à une dissonance douloureuse, pour retrouver enfin la tonique, qui exprime la satisfaction et l’apaisement de la volonté ».

    Tant qu’il y a un moi désirant, il y a nécessairement une dissonance douloureuse, et ce que nous ne parvenons jamais à comprendre, c’est que la satisfaction tirée du désir, quand il se réalise, ne vient pas en réalité de l’objet qui en est la proie, mais survient… parce que la quête a pris fin. La quête du désir est la dissonance douloureuse. Mais quand le temps psychologique, toujours relancé par le désir, s’arrête, nous participons un moment à la joie d’être sans le temps, et c’est ce qui vient se refléter en écho dans ce que nous croyons être la « satisfaction » du désir. Mais c’est une illusion, aucun désir ne peut réellement être satisfait, car la satisfaction pleine et entière, réside dans la fin de toute quête du désir, elle réside dans la libre jouissance du moment présent, dans l’acceptation pleine et entière de ce qui est. Ce que le bonheur a toujours été. En un sens, tant qu’il y a un « chercheur » en quête de quelque chose, il y a toujours souffrance, parce qu’il y a désir et donc manque, attente, espoir, inquiétude, déception, frustration, envie, colère, regret etc.

     2) Cependant, il y a tout de même un cas très particulier qui est celui de la recherche de la vérité. La quête de la Vérité est un désir, mais c’est en l’homme le désir le plus noble et c’est un désir qui ne ressemble pas aux autres. La plupart des désirs sont obsédés par l’idée « d’arriver quelque part » dans le futur, de « parvenir à » (être un champion, un bon ère, une bonne mère, une star, un entrepreneur couronné de succès, une figure politique reconnue etc.)  ce qui est une véritable torture. La recherche de la vérité dans la joie de connaître est son propre accomplissement qui n’a besoin de rien d’autre. Elle nous dispense de toute futurition. Il existe une joie de comprendre, y compris de comprendre toutes ces horreurs que nous trouvons dans le monde. Même l’ennui, quand il est compris n’est pas ennuyeux ! L’ennui n’est ennuyeux que si nous ignorons ce qu’il est dans son essence. Ainsi, à côté du temps de la souffrance du désir, « il est bien d’autres moments, qu’on nommerait les plus beaux de la vie, des joies qu’on appellerait les plus pures ; mais elle nous enlèvent au monde réel et nous transforment en spectateurs désintéressés de ce monde ; c’est la connaissance pure, pure de tout vouloir, la jouissance du beau, le vrai plaisir artistiques ». Comme le fait observer Barry Long, (texte) l’étude nous place dans un état de méditation. L’intelligence y est rassemblée, sans distanciation de temps. Elle n’est plus dispensée et en quête de quoi que ce soit d’autre, et de « toujours plus », elle est là, ici et maintenant, comme la sensibilité est là ici et maintenant épanouie quand nous écoutons de la musique d’une grande beauté.

    Schopenhauer note cependant que : « ces joies, pour être senties, demandent… des aptitudes bien rares ; elles sont donc permises à bien peu ». Ce qui fait des chercheurs de vérité « des solitaires au milieu d’une foule toute différente d’eux ; ainsi se rétablit l’équilibre. Quant à la grande majorité des hommes, les joies de la pure intelligence leur sont interdites, le plaisir de la connaissance désintéressée les dépasse, ils en sont réduit au simple vouloir. Donc rien ne saurait les toucher, les intéresser (les mots l’indiquent de reste), sans émouvoir en quelque façon leur volonté… Leur existence est bien plus occupée par des actes de volonté que par des actes de connaissance ; action et réaction, voilà leur élément unique. On en peut trouver des témoignages dans les détails et les faits ordinaires de la vie quotidienne ; c’est ainsi qu’aux lieux fréquentés par les curieux, ils écrivent leur nom ; ils cherchent à réagir sur ce lieu même, … s’ils voient une bête des pays étrangers, un animal rare, ils ne peuvent se contenter de le regarder, ils leur faut l’exciter, le harceler, jouer avec lui, uniquement pour éprouver la sensation de l’action et de la réaction ». Eh bien, pour la foule ignorante, il y aura toujours une place pour l’excitation du désir, il y aura toujours la leçon de la souffrance qui finira bien par porter ses fruits. Quand l’homme ignorant finit par en avoir plus qu’assez de souffrir de tout ce cirque des désirs de l’ego, il n’est plus tout à fait ignorant. Il est prêt à voir l’illusion en tant que telle et la connaissance pure l’attend. Il a éveillé en lui le désir de connaître. Il est prêt à voir. Nous pourrions dire qu’il s’est produit une sorte de basculement de regard de l’extérieur vers l’intérieur.

    La position du spectateur invite celle du Témoin. Le témoin, contrairement à ce que croit le sens commun, n’est pas du tout passif, c’est au contraire en lui que l’intelligence est portée au point le plus élevé de son acuité. Dans la position de témoin, l’intelligence est pure énergie et pure Passion sans motif. Tel est l’état de la lucidité que nous n’avons cessé de décrire tout au long des leçons précédentes. La lucidité est une ouverture qui rend possible la compréhension de ce qui apparaît en elle en tant que situation d’expérience, or la plus problématique des situations d’expérience, c’est justement celle qui est généré par le désir. Nous ne soulignerons jamais assez l’importance prodigieuse de la lucidité. La lucidité est lumière auto-référente. Qu’est-ce qui est le plus important : offrir des tombereaux d’explications à un esprit égaré, ou de provoquer l’étincelle de la lucidité qui lui permettra de voir par lui-même ? Il suffit d’une étincelle pour embraser une montagne d’ignorance. Jetons dans le feu nos illusions sur le désir !

    Pour en revenir à Schopenhauer, concédons qu’il a eu l’immense mérite, - et c’est un service qu’il nous rend à tous – de développer de manière systématique la prosopopée de la souffrance du désir évoquée plus haut. Il l’a fait avec une admirable éloquence et une profondeur remarquable. Il serait cependant injuste de lire ces textes en y voyant seulement une lamentation continuelle sur la souffrance de l’existence humaine et d’en rester là. Même chose avec le bouddhisme. Il faut voir dans son entier et sans résistance ce dont nous voudrions nous défaire. Dans le champ de l’illusion, ce à quoi nous résistons persiste, ce qui est vu en profondeur disparaît.

C. Le jeu du désir et la célébration de la vie

    Il n’est pas question de renier, au moyen d’une pirouette dialectique formelle à usage de dissertation, ce qui a été dit précédemment.  Or nous avons vu que tous les désirs ne sont pas nécessairement marqués par le manque et que la différence entre un vrai et un faux désir tient justement à cette distinction. (texte) Le vrai désir est enthousiasme et il jaillit dans la surabondance de la Vie, invinciblement porté par le Soi, en-deçà des manques de l’ego. Le Désir est la Vie elle-même jouant à son propre Jeu de Création et d’expansion infinie. Or la célébration de la Vie par elle-même dans le Désir est par essence Joie. Nous ne pouvons célébrer la plénitude de la Vie qu’en coïncidant avec elle. Le détachement qui met fin au règne de l’ego n’exclut pas la possibilité d’un élan libre du Désir qui, loin de transporter les affres de souffrance de l'ego, célèbre le jeu infini de la Manifestation.

1) Or, parce que la Création véritable ne se situe pas dans le temps, mais se produit d’instant en instant, dans un présent qui ne se quitte jamais lui-même, la dimension sacrée, divine du Désir, exclut tout rapport au temps psychologique. Étant donné que le temps psychologique et l’ego ne sont pas dissociables, nécessairement, quand le Désir est rencontré dans sa dimension sacrée, il n’y a plus de conscience du « moi ». Ainsi s’explique le secret de la célébration de l’union sexuelle dans l’amour : un état dans lequel  seule la conscience d’unité demeure et où le moi n’est plus. (texte) Nous n’en n’avons pas une claire conscience, mais ce qui est recherché dans l’orgasme, ce n’est rien d’autre qu’une délivrance et l’expérience de l’unité. Et s’il n’y a plus de moi, il ne peut évidemment pas y avoir de « moi souffrant » et pas de temps non plus. Donc pas d’activité de l’esprit au sens des compulsions ordinaires qui sont justement travaillées par le temps psychologique.

Toutefois, comme l’esprit ne parvient pas à laisser être la joie qui vient dans la fraîcheur et la nouveauté de l’instant, il revient sur cette expérience où il avait un abandon complet. La pensée intervient et réintroduit du temps psychologique ; l’ego transforme toute expérience en mémoire et il en veut la répétition… Et c’est ainsi que nous repartons dans le cercle de l’identification à l’objet et que prend naissance la compulsion des désirs de l’ego. La souffrance commence. Ce que l’ego ne veut pas voir, c’est que la joie nie le temps et implique l’effacement du moi. Alors, sa ruse pour se maintenir malgré tout, coûte que coûte, c’est de faire du désir l’objet nébuleux d’une quête dans le temps, une vague promesse, en faisant croire qu’il pourra le posséder. Une quête fondée sur un objet qui est en réalité un manque imaginaire lié au passé et projeté sur le futur. Avec cette recette psychologique, on peut aisément fabriquer le mirage voluptueux de la quête sentimentale et une infinité de désirs. Du rêve les yeux ouverts. Une quête qui maintient une identité limitée et un sens patent de la séparation. A partir de là, l’illusion est en marche et n’aura de cesse de se reproduire encore et encore, tant qu’elle n’aura pas été vue en tant que telle. L’important, ici serait, non pas de lutter contre, mais de voir dans son ensemble ce processus du désir, just see it. De voir que de cette manière la divinité du désir s’est fourvoyée dans les marécages de l’ego.  

2) Indépendamment des désirs de l’ego - qui sont toujours dans le même registre -, la divinité du Désir est là, elle est dans le jeu amoureux de la création et de la recréation constante, l’amour est au principe du Désir créateur qui n’a d’autre fin que de célébrer la Manifestation de la Vie à elle-même. Cette célébration de la Vie fait la beauté et la grandeur du désir. Ainsi, le conseil que l’on pourrait donner serait celui-ci :

« Augmentez et élargissez vos désirs jusqu’à ce que seule la réalité puisse les assouvir. Ce n’est pas le désir qui est mauvais, mais son étroitesse et sa petitesse. Le désir, c’est la dévotion. Consacrez-vous par tous les moyens, au cœur réel, infini, éternel de l’être. Transformez le désir en amour. Tout ce que vous désirez, c’est être heureux. Tous vos désirs sont l’expression de votre ardent désir de bonheur. Fondamentalement, vous vous souhaitez du bien ». (texte) Un désir étroit, c’est un désir au service du moi, et cependant, la puissance qui s’exprime en lui est encore et toujours celle de la vie. Redisons-le : Le désir est dévotion. Il ne s’agit pas de nier le désir, mais de l’élargir dans un amour qui ne connaît pas de bornes, cet amour qui selon Platon produit la fécondité selon le corps et la fécondité selon l’esprit. Il n’y a donc pas réellement de contradiction entre l’austérité et l’expression vivante du Désir. Qu’est-ce que l’austérité ? « C’est de ne pas refaire une expérience que vous avez déjà faite. Éviter l’inutile, c’est l’austérité. Ne pas se promettre un plaisir ou s’attendre au malheur, c’est l’austérité. En soi, le désir n’est pas mauvais, il est la vie même, l’incitation à croître en savoir et en expérience. Ce sont les choix que vous faites qui sont mauvais. S’imaginer que de petites choses – nourriture, sexe, pouvoir, renommée – vous rendront heureux, c’est se décevoir soi-même. Seul quelque chose d’aussi vaste et profond que votre soi réel peut vous rendre vraiment et durablement heureux ». L’austérité dans son sens véritable ne consiste pas à renier le désir, ce qui revient à mortifier la vie. S’il est un art de vivre permettant de régler ses désirs, cela ne veut pas dire pour autant que le but de la vie soit un règlement ! Le but de la vie est de vivre, de manière pleine et entière. Donc « Menez une vie ordonnée, mais n’en faites pas un but en soi. Ce devrait –être un point de départ vers une plus haute aventure ».

Et c’est ici que nous en arrivons au point central. Le reniement du désir en réalité, c’est sa non-acceptation et la non-acceptation nous place invariablement dans une position qui n’est pas intelligente. Comment le désir pourrait mûrir s’il n’est pas complètement accepté et reconnu ? « Accepter est très important : acceptez vous actions, vos souhaits, vos désirs, ce qui vous place dans une position d’intelligence, de spontanéité où l’univers devient libre parce que vous l’accueillez. Tout ce qui était antérieurement bridé par vos conceptions se déploie dans son expression naturelle. C’est seulement alors qu’une réelle compréhension est possible, puisqu’en vous se forment des conclusions qui n’ont plus rien à voir avec le cheminement ordinaire de la mémoire ». Accepter intégralement ce que je suis, accepter complètement mes désirs met fin à la division et au conflit. Autrement, une partie de moi désire secrètement en coulisse, tandis qu’une autre au devant de la scène pense que ce n’est pas bien et projette de la culpabilité. L’acceptation lève la censure et laisse le passage libre entre ce qui était auparavant le conscient et l’inconscient, elle supprime précisément toute frontière. Or la souffrance du désir se développe dans cette zone subconsciente dans laquelle se noue une contraction. Les désirs de l’ego transportent toujours une contraction. Le désir cesse de faire problème quand il est complètement accepté et reconnu pour ce qu’il est. Les désirs de l’ego, une fois qu’ils sont vus en profondeur, ont naturellement tendance à se dissoudre, parce qu’ils ne peuvent plus être alimentés. Le lien de l’identification est coupé. Ils ne peuvent se maintenir que dans l’obscurité et l’inconscience. Ils ne supportent pas l’exposition à la lumière et à la conscience. Pour les maintenir, il nous faut d’ordinaire alimenter par la pensée la dérobade, les faux-fuyants, la duplicité, le regard rentré qui veut se cacher, mais ne supporte pas de se sentir observé, la mauvaise foi , l’esprit retors et ambigu, etc. Bref, un sens aigu de la dualité et de la séparation. Il y a tout cela dans les désirs de l’ego. C'es très loin d’être la lumière du grand jour.

L’acceptation intégrale et la vision en profondeur du désir reconduit à une question centrale : à travers les désirs que cherchons-nous en réalité ? En apparence, il y a une multiplicité de désirs ; en apparence, l’esprit court dans toutes sortes de directions et cherche à attraper toutes sortes de choses. En apparence, il a toutes sortes de besoins insatiables et rien ne peut le contenter. En réalité, nous avons vu que ce ne sont pas les « choses » qui importent, mais ce qu’elles symbolisent. Ce n’est pas la grosse voiture qui est importante, mais le sentiment, à travers sa possession, d’un accroissement de ma puissance. Ce n’est pas tellement cet homme ou cette femme qui est l’enjeu de mes désirs, mais l’idée qu’à ses côtés je pourrais enfin me sentir moi-même. Ce n’est pas vraiment le voyage au bout du monde qui importe en tant qu’objet du désir, mais l’aspiration à me sentir enfin libre, à faire une expérience profonde et complète d’une véritable autonomie etc.

3) Au bout du compte, et c’est une découverte radicale : « Il n'y a pas trente-six mille désirs, il n'y a qu'un seul et unique désir qui englobe tous les désirs, et qui est celui d'être libre, d'être autonome, d'être totalement soi-même »Mais avant de le reconnaître,  « pour parvenir à ce seul désir, vous devez voir tous les autres désirs, à quel point ce sont des évasions, des dispersions, des compensations. Vous devez absolument le noter. Vous devez vous demander ce qui est à l'origine de tous ces désirs variés. Vous découvrirez qu'il n'y a qu'un seul désir : être autonome, être réellement soi-même. Quand vous voyez cette évidence, tous les autres désirs de compensation s'estompent, et il ne reste plus qu'un seul désir. Ainsi au tout début il y a dispersion, puis on se pose très profondément la question Qu'est-ce que je cherche ? Et une fois que vous avez vu que toutes les dispersions ne sont que des compensations, alors vous êtes orienté… Votre aspiration s'est tournée vers l'essentiel. Cette aspiration provient directement de ce à quoi vous aspirez; ce que vous désirez provient de cela même que vous désirez. Mettez-vous alors en complète harmonie avec cette aspiration. Soyez un avec elle. C'est une perception originelle qui vous conduit directement à ce que vous désirez : être ». (texte)

Tant que nous en resterons au niveau des objets, nous serons, encore et encore, égarés par la multiplicité des désirs, comme un homme affolé qui tournerait la tête de tous côtés ne sachant qui il est et ce qu’il cherche. C’est exactement cela le monde de l’illusion. Le monde de la Caverne où l’on voit que les ombres qui passent et non pas ce par quoi l’ombre est projetée, ni la lumière fictive qui donne lieu à la projection. Qu’il y ait alentour d’autres ombres et d’autres fous avec le même regard halluciné et que ceux-ci soient d’accord avec moi, ne signifie pas pour autant que j’ai de bonnes raisons de persister dans ce délire. Même si tout le monde m’y encourage, même si partout des panneaux publicitaires, la télévision, le cinéma, les chansons sirupeuses,  les romans alambiqués sont là pour relancer l’excitation, cela ne veut pas dire pour autant que cet ordre de désir a vraiment un sens. C’est peut être un délire collectif. Ou même un délire collectif délibérément entretenu ! Ce qui est réel et véritablement central en chaque désir, c’est l’unique désir d’être. Il advient un moment où en nous le désir d’être prend conscience de lui-même et cesse d’être confondu avec l’objet. Quelque chose en nous bascule, tandis que le monde extérieur lui, reste le même. Ce que nous avons toujours cherché dans nos désirs est déjà là. Dans le Feu du Désir qui brûle en nous se tient le Feu de la Passion sans motif, le Feu qui n’a jamais été dans un « quelque part » lointain, car ce Feu est la Vie même.

Dès lors, quand il est devenu parfaitement clair que ce que nous poursuivons dans nos désir est la vie elle-même et qu’il est tout aussi clair que la vie est notre véritable nature, pourrons-nous  encore parler de « souffrance » du Désir ? La Vie ne manque de rien. Peut-on parler de souffrance là où il n’y a aucun manque ?  Que devient l’expérience du désir quand celui-ci ne provient pas du manque ? Ne peut-on penser qu’alors il devient une pure énergie, un enthousiasme, il devient don et abondance, générosité et élan créateur ? Une jubilation comme dit Jean Klein.

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    La seule manière pour d’être libéré de la prédation du désir et de la torture qui accompagne l’interminable poursuite d’une satisfaction, c’est de trouver immédiatement la satisfaction en soi-même. Dans la plénitude de la présence. Quand la vie est saturée de sa propre présence, que pourrait-elle donc aller chercher quoi que ce soit au dehors ? Elle ne manque de rien. Nous pourrions même aller jusqu’à dire en un sens que le bonheur est le grand dissolvant des désirs, là où tout désir s’évanouit. Parce qu’alors il n’y a même plus de conscience d’un « moi ».

    L’histoire de la souffrance du désir est donc l’histoire de l’ego et c’est précisément cette histoire que l’ego adore raconter et se raconter, ce qui le rend intéressant, ce qui le rend pitoyable, ce qui lui permet de s’attirer une reconnaissance jusque dans l’échec. La souffrance est un aiguillon. Elle peut éveiller. Le plaisir, lui, a plutôt tendance à endormir dans le coma de la facilité. La souffrance du désir a sa place dans l’économie de la vie, elle a sa place jusqu’au moment où nous sommes prêts à comprendre qu’elle est entièrement auto-engendrée et qu’il est parfaitement possible d’y mettre fin.

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Questions:

1. Le problème de la souffrance du désir n'est-il pas seulement un problème d'identification du sujet à ses désirs?

2. Peut-on nécessairement tirer un enseignement de la souffrance engendré par le désir?

3. En quel sens peut-on dire que le moi désire souffrir?

4.  Pourquoi croyons-nous que la vie prendrait fin si nous cessions de nous projeter dans des désirs?

5.  Dans bien des traditions de l'humanité, il est dit que la Création a jaillit du désir, mais faut-il dans ce cas prendre le mot "désir" dans son sens habituel?

6.  Quelle différence marquer entre le désir d'être et la volonté de la publicité à produire chez le consommateur "le désir des désirs"?

7.  Qu'est-ce que la maturité du désir?

 

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      © Philosophie et spiritualité, 2009, Serge Carfantan,
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