Nous avons maintenant une idée un peu plus claire du personnage du philosophe et de l’attitude philosophique, mais cela ne définit pas encore ce qui est cherché en philosophie. Ce que nous venons d’exposer pourrait nous incliner à penser que la philosophie est une sorte de connaissance subjective, puisqu’elle se veut plus personnelle et liée à la vie. Il est difficile d’en faire une science, si par science on entend la démarche objective d’approche de la connaissance spécialisée que l’on rencontre en physique ou en biologie.
Mais une connaissance purement « subjective » vaut-elle qu’on lui consacre seulement une heure de peine ? La philosophie est-elle condamnée à se cantonner à des macérations intellectuelles sur ce qui serait « la » vérité ? Une philosophie purement subjective, au sens individuelle est une contradiction dans les termes. La philosophie est universelle ou n’est pas, parce que la vérité se moque de nos préférences subjectives. Il n’y a donc pas de raison de l’opposer à la science. Ne peut-on pas alors penser la philosophie autrement ? Elle se rapproche de la science dans son idéal de vérité universelle, mais elle est aussi dans son cheminement une recherche personnelle. En somme, la philosophie est l’auto-compréhension de la Vie comme une totalité. C’est ce que nous allons maintenant examiner en nous demandant directement :Qu’est-ce que la philosophie ?
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Peut-être que les anciens grecs avaient raison quand ils pensaient qu’il y a une sagesse dans les mots. Le mot de philosophie est de ceux qui peuvent nous enseigner beaucoup, si on leur accorde un peu d’attention. En grec
filosofia, se décompose en filoù, le verbe aimer (j’aime), et sofia , que l’on peut traduire par sagesse, habileté dans l’art et la science. On pourrait résumer en disant que la philosophie est l’amour de la connaissance et l’amour de la sagesse. Si en grec un même mot peut impliquer à la fois connaissance et sagesse, ce n’est pas l’effet du hasard. Dans la pensée traditionnelle, connaître la vérité c’est atteindre la sagesse. C’est un seul et même processus. La Vérité n’est alors évidemment pas conçue comme un savoir au sens technique qu’on lui donne aujourd’hui. Connaître la vérité, ce n’est pas savoir telle ou telle chose particulière, la date de la naissance de Napoléon ou la composition de l’ADN. Ce n’est pas tout savoir sur tout, ce qui est absurde. C’est connaître l’essentiel de ce qui est à connaître. La philosophie est la démarche qui dirige l’esprit vers l’essence et reconduit à l’essentiel.Cette identité entre connaissance et sagesse rend le savoir plus humain et l’intègre à un art de vivre que l’on dénomme aussi sagesse. Et pourtant, ce que nous connaissons aujourd’hui, c’est la dissociation entre savoir, au sens de connaissance objective et connaissance, au sens d’un savoir intégré à la vie. (texte)
Comment s’est opérée la dissociation entre connaissance et sagesse ? La Pensée grecque présentait la philosophie comme la belle totalité d’une connaissance ne perdant jamais de vue l’auto-compréhension de la vie et d’une sagesse aspirant à l’universel, et à l’objectivité. A la totalité de l’Être répond la totalité de la connaissance de l’Être. La pensée moderne a plutôt mis l’un à côté de l’autre. Pour caricaturer on dira : aux scientifiques le savoir qui donne la maîtrise de la Nature, aux philosophes la sagesse d’une vie en accord avec la Nature. La totalité envisagée par les philosophes anciens est donc disséquée, dans le développement de la science moderne, en autant de régions que de sciences.
Aussi, les disciplines qui appartenaient autrefois à la philosophie se sont posées à part et ont
conquis leur autonomie. Ainsi a-t-on vu les mathématiques, la logique, l’astronomie, la biologie, la physique etc. se poser à part. Simultanément, comme une peau de chagrin, il semble que le « domaine » de la philosophie se soit peu à peu réduit. Le savoir, dans l’épopée des sciences en Occident, ressemble aux bombes à
fragmentation, ces bombes qui éclatent dans d’autres bombes plus petites. Une discipline se subdivise et se subdivise à l’infini,
le savoir de notre époque est à ce point pulvérisé qu’aucun spécialiste de parvient plus à embrasser la totalité
de sa propre discipline. On dit donc que l’on est chercheur
dans la biologie cellulaire ou en thermodynamique des fluides, et non plus
comme autrefois, un savant qui serait le dépositaire de « La » biologie ou de « La » physique de son époque. Cela n’enlève pourtant pas l’identification de la connaissance à la science. Au XIXème siècle, au temps du positivisme d’Auguste Comte, il est admis que la science est la seule entreprise capable de délivrer une connaissance valide. Si donc la philosophie subsiste, c’est toujours en annexe, comme réflexion sur la science. On peut lui accorder aussi, à la rigueur, l’étude de la morale, de la religion, de la sagesse : il faut bien qu’on lui trouve un os à ronger à ce philosophe ! Tout domaine qui est en passe d’acquérir un statut positif (au sens du
positivisme) tombe du côté des sciences.
Du moins c’est ce que l’on peut croire si l’on répète l’erreur qui consiste à croire que l’on peut donner à la philosophie un objet aussi fragmenté, que celui des sciences. Nous percevons pourtant tous la nécessité de s’élever au dessus de la fragmentation du savoir et de penser le savoir d’une manière plus globale. Nous avons aussi besoin d’une connaissance qui nous parle de nous-mêmes en tant que subjectivité. Nous savons bien qu’il est indispensable d’avoir un lieu de rencontre commun de la Pensée. C’est le rôle traditionnel de la philosophie. Mais la philosophie doit aujourd’hui faire encore quelque pas dans cette direction. Il est indispensable que mûrisse notre vision de la connaissance pour que nous revenions à l’idéal d’une connaissance-sagesse, qui travaille et à la compréhension et à l’accroissement de la vie.(texte)
Les changements au cours de l’Histoire ne préjugent nullement de la vérité. Il serait bien naïf de penser que nous autres, contemporains, sommes en possession d’une idée plus juste de ce qu’est la philosophie. L’histoire ne justifie rien. Peut-être au avons-nous perdu le sens authentique de la philosophie. C’est à examiner.
Pour l’instant, une seule chose nous importe : le terme de sagesse manque de précision au regard de la culture contemporaine, il n’est pas clair au regard de l’opinion. Il nous faut trouver une autre manière de définir la philosophie qui parle mieux à notre époque.
2) Arrêtons-nous plus longuement sur la formule amour de la connaissance. L’amour est un sentiment du cœur, une attirance vers ce qui est aimé et le désir de s’unir à lui. Il n’y a pas d’amour sans union. La
philosophie, comme
amour de la connaissance présuppose le
désir de connaître, avec cette élévation que porte le sentiment de l’amour. Le désir de connaître participe de la nature du désir. Il suppose à la fois un manque et une aspiration à la plénitude. Il suppose aussi l’imperfection de celui qui désire et son mouvement vers plus de perfection. Dans
le Banquet,
Platon présente la philosophie de cette manière. En effet, nous ne sommes pas savants. Si, à l’image des dieux nous savions tout, nous n’aurions pas le désir de connaître, il n’y aurait pas de raison de philosopher. « Aucun des dieux ne philosophe et ne désire devenir savant, car il l’est et en général, si l’on est savant, on ne philosophe pas ». Celui qui sait n’a pas à se mettre en marche pour découvrir. Il n’a rien à combler. La philosophie se définit donc comme une recherche qui passe par l’expérience d’un manque. Faut-il dès lors que l’on soit complètement ignorant pour commencer à philosopher ? Non. L’ignorance la plus épaisse ne saurait donner lieu au désir de connaître. « Les ignorants non plus ne philosophent pas et ne désirent pas devenir savants ; car l’ignorance a précisément ceci de fâcheux que, n’ayant ni beauté, ni bonté, ni science, on s’en croit suffisamment pourvu. Or, quand on ne croit pas manquer d’une chose, on ne la désire pas ». Quand on ne se rend même pas compte à quel point on n’est ignorant, on n’est même pas conscient de son indigence. Celui qui croit savoir, qui imbu de ses opinions se croit suffisamment savant, ne philosophe pas. Cette croyance le rend intellectuellement sourd et inerte, comme une souche. Dans cet état, il ne saurait être question d’un désir de savoir, d’un élan vers une connaissance plus riche. Les extrêmes se rejoignent donc. Ni la complète connaissance, ni la complète ignorance ne saurait donner naissance au désir de connaître.
La solution est dans l’état intermédiaire. Il faut que l’ignorance se soit éveillée à elle-même, qu’elle ait pris conscience d’elle-même pour que la quête de la connaissance puisse commencer. De cette manière, elle n’est plus du tout inerte, elle est éveillée et dans cet éveil un désir sincère de connaissance peut apparaître. La formule en est : « je ne sais pas, mais je voudrais savoir ». Pour produire cet éveil, il est parfois nécessaire d’un choc. L’ironie de Socrate a ce rôle. Elle est le taon qui aiguillonne l’amour-propre et la complaisance à soi-même.
Ce statut intermédiaire a une grande portée métaphysique. Cela veut dire qu’en tant qu’être humain, nous sommes un mixte d’ignorance et de connaissance, d’obscurité et de lumière. La condition humaine est un mixte de fini et d’infini, de temps et d’éternité. Elle n’est pas réductible au statut figé et inerte d’une chose telle une pierre, elle n’est pas la perfection du dieu. Elle va de l’un à l’autre, elle est le devenir de l’évolution spirituelle de l’être humain. La philosophie est un pont qui doit élever la condition de l’homme au statut du divin. Se tenant dans les limites de la condition humaine, elle disparaît en dessous et au-dessus : pas de philosophie dans l’ignorance et l’inconscience la plus épaisse, là où la réflexion ne saurait pénétrer ; plus de philosophie non plus dans l'achèvement que constituerait une vie sage, une vie divine. La philosophie se fond dans la sagesse, quand l’unité de la vie et de la connaissance est réalisée. La philosophie est donc l’expression de la dignité de la condition humaine, en tant que l’homme est voué à la connaissance. La connaissance est le droit de naissance de l’être humain et le privilège qui l’élève au dessus de l’animal. Voilà donc ce qu’il en est du désir de connaître et de son élucidation. Considérons maintenant ce que peut-être la connaissance philosophique de la vie.
Le désir de connaître imprime en l’homme un mouvement et la tension d’une recherche de la connaissance de l’Être ou de la Réalité. La Réalité se présente à nous dans le phénomène de l’expérience. C’est l’expérience qui relie l’homme au monde de la vie, au monde des choses et des personnes. La connaissance est l’acte de la pensée qui établit le lien entre le sujet et l’objet, au moyen de la représentation. (texte) Il doit y avoir ainsi un rapport étroit entre la connaissance et l’expérience. Connaître, n’est-ce pas toujours connaître quelque chose et en avoir l’expérience ? Si la connaissance est sans objet, elle n’a pas de contenu, ou bien, elle se résume dans les formes vides (texte) de quelques idées creuses qui ne renvoient à rien dans la réalité. Nous sommes, à partir de là, en mesure de donner une définition de la philosophie qui soit acceptable.
---------------Nous dirons
avec
Karl Jaspers que
la philosophie est une réflexion sur toutes les formes de l’expérience humaine
(texte). A partir de cette définition simple, qui englobe la totalité de l’activité humaine, nous pouvons distinguer plusieurs aspects de la philosophie, suivant l’expérience qui y est considérée. Dans chacune de ces rubriques nous pourrons repérer des auteurs qui s’y sont tout particulièrement illustrés et aussi des œuvres fondamentales.
a) l’expérience sociale et politique
Nous venons au monde dans un milieu de relations complexes de fait qui sont régies par une organisation et des règles. Ce niveau de l’expérience humaine intéresse directement la philosophie politique. Celle-ci étudie la place de l’homme dans l’État, les structures des gouvernements, les types de sociétés organisées. La philosophie politique n’est pas la politique, mais une réflexion sur la politique. Elle ne se confond pas avec une idéologie. L’idéologie est un courant de pensée qui, de la philosophie est passé dans le champ politique, pour devenir une doctrine d’action ; c’est ainsi que la philosophie politique de Locke est devenue le libéralisme. Notre référence en la matière sera d’abord J.J. Rousseau dans le Contrat social. La philosophie du droit étudie le fonctionnement de la justice à l’intérieur d’un société et réfléchit sur le fondement des normes juridiques. La philosophie du droit ne se confond pas avec le droit lui-même et sa pratique, elle est une réflexion sur les principes et les fondements du droit. Nous en parlerons autour des thèses d’Aristote et des juristes du droit naturel.
b) l’expérience empirique
Ce que l’on nomme expérience n’a lieu qu’à partir des sens, dans la perception. Ce champ d’expérience est appelé en philosophie l’expérience empirique. Celle-ci donne naissance à la théorie de la perception qui est une pièce très importante de la Pensée des grands auteurs. Une mention particulière doit être faite ici au sujet de l’expérience scientifique : l’expérimentation, cas particulier d’une expérience quantifiée, soumise aux impératifs d’une approche objective. On appelle épistémologie la partie de la philosophie qui s’occupe de ce domaine de l’expérience. L’épistémologie, ou aussi philosophie des sciences, ne se confond pas bien sûr avec la pratique des sciences. Elle est une réflexion sur la pratique, les résultats, la finalité de la science. Un scientifique peu fort bien s’en passer dans son travail de recherche. Mais en tant qu’homme il peut aussi être scientifique et philosophe. L’histoire des sciences montre qu’à la fin de leur vie, la plupart des grands savants s’élèvent au dessus des limites techniques de leur enquête, pour faire œuvre d’épistémologue et de philosophe. Mais on change alors de domaine. Le rôle du philosophe n’est pas de faire des expérimentations, de résoudre des problèmes techniques, mais de penser la valeur de l’activité scientifique. Il est évident que l’on n’apprécie pas de la même façon la compétence scientifique d’un chercheur et des propos philosophiques qui débordent le cadre de la recherche. Nous parlerons dans ce domaine des œuvres de Karl Popper, Paul Feyerabend, Thomas Kühn.
c) l’expérience esthétique
L’expérience empirique est susceptible d’un raffinement quand elle délivre le sentiment de beauté. L’émotion que procure une musique par exemple, est plus que la perception simple d’un bruit. On entend un bruit, on écoute une musique. L’instant où l’esprit est en présence de la beauté donne lieu à une expérience spécifique qui est l’expérience esthétique. L’art met en œuvre des moyens capables de produire en nous cette impression. On appelle esthétique la partie de la philosophie qui traite de l’expérience du beau et des valeurs sensibles qui lui sont associées. Heidegger nous dit que le philosophe et le poète résident sur des monts séparés. Ils s’élèvent l’un et l’autre, mais par une voie différente. (texte) L’art s’épanouit dans son domaine propre, celui de la création esthétique. En retour, il donne à penser. Il revient au philosophe de penser la création esthétique, de déchiffrer ce qui se livre au travers de l’art, de l’artiste et de son œuvre. L’artiste peut bien sûr se piquer de quelque philosophie. Nombreuses sont aussi les œuvres qui sont traversées d’une ambition qui est une mise en forme d’une expérience tendant vers l’universel. Mais la voie de la création passe d’abord par la figuration sensible, tandis que celle de la pensée use avant tout du concept. L’esthéticien, comme précédemment, peut-être certes être amateur d’art, mais cela ne le rend pas artiste pour autant. Ce thème de l’esthétique, qui fournit une abondante littérature philosophique aujourd’hui, sera l’occasion pour nous d’étudier des textes de Platon, Kant et Hegel.
d) l’expérience morale
Nous sommes aussi capable de faire l’expérience du bien et du mal, par exemple dans les situations où la violence nous
révolte, dans les
cas de conscience. C’est une forme d’expérience très différente de la simple expérience empirique de perception et de l’expérience esthétique. Le domaine de l’expérience morale est considérée à l’intérieur de la philosophie dans
la philosophie morale, qui analyse la signification du
bien et du mal, la valeur du devoir
etc. La philosophie morale ne se confond pas avec la
morale, elle est une réflexion sur
la morale, ou sur les morales particulières. En tant qu’homme nous vivons avec une morale. Nous pouvons nous emporter en
moralistes contre la lâcheté, la cupidité, la bassesse des hommes. Mais il n’appartient pas à la philosophie de
condamner, mais surtout de comprendre. Il s’agit de comprendre ce qu’est le devoir, ce que sont le bien et le mal, ce que signifie notre expérience morale, quitte à modifier en conséquence notre
morale personnelle pour la rendre plus philosophique. Le philosophe n’est pas un moraliste ou un prédicateur et très souvent les moralistes font de piètres philosophes. Il est remarquable, que Socrate par exemple, face à l’immoralisme de Calliclès, dans le Gorgias, ne choisisse pas de lui faire un sermon, mais prenne soin de lui montrer les contradictions intenables de son idéal de vie dissolue. On dit que l’époque actuelle est celle du déclin des
valeurs. On voudrait parfois trouver dans la philosophie un discours
moralisant qui nous sauve, mais le préchi-précha ne produit jamais de véritable philosophie ! Nous nous appuierons dans ce domaine sur les stoïciens, sur Kant et sur Rousseau.
e) l’expérience psychologique
En nous, les vécus tels que le désir, la peur, le cheminement de la pensée, l’opération de la volonté, font aussi l’objet d’une expérience interne, ou expérience psychologique, ce sont des modes psychologiques. On appelle psychologie rationnelle, la partie de la philosophie qui se consacre à l’analyse de l’expérience vécue de la conscience. Le psychologue, au sens courant est concerné par l’analyse clinique de tel ou tel cas, dans la visée d’une thérapie, ou bien souvent par la sélection des ressources humaines dans le cadre d’une entreprise. Le philosophe n’est pas le thérapeute, la philosophie n’est pas un instrument de sélection. L’analyse philosophique de l’esprit, s’attache à la clarification de la conscience, de la structure universelle de l’esprit humain, plutôt qu’à l’investigation de tel ou tel esprit. En d’autres termes, l’analyse de l’esprit s’intègre en philosophie à une vision plus vaste, métaphysique, celle de la connaissance de la réalité. En d’autres termes, la philosophie se tourne vers la nature de l’âme (en grec psyché). Il ne s’agit pas ici de régler des problèmes psychologiques. Platon nous fournira l’exemple d’une psychologie spirituelle. Mais nous serons aussi à l’écoute de la psychanalyse de Freud pour en tirer l’essentiel.
f) l’expérience intellectuelle
De la pensée, nous avons aussi en un sens très particulier une expérience intellectuelle. L’évidence, la contradiction, le sens logique, le paradoxe, sont des expériences que fait l’esprit à l’égard des idées. Les valeurs du vrai et du faux sont aussi en soi un champ d’étude. La logique étudie la structure du discours dans sa cohérence formelle. En tant qu’elle effectue des constructions hypothétiques et demeure dans le domaine technique du calcul, elle rejoint le domaine des mathématiques.
Aristote est le fondateur de la logique en Occident. La théorie de la connaissance ou gnoséologie, considère le problème des conditions d’accès à la vérité. Qu'est-ce que l'esprit peut connaître et jusqu'où peut-il dire "je sais" ? Cette problématique a été ouverte par la Critique de la Raison pure de Kant (texte). Enfin, on appelle métaphysique le lieu des interrogations ultimes de la philosophie. La métaphysique se prononce sur la nature de la Réalité ultime. Toutes les grandes philosophies comportent une métaphysique. Nous aurons l’occasion de parler dans ce cours de la métaphysique de Spinoza et de celle de Platon.
Enfin, la mémoire de l’humanité nous délivre des récits d’expériences de ceux que l’on nomme les mystiques. Nous parlerons ici d’expérience religieuse. Nous appellerons spiritualité la considération de l’expérience intérieure. Ici se posent des problème ardus ; car la philosophie par nature reste dans la domaine de la raison, sur le terrain de l’expérience possible. (texte) Dans la mesure où il existe une expérience spirituelle authentique, même si elle n’est pas commune, elle peut avoir droit de cité en philosophie. On appelle traditionnellement théologie rationnelle l’élaboration philosophique du rapport de l’homme au domaine du divin. La théologie rationnelle, n’est pas pour autant une théologie révélée, le philosophe n’est pas un théologien au service d’une religion particulière. La philosophie reste philosophie tant qu’elle est dans l’universel, et ne tombe pas sous la dépendance d’un credo ou d’une église. Les expressions telle que « philosophie chrétienne », « hindoue » ou « bouddhiste » sont à prendre avec beaucoup de précautions, car elles sont contradictoires. La philosophie est le lieu propre d’expression de la liberté de pensée et en elle la seule autorité vient de la raison et de la Vérité. Cela ne veut pas dire qu’il faille exclure toute réflexion sur l’Absolu, bien au contraire, ni même la valeur des grands textes. Chez tous les grands philosophes se dessinent les éléments d’une théologie. Mais il est clair que le philosophe ne peut pas attribuer à la foi le même rôle que le théologien d’une confession donnée. Cependant, c’est un préjugé de croire que la philosophie est seulement « profane » et qu’elle exclut le sens du Sacré.
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La philosophie est recherche, elle est le mouvement de la Pensée qui cherche à atteindre l’Englobant. Elle est une élévation de l’intelligence au-dessus de toute pensée fragmentaire. C’est à l’intérieur d’une philosophie que s’intègre tous les aspects fragmentés du savoir. (texte) C’est la raison pour laquelle en philosophie rien n’est négligé. On y parle de tout, car toute chose a sa place et son sens.
Plus profondément, la philosophie perdrait son sens si elle dégénérait en système rigide et dogmatique. Le philosophe est l’ami de la sagesse. La philosophie porte en elle l’amour d’une vie juste et mesurée, d’un savoir humain qui s’intègre à la vie. (texte). Aussi disons nous que la philosophie est réflexion sur toutes les formes de l’expérience humaine.
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Questions :
1. En quel sens les sciences font-elle partie intégrante de la philosophie?
2. Quelle différence marquer entre le statut de la philosophie à la modernité et sa place dans la Grèce antique?
3. En quoi la philosophie est-elle le reflet de la condition humaine?
4. Peut-on imaginer une philosophie sans éthique?
5. Pourquoi est-il essentiel que la psychologie ait sa place à l'intérieur de la philosophie?
6. L'importance de l'épistémologie en philosophie tient-elle seulement à des raisons historiques?
7. Comment définir la spiritualité si elle est en relation intime avec la philosophie?
© Philosophie et spiritualité, 1995.
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